1 septembre 2019

Films vus par moi(s): septembre 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Douleur et gloire / Dolor y gloria (Pedro Almodovar, 2019) ***
Un réalisateur gay espagnol (Antonio Banderas, formidable) en panne de forme, de moral et de créativité se replonge dans son enfance et tente de remonter la pente. Les souvenirs heureux et douloureux, les succès assumés et les rencontres manquées, la famille de sang et celle de coeur : Almodovar met beaucoup de lui-même dans cette chronique mélancolique sur le temps des sexagénaires. La projection est bouleversante. BR FR

Aux portes de l'Au-delà / From Beyond (Stuart Gordon, 1986) 0
En testant une machine à activer le cerveau, un ingénieur et son assistant font surgir des créatures répugnantes venues d'un monde parallèle. Typiquement Eighties, un film de SF et d'Horror (inspiré de Lovecraft) dont quelques images de corps mutants sont réussies mais dont l'ensemble ne convainc pas, la faute au scénario pas focalisé et à l'amateurisme des acteurs. Les trucages pré-CGI sont sympathiquement dégueulasses. BR FR

Time out / In time (Andrew Niccol, 2011) 0
A la fin du XXIe siècle, le temps a remplacé l'argent : programmé à vivre jusqu'à 25 ans, chacun peut prolonger la durée en gagnant, achetant ou volant des heures ou des années. Ce postulat de base pouvait promettre un film de SF existentiel vraiment original. Hélas, la tournure prise vire à l'action et la romance (entre Justin Timberlake et Amanda Seyfried) sur une esthétique entre Breaking Bad et Matrix. C'est complètement raté. BR FR  

Lourdes (Thierry Demaizière & Alban Teurlai, 2019) ***
La semaine à Lourdes de quelques pèlerins abîmés par la maladie ou l'accident. Un documentaire qui confronte le drame des individus à leur espérance en Marie, qui plane au-dessus de chacun de leurs mots et de leurs gestes. L'humanité du film prend à la gorge, admirablement portée par la photo, le montage et la musique qui en font un vrai film de cinéma. Un bel et digne hommage aux invisibles de la société et à l'Invisible qui les tient. BR FR

Overlord (Julius Avery, 2018) *
En 1944, quelques parachutistes américains largués en Normandie tombent sur un labo souterrain où des Nazis testent des zombies-soldats. Un hybride de guerre et d'horror qui se prend au sérieux, se laisse regarder mais dont les défauts d'écriture (situations, dialogues et rythme) plombent le potentiel. La séquence de naufrage aérien du début est excellente puis l'ennui s'installe doucement. Restent de bons maquillages gore et une belle photo. BR FR

Black Mirror: Bandersnatch (Charlie Brooker & David Slade, 2018) **
En 1984, un jeune programmateur qui conçoit un jeu vidéo devient paranoïaque. Cet épisode de 90' de Black Mirror est le premier film interactif que je vois. Le spectateur peut régulièrement choisir avec sa télécommande l'une ou l'autre des orientations de l'histoire. C'est à la fois fascinant (une nouvelle utilisation du cinéma) et frustrant (l'interactivité empêche l'immersion et l'histoire s'embrouille). Intéressant mais c'est pas mon truc. Netflix (qui s'y autopromeut de façon éhontée mais maline) 

Le convoi des braves / Wagon Master (John Ford, 1950) ***
Deux cowboys guident un convoi de Mormons vers une vallée de l'Utah. Il ne se passe pas grand chose dans ce western qui met en présence des familles mormones, des entraîneuses, des indiens Navajos et quelques crapules mal intentionnées. Les chariots avancent dans les paysages de pierre, les gens discutent et dansent, les chevaux s'abreuvent... Si on accepte le rythme et la légèreté du scénario, on est conquis. Un film à l'humanisme généreux. BR US

Ni dieux ni démons / Gods and monsters (Bill Condon, 1998) **
En 1957 à Los Angeles, le réalisateur gay, vieillissant et reclus de "Frankenstein", James Whale (Ian McKellen), s'éprend de son nouveau jardinier (Brendan Fraser). Un drame intimiste sur le temps qui fuit et les souvenirs qui remontent. Le fossé générationnel, physique et culturel entre les deux hommes porte le conflit sans jamais virer au mélodrame et la musique élégiaque renforce la puissante mélancolie qui se dégage. BR US

Can't stop the music (Nancy Walker, 1980) *
Aidé d'une amie introduite, un jeune musicien tente de monter un groupe de mecs qu'il nomme Village People. Surfant à contretemps sur la vague Disco, doté du pire acteur dans un rôle principal (Steve Guttenberg), de dialogues abyssaux et d'une pudeur incompréhensible, ce navet reste sympathique grâce à quelques numéros gratinés ("YMCA"), un kitsch superlatif, les six Village People en acteurs/chanteurs et Caitlyn Jenner en Bruce d'avant. BR US

