3 octobre 2021

Films vus par moi(s): octobre 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Les chemins de la haute ville / Room at the top (Jack Clayton, 1959) ***
Dans une ville minière anglaise, un jeune homme (Laurence Harvey) de milieu ouvrier veut vite grimper l'échelle sociale en séduisant la fille d'un magnat. Un peu la version britannique d'A Place in the Sun (1951), ce mélodrame cruel est passionnant dans son hybridité : sur une trame classique, il panache studio et décor urbain et laisse Simone Signoret jouer d'une façon étonnamment moderne, ce qui lui a valu l'Oscar 1960. BR UK

Léonard de Vinci / La vita di Leonardo da Vinci (Renato Castellani, 1971) **
Léonard de Vinci, sa vie et son oeuvre, dans cette prestigieuse mini-série italienne en cinq épisodes, coproduction Instituto Luce/RAI/ORTF/TVE. De l'enfance à Vinci à la mort à Amboise, le scénario suit par grandes étapes son parcours (évitant toute référence directe à l'homosexualité) en explorant surtout sa personnalité atypique et son inventivité insatiable. Philippe Leroy est un excellent Leonardo, séduisant et fiévreux. YouTube

Old (M. Night Shyamalan, 2021) ***
Descendus sur une plage isolée d'une île caraïbe, douze touristes y sont piégés par une force qui les fait vieillir à vue d'oeil. Shyalaman sait toujours manier la caméra, l'existentialisme et le suspense à merveille : ici, le décor minimaliste du paradis infernal sert de fond à une fable fascinante - et dérangeante - sur la temporalité de la vie humaine. Un concept assez génial et la forme d'une série B d'horror : que demander de plus ? BR UK  

Thundercrack! (Curt McDowell, 1975) ***
Réfugiés lors d'une tempête dans la maison d'une veuve névrosée, trois filles et trois garçons profitent du branlodrome qu'elle a installé dans la chambre de son fils disparu, puis d'eux-mêmes. Underground, délirant et fait sur un budget de ficelle surclassé par les idées, les dialogues hilarants et la photo en N&B contrasté, un film d'art porno pansexuel de 2h30 qui convoque sous poppers Waters, Bergman et Romero. Du culte, du vrai. BR US  

Freddy 5 : L'enfant du cauchemar / A nightmare on Elm Street: The Dream Child (Stephen Hopkins, 1989) 0
Enceinte, une étudiante rêve que Freddy veut lui enlever son futur enfant. Ou c'est sur la naissance de Freddy. Ou autre chose. Bref, j'ai vu en accéléré cet épisode de la saga des Griffes de la Nuit. C'est nul mais il y a une séquence surprenante où les personnages se poursuivent dans des escaliers à la Escher juste avant que les effets spéciaux mécaniques ne cèdent la place aux CGI. Le premier film était assez bon il me semble. BR DE

L'homme à femmes / Sorelle Materassi (Ferdinando Maria Poggioli, 1944) ***
En Toscane, un gigolo vient s'installer chez ses tantes, deux vieilles filles qui s'entichent de lui au-delà du raisonnable. Le jeune homme cupide et les multiples femmes qui le désirent forment une galerie de personnages qui pourrait orienter le film vers la férocité. Mais le jeu outrancier des actrices, les allusions graveleuses et l'ébullition des sentiments apportent une juste dose d'humour et d'empathie. Un film étonnant, noir et rose. YouTube

Jésus / Boku wa lesu-sama ga kirai (Hiroshi Okuyama, 2018) **
Au Japon, un garçon de 9 ans inscrit dans une école catholique s'attache Jésus en ami imaginaire et sympathise avec l'élève populaire de sa classe. Un petit film qui traduit par touches sensibles l'équilibre fragile des croyances de l'enfance face à la réalité de la vie, ici un deuil. La mise-en-scène du réalisateur de 22 ans isole les personnages dans des décors minimalistes et la neige, comme une épure. C'est plutôt réussi. BR FR

