4 juillet 2020

Films vus par moi(s): juillet 2020


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Le baiser du vampire / Kiss of the vampire (Don Sharp, 1963) ***
En Bavière, un jeune couple anglais coincé dans un hôtel décrépit est reçu mondainement dans le château familial du notable de la région. Un excellent Hammer, plein d'atmosphère, de flamboyance, d'érotisme subtil et d'idées scénaristiques intelligemment mises en scène. Deux séquences marquantes annoncent "Les Oiseaux" d'Hitchcock (tourné au même moment) et "Eyes Wide Shut" de Kubrick (qui a de toute évidence vu le film). Formidable. BR UK

Une fille facile (Rebecca Zlotowski, 2019) **
A Cannes, une lycéenne de 16 ans reçoit la visite de sa cousine délurée de Paris qui lui fait découvrir le monde de l'Argent de la Côte. L'exploitation mutuelle des riches et des pauvres et la fascination pour l'Autre sont au coeur de cette comédie dramatique où derrière l'été qui irradie se cachent les fêlures existentielles. Dans un rôle pas facile, Zahia Dehar s'empare du film et créé un personnage étonnant, sexy et touchant. Une surprise. BR DE 

Les ballets écarlates (Jean-Pierre Mocky, 2004) NS
A Vienne en Isère, une femme (Patricia Barzyk) dont le jeune fils a disparu traque avec un armurier (Jean-Pierre Mocky) un groupe de notables pédophiles. Le thème de la pédophilie est abordé frontalement dans ce film rageur qui mêle le dégoût à l'hilarité : l'amateurisme atterrant du casting et des dialogues touchent involontairement au comique en défiant le glauque des situations. Interdit de sortie puis placardisé, une curiosité hallucinante. DVD Z2 FR

Fabiola (Alessandro Blasetti, 1949) **
A Rome sous le règne de Maxence, le gaulois Rhual (Henri Vidal) s'éprend de Fabiola (Michèle Morgan), la fille d'un sénateur pro-chrétien. Ce peplum franco-italien de l'après-guerre en deux parties ("Le mirage de Rome" & "Le sang des martyrs") est bien trop bavard et platement mis en scène malgré ses décors spectaculaires et son final dynamique dans l'arène. Le couple d'acteurs, à l'écran et à la ville, fit sensation. C'est vrai qu'ils sont beaux. DVD Z2 FR

La Belle Epoque (Nicolas Bedos, 2019) 0
Grâce à une agence événementielle qui reconstruit le passé avec décors et acteurs, un sexagénaire dépressif choisit de retourner virtuellement en 1974, quand il rencontra sa femme. Le sujet attirant et les bonnes critiques m'ont conduit au supplice : j'ai lâché au bout d'une heure. Fausseté des dialogues, laideur de la direction artistique et jeu exécrable de Guillaume Canet, Fanny Ardant et Doria Tillier. Daniel Auteuil m'a semblé surnager dans le naufrage. BR FR

Paracelse / Paracelsus (G.W. Pabst, 1943) **
En Allemagne pendant une peste en 1530, le médecin-errant Paracelse (Werner Krauss) affronte ses confrères en proposant des traitements chimiques. L'énigmatique scientifique-métaphysicien de la Renaissance incarne la résistance à l'idéologie dans cette biographie historique à la mise en scène opulente qui culmine dans une extraordinaire séquence de danse d'envoûtement, métaphore risquée de la fascination hitlérienne. BR US

Le jeune Ahmed (Luc Dardenne & Jean PIerre Dardenne, 2019) **
En Belgique, un garçon de 13 ans radicalisé par son imam se retrouve en centre de détention après avoir tenté de tuer l'une de ses profs. A travers le parcours individuel d'un adolescent (Idir Ben Addi, qui est de tous les plans), une plongée sans appel dans la dynamique de la détermination et du crime islamistes. Posée mais directe, la mise en scène tient en haleine jusqu'à la scène finale, au moralisme typiquement dardénien (voire bressonien). BR FR

Hiroshima (Hideo Sekigawa, 1953) ***
La destruction d'Hiroshima, du point de vue de quelques jeunes survivants. L'une des premières fictions sur le sujet, utilisant les ruines de la ville, de vastes décors reconstitués et des images d'actualités. Les impressionnantes scènes réalistes de chaos ont pour contrepoint des moments élégiaques et un regard sans tabou sur les traumas des jeunes victimes. Le pessimisme dépité du propos fit que le film fut mis de côté pendant des décennies. BR UK

