7 avril 2019

Films vus par moi(s) : avril 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Marie Madeleine / Mary Magdalene (Garth Davis, 2018) **
Marie quitte son village de Magdala pour suivre Jésus et les Apôtres jusqu'à Jérusalem. Réhabilitée par le Vatican et élevée au rang d'Apôtre des Apôtres en 2016, Marie Madeleine redonne sa place aux femmes dans l'Eglise dans ce film sobre et austère porté par le jeu inspiré de Rooney Mara et Joaquin Phoenix. Judas (Tahar Rahim, très bien aussi) y retrouve aussi toute son humanité. Une oeuvre et un point de vue d'actualité, éminemment politiques. BR FR

The lonely lady (Peter Sasdy, 1983) 0
Une jeune scénariste qui essaye de vendre une histoire à Hollywood se retrouve abusée de partout. D'après Harold Robbins, ce navet mémorable des Eighties est un festival de médiocrité, de camp et de mauvais goût, rehaussé par l'hilarante incompétence de Pia Zadora, star d'un jour. J'avoue que l'absurdité de l'ensemble m'a plu et que le parcours sexuellement humiliant de son héroïne résonne à distance à l'époque de #MeToo. BR US

La sentinelle des maudits / The sentinel (Michael Winner, 1977) 0
A Brooklyn, une mannequin (Christina Raines, nulle) loue un appartement dans un immeuble peuplé d'étranges voisins. Un dérivé de "Rosemary's baby" et autres films sorcello-religieux qui ne décolle jamais, la faute à un scénario et une mise en scène paresseux. Il reste quelques scènes croquignoles de sexe, de gore et de freaks et l'apparition de stars vieillissantes (Ava Gardner, José Ferrer, Eli Wallach, Burgess Meredith...). BR US 

Good time (The Safdie Brothers, 2017) **
Le temps d'une nuit à New York, un petit délinquant tente de sortir de l'hôpital son frère handicapé mental blessé dans un hold up raté. Un film expressionniste rythmé par une bande son electro, les couleurs criardes des néons et les gueules en gros plan des comédiens pros et amateurs. Derrière le thriller, le film dresse un constat terrible de l'enfer des déclassés de l'Amérique. Robert Pattinson prouve quel formidable acteur il est devenu. BR UK 

Le renne blanc / Valkoinen peura / The white reindeer (Erik Blomberg, 1952) **
Dans la taïga finlandaise, une vampire se transforme en renne blanc et se repaît de chasseurs. Un conte fantastique comme le folklore en a tant produit mais qui se démarque par la superbe photo des paysages enneigés de Laponie et la présence magnétique de Mirjami Kuosmanen en sorcière effrayée par sa propre malédiction. Elle dégage une sexualité animale qui permet de lire l'histoire comme un manifeste de libération féministe. BR UK

Les confins du Monde (Guillaume Nicloux, 2018) 0
En 1945 en Indochine, un soldat français survivant d'un massacre et sa section pistent des Viet dans la jungle pluvieuse. Gaspard Ulliel est de tous les plans mais sur un registre unique d'intensité nerveuse dans cette fable soporifique et prétentieuse entre gore, contemplation et sexualité. L'obsession virile y tourne au cliché quand ce n'est pas au ridicule et Gérard Depardieu apparaît en cacheton. J'adore les derniers Nicloux, mais là... DVD Z2 FR

Les mutinés de l'Elseneur (Pierre Chenal, 1935) **
Un écrivain (Jean Murat) embarqué pour un reportage sur un quatre mâts vers l'Australie est mêlé à la mutinerie de marins incompétents. D'après Jack London, un très bon film d'aventures maritimes tourné en partie à bord d'un vrai voilier qui panache action, comédie et drame. Les acteurs à trognes sont formidables, dont André Berley en capitaine irascible et surtout Robert Le Vigan, sublime, dans un rôle d'agitateur excité qui lui va comme un gant. VHS

Les deux sirènes / Mermaids (Richard Benjamin, 1990) **
En 1963, une mère célibataire et ses deux filles s'installent dans une petite ville côtière du Massachusetts. Envisagé du point de vue de l'adolescente (Winona Ryder) en rivalité avec sa mère inconséquente (Cher, excellente), un feel good movie qui évoque avec humour et tendresse les liens mère-fille et la fuite par l'imaginaire. Quelques longueurs et facilités sont vaincues par le charme général. Avec aussi Bob Hoskins et la petite Christina Ricci. BR US 

L'impudique / Hilda Crane (Philip Dunne, 1956) ***
Deux fois divorcée, une jeune new yorkaise retourne chez sa mère dans le Nevada où elle est traitée comme une traînée. Un excellent woman's picture dont les péripéties peuvent sembler dater mais qui parle de façon éloquente de la Femme dans les Fifties et bénéficie d'un casting du tonnerre : Jean Simmons, Guy Madison (toujours un bonheur), Jean-Pierre Aumont et Evelyn Varden en mère monstrueuse. Un mélodrame proto-féministe pur jus. BR US

Detour (Edgar G. Ulmer, 1945) ***
Un pianiste de cabaret qui fait de l'auto-stop vers Los Angeles croise pour son malheur la route d'un cardiaque et d'une mégère. Un joyau fauché du film noir existentialiste sur la cruauté du Destin. La mise en scène sèche et dynamique, les dialogues cyniques qui crépitent, Tom Neal en loser aux yeux de chien battu et Ann Savage en harpie castratrice s'accordent pour créer un chef-d'oeuvre aux personnages, situations et images inoubliables. Génial. BR UK

3 commentaires:

  1. J'ai lu avec intérêt ton avis sur le film de Nicloux. J'ai vu en janvier son "The End" avec pour personnage principal (et quasiment seul, de tous les plans) Gérard Depardieu, perdu en forêt.

    Un film très intriguant en 2.55:1, donnant un relief certain au décor. Très bon film d'ambiance avec une fin quasi surréaliste. Et un bon film si l'on aime aussi Depardieu.

    Sinon tu as encore quelques VHS ?

    : )

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    1. J'avais aussi beaucoup aimé The End centré sur Depardieu qui fait ce qu'il veut. Mais c'est Valley of Love qui est un chef-d'oeuvre.

      J'ai encore quelques VHS collector mais je n'ai plus de magnétoscope depuis longtemps. Les quelques VHS de mes avis sont des DVD-R d'après VHS.

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