3 août 2019
Films vus par moi(s): août 2019
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
L'enfant et la licorne / A kid for two farthings (Carol Reed, 1955) *
A Londres, sur le marché cosmopolite de Petticoat Lane, un jeune garçon pense qu'un chevreau à une corne qu'il a acheté et prend pour une licorne réalisera ses voeux et ceux de ses proches. Un film bancal qui essaye de panacher l'imaginaire du conte et le réalisme de bazar sans convaincre mais qui bénéficie d'un merveilleux Technicolor et de personnages caricaturaux étonnants : la fausse Marilyn (Diana Dors), le culturiste, le tailleur juif... BR UK
Jenny (Marcel Carné, 1936) **
Une jeune pianiste s'installe chez sa mère (Françoise Rosay) dont elle était éloignée et la découvre taulière d'un bordel de luxe. Le premier film de Carné est un mélodrame filial et de moeurs dont les personnages interlopes (personnages et acteurs) font le sel. Les décors de studio Art Déco cèdent parfois la place à des extérieurs ouvriers annonciateurs des chefs-d'oeuvre du réalisateur et Albert Préjean est d'une modernité toujours surprenante. BR FR
The Breakfast Club (John Hughes, 1985) **
Cinq jeunes dépareillés passent un samedi de colle ensemble au collège. Un teenage movie en huis-clos théâtral sur l'Angst adolescent dont les préoccupations intemporelles ont permis de parfaitement résister au temps, malgré l'effet flashback des Eighties. Le formidable casting s'empare des incessants dialogues avec brio en révélant les forces et les fêlures des personnages stéréotypés. Un film humaniste qui continue à faire du bien. BR DE
Plein Sud (Luc Béraud, 1981) 0
Un universitaire qui s'ennuie suit à Barcelone une inconnue avec qui il a une liaison torride. Une comédie existentielle qui ne fonctionne pas, la faute à un scénario foireux où l'absurde se combine mal avec la trépidation et la sensualité. Les seins magnifiques de Clio Goldsmith jouent bien mieux qu'elle et Jeanne Moreau et Guy Marchand cachetonnent. Mais Patrick Dewaere, gâché dans ce navet, est magnétique de mélancolie physique. BR FR
Joseph, le roi des rêves / Joseph, King of dreams (Rob LaDuca & Robert C. Ramirez, 2000) *
Vendu en esclavage par ses frères, Joseph se retrouve au service de Pharaon qu'il séduit par son talent d'interprétation des rêves. Produit par DreamWorks suite au succès du "Prince d'Egypte", cette adaptation animée du récit de l'Ancien Testament n'est pas à son niveau mais se laisse regarder grâce à son rythme dynamique et l'homoérotisme étonnant qui se dégage de l'accumulation biblique des corps dénudés des personnages masculins. BR DE
90s / mid90s (Jonah Hill, 2018) ***
A Los Angeles en 1996, un jeune garçon solitaire lutte à se faire accepter par une petite bande d'adolescents skaters. Imaginant un feel good coming of age, je ne m'attendais pas à être cueilli par la mélancolie tragique qui se dégage de ce grand petit film qui repose entier sur les épaules résistantes aux coups de son jeune acteur Sunny Suljic. La formidable BO transcende l'époque (parfaitement) évoquée vers une universalité bouleversante. BR DE
L'homme qui rit / The man who laughs (Paul Leni, 1928) ***
Mutilé enfant au visage par des bohémiens, un homme au rictus permanent qui se produit en fêtes foraines subit de multiples injustices. D'après Hugo, l'un des derniers films muets est un mélodrame outrancier aux décors et mouvements de caméra superbement baroques. C'est aussi le rôle d'une vie pour Conrad Veidt, génial en victime grimaçante. Mary Philbin en aveugle est fade mais Olga Baclanova est une vamp irrésistible. Enthousiasmant. BR FR
Chernobyl (Craig Mazin, 2019) **
L'explosion dans la centrale nucléaire ukrainienne le 26 avril 1986 et son traitement immédiat par les scientifiques, les anonymes et les politiques impliqués. Ce téléfilm HBO semble objectif dans son approche des détails techniques du désastre (les brutales séquences concernant les radiations sont saisissantes) et subjectif dans sa charge contre le pouvoir soviétique. Vivement le point de vue russe. C'est l'anglais de convention qui m'a gêné. BR UK
Us (Jordan Peele, 2019) *
Une famille noire américaine se fait agresser chez elle par quatre mystérieux inconnus qui semblent former son double. Après le formidable "Get out", Peele repart sur un thriller fantastique avec un message. Le problème ici est que le scénario et le message prennent plusieurs directions et rendent le tout incompréhensible. Dommage parce que la première moitié (l'invasion de la maison) est d'une originalité, d'une tension et d'une intelligence excitantes. BR DE
Climax (Gaspard Noé, 2018) ***
Dans une salle des fêtes, une vingtaine de jeunes vogueurs est droguée avec de la sangria manipulée. La péripétie est prétexte à faire basculer le film de danse dynamique de la première partie en une expérience visuelle, sonore et technique assez époustouflante dans la seconde. Le message est indistinct (avertissement contre la drogue en boîte ? métaphore sur l'échec du vivre ensemble ? Trip Pop ?) mais le spectacle est secouant. BR FR
Les damnés / These are the damned (Joseph Losey, 1961) *
Près d'une station balnéaire anglaise, un américain découvre que des scientifiques élèvent en secret des enfants radioactifs. Cette partie de l'histoire est bien mais il y a aussi un gang de loubards (Oliver Reed à son plus sexy) et une sculptrice et les trois s'emboîtent mal en donnant un film irrémédiablement bancal. La métaphore sur la peur atomique est intéressante dans le contexte de 1961 et la fin d'un nihilisme saisissant. BR DE
