3 décembre 2020

Films vus par moi(s): décembre 2020


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

La joyeuse divorcée / The gay divorcee (Mark Sandrich, 1934) **
Lors d'une mise-en-scène de flagrant délit d'adultère dans une station balnéaire, une jeune femme retrouve un soupirant qui l'importune. Le deuxième film avec Fred Astaire et Ginger Rogers est une bonne comédie d'identités et de situations parsemée de séquences musicales mémorables (Needle in a Haystack, Night and Day, The Continental) et une des mes préférées : Let's k-nock k-nees (avec Betty Grable et Edward Everett Horton). DVD Z1 US

Minuit dans l'Univers / The Midnight sky (George Clooney, 2020) 0
Isolé en Arctique alors qu'une catastrophe écologique à détruit la vie sur Terre, un scientifique veut alerter une station spatiale en retour d'une planète lointaine de rebrousser chemin. Un film de fin du Monde au contexte existentiel intimiste - il n'y a qu'une poignée de personnages - mais à la structure et grammaire totalement hollywoodiennes. Le mélange ne prend pas et malgré le message climatique sincère, on s'ennuie de tant d'austérité artificielle. Netflix

Tootsie (Sydney Pollack, 1982) **
N'arrivant pas à décrocher de rôles, un comédien new-yorkais (Dustin Hoffman) se travestit en femme, est engagé pour un soap télévisé et s'éprend d'une collègue actrice (Jessica Lange). Une comédie de situation sur le genre qui reprend bien sûr des éléments de Certains l'aiment chaud (1959) mais parle surtout - et vu d'aujourd'hui, c'était pionnier - du harcèlement sexuel dans le showbiz. Le ton n'est pas celui de la farce et c'est étonnant.

Les 5.000 doigts du Dr T / The 5.000 fingers of Dr. T (Roy Rowland, 1953) *
Énervé par son professeur de piano, un garçon rêve d'une usine à apprendre l'instrument contrôlée de façon totalitaire. Complètement atypique pour l'époque, une fantasy pour enfants au budget visiblement limité contourné par l'étendue du plateau et le Technicolor criard. À part le petit Tommy Rettig, tous les acteurs sont fades. Sans doute imperceptible à l'époque, l'aspect ultra-queer est aujourd'hui le plus intéressant du film. BR US

Deux moi (Cédric Klapisch, 2019) ***
A Paris, deux jeunes trentenaires souffrent de solitude et de mal de vivre sans savoir que seul un mur d'immeuble les sépare. Sur un thème proche du formidable classique muet Lonesome (Paul Féjos, 1928), un film mélancolique mais lumineux sur les traumas psychiques qui repose sur le charisme et le jeu d'Ana Girardot et de François Civil, interprètes de deux personnages d'une touchante fragilité. Avec une bien belle dernière scène. BR FR

Crime et châtiment / Crime and punishment (Josef von Sternberg, 1935) **
Un brillant et pauvre jeune homme qui a tué une prêteuse sur gages joue au chat et la souris avec un inspecteur. Le roman de Dosteïevski est adapté à l'essentiel dans cette version dont le petit budget et les simples décors sont compensés par une utilisation du clair-obscur et surtout, par l'interprétation géniale de Peter Lorre en névrosé arrogant au bord de l'hystérie. Edward Arnold est excellent aussi dans rôle de policier manipulateur. BR UK 

Blanche-Neige et les Sept Chevaliers / Skazka o myortvoy tsarevne i semi bogatyryakh (Ivan Ivanov-Vano, 1951) **
Le court-métrage d'animation soviétique d'après le poème de Pouchkine (qui s'appelle Le Conte de la Princesse Morte et des Sept Chevaliers) raconte en 32 minutes l'histoire d'une Blanche-Neige russe où sept cavaliers baraqués remplacent les nains. Parfaitement classique, l'animation est très belle avec de superbes séquences dans la forêt de bouleaux, l'isba des garçons et les questions du Prince au Soleil, à la Lune et au vent. YouTube

