7 juin 2020

Films vus par moi(s): juin 2020


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Le démon est mauvais joueur / Return from the ashes (J. Lee Thompson, 1965) 0
Revenue de Dachau, une femme réalise que son gigolo de mari l'avait épousée pour son argent et qu'il a une liaison avec sa belle-fille. Un mélo-thriller de mauvais goût qui part de l'Holocauste pour raconter une banale histoire de cupidité et de duplicité. Dans un Paris de studio, Ingrid Thulin joue la revenante sans conviction en donnant la réplique à Maximilian Schell et Samantha Eggar, tous deux catastrophiques. Un interminable navet. BR US 

La rage au coeur / To sleep with anger (Charles Burnett, 1990) ***
A Los Angeles, une famille afro-américaine accueille un énigmatique ami lointain dont la présence va briser l'équilibre. Une chronique familiale et de voisinage dont les péripéties classiques sont sublimées par les signes issus de la superstition et du folklore. Cela apporte au film une étrangeté tranquille, fortement symboliste. Le propos n'est pas politique, la communauté étant le terrain mais pas le sujet. Danny Glover est exceptionnel. Belle découverte. BR UK

Coeur de Lilas (Anatole Litvak, 1932) **
A Paris, un inspecteur qui enquête incognito s'éprend d'une prostituée suspectée de meurtre. Un mélodrame qui prend le temps de décrire la faune de la Zone, des hôtels borgnes et des guinguettes et fourmille d'idées de mise en scène qui dynamisent la narration. La casting est formidable : André Luguet, Jean Gabin, Fréhel, Fernandel en débutant et la tragique Marcelle Romée, aux airs de Marlene Dietrich. Et vu ce casting, on y chante. Alors ! DVD Z2 FR

Mutations / The freakmaker / The mutations (Jack Cardiff, 1974) **
A Londres, un professeur de biologie qui tente d'hybrider des humains et des plantes s'adjoint les services d'un employé d'un cirque de monstres. Dans le rôle du savant fou, Donald Pleasance joue, c'est rare, en retenue et laisse toute la place aux vrais handicapés physiques qui reprennent les codes de Freaks (Tod Browning, 1932). Ca donne un film bizarre, entre Pop Seventies et Exploitation, camp et obscénité. Une vraie curiosité, 100% de son époque. BR FR

Avatar (James Cameron, 2009) **
Sur la planète Pandora exploitée par la Terre, un marine paralysé est dupliqué en un humanoïde autochtone et découvre la culture et la lutte des Na'vis. L'univers artistique de Pandora, jungle fantasmatique baignée du bleu cher à Cameron, et ses créatures restent un formidable étonnement visuel, triomphe des effets spéciaux, mais qui affadit terriblement les scènes militaires. Avec un intéressant message sur la pensée systémique. BR FR (revu en 2D, je me souviens que la 3D en salle ajoutait au spectacle)

La villa (Robert Guédiguian, 2017) ***
Dans la calanque de Méjean à Marseille, une fratrie de trois (Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan) se retrouve auprès du père paralysé. Dans une mise en scène sereine, un drame familial qui est aussi et surtout un essai sur le temps qui passe en force et auquel il s'agit de s'adapter, pour soi et pour les autres. Tout le monde doit pouvoir se retrouver là-dedans. Un flashback inattendu au milieu du film est miraculeux. BR FR 

La grande bouffe / La grande abbuffata (Marco Ferreri, 1973) ***
Quatre amis quinquagénaires s'enferment dans une demeure pour bâfrer et invitent la maîtresse de la maternelle d'à côté et quelques putes. Avec le temps, le scandale s'est éteint mais le pouvoir satirique et subversif du film restent intacts, construits sur le comique hénaurme de l'outrance et du dégoût. Piccoli, Mastroianni, Noiret et Tognazzi sont sensationnels, comme Andréa Ferréol dans un rôle inoubliable. Procto-politiquement incorrect. BR DE   

Le chanteur de jazz / The jazz singer (Alan Crosland, 1927) **
Le fils d'un chantre juif part faire carrière à Broadway au dam de ses vieux parents. Le film est resté dans l'histoire comme celui qui fit basculer le cinéma du muet au parlant (c'est en fait un hybride muet-sonore-parlant). C'est aussi un mélodrame filial archétypal ponctué d'excellentes chansons qui rappellent le magnétisme de sa star, Al Jolson. Le revoir aujourd'hui avec ses scènes de blackface est une toute autre histoire. Mais il faut le revoir. BR FR

