2 janvier 2021

Films vus par moi(s): janvier 2021



*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

They'll love me when I'm dead (Morgan Neville, 2018) **
Ce documentaire sur le tournage confus du dernier film - jamais sorti à l'époque - d'Orson Welles, "The other side of the wind" (1970-1976), permet de voir l'immense réalisateur au travail dans des conditions difficiles, alors qu'il est lui-même dans la détresse morale et physique. Les images sont rudes mais émouvantes, entre John Huston acteur qui semble perdu et  le fidèle Peter Boganovich dépassé. Un document crépusculaire. Netflix  

Moffie (Olivier Hermanus, 2019) *
En 1981 dans l'Afrique du Sud de l'Apartheid, un adolescent doit faire son entrainement militaire dans un camp à la frontière angolaise alors les deux pays sont en conflit. La brutalité des comportements d'humiliation et la virilité proclamée rythment de façon répétitive tout le film dont la seule autre piste narrative est celle de la montée du désir du garçon pour un autre. C'est beau mais la retenue de l'ensemble tape vite sur le système. BR UK  

Suez (Allan Dwan, 1938) **
La création du canal de Suez à travers l'histoire de son inventeur, Ferdinand de Lesseps. Un mélodrame historico-biographique typique de l'Hollywood des Thirties qui mêle allègrement la politique internationale et les affaires de coeur d'un trio de séduisantes vedettes : Tyrone Power au sommet de son charme, Loretta Young et Annabella. Les séquences des explosions et de la tempête des sables restent impressionnantes. BR ES 

Greenland (Ric Roman Waugh, 2020) **
Un couple séparé (Gerard Butler et Morena Baccarin) se retrouve avec son jeune fils pour se mettre à l'abri alors qu'une comète va frapper la Terre. Un film-catastrophe pas mal du tout, centré sur les personnages plus que sur les effets spéciaux. Du coup, il y a un supplément d'âme surprenant dans ce genre codifié et malgré quelques coïncidences obligées, on se prend à s'attacher à cette famille plongée dans le chaos. BR BE

Panique dans la rue / Panic in the streets (Elia Kazan, 1950) ***
A la Nouvelle-Orléans, l'autopsie d'un homme assassiné lié à la pègre révèle qu'il avait la peste. Un médecin et un policier traquent ses tueurs pour éviter une épidémie. Un excellent scénario de Film Noir où la poursuite est sanitaire - la recherche des cas contacts - et non criminelle. Le décor naturel du port et la superbe photo N&B servent la mise en scène dynamique où Richard Widmark, Zero Mostel et Jack Palance (génial) étincellent. BR UK 

Le pirate / The pirate (Vincente Minnelli, 1948) ***
Dans les Caraïbes, un acteur s'éprend d'une jeune fille promise au maire de sa ville. Un Musical expérimental, dont le scénario basé sur la confusion d'identités est prétexte à une sorte de film d'art en gesticulations et en Technicolor où le jeu des acteurs (Judy Garland et Gene Kelly, fascinants) frise l'hystérie dans un décor d'opérette. Le score de Cole Porter mêle l'excellent  ("Mack the Black", "Be a Clown") et le dispensable. On adore ou déteste. BR US

Nous étions un seul homme (Philippe Vallois, 1979) **
En 1943 dans la campagne landaise, un simple d'esprit recueille dans sa ferme un soldat allemand blessé. Un classique pionnier du cinéma gay qui n'est pas du tout le récit d'une attraction homosexuelle mais celui du pansement de deux solitudes. Cette approche et l'aspect naturaliste du film, petit budget évident, lui donnent le ton original d'une tragédie solaire. Serge Avédikian, Piotr Stanislas et Catherine Albin sont formidables. DVD Z2 FR

Les voyages de Sullivan / Sullivan's travels (Preston Sturges, 1941) ***
Un réalisateur de Hollywood qui veut faire un film sur les miséreux de l'Amérique s'immerge dans leur milieu, accompagné d'une aspirante actrice. Inclassable panaché de comédie, de film social, de romance et de drame, un des chefs-d'oeuvre des Forties, jalonné des séquences audacieuses et magnifiques, chacune dans leur genre. Dans le luxe ou les bas-fonds, Joel McCrea et Veronica Lake forment un duo au charme fou. BR UK

4 commentaires:

  1. Bonne et heureuse année 2021 Tom : )

    Comment as-tu (re)découvert "Tootsie", dans quel format (tu ne l'indiques pas dans ta petite chronique) ?

    Pour le film avec Piotr Stanislas, c'était un tout petit peu après qu'il ne débute sa carrière dans le X, entamée en 1978 (et il est ouvertement bisexuel, d'ailleurs il jouait dans quelques pornos Bi, y compris chez John love -le pseudo dans le hard d'Alain Payet qui a aussi réalisé sous son vrai nom-). Dans les années 90, et bien sûr auparavant, c'était plûtot courant, sans forcément tomber dans la catégorisation au sein même du genre, au sens où les acteurs de X tournaient parfois des scènes hétéros et gay dans le même film. C'est d'ailleurs aussi le cas de l'autre côté de l'Atlantique puisque Jamie Gillis en a tourné aussi.

    Piotr Stanislas joue aussi dans le très bon "Les Aventures sexuelles de Néron et Popée" réalisé par Bruno Mattei et Antonio Passalia . Et c'est marrant parce qu'il a joué "Jolies petites garces" qui est le premier film de Marc Dorcel, et le premier succès historique d'une cassette X en France, à sa sortie en 1980, vendue à l'époque 500 francs.

    Il est aussi à l'affiche de "Il était une fois un homosexuel" sorti en 1979, et tourné par Norbert Terry, spécialisé dans le x gay, bien avant Jean-Noël René Clair


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  2. Jordan, Tootsie en BR.
    Merci pour les infos sur Piotr Stanislas. Intéressant son parcours en X pansexuel et film d'auteur. Il y a un entretien avec lui dans le DVD, le temps a fait son job mais il revient avec recul et humour sur sa carrière.

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  3. Sullivan vraiment bien. Loin d'être le meilleur de Lubitsch on voit à quel point il est immense. Juste revu par nous aussi

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    1. C'est d'ailleurs une idée très amusante du scénario que dans le film, le rêve de l'actrice jouée par Veronica Lake est d'être présentée à Lubitsch et elle s'intéresse d'abord à McCrea pour ça.

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