Grand Canyon (James Algar, 1958) ***
Un film de 28 minutes sur le Grand Canyon qui remporta en 1958 l'Oscar du meilleur court-métrage de fiction. Pas du tout documentaire mais franchement artistique, c'est une sorte de symphonie naturelle illustrant la "Grand Canyon Suite" de Ferde Grofé (1931). Les images en 70mm et Technicolor sont spectaculaires, exploitant toutes les techniques de pointe de l'époque. Les séquences des rapides et des nuages sont sublimes. BR US (en bonus sur celui de Sleeping Beauty)

La Belle au bois dormant / Sleeping Beauty (Clyde Geronimi, 1959) ***
Au 14e siècle, une méchante fée jette un sort contre une jeune princesse que seul l'amour pourra briser. Le conte de Perrault et de Grimm adapté par Disney est un formidable exercice de style avec ses décors géométrisés et ses couleurs vives inspirés des enluminures médiévales. C'est aussi une suite de morceaux de bravoure qui culmine dans la séquence des ronces et du dragon. Un classique que je revois toujours avec plaisir. BR US

Le Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982) **
Une nuit de Noël très agitée chez SOS Détresse Amitié. Les situations et les dialogues de ce vrai film-culte restent toujours aussi drôles, portés par un casting imbattable qui connaît chaque rouage de la comédie sur le bout des doigts. Enfin, jusqu'à l'incident du réparateur qui fait dérailler le dernier tiers du scénario et du film en brisant l'unité de ton et de lieu. Mais la première heure est un festival de dynamique comique indémodable. BR FR    

Beyond the Visible. Hilma af Klint (Halina Dyrschka, 2019) ***
Un documentaire qui lève le voile sur l'artiste suédoise Hilma af Klint (1862-1944), oubliée jusqu'il y a quelques années, redécouverte et reconnue aujourd'hui comme la pionnière de l'Abstraction et de l'art spiritualiste. Le film montre que celle qui se considérait "peindre pour le Futur" sera une icône dans quelques décennies et que la réhabilitation des artistes femmes est enclenchée. Une visionnaire inclassable, à plus d'un titre. BR US 

Mank (David Fincher, 2020) *
À la fin des Années Trente, le scénariste Herman Mankiewicz (Gary Oldman) se débat avec le spleen et l'alcool alors qu'il écrit le scénario de Citizen Kane. Une évocation extrêmement bavarde de Hollywood qui fonctionne par séquences mais pas dans son ensemble, la faute à la construction artificiellement alambiquée truffée de clins d'oeil autosatisfaits au cinéma de l'époque. La photo en monochrome gris est mode, hideusement. Netflix

Cornouaille (Anne Le Ny, 2012) 0
Ayant hérité d'une maison près d'Audierne, une jeune femme y fait face à ses traumas familiaux. La place de leurs morts chez les vivants. J'ai arrêté au bout d'une heure, ennuyé sans redemption par la fausseté de l'ensemble, écriture, dialogues, jeu des acteurs (Vanessa Paradis essaye pourtant, Samuel Le Bihan pas), irruption du fantastique et mésusage du paysage breton. Tout cela m'a semblé tourner en rond pour arriver nulle part. BR FR

Beau travail (Claire Denis, 2000) ***
Sur une base du désert maritime de Djibouti, un adjudant légionnaire est perturbé par l'arrivée d'une nouvelle recrue. Avec un minimum de moyens et de dramaturgie, Claire Denis laisse s'exprimer les corps, les paysages et les couleurs en une chorégraphie visuelle fascinante aux accents de tragédie antique. L'homoérotisme subtil créé une tension silencieuse qui s'incarne dans le jeu de Denis Lavant, Grégoire Colin et Michel Subor. BR UK

