2 novembre 2024

Films vus par moi(s): novembre 2024

**** chef-d'oeuvre / *** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais 

The boy (William Brent Bell, 2016) *
Traumatisée par la violence de son ex-boyfriend, une étudiante plaque tout et se fait embaucher comme baby-sitter d'un petit garçon. Elle découvre qu'il s'agit d'une poupée qui a remplacé l'enfant, mort depuis longtemps, de ses parents devenus vieux. Hésitant entre le psychologique et l'horror, un petit film sans prétention qui prend son temps en atmosphère avant de virer dans l'action attendue après le twist plutôt bien amené. Shyalaman en aurait sans doute fait quelque chose de plus puissant. BR FR

L'esclave aux mains d'or / Golden boy (Rouben Mamoulian, 1939) *
A New-York, une agente sportive convainc un jeune violoniste de se lancer dans les championnats de boxe. Sur un sujet risible, un mélodrame ennuyeux et bavard qui révèle son origine théâtrale. Même le talentueux Mamoulian à la barre n'arrive pas à faire grand chose - sauf de "La Vierge à la Chaise" de Raphaël un quasi-personnage - mais le film vaut d'être vu pour Barbara Stanwyck qui y imposait son protégé William Holden dans son premier rôle. A 21 ans, il y est aussi mauvais que beau. BR US

Godzilla Minus One / Gojira Mainasu One (Takashi Yamazaki, 2023) ***
En 1947, un ex-kamikaze doit surmonter sa peur pour aider à la lutte contre un monstre marin qui menace Tokyo. Une formidable adaptation du Godzilla original (Ishirō Honda, 1954) qui remplace la métaphore du péril atomique par celle du PTSD - troubles du stress post-traumatique - et de ses abysses. Totalement imprégné des concepts jungiens - l'inconscient collectif, l'archetype, le complexe, l'anima... - et de références cinéphiles, un blockbuster intime à la fois spectaculaire, profond et humain. Cinéma (dans sa splendide version N&B, qui me semble la seule adaptée au propos)

2 octobre 2024

Films vus par moi(s): octobre 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Monstres : L'histoire de Lyle et Erik Menendez / Monsters: The Lyle and Erik Menendez story (Ryan Murphy prod, 2024) **
L'histoire des deux frères qui ont assassiné leurs parents à Beverly Hills en 1989 et les deux procès qui ont suivi jusqu'en 1996. Ce fait divers m'avait fasciné à l'époque et le retrouver des décennies plus tard par le petit bout de la lorgnette est plutôt sympathique. Rien à dire, c'est bien écrit, bien fait et parfaitement joué par le casting impeccable - notamment les acteurs des deux frères infernaux - mais le polissage de la grammaire visuelle Netflix fait que rien ne dépasse, enfin presque. Du bon storytelling. Netflix

Sebastian (Mikko Mäkelä, 2024) **
Max, un pigiste de 24 ans qui enquête sur les escort boys gays de Londres tente l'expérience lui-même sous le pseudo de Sebastian. Une plongée dans le monde des chasseurs de sexe ou d'amour dans l'anonymat des applis de rencontre à travers le portrait d'un jeune homme un peu paumé qui se révèle à lui-même. C'est pas mal du tout dans sa description crédible des rapprochements d'âge et de milieu social et la nuit londonienne est photogénique. Ruaridh Mollica - l'excellent acteur principal - aussi. BR US

Traqué par Scotland Yard / Town on trial (John Guillermin, 1957) **
Dans une petite ville anglaise, un jeune femme blonde et aguichante est étranglée. Un officier de police enquête chez les habitants pour trouver le coupable. Le resserrement de l'histoire autour de quelques personnages tente une critique sociale de la bourgeoisie et de ses choses à cacher. Ça c'est du déjà vu. Ce qui l'est moins, c'est l'étonnante hybridité entre Film Noir et Soap Opera autant qu'entre cinéma britannique et américain. Et John Mills, comme d'habitude, est formidable. De la série B de qualité. BR UK

Traitement de choc (Alain Jessua, 1973) **
Dans un institut thalasso de Belle-Ile, une cliente a des soupçons sur les cures rajeunissantes proposée par le beau médecin-directeur. Annie Girardot et Alain Delon en full-frontal ont fait courir les foules à la sortie du film et leurs scènes nues restent une curiosité. Mais au-delà, il y a surprenant thriller d'horror, un genre rarissime dans le cinéma français. Et au-delà encore, une critique cinglante du luxe autocentré des riches et de l'exploitation des vulnérables. Tout cela est terriblement d'actualité. BR FR

La déposition (Claudia Marschal, 2024) **
En 1993, un enfant de choeur de 13 ans est agressé sexuellement par le prêtre de son village alsacien. Trente ans plus tard, Emmanuel dépose plainte à la gendarmerie et enregistre subrepticement sa déposition. A partir de ce document sonore, d'archives et de nouvelles images, le film revient sur une histoire comme il en existe des milliers d'autres et dresse le portrait touchant d'un fils et de son père face au trauma. La Déposition, c'est aussi Jésus descendu de la Croix, un poids mort doucement partagé. Cinéma

Marie Poupée (Joël Séria, 1976) ***
Un antiquaire en poupées (André Dussolier) épouse une femme-enfant vierge de seize ans qu'il transforme par fétichisme, mais sans la consommer, en poupée de porcelaine vivante. Marie s'amuse du jeu jusqu'à ce que le désir la prenne en croisant l'ouvrier agricole Bernard Fresson. Terriblement sexy, un film subversif et cruel entre conte de Perrault et satire de Buñuel qui serait impensable aujourd'hui. Jeanne Goupil est irrésistible en objet sexuel innocent et inconscient. Vachement bien. DVD Z2 FR

La chimère / La chimera (Alice Rohrwacher, 2023) **
Sur la côte toscane, un jeune anglo-italien chef d'une bande de tombaroli - les pilleurs de tombes étrusques - s'enfonce dans une crise existentielle liée à un deuil. Sur un sujet de commerce archéologique vraiment original, un film entre réalisme et fantaisie poétique qui cite frontalement Fellini et Rossellini tout en poursuivant l'esprit d'un autre film - excellent - de la réalisatrice : "Lazzaro felice" (2017). Malgré quelques coquetteries ça marche, notamment grâce à la juste prestation de Josh O'Connor. BR FR

Les chiens (Alain Jessua, 1979) **
Dans une ville nouvelle en construction, un médecin juste arrivé (Victor Laloux) affronte des habitants dont les chiens dressés au combat par Gérard Depardieu blessent régulièrement les rares minorités de la cité. Dans le décor impersonnel mais idéal de Marne-la-Vallée qui sort de terre, les racistes en tout genre qui font le ménage eux-mêmes avec les crocs de leurs molosses étaient en 1979 une dystopie effarante. C'est maintenant une métaphore d'une actualité brûlante. Peu subtil, mais efficace