Histoire de Judas (Rabah Ameur-Zaïmeche, 2015) *
L'amitié de Judas et de Jésus dans leurs derniers mois. Fortement inspiré par "L'Evangile selon Saint-Matthieu" de Pasolini dans son réalisme physique forcené des personnages et des paysages (les Aurès algériens) et très beau dans ses lumières et compositions, ce film contemplatif retourne l'histoire de Judas dans un révisionnisme intéressant mais douteux. Un cinéaste arabe qui bouscule les juifs et les chrétiens, ça peut faire tiquer. DVD Z2 FR

Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019) **
Autour de Noël à Roubaix, un commissaire local et un jeune inspecteur gèrent le quotidien et enquêtent sur un incendie et un meurtre sordide. Inspiré d'un documentaire de 2008 sur la même affaire, un film d'atmosphère et de personnages perdus dont le misérabilisme est superbement rééquilibré par le travail sur la lumière et la musique. Roschdy Zem, Sara Forestier, Léa Seydoux et Antoine Reinartz sont parfaits. Une tranche de (sale) vie. BR FR

The lure / Corki dancingu (Agnieszka Smoczynska, 2015) **
A Varsovie, deux soeurs sirènes sorties de l'eau et engagées dans un club retrouvent leur nature carnassière. Ce mélange un peu frappé de fantastique, de musical, de comédie et de mélodrame sur fond d'activisme féministe est trop décousu pour l'emporter mais est truffé d'idées et d'images originales. C'est gore et kitsch à la fois et rappelle dans son esprit le "Morse" suédois de 2008. Les numéros musicaux sont foutraquement chouettes.  BR UK

Le chant du loup (Antonin Baudry, 2019) **
Un jeune sous-marinier brestois à l'ouïe sur-developpée écoute les sons des bâtiments militaires dans l'Océan au moment d'une escalade nucléaire. Porté par un score aux accents épiques, un bon thriller en huis-clos qui respecte les codes du film de sous-marin en prenant le temps de s'attacher à son personnage principal (François Civil, toujours bien) et décrire pour les ignorants le protocole d'usage de l'arme atomique. On ne s'ennuie donc pas. BR FR

The Queen (Frank Simon, 1968) ***
Documentaire sur le 1967 Miss All-America Camp Beauty Contest à New York. Deux ans avant Stonewall, une formidable capsule temporelle qui immortalise la naissance de la culture Drag sous les yeux des papes du Pop Art. Menés par l'icône queer Flawless Sabrina, les jeunes participants au concours de beauté se racontent et se préparent avant de monter sur scène. C'est drôle, énergique et touchant en plus d'être un morceau d'histoire. BR US

Un enfant dans la foule (Gérard Blain, 1976) **
Entre l'Occupation et l'après Libération, un jeune adolescent rejeté chez lui trouve un semblant de réconfort auprès d'hommes. Ce film autobiographique de Gérard Blain est influencé par le cinéma de Bresson : écriture austère, séquences disjointes, absence de jugement et jeu désaffecté des acteurs. Un essai très personnel, cruel et lucide, sur la résilience d'un garçon abandonné à lui-même qui résonne un peu comme un exorcisme. YouTube

Goltzius et la Compagnie du Pélican / Goltzius and the Pelican Company (Peter Greenaway, 2012) 0
En 1590, le graveur néerlandais Hendrick Goltzius fait jouer par son équipe six scènes érotiques de l'Ancien Testament pour un potentiel mécène. Le concept et la mise en scène qui hybrident théâtre et cinéma peuvent avoir leurs charmes, comme les acteurs qui montrent leur cul. Mais l'outrance baroque, les obsessions de Greenaway et les commentaires hystériques face caméra finissent par devenir insupportables et j'ai accéléré.  BR UK

1 commentaire:

  1. Je me rappelle de l'énorme déception qu'avait suscité le visionnage de "Avatar", après le battage médiatique, les promos, l'attente. Découvert en Blu-ray pour laisser passer la folie et le buzz, et j'avais envie d'arrêter au bout d'une heure. Je ne suis pas très friand de l'univers visuel qui est montré dans le film à la base et je trouve les personnages vraiment peu attachants. Quelques séquences d'action sauvait l'impression générale mais une totale absence d'émotion pour ma part qui m'a vraiment gêné tout du long, même si je reconnais que techniquement c'était impressionnant (par moments).

    "The Queen" est un sacré morceau camp effectivement. Sa durée d'1h en décuple l'impact et le film est resté une référence du genre et du documentaire. Et voir la Diva dans le final est incroyable.

    Je n'ai jusqu'à présent pas vu un seul Desplechin. J'ai "Rois et Reine" sous la main, faudrait que je me plonge là-dedans, je l'ai vu et écouté en interview, très intelligent.

    "La grande bouffe", découvert en 1995 à la télé, il était passé sur Arte, gros choc, découvert en en sachant absoluement rien. Est resté un de mes films préférés, acteurs immenses, quelle claque ! Et un des plus scandales de Cannes (un vrai)

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