La nuit déchirée / Sleepwalkers (Mick Garris, 1992) **
Une mère et son fils, créatures extraterrestres ayant pris apparence humaine, repèrent une lycéenne dont ils veulent aspirer l'énergie vitale. Sur un scénario original de Stephen King, une série B sympathique et généreuse en surprises, entre les chats martyrs et vengeurs, les relations incestueuses des aliens, les morphings de première génération et les monstres. Mädchen Amick est une jeune fille en péril formidable. Un chouette petit film. BR DE

Scandale / Bombshell (Jay Roach, 2019) **
En 2016, deux présentatrices vedettes et une aspirante de Fox News brisent la loi du silence contre le patron harceleur de la chaîne conservatrice. Les origines du scandale Roger Ailes qui annonça le mouvement #MeToo est raconté efficacement, à l'américaine, dans une réalisation classique qui bénéficie du casting de Charlize Theron, Nicole Kidman et Margot Robbie en Barbies blondes qui ne se laissent plus faire. Pour elles et pour le message. BR DE

L'évadé du bagne / I Miserabili (Riccardo Freda, 1948) **
En trois heures et deux parties (Chasse à l'homme et Tempête sur Paris), le roman de Hugo est solidement adapté par le scénario qui va à l'essentiel et la mise en scène dynamique qui surclasse le budget sans doute serré (il y a deux décors  de rues pour Paris). Tous personnages majeurs y sont, pas caricaturaux, Gino Cervi est un Jean Valjean intériorisé plutôt intéressant et Hans Hinrich un Javert aux yeux hantés. Une très bonne version. BR FR 

Le fantôme de la liberté (Luis Buñuel, 1974) **
Des personnages subissent divers incidents dans une suite de moments disjoints... ou pas. L'absurde surréaliste de Buñuel baigne ce film à la logique excentrique des rêves, brillamment structuré par des acteurs qui se passent le relais d'une séquence à l'autre. Interprétable à volonté mais sans solution, l'exercice est fascinant avec ses scènes mémorables de l'hôtel aux fétichistes, la table WC, le tireur de la Tour Montparnasse... BR UK 

Dementia (John Parker, 1953) **
À Los Angeles, un jeune femme névrosée est assaillie par ses traumas sous forme de cauchemars. C'est en tous cas ce que je comprends de ce moyen métrage (56') sans un dialogue mais baigné des modulations aigües d'une voix féminine et d'une superbe photo noir et blanc. Le film est totalement unique dans son temps, mi Film Noir, mi Horror avec partout, le Surréalisme à l'Américaine. Un vrai film culte, le seul de son auteur. BR UK

A rainy day in New York (Woody Allen, 2018) **
Amenée à interviewer un réalisateur, une étudiante en journalisme passe quelques jours à Manhattan avec son petit bourgeois de copain. Un retour au classique pour Woody Allen avec cette comédie romantique dynamique, bavarde et sympathique autour de quelques personnages privilégiés et insécures. Le film entier est porté par Elle Fanning, vraiment excellente en jeune fille enthousiaste et craquante d'ingénuité. BR DE

Été 85 (François Ozon, 2020) 0
Au Tréport en 1985, la liaison d'un garçon de seize ans obsédé par la mort avec un autre un peu plus âgé tourne mal. Les personnages, les péripéties et les conflits dessinés à gros traits donnent au film un artifice qui empêche d'entrer dans l'histoire, par ailleurs hésitante entre romance, thriller et métaphore. On sent qu'Ozon a tenté quelque chose dans le genre balisé du film d'ados gays mais le résultat est d'une confusion totale. BR FR

Bagarres au King Créole / King Creole (Michael Curtiz, 1958) **
A La Nouvelle-Orléans, un jeune homme en conflit avec son père est embauché pour chanter dans une boîte de Bourbon Street. Celui de ses films qu'Elvis préférait est un drame romancé autour du lien père-fils aux chansons bien intégrées, au casting solide (la formidable Carolyn Jones, Dolores Hart, Walter Matthau), à la photographie de Film Noir et à la mise en scène très pro de Curtiz. Elvis est excellent, en action ou en chanson. BR DE

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