Gemini man (Ang Lee, 2019) 0
Un tireur d'élite des services secrets US prêt à la retraite est poursuivi par son propre clone rajeuni de vingt-cinq ans. Le scénario, thriller formaté à courses et bastons, n'a aucun intérêt et engloutit le véritable sujet, passionnant celui-là, de la rencontre avec soi-même. Le digital donne en miroir à Will Smith quinquagénaire le visage de ses 25 ans et l'effet est fascinant. Un sujet et une technologie au service de la mauvaise histoire. BR FR 

Un drôle de paroissien (Jean-Pierre Mocky, 1963) **
Parce qu'il sont pauvres, le fils d'une famille aristocrate ruinée de la Place des Vosges pille les troncs des églises parisiennes en toute bonne conscience. Bourvil est formidable en escroc dévot, entouré d'acteurs impayables (Jean Poiret, Francis Blanche, Jean Tissier....) dans cette comédie dont la subversion est tempérée par le ton bon enfant. L'Eglise et la Police en prennent pour leur grade mais sur un mode bienveillant. BR FR

Création / Creation (Jon Amiel, 2009) 0
En 1858, entre la religiosité de sa femme et sa douleur d'avoir perdu une fille, Charles Darwin (Paul Bettany) peine à terminer la rédaction de "De l'Origine des Espèces". J'ignorais les difficultés de concentration de Darwin sur son grand ouvrage et c'est un sujet intéressant mais ce pensum le plombe en une interminable succession de scènes dépressives, agrémentées du fantôme de la gamine avec son père. Complètement raté. BR UK 

Mandy (Panos Cosmatos, 2018) *
Un couple vivant dans une maison forestière est agressé par une secte qui enlève la femme. Le mari s'en occupe. Le thème rebattu de la vengeance est prétexte à une démonstration de mise en scène pop et d'effets gores et psychédéliques. Ca fonctionne sur la première heure, moins sur la seconde qui se prend les pieds dans l'outrance et la citation. Mais l'ensemble est plutôt original. Nicolas Cage se dépasse dans la démesure, c'est dire. BR FR  

Masques de cire / Mystery of the wax museum (Michael Curtiz, 1933) **
Un sculpteur défiguré vole des cadavres pour les transformer en figures de cire dans son musée. Ce classique de la vague d'Horror des Thirties bénéficie, à part la mise en scène toujours juste de Curtiz, d'une histoire morbide à souhait, des décors du musée et du labo, d'une excellente scène d'incendie et de Lionel Atwill, Fay Wray et Glenda Farrell en journaliste grande gueule. Et surtout, d'un Technicolor bichrome superbement restauré. BR US

La cité de l'indicible peur (Jean-Pierre Mocky, 1964) ***
Un inspecteur (Bourvil) traque un faux-monnayeur dans une petite ville d'Auvergne au moment où une bête légendaire, la Bargeasque, la terrorise. Géniale et hilarante du début à la fin, une comédie policière qui est surtout un festival de personnages extravagants embarqués dans des situations absurdes. Le casting hors-pair (Jean Poiret, Francis Blanche, Jean-Louis Barrault, Victor Francen...) est dirigé de main de maître. Un chef-d'oeuvre. BR FR

Capitaine Kronos : tueur de vampires / Captain Kronos: Vampire hunter (Brian Clemens, 1974) **
Dans l'Angleterre rurale de 1820, un ex-soldat et son acolyte traquent des vampires qui sucent la jeunesse de leurs victimes. L'un des derniers films de la Hammer historique renouvelle avec originalité le mythe du vampire en en faisant des vieillards en quête de leur beauté fanée. Kronos (Horst Janson) est assez Seventies, il y a des bagarres au sabre, Caroline Munro en pépée plantureuse et des momies fripées. Une fin de race assez sympathique. BR US 

Invisible man / The invisible man (Leigh Whannell, 2020) *** 
Une jeune femme abusée quitte son compagnon qui la retrouve et la harcèle, rendu invisible par une combinaison high-tech. Le personnage classique de l'Homme Invisible est ingénieusement transposé dans le contemporain avec ce thriller très efficace au suspense suffocant (la mise en scène utilise le vide à merveille) et au thème de société brûlant (#MeToo et les violences aux femmes). Elisabeth Moss est encore exceptionnelle. BR UK

4 commentaires:

  1. La cité de l'indicible peur est un délice. Je suis dingue de ce film qui rien qu'avec son titre est magique.
    Paradise Hunter

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, il a tout d'un film culte au sens propre : toujours on y revient quand on l'aime. Et peu connu.

      Supprimer
  2. "Mandy" ou la torture... lol
    15 premières minutes intrigante, puis gros trip poseur durant 1 heure avec le final pas mal et totalement barré (mais c'est trop tard pour moi).

    Je suis toujours curieux de découvrir le Richard Stanley néanmoins.

    RépondreSupprimer