2 août 2022

Films vus par moi(s): août 2022

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Nope (Jordan Peele, 2022) *
Un phénomème mystérieux de type OVNI intrigue le propriétaire d'un ranch isolé du désert californien. Il y a des idées formidables, des images fortes et quelques séquences à suspense efficaces dans ce film fantastique et pourtant rien ne s'inscrit, la faute à un scénario qui privilégie le symbolisme abscons à la narration régulière et un monstre franchement ridicule. A quoi s'ajoute le personnage de la soeur, insupportable. Nope. Ciné

Adieu Philippine (Jacques Rozier, 1962) **
L'été 1960, un technicien de l'ORTF en attente d'Algérie sympathise avec deux filles avec lesquelles il sort à Paris puis en escapade corse. La liberté de la caméra portée et de l'improvisation relative des acteurs tranche avec les dialogues réenregistrés en studio et donne à ce film d'une fraîcheur insouciante une hybridité originale qui ouvrait la voie à La Nouvelle Vague. Une courte scène de danse face caméra est un moment sublime. DVD Z2 FR

Bruno Reidal (Vincent Le Fort, 2019) ***
En 1905, un jeune paysan séminariste du Cantal qui a tué un petit garçon est entendu par trois médecins. A partir de leur rapport et des mémoires de l'assassin - dites en voix off -, le film s'attache à entrer dans la psyché de celui-ci pour contextualiser la pulsion et le geste. Les paysages de la campagne sont le décor ensoleillé d'une détresse humaine d'une rare noirceur, rendue palpable par le jeu impressionnant de Dimitri Doré. BR FR 

Le charlatan / Nightmare Alley (Edmund Goulding, 1947) ***
Un opportuniste embauché dans une foire conquiert le succès en perfectionnant un numéro de mentaliste auprès d'un public aisé. Tyrone Power casse son image de play-boy sympathique dans ce film mi-noir mi-gothique sur la chute d'un homme attiré par l'abysse. Entièrement construit sur des séquences nocturnes et impliquant à la fois cartomancie, psychologie et psychanalyse, un extraordinaire hybride incompris à sa sortie. BR US

La minute de vérité (Jean Delannoy, 1952) **
Au chevet d'un jeune suicidé, un médecin découvre que celui-ci était l'amant de sa femme. Classicisme à la française pour ce drame de la bourgeoisie aux superbes scènes de confrontation entre Michèle Morgan et Jean Gabin dans les affres de l'adultère. Le choix de placer le point de vue entièrement du côté de l'épouse est excellent, apportant au propos une orientation clairement féministe très audacieuse pour l'époque. BR FR

Pour moi et ma mie / For me and my gal (Busby Berkeley, 1942) ***
En 1917, deux artistes de vaudeville forment un duo scénique au moment de l'entrée en guerre des Etats-Unis. Judy Garland dans son premier rôle adulte et Gene Kelly dans son premier rôle tout court crèvent l'écran de leur charisme et de leur talent dans cet épatant musical par Berkeley qui ne présente aucune de ses chorégraphies délirantes mais rend hommage au music-hall 1900 tout en poussant l'effort de guerre, la Seconde. BR US

Maigret (Patrice Leconte, 2022) ***
Le commissaire Maigret s'investit entièrement dans l'enquête sur la mort et l'identité d'une jeune femme anonyme retrouvée lardée de coups de couteaux. Comme souvent chez Simenon - et c'est superbement traduit par le film - le mystère criminel est prétexte à l'étude des personnalités et des atmosphères. Ici, c'est Maigret lui-même - Depardieu idéal tout en lassitude rentrée - qui est le sujet, bouleversé par des filles de vingt ans. BR FR

Le monstre sans visage / Ladron de cadaveres (Fernando Mendez, 1957) *
À Mexico, un détective et son acolyte pistent un savant fou qui greffe des cerveaux de gorilles à des catcheurs pour les rendre plus forts. L'horror mexicaine hybride les clichés hollywoodiens du genre dans un contexte hispano-kitsch à nul autre pareil. Dans ce film fondateur, Frankenstein et King Kong sont les références, redirigées dans le monde du catch, dont des matchs parsèment l'histoire. Du n'importe quoi cheap et amusant. BR US 

Pink flamingos (John Waters, 1972) ***
Dans la banlieue de Baltimore, une famille White Trailer Trash est défiée par un couple pervers. Stupéfiant d'anarchie, l'un des chefs-d'oeuvre de la période sacrée de Waters profane la morale, la censure et le bon bon goût en offrant à toute l'équipe des Dreamlanders - menée par Divine, fabuleuse - des dialogues et des actions franchissant toutes les limites. Hilarant et absolument culte, c'est l'un des grands films des 70s. BR UK 

La taverne de la Nouvelle-Orléans / Adventures of Captain Fabian (William Marshall, 1951) *
Vers 1860, une servante métisse manigance son maître à l'épouser. Une vraie curiosité que ce mélodrame en costumes que le titre fait passer pour un film d'aventures - le capitaine Fabian, c'est Errol Flynn en second rôle - car l'histoire est toute centrée autour de Micheline Presle  - Prelle en anglais - et de Vincent Price. Tout le monde surjoue, dont Agnès Moorehead en blackface, sans y croire. L'outrance est plutôt marrante. BR US

La nuée (Just Philippot, 2020) ***
En Auvergne, une aide-soignante reconvertie survit difficilement avec ses deux enfants de l'élevage de criquets comestibles jusqu'au jour où elle découvre l'efficacité du sang dans le développement des insectes. Ce qui pourrait n'être qu'un film horrifique de bestioles se révèle, grâce aux acteurs, à la réalisation et au scénario, un puissant suspense et une métaphore efficace sur la détresse contemporaine du monde agricole. BR FR

2 commentaires:

  1. Sacré John ! Au sujet de Divine, j'adore sa version de "You think you're a man", l'extended video edit avec un côté très Pet Shop Boys. Clairement un des personnages de ciné (et à côté) les plus passionnants du l'histoire. Une personnalité très attachante. Et en effet difficile de faire plus culte que "Pink Flamingos". Même si la scène du chien s'adressant aux fins gourmets est scandaleuse... lol

    "Bruno Reidal" me fait de l'oeil. J'essaie d'en savoir le moins possible histoire de préserver la surprise de la découverte. Je connais juste le sujet.

    J'ai également deux films de Jacques Rozier sous le coude il me semble. A voir...

    Je n'aime pas beaucoup Jordan Peele n'ayant que modérément apprécié "Get Out". J'ai cependant "Us" pour la curiosité même s'il a une réputation peu flatteuse, mais à voir je préfère me faire ma propre opinion.

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  2. J'avais beaucoup aimé Get Out de Peele, mais le reste...

    Et oui, Divine, quel personnage qui reste inaltérable et peut être encore plus nécessaire après toutes ces années...

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