L'heure de la sortie (Sébastien Marnier, 2018) *
Dans un collège privé, un prof suppléant (Laurent Lafitte) a des problèmes avec un petit groupe d'élèves surdoués. Une fusion pas convaincante de thriller aux marges de la SF (du genre "Le village des damnés") et de fable environnementale dont le début promet mieux que la suite, au symbolisme lourdaud. Mais le thème de l'inquiétude grandissante des jeunes sur le futur de la planète est intéressante au bon temps de Greta Thunberg. DVD Z2 FR 

Le cirque / The circus (Charles Chaplin, 1928) **
Le petit vagabond est embauché par hasard dans un cirque qu'il dynamise par ses maladresses. Les vingt premières minutes sont du meilleur Chaplin : malin, absurde, hilarant... Mais l'énergie comique retombe avec l'arrivée au cirque car les situations et gags visuels sont moins impactants (car attendus) dans un contexte de cirque que dans un contexte de rue. Malgré des moments géniaux, un Chaplin qui m'a un peu ennuyé en seconde partie. BR FR

Jeanne captive (Philippe Ramos, 2011) *
Du saut de Beaurevoir à la dispersion de ses cendres, les derniers mois de Jeanne d'Arc (Clémence Poésy) en dehors du procès. Il y a des idées magnifiques (le silence de la mer, la fin sur la Seine) dans ce film qui s'attache à des moments méconnus de la vie de Jeanne mais le tournage numérique, les ralentis amateurs, la lumière naturelle qui plonge dans le noir toutes les scènes en geôle et les dialogues médiocres en ruinent le potentiel. DVD Z2 FR  

Heinrich Himmler. The decent one / Der Anständige (Vanessa Lapa, 2014) **
Restées en mains privées jusqu'en 2006, les archives personnelles de Himmler dressent le portrait intime d'une des figures essentielles du Troisième Reich. A partir de photographies et de correspondance privée (surtout avec sa femme et sa fille) lue en voix off, le documentaire fait entrer le spectateur dans les obsessions de mesure, d'ordre et de pureté du Reichsfürher-SS. C'est tétanisant mais historiquement indispensable. DVD Z2 FR

Après nous le déluge / Today we live (Howard Hawks, 1933) 0
En Angleterre en 1916/1917, une jeune femme s'éprend d'un américain alors qu'elle est déjà liée à un autre homme. Les responsabilités du coeur sont le sujet de ce mélodrame de guerre qui panache scènes intimistes et d'aviation sans réussir à intéresser, la faute aux dialogues interminables et à la mise-en-scène passe-partout. Mais il y a les gros plans de Joan Crawford et de Gary Cooper dans leur unique fois ensemble à l'écran et ça, ça vaut le coup. DVD Z2 FR 

Les hommes de la forêt (Alexandre Litvinov, 1928) *
En Extrême-Orient russe, près du fleuve Oussouri, le quotidien d'une petite tribu autochtone isolée. Un film ethnologique dans la lignée de "Nanouk l'Eskimo" (Flaherty, 1922), où les personnages jouent leur propre rôle. Le documentaire cache un film de propagande, la dernière partie montrant l'irruption de la modernité soviétique dans la vie du groupe. Vladimir Arseniev, auteur de "Dersou Ouzala", est dans les dernières séquences. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

La rivière des massacres / Massacre River (John Rawlins, 1949) 0
Dans un fort du désert du Far West, deux amis de garnison s'embrouillent pour une femme. Il y a bien une rivière mais pas de massacre dans ce western de série Z que j'ai vite regardé en accéléré : la bluette prend toute la place, les indiens sont en bonus pour la scène finale et la mise en scène inexistante. Un film sans intérêt. Sauf un : revoir Guy Madison, le jeune premier le plus mignon de la fin des années 40, dans le rôle principal. DVD Z1 US

4 commentaires:

  1. ni dieux ni démons. Vu ce film il y a quelques années sur le cable. javais adoré.Une approche sensible sur James Whale.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Tom,

    "Gods and Monsters", ça me rappelle la fin des années 90 quand le film passait sur Canal+ à l'époque aussi de "Quartier interdit" qui passait bon nombre de films gore, de genre, d'exploitation en case 22H-0h. Et "Mon ciné-club" de Nicolas Boukhrief.

    Peux-tu préciser ce qu'est le "DCD Z2 FR " ?

    Complètement d'accord, mot pour mot sur ton avis à propos de "Overlord" qui je le crains a été survendu par la presse. Intro excellente oui, mais ensuite le temps devient long et le film se prend effectivement très au sérieux. Pour ma part, aussitôt aussi oublié. Dommage pour une série B qui aurait pu être mémorable. Cela dit, c'est bien de continuer à produire de la bobine comme ça, j'aurais simplement aimé qu'elle soit plus ouverte, moins sérieux, plus fun en somme



    RépondreSupprimer