10 juillet 2022

Film vus par moi(s): juillet 2022


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Hard (John Huckert, 1998) ***
À L.A., un serial killer gay d'ados prostitués joue au chat et à la souris avec un flic, gay aussi mais dans le placard. Le sujet a priori assez putassier débouche, par l'écriture et la réalisation intelligentes et tendues, sur un excellent thriller qui supplante "Cruising" - auquel on pense forcément - par son regard dénonciateur sur l'homophobie ordinaire dans la société et la police. La violence, même suggérée, reste extrême et a condamné le film à l'oubli. DVD FR

Alice au Pays des Merveilles / Alice in Wonderland (Clide Geronimi & Wilfred Jackson & Hamilton Luske, 1951) **
Une petite anglaise qui s'est endormie se retrouve dans un endroit inconnu à affronter des situations et des personnages insensés. Les séquences inoubliables (la chute dans le puits, la mer de larmes, les fleurs, le chat de Cheshire, la Reine de Coeur...) qui parsèment l'adaptation de Lewis Carroll par Walt Disney réussissent à rattraper le côté décousu et désincarné du film, qui reste tout de même l'un des plus audacieux et originaux du studio. BR FR

Falstaff / Chimes at midnight (Orson Welles, 1965) ***
Hal, le fils du roi d'Angleterre Henri IV, préfère la compagnie de son truculent tuteur Falstaff aux obligations de son rang. La réalité politique mettra à l'épreuve leur amitié. Construit d'après plusieurs pièces de Shakespeare, le personnage de Falstaff - la création d'Orson Welles est formidable - permet au réalisateur-acteur de tisser une fable tragi-comique à la fois dynamique et mélancolique sur l'ingratitude du temps qui passe. Brillant. BR US 

La Belle et la Bête / Panna a Netvor (Juraj Herz, 1978) ***
Une jeune femme habite le château d'une créature mi-humaine mi-animale à tête de rapace. Cette version tchèque du conte est baignée d'une atmosphère funèbre, dans les décors décrépits, les couleurs délavées, la musique à l'orgue et l'iconographie surréaliste morbide typique du cinéma fantastique des pays de l'Est de l'époque. Elle est aussi baignée d'une forte emprise psychanalytique jungienne qui enrichit le thème. DVD FR

Daisy Miller (Peter Bogdanovich, 1974) **
Un américain expatrié en Suisse est séduit par une de ses compatriotes en vacances en Europe. Un étrange spectacle que cette adaptation du roman d'Henry James sur le choc des cultures et les brides affectives : Cybill Shepherd - alors compagne du réalisateur - est écrasée par le rôle et son jeu incertain rend le personnage et le film peu attachants. Et pourtant, la dernière partie vous submerge par une mélancolie venue de nulle part. BR FR 

Mais n'te promène donc pas toute nue ! (Léo Joannon, 1936) ***
Un jour de canicule à Paris, un député briguant un ministère se prend le bec avec sa femme qui évolue en petite tenue dans leur appartement à larges fenêtres. L'hilarante pièce anti-parlementaire et proto-féministe en un acte de Feydeau est formidablement adaptée dans ce court de 35' qui fait crépiter les situations et les dialogues à allusion interprétés par Arletty, Oudart, Sinoël et Tissier. Un vrai moment de fraîcheur cinéphile. Web

Conjuring 3 : Sous l'emprise du Diable / The Conjuring 3: The Devil made me do it (Michael Chaves, 2021) 0
En 1981, les époux démonologues Warren affrontent les forces des Ténèbres autour d'un jeune homme possédé. Je n'en sais pas plus - mais je m'en doute - ayant arrêté au bout de 50' devant les clichés - tous ces clins d'oeil à L'Exorciste au début - et la paresse du film. Si les deux premiers Conjuring sont très bons, portés par un vrai savoir faire de l'inquiétude et les acteurs Vera Farmiga et Patrick Wilson, celui-ci est irrécupérable. BR NE

Red rocket (Sean Baker, 2021) **
Revenu au pays après quinze ans de carrière dans le porno à L.A., un combinard survit au milieu des White Trash de la banlieue de Texas City. Photographié avec une esthétique pop qui jure avec le propos et assez répétitif dans ses péripéties, un film d'Americana comi-tragique qui fonctionne par la présence de ses acteurs, la plupart des non-professionnels rassemblés autour des formidables Simon Rex et de la débutante Suzanna Son. BR FR

The mule (Angus Sampson & Tony Mahony, 2014) *
Ayant ingurgité des sachets d'héroïne en Thaïlande pour un ami qu'il ignore être trafiquant, un australien confondu au retour par les douanes est placé sous surveillance policière dans un hôtel jusqu'à ce qu'il chie les sachets de poudre... qu'il dit être du sucre. Il décide de se retenir de déféquer pour ne pas confirmer qu'il s'agit de drogue. Les jours passent, le ventre gonfle et les flics s'énervent. Le film est bourrin, malin et pas chiant lui non plus. DVD Z2 BE

4 commentaires:

  1. J'ai fait de "Hard" mon film du mois de Juillet. Une descente très particulière dans l'univers indé de la police. Le film est courageux, ultra violent mais étonnamment, j'ai trouvé, jamais gratuit.

    La scène d'introduction donne tout de suite le ton, la suite étant un film policier efficace, une étude de moeurs, un film totalement queer, avec des moments gore expéditifs. Et il est amusant d'entendre que la scène de baiser entre les deux hommes a été celle qui a fait le plus de bruit et couler d'encre au point qu'en c'en était même insupportable pour certains.

    Le réalisateur a été au bout de son idée, le film n'est ni trop long ni trop court. En interviews il est touchant dans sa manière de dire qu'il a fait avec les moyens du bord, y a crû jusqu'au bout, même si son film n'était connu qu'aux U.S.A avant de sortir en DVD en France.
    J'ai un souvenir trop nébuleux de "Cruising" que je n'avais pas aimé, celui-ci est sec comme un coup de trique.

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    1. Oui, d'ailleurs c'est toi qui m'a donné envie de le découvrir, je n'en avais jamais entendu parler. L'économie de moyens bénéficie vraiment au film, qui va à l'essentiel et on voit que le réalisateur-scénariste a observé l'univers des flics de Los Angeles avant de se lancer. Merci pour la recommandation !

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  2. Je pense que peu de monde avait entendu parler de "Hard". C'est très bien qu'il sorte progressivement de l'ombre et par extension d'un oubli dans lequel il était plongé. Super que tu aies pu le découvrir sur la recommandation. Je me demande d'ailleurs si le réal réalisera de nouveau un film et quand ? Je serais vraiment curieux.

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    1. Le réalisateur ne se sera sans doute pas remis de l'échec de son film. Dur d'en entreprendre un autre dans ces conditions...

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