4 avril 2021

Films vus par moi(s): avril 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

L'Atalante (Jean Vigo, 1934) ***
Juste marié, un couple (Jean Dasté et Dita Parlo) vit et travaille sur une barge fluviale auprès d'un équipier (Michel Simon) envahissant mais bienveillant. Hymne à la vie et à l'absurde poétique qu'on peut y trouver, un merveilleux film à la fois léger et profond à la narration buissonnière entièrement dévouée à l'inventivité visuelle de chacun de ses plans. Vigo mourut à 28 ans à la sortie du film, une ombre qui exalte sa liberté solaire. BR FR   

La traque (Serge R. Leroy, 1975) ***
Dans la forêt et les marais de l'Orne, une jeune femme anglaise violée par un chasseur est traquée par les copains de celui-ci. Un film terrible par sa froideur, son refus du sensationnel et du jugement. Leroy montre l'abjection sans sourciller, plus cliniquement que Boisset dans "Dupont Lajoie". Face à Mimsy Farmer : Jean-Pierre Marielle, Michel Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Jean-Luc Bideau, Michel Robin... BR FR   

Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief, 2018) ***
Dans les Ardennes, la disparition d'un enfant affecte dans la durée plusieurs voisins d'un village. Le spectateur sachant dès le début ce qui s'est passé, le film ne prend pas la voie du thriller mais celle du drame psychologique cloisonné, spécificité du cinéma français de tradition. Les ravages de la culpabilité font pour de l'excellente tension et le toujours bon Boukhrief assure une réalisation tendue qui ose presque le fantastique. BR FR

Le calvaire de Julia Ross / My name is Julia Ross (Joseph H. Lewis, 1945) **
Pensant qu'elle a été embauchée au service d'une riche bourgeoise, une jeune femme (Nina Foch) se retrouve dépossédée de son identité au risque de sa vie. Malgré les acteurs moyens et les invraisemblances et aberrations - qui ajoutent d'ailleurs au film -  un mystère gothique de série B, influencé par Rebecca de Hitchcock, dont le couple mère-fils infernal vaut vraiment le détour. Sur 65', la narration ne perd aucun temps. BR UK

Ethos / Bir Baskadir (Berkun Oya, 2020) *** 
Quelques habitantes des alentours d'Istambul venant de classes et d'éthiques religieuses différentes se croisent en influençant leurs parcours respectifs. Les conflits entre les conservateurs et les libéraux turcs sont la trame de cette mini-série aux dialogues et au rythme fascinants qui dresse des portraits de femmes - des actrices formidables - en butte à une société complexe et à elles-mêmes. J'ai parfois pensé à Ozu. Magnifique. Netflix

Soul (Pete Docter & Kemp Powers, 2020) ***
Un prof de musique noir désabusé d'un lycée de Queens se tue accidentellement le jour où il réalise son rêve de jouer dans un club de jazz. Depuis l'Au-delà, son esprit, accompagné d'un autre, découvre les recettes simples d'une vie qu'il aurait pu réussir. Pitch réducteur de ce brillant film d'animation Disney-Pixar qui étonne constamment par sa richesse thématique, narrative et visuelle. Beau, complexe et touchant. BR UK 

Fondu au noir / Fade to black (Vernon Zimmerman, 1980) **
Un cinéphile psychotique (Dennis Christopher) s'attaque déguisé à ceux qu'il perçoit comme ses ennemis, tout en s'éprenant d'un sosie de Marilyn Monroe (Linda Kerridge). Une série B de l'aube des Eighties qui nous promène dans un Los Angeles nocturne superbement photographié et dans l'univers d'un fou du Hollywood de l'âge d'or. Truffé de références cinématographiques, un film culte des rats de vidéoclubs, dont je fus. BR US

La route des Indes / A passage to India (David Lean, 1984) ***
Dans les années 1920, venue voir son fiancé en poste en Inde, une anglaise découvre une communauté d'expatriés fermée sur elle-même et s'éveille au pays dans la douleur. Sublimé des images lyriques chères à Lean et du score de Maurice Jarre, un mélodrame colonial qui effleure ses questions politiques, culturelles et raciales autour de la confusion de son intrigant personnage principal, superbement interprété par Judy Davis. BR FR

Soudain... les monstres / The food of the Gods (Bert I. Gordon, 1976) 0
Dans la région des Grands Lacs, une île est infestée d'animaux devenus géants après avoir mangé une mystérieuse bouillie. En surimpressions, modèles réduits et marionnettes, des poules, des vers, des guêpes et des rats attaquent une bande d'imbéciles menée par Ida Lupino, mamie repartie au taf sans doute pour payer ses impôts. Ça qui devait passer en 1976 ne le fait plus aujourd'hui. Une curiosité des festivals de l'époque. BR FR

Par un beau matin d'été (Jacques Deray, 1965) 0
Un petit truand et sa soeur s'embarquent dans le kidnapping d'une jeune héritière (Géradine Chaplin) dans la campagne espagnole. Tout est mauvais là-dedans : l'histoire réchauffée, le déséquilibre entre le thriller et le cool des dialogues banals d'Audiard, la mise en scène transparente du médiocre Deray et le jeu exaspérant de Belmondo et Sophie Daumier. Un film dont la réapparition et la restauration étaient tout à fait inutiles. BR FR

Underwater (William Eubank, 2019) *
Six survivants de la destruction d'une station sous-marine qui tentent d'en rejoindre une autre en scaphandre - à 10.000 mètres sous la surface - découvrent qu'ils sont chassés par des monstres. Un survival aquatique de série B sans autre enjeu que le suspense et le décor bleu nuit, entre Alien et The Abyss. On ne s'ennuie pas trop, l'idée des créatures lovecraftiennes est plutôt intéressante et puis je regarde tout avec Kristen Stewart. BR FR

6 commentaires:

  1. Très joyeux anniversaire Tom : )

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  2. Oui "La Traque" film effectivement terrible (dans le bon sens du terme, choquant). L'interprétation de la jeune actrice est saisissante et cette avant dernière séquence, celle du marécage....

    Une sacrée brochette d'acteurs aussi : Lonsdale, Marielle, Bideau, Constantin. Cela avait clairement de la gueule.

    "Attention les enfants regardent" est aussi apparemment très bon, jamais vu.


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    1. C'est la sécheresse de La traque et la force de ses acteurs qui le haussent bien au-delà de d'autres du genre. Je n'ai pas vu Attention les enfants regardent non plus.

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  3. Si par un beau matin d'été n'est pas le meilleur de ce qu'a fait Deray, il ne mérite pas pour autant être traité de médiocre.

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    1. Mais je n'ai jamais vu d'excellent film de Deray alors que des mauvais, oui, dont celui-ci. Pour moi, il est en dessous de la moyenne, et donc : médiocre. Avis personnel bien entendu...

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