La chose d'un autre monde / The thing from another world (Christian Nyby & Howard Hawks, 1951) **
Dans une base arctique, des scientifiques sont menacés par un humanoïde extraterrestre. Rendu obsolète par l'inoubliable remake de John Carpenter en 1982, ce film de SF souffre aujourd'hui de l'aspect visuel de sa créature et de la surabondance de dialogues (dont le rythme naturel est pourtant fascinant pour l'époque) mais reste un jalon dans le cinéma paranoïaque de la Guerre Froide et un modèle de bien des huis-clos d'horreur. BR US
Sinbad : La légende des sept mers / Sinbad: Legend of the Seven Seas (Tim Johnson & Patrick Gilmore, 2003) *
Avec la compagne de son meilleur ami, Sinbad fait un périlleux voyage pour récupérer le Livre de la paix volé par Eris, la déesse de la Discorde. Malgré quelques scènes étonnantes et spectaculaires (les Sirènes, l'Oiseau des Glaces...), ce film d'animation trop bavard pâtit d'un scénario poussif et d'une méchante assez ennuyeuse. Après les excellents "Le Prince d'Egypte" et "La route d'El Dorado", une déception du studio Dreamworks Animation. BR DE
Poison pen (Paul L. Stein, 1939) **
Des lettres anonymes distillent la haine et la paranoïa dans un village anglais. Quatre ans avant "Le corbeau", ce drame de communauté bénéficie de quelques belles scènes, d'une noirceur étonnante et de la présence de bon acteurs (Flora Robson, Reginald Tate, Ann Todd) mais la mise en scène reste sage et la résolution attendue : le film est un peu pâle à côté du chef-d'oeuvre subversif de Clouzot, qu'il semble préfigurer en plusieurs points. BR UK
Jersey affair / Beast (Michael Pearce, 2017) ***
A Jersey, une jeune femme mal dans sa famille et sa peau a une liaison avec un solitaire qui pourrait être le serial killer qui terrorise l'île. Un excellent thriller psychologique porté par l'assurance de l'écriture et de la mise en scène et le jeu impressionnant de Jessie Buckley dans le rôle intense d'une personnalité étouffée à plusieurs titres. Sa performance est un tour de force dont on ne soupçonne rien au début. Johnny Flynn est très bien aussi. BR UK
Cartes sur table (Jess Franco, 1966) ***
A Alicante, un ex-espion reprend du service pour démanteler une association criminelle qui créé des robots-humains assassins. Un pastiche de SF et d'espionnage dont le rythme s'essouffle en seconde partie mais qui ne l'empêche pas de rester jubilatoire, grâce à l'absurdité dadaïste du scénario, la photo contrastée, les hilarants dialogues de Jean-Claude Carrière et surtout, le jeu sublimement je m'en foutiste de Lenny Constantine, impérial. BR FR
Taking Tiger Mountain (Tom Huckabee & Ken Smith, 1974/1983) **
Au Pays de Galles, des féministes soumettent un jeune hétéro homophobe à une Inversion Therapy et l'envoient assassiner le maire d'une ville de prostitution. Sur un sujet à la John Waters, un petit Indie réalisé avec les moyens du bord par des potes juste sortis du college. Surréaliste, absurde, sexy et un peu chiant mais plein d'idées visuelles. Au premier rôle, Bill Paxton y commençait sa carrière à 19 ans, en full frontal et au garde à vous. BR US
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Déçu par "Climax". Pour moi le ciné de Noé est vraiment excellent de "Carné" à "Irréversible". Ensuite "Enter the Void" commence un peu à tomber dans les travers des tics visuels (on peut appeler ça une marque de fabrique mais parfois quand ça se répète...) avec une volonté de transgresser certaines choses et un choix de caméra vue subjective intéressant mais un peu lassant sur deux heures trente.
RépondreSupprimerCela dit c'est une séance qui restera un peu spéciale pour moi dans le sens où je l'ai découvert à Opéra, au ciné, au dernier rang d'une salle dans laquelle une copine prodiguait une fellation sur son petit copain pendant une bonne trentaine de minutes, une heure après le début du film à cinq ou six sièges de moi sur ma droite. Comme quoi si le film ne les intéressait pas vraiment, lui avait choisi de se distraire d'une autre manière : )
Intro saisissante pour "Climax", mais ensuite long tunnels de dialogues, caméra tic qui se renverse, maniérisme à tout crin. On est quand même loin de l'impact brut de décoffrage de "Seul contre tous" et sa matière visuelle travaillée, sans parler de la bande-son avec l'utilisation des coups de feu et la voix-off omniprésente et incroyable.
Les vingt premières minutes sont très intrigantes avec cette caméra fluide qui n'en fait pas encore des tonnes, même si j'ai trouvé que les dialogues (improvisés) étaent bien futiles. La scène de danse, oui très bien, on sent que c'est chorégraphié avec soin et énergie. Mais ensuite l'ennui s'installe pour ma part et je me soucie guère du sort des personnages. Un trip auquel on adhère ou pas clairement
J'ai bien aimé Climax alors que j'y allais à reculons. Bien sûr, les effets de style sont attendus chez Noé mais j'ai bien aimé la caméra que se renverse dans la séquence finale. Le sensoriel l'emporte toujours chez lui, le fond n'a pas grande importance et les personnages non plus. Pour ma part, ça a marché, sans doute parce que j'aime tous les films ou des personnages dansent., c'est tellement cinégénique. Je n'ai pas vu Enter the Void.
RépondreSupprimerMarrant ton anecdote sur ta séance à Opéra, le vrai retour des peep shows...