L'orphelinat / El orfanato (J.A. Bayona, 2007) *
Quand le fils adoptif d'un couple disparaît de leur demeure, la mère le cherche sans relâche jusqu'au paranormal. Entièrement construit du point de vue de la mère (Belén Rueda), un film espagnol qui puise aux codes de la maison hantée mais qui ne se positionne pas comme un film d'horreur mais comme une métaphore sur le deuil (ici d'un enfant) jusqu'à la folie. La mise en scène abuse des travellings lents et l'émotion est étrangement absente. BR FR
Russian adventure (Hal Dennis, 1966) **
Le dernier des travelogues Cinerama, monté à partir de films Kinopanorama tournés par des réalisateurs soviétiques. C'est une promenade idéalisée et dépolitisée (commentée par Bing Crosby pour le public US) dans l'URSS du début des années 60, de Leningrad aux forêts de Sibérie en passant la mer du Japon, les plaines à blé du sud, le métro de Moscou, le Bolshoï, etc... Les images sont spectaculaires, le kitsch et l'intérêt historique garantis. BR US Smilebox
Les biches (Claude Chabrol, 1968) **
Jeux de séduction et de défiance dans une villa de Saint Tropez l'hiver entre une bourgeoise oisive, la jeune femme qu'elle a séduite et un architecte passif. Cette étude de personnalités borderline est surtout, vu près de 50 ans après sa sortie, un thriller hitchcockien assez gratuit mais sublimé par son look de la fin des Sixties, la présence de Jacqueline Sassard et de Stéphane Audran, magnétique comme jamais dans sa gestuelle et ses intonations. DVD Z2 FR
Les aristocrates (Denys de la Patellière, 1955) **
Aristocrate vieille école et financièrement déclassé, le marquis de Maubrun est confronté aux valeurs progressistes de ses enfants. D'après le roman de Michel de Saint Pierre, un film de "qualité française" dont le propos et le style qui paraissent aujourd'hui désuets s'accordent parfaitement à sa thématique de fin d'un monde. Pierre Fresnay, formidable comme d'habitude, donne corps et voix à cet homme seul dont toutes les convictions sont attaquées. BR FR
Spectre (Sam Mendes, 2015) 0
L'ouverture sur le Jour des Morts à Mexico promet jusqu'au moment où le plan séquence se contemple le nombril et que la façade s'écroule. A partir de là, ce James Bond plonge dans l'ennui au scénario et à l'image : mise en scène scolaire, acteurs sans charisme (Daniel Craig inclus), histoire languide, aucun fun. J'ai lâché au bout d'1h15, au juste milieu du film. Le plus mauvais James Bond succède donc à l'un des meilleurs, Skyfall (2012). BR DE
Fiancées en folie / Seven chances (Buster Keaton, 1925) **
Un célibataire doit trouver une épouse avant 19h pour toucher un héritage. Sa quête échouant, un ami publie une annonce dans le journal et des centaines de prétendantes débarquent. Les 40 premières minutes sont de la comédie de tradition mais les 20 dernières (la poursuite des fiancées) sont un moment inoubliable de mise en scène, de cascades, d'humour, de folie surréaliste et de génie visuel. Cette partie là est un des sommets de Keaton. BR US
Théo & Hugo dans le même bateau (Olivier Ducastel & Jacques Martineau, 2016) *
La rencontre sexuelle doublée du coup de foudre entre deux garçons est mise à l'épreuve de la séropositivité de l'un. Si les vingt premières minutes dans le sex club ont une force plastique évidente, la suite, une déambulation entre les urgences de l'hôpital Saint Louis et les rues désertes du Paris nocturne, ressemblent à un téléfilm de prévention qu'Arte aurait produit dans les années 90. Les dialogues et les deux acteurs flirtent avec l'amateurisme. DVD Z2 FR
Tickled (David Farrier & Dylan Reeve, 2016) **
Après être tombé sur un site web de concours de chatouilles, le réalisateur mène l'enquête et découvre un réseau de pseudonymes, de chantage et de harcèlement qui semble conduire à une seule personne. Malgré une résolution un peu décevante, un documentaire au sujet invraisemblable qui offre une plongée dans le monde obscur du net, du fantasme et de la manipulation. Cette chatouille-là est loin d'être un jeu innocent. DVD Z2 UK
Je n'ai rien oublié (Bruno Chiche, 2010) 0
Un sexagénaire en début d'Alzheimer s'installe dans le pavillon du parc d'un ami d'enfance, grande fortune industrielle. Très vite, on se doute qu'un secret de famille va surgir. Tout est faux dans ce poussif drame bourgeois à la mise en scène inexistante qui réussit à gâcher un casting du tonnerre : Depardieu (qui surjoue la démence en poupon émerveillé), Arestrup, Françoise Fabian et Nathalie Baye. Une purge éhontée dont j'ai vu la moitié en fast forward. BR FR
Les rôdeurs de la plaine / Flaming star (Don Siegel, 1960) ***
En 1878, un métisse est pris en tenaille entre ses origines indiennes (par sa mère) et blanches (par son père). Un western existentiel avec Elvis Presley dans son meilleur rôle. Sa seule chanson, au début, est bien intégrée au scénario qui se poursuit ensuite en une tragédie aux accents antiques d'un surprenant pessimisme. Siegel cadre les paysages du Texas avec un splendide Cinémascope. Un grand western auquel je ne m'attendais pas. BR US
La maison dans l'ombre / On dangerous ground (Nicholas Ray, 1951) ***
Un flic misanthrope et violent de New York (Robert Ryan, excellent) envoyé en Alaska pour une enquête y rencontre une jeune femme aveugle (Ida Lupino). Un étonnant film des opposés où la première moitié, archétype de Film Noir urbain nocturne, se retourne en mélodrame dans de vastes paysages éclatants de neige. La mise en scène nerveuse est portée par un score de Bernard Herrmann qui préfigure celui de "La mort aux trousses". BR US
O.J.: Made in America (Ezra Edelman, 2016) ***
Un formidable documentaire de 7h30 en 5 parties qui revient sur l'incroyable affaire O.J. Simpson de 1994-1995 en dessinant le tableau d'une société malade de son problème racial, d'un système policier et judiciaire corrompu, d'un cirque médiatique aveuglé par la célébrité et d'un homme dévoré par son ego et ses démons. L'ensemble se suit comme un thriller et même si les péripéties sont connues, un souffle épique balaie tout. Passionnant. BR US
High-Rise (Ben Wheatley, 2015) 0
Une adaptation entièrement ratée du roman "High-Rise" ("I.G.H") de J.G. Ballard sur la révolte des prolétaires contre les nantis dans un gratte-ciel londonien. La brillante métaphore sur la fin du capitalisme devient un livre d'images maniérées et autosatisfaites à la fausseté intenable reposant sur un scénario insipide et des acteurs outranciers. Un film où le comble du chaos est signifié par une bouteille de champagne bue au goulot... Nul. BR DE
Looking : Le Film / Looking: The Movie (Michael Lannan & Andrew Haigh, HBO, 2016) ***
La décision d'arrêter la série au bout de deux saisons et la déception des fans a poussé ses créateurs à mener à terme satisfaisant les arcs des parcours affectifs des personnages par ce film de 90'. On retrouve donc l'indécis Patrick et son petit groupe d'amis gays de San Francisco pour une finale qui respecte l'esprit de la série en traitant sans drame ses thématiques liées à la quête de l'amour et de l'amitié dans la ville contemporaine. BR UK
L'assassinat du duc de Guise (André Calmettes, 1908) **
Cette première production de la société Le Film d'Art, qui s'était donnée comme objet de relever le niveau culturel du cinéma, présente en 17' cinq tableaux de l'ordre et de l'acte d'assassinat du duc de Guise par les sbires d'Henri III. Joué assez sobrement par la crème des comédiens de La Comédie Française, le film transpose la règle théâtrale à l'écran mais reste un document essentiel de l'évolution du film vers un art de la narration. YouTube
Premier contact / Arrival (Denis Villeneuve, 2016) *
Lyrique et intimiste, universel et personnel, un film de SF aux idées magnifiques (les aliens, leur langage graphique, la simplicité éloquente des décors, le message humaniste) et qui prouve encore le talent d'Amy Adams, qui arrive à suggérer la fragilité, la mélancolie et la force. Mais qui se révèle une déception à cause du socle émotionnel de l'enfant, de la structure cyclique fabriquée et du sentiment final d'un film profond au sens de creux. Ciné
Looking - Season 2 (Michael Lannan & Andrew Haigh, HBO, 2015) ***
La seconde et dernière saison de la série sur un petit groupe d'amis gays de San Francisco continue la trame de la première en se concentrant sur le personnage de Patrick, le trentenaire insécure dans ses relations affectives. Sans mélodrames ni twists, les 10 épisodes présentent des tranches de vie bien ancrées dans le réel. Une histoire du quotidien portée par son excellent casting et sa justesse des situations, des dialogues et de la mise en scène. BR UK
Sal (James Franco, 2012) **
L.A., 12 février 1976 : le dernier jour de la vie de Sal Mineo. Le petit film indépendant de Franco colle la caméra au plus près du visage et du corps de son acteur Val Lauren, qui incarne et exprime formidablement la figure de Mineo. Réveil, coups de fil, gym, trajets en voiture, répétition d'une pièce (la séquence est ratée)... les moments d'une existence coupée nette par un meurtre. La mort annoncée dès le début transforme la banalité en Tragédie. DVD Z2 DE
La tortue rouge (Michael Dudok de Wit, 2016) ***
La vie d'un naufragé sur une île déserte. En aucun cas une robinsonnade d'aventure mais une fable existentielle sur la vie humaine, ce film d'animation est une pure merveille visuelle basée sur un dessin à la fois simple et spectaculairement dynamique. Si l'émotion est trop retenue et si le personnage du fils (me) semble une erreur de scénario, la maîtrise technique et la force poétique du sujet et des images en font un chef-d'oeuvre. BR FR
Fièvres... (Jean Delannoy, 1942) **
Un chanteur d'opéra se laisse tenter par l'adultère avant de trouver le chemin du couvent. Ce mélodrame musical aux situations outrancières rassemble Madeleine Sologne (tuberculeuse), Jacqueline Delubac (veuve joyeuse) et Ginette Leclerc (nymphomane) autour de Tino Rossi (ici, bon acteur), qui passe de sa voix d'or de la ritournelle à l'Ave Maria. Le casting et l'aspect très camp du film font que j'ai trouvé cela pas mal du tout, j'avoue. DVD Z2 FR
Bonsoir Tom,
RépondreSupprimerJoyeux Noël à toi et tes proches. Et je l'espère, si tu as été sage, bcp de cadeaux.
Bien à toi
Jordan
Merci Jordan. Joyeux Noël à toi aussi.
Supprimer"Flaming Star" à voir alors en tous cas c'est celui qui me fait le plus envie, bonne année 2017 Tom Peeping avec plein de visionnages trois étoiles j'espère :)
RépondreSupprimerOui Flaming Star est vraiment à découvrir, c'est un excellent western avec Elvis (et pas un "film d'Elvis"). Bonne année à vous aussi RJ!
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