2 janvier 2023

Films vus par moi(s): janvier 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Everything everywhere all at once (Daniels, 2022) NS ou 0
Une sino-américaine (Michelle Yeoh) débordée a accès au multiverse et expérimente d'autres vies d'aventures. Ça doit être un peu ça car j'ai stoppé au bout de 30', assommé par la mise en scène racoleuse, l'hyperactivité gesticulante des acteurs et l'artifice imbuvable de l'ensemble. Jamie Lee Curtis semble pas mal en contrôleuse des impôts mais je suis trop vieux pour ces conneries industrielles construites sur l'esbrouffe. BR FR 

Gorge profonde / Deep throat (Gerard Damiano, 1972) **
Après que son gynécologue lui eut annoncé en se rhabillant que son clitoris se trouvait au fond de sa gorge, une femme au foyer frigide se rattrape en orgasmes. Avec son humour lourdaud, son attitude décontractée par rapport au sexe - l'excitation est bon enfant - et ses moustaches et entrejambes aux pilosités luxuriantes, le film séminal du porno reste une réjouissante time capsule du tournant des Seventies. Linda Lovelace dégage une tristesse infinie. DVD Z1 US

Hitler... connais pas (Bertrand Blier, 1963) **
En 1962, une douzaine de jeunes autour de vingt ans se racontent, seuls face à la caméra. Le titre putassier au possible - l'idée même d'Hitler est absente du film - cache un documentaire superbement éclairé en N&B et au montage créatif où le langage facial et corporel complète la parole, bravache ou désabusée. Rien n'annonce 1968 sauf, peut-être, une franchise nouvelle par rapport au sexe. C'est le premier film de Blier, qui avait 23 ans. Amazon Prime

Dr. Jekyll et Mr. Hyde / Dr. Jekyll and Mr. Hyde (Rouben Mamoulian, 1931) ***
A Londres, un jeune psychiatre teste sur lui une potion qui permet de séparer l'homme cultivé et l'homme primitif enfoui en lui. Commençant par une longue séquence en caméra subjective, la première au cinéma, une adaptation Pre Code de Stevenson qui insiste sur la frustration sexuelle comme moteur d'action. Fredric March est excellent en dandy et en Néandertalien, transformé à l'écran par un effet visuel impressionnant. BR US

The last of us - saison 1, épisode 1 (Neil Druckmann & Craig Mazin, 2023) NS
Dans un Boston post-apocalyptique, le monde vaincu par le fugus - si j'ai compris -, le combat pour la survie d'un petit groupe de durs-à-cuire. Je n'en saurai pas plus car il n'y aura pas d'épisode 2 pour moi. Après une première demi-heure excellente, c'est reparti avec les zombies qui courent partout et l'ado de service et je me suis demandé comment les gens n'ont pas marre de ces histoires et de ces images-là. Amazon Prime

La Californie (Jacques Fieschi, 2005) 0
Sur les hauteurs de Cannes, une quinquagénaire (Nathalie Baye) seule et fortunée entretient tout un petit monde, gigolo, dame de compagnie et coiffeur. Sur un sujet très camp dont Fassbinder ou John Waters auraient fait tout autre chose, un drame empesé dont les péripéties sont trop artificielles pour intéresser ou convaincre. Mais Roschdy Zem en frappe yougoslave et surtout Mylène Demongeot en amie souffre-douleur valent le coup d'oeil. DVD Z2 FR

Un jour à New York / On the town (Gene Kelly & Stanley Donen, 1949) *
Trois marins (dont Gene Kelly et Frank Sinatra) en permission de 24 heures à New York visitent la ville et rencontrent trois filles. Novateur dans son utilisation - partielle - des rues de Manhattan, un Musical très sympathique mais dont le scénario trop léger, les chansons peu mémorables et le choix de chorégraphies démonstratives font qu'on s'ennuie un peu, péché cardinal du genre. Les allusions sexuelles qui parsèment l'ensemble sont étonnantes. BR FR 

Jalouse (David & Stéphane Foenkinos, 2017) 0 
Une prof de littérature quinquagénaire dépressive jalouse et tente de détruire les bonheurs de ses proches. Le thème du film, vraiment intéressant, est gâché par le grand écart entre sa noirceur et son traitement teinté de comédie, amplifié par le surjouage - malheureusement habituel - de Karin Viard qui ôte toute crédibilité à son personnage. Résultat : on ne voit que les ficelles, comme celle de cette réplique finale indigne. Netflix

Les Olympiades (Jacques Audiard, 2021) ***
A Paris 13e, dans les tours des Olympiades, quatre jeunes adultes un peu perdus dans leur vie cherchent chacun un lien affectif. Dans un noir et blanc qui magnifique le quartier de béton et de verre et une mise une scène d'une fluidité exaltante, ces jeux de l'amour, du hasard et des réseaux sociaux sont portés par des acteurs radieux dont les personnages sont tous sincèrement touchants. Un film dont on sort heureux, c'est rare. BR FR

Cinq pièces faciles / Five easy pieces (Bob Rafelson, 1970) ***
Son père malade, un ouvrier du pétrole californien, ex pianiste, rejoint sa famille bourgeoise près de Vancouver. Jack Nicholson est au sommet en trentenaire en rupture de ban aliéné par lui-même et la société entière. Sur les chansons de Tammy Wynette, dans des scènes tragi-comiques inoubliables et illuminé par Karen Black et Lois Smith, le grand film existentiel américain du début des 70s reste intemporel, désespérément. BR US

Les crimes du futur / Crimes of the future (David Cronenberg, 2022) 0
Un artiste (Viggo Mortensen) fait pousser de nouveaux organes dans son corps que sa partenaire (Léa Seydoux) extrait lors de performances publiques. Après le début intrigant et prometteur, le film - très prétentieux - retombe vite dans la reprise des obsessions corporelles de Cronenberg, qu'il a bien mieux explorées il y a longtemps. Je me suis ennuyé, endormi et réveillé juste avant le générique de fin, en ayant vu assez pour la note. BR FR  

Chacun cherche son chat (Cédric Klapisch, 1996) **
Pendant quelques jours d'été à Paris, une jeune femme cherche son chat, perdu par la voisine qui le gardait. L'histoire est le prétexte à une chronique tendre autour de personnages attachants, notamment les vieilles du Faubourg Saint-Antoine, le quartier alors en mutation qui est le véritable héros du film. Tout cela reste très sympathique, comme une capsule temporelle qu'on peut rapprocher, sur un ton différent, du "Rayon vert" (Eric Rohmer, 1986). BR FR

2 commentaires:

  1. David Cronenberg (sans avoir vu le dernier qui ne me tente pas vraiment malgré le casting, j'aime beaucoup Viggo Mortensen) a sans doute donné le meilleur de lui -même dans le passé. A moins qu'un projet fulgurant vienne remettre les choses en question.

    Il y a un tas de films de lui que j'adore (toute la période 70-80 et jusqu'à "Crash", pour moi un de ses sommets). Ensuite j'ai lâché depuis "Cosmopolis" que j'avais détesté.

    "Deepthroat" a été un peu le "Jaws" du porno. Le film tourné avec très peu de moyens, sorti un peu de nulle part, après l'exploitation underground de certains nudies et les premiers loops des salles d'exploitation et qui explose le BO. C'est encore à ce jour (avec "Le projet Blair Witch") un des films les plus rentables du ciné au regard de son budget de départ. Linda Lovelace s'est investie pour interdire le film, elle voulait brûler le negatif original et la fait savoir à de nombreuses reprises, elle se sentait exploitée. L'histoire d'un succès colossal a été pour elle très mal vécu d'autant qu'elle a ressenti qu'elle était restée pour bcp l'image de l'actrice d'un seul film. Il est dit qu'à sa sortie devant son succès gigantesque, des acteurs de renom avaient été vus à la sortie de séances, comme Jack Nicholson. Il y a peu d'exemples de films qui aient fait autant parler d'eux comme celui-ci que ce soit pour son énorme succès commercial comme pour les polémiques qu'il a engendrées. Il est plutôt drôle, sur une idée farfelue qui fonctionne très bien et la VHS a contribué à son aura.

    Le film des Daniels ne m'intéresse pas trop. Mais bon y'a un public cible pour ça, et il faut être je pense vraiment hyper geek pour en aimer certains aspects.

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    1. Pour Cronenberg, j'aime tout sauf eXistenZ et The Naked Lunch que j'e n'ai pas revus depuis leur sortie. Mais Les crimes du futur me semble vraiment mauvais, son premier vrai ratage.

      C'st vrai, l'importance de Deep Throat dans l'économie du cinéma est impressionnante. Avec Behind the Green Door et The Devil in Miss Jones, c'est la trilogie fondatrice du porno mainstream mais tout ensuite, va changer très vite...

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