D'où l'on vient / In The Heights (Jon Chu, 2021) 0
Dans le quartier de Washington Heights à New York, un jeune épicier dominicain rêve de retourner au pays. Je n'ai vu que 30' sur 143' de cette adaptation du musical à succès de Broadway : le dégoulinement des bons sentiments, des clichés sur la communauté hispanique, des visages ensoleillés des personnages et de la sucrerie colorée de la photo et de la musique m'auraient fait gerber si j'avais été plus loin. ¡Horripilante! BR UK

Luca (Enrico Casarosa, 2021) **
Transformées en garçons, deux jeunes créatures aquatiques partent incognito à la découverte d'un village de bord de mer. Ce film d'animation Disney-Pixar prend les recettes éprouvées du coming of age movie et les transpose dans le merveilleux décor des Cinque Terre en maintenant un rythme dynamique ponctué de moments d'onirisme. Vu comme une métaphore sur la transidentité, son originalité et son intérêt redoublent. BR UK

La vallée de la peur / Pursued (Raoul Walsh, 1947) ***
Adopté enfant par une veuve, un jeune homme qui fait le cauchemar récurrent de bottes à éperons dorés s'aliène son demi-frère et séduit sa demi-soeur. Un western psychanalytique magistralement mis en scène par Walsh et photographié par James Wong Howe dans un noir et blanc qui sublime tout, notamment le désert du Nouveau-Mexique. Robert Mitchum  débute et crève l'écran, secondé par Teresa Wright et Judith Anderson. BR FR

Adieu les cons (Albert Dupontel) ***
Atteinte d'une maladie terminale, une coiffeuse part à la recherche du fils qu'elle avait eu adolescente et qui lui avait été retiré. Elle se retrouve aidée par un informaticien dépressif et un aveugle. L'humour, la mélancolie et l'absurde s'harmonisent dans ce film dont l'originalité tient à la mise en scène de comédie surréaliste au service d'un sujet existentiel grave : l'incommunicabilité contemporaine. Virginie Efira, bien sûr, est parfaite. BR FR

2 commentaires:

  1. Tom,

    C'est une première pour Albert Dupontel ? Il me semble que tu n'es d'ordinaire pas très friand de son cinéma, me souviens que tu n'avais pas du tout aimé "9 mois ferme" par exemple. Virginie Effira y fait sans doute pas mal ici. J'aime surtout l'homme, sa filmographie c'est un peu 50/50. Mais le meilleur c'est peut-être ses one-man show au début de sa carrière. Et puis "Irréversible".

    Freddy 5, oui souvenir ancien pour moi, sans doute faudrait-ille revoir. J'adore le 1er bien sûr, qui est très marqué 80's, mais le scénario et surtout l'idée originale est géniale (faire intervenir le tueur dans les rêves). C'est aussi une des premières apparitions de Johnny Depp, mais il faut voir la version non censurée (avec le geyser dans le lit, scène coupée dans la version censuré, alors que c'est un moment-clé). Et le personnage de Freddy Krueger, croque-mitaine contemporain est fascinant.

    Le 7ème film est aussi très bon car il raconte l'envers du décor avec la réalité qui dépasse la fiction. Une belle mise en abyme.

    "Thundercrack" a l'air complètement dément et ton résumé est magnifique. Le BR est zoné ou All zones ?

    Intéressant de lire que Shyamalan est au top avec "Old". J'ai bcp aimé "Glass" mais avait limite détesté "Split".



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  2. Hello Jordan, oui c'est la première fois que j'aime un film de Dupontel (que j'aime beaucoup par ailleurs comme acteur), j'ai été très touché par celui-là.

    Les Griffes de la Nuit avait en effet une idée de départ géniale, je me souviens avoir aimé le premier vu en salle à sa sortie, sans avoir eu envie de voir les autres à l'époque, tout me semblait dit.

    The Visit de Shyamalan est excellent à condition de ne rien connaitre à l'histoire en s'embarquant dans le film.

    J'avais oublié de changer le poster du film du mois mais oui Thundercrack remporte la mise, un truc dément dont l'équivalent n'aurait plus de sens aujourd'hui. Le BR US est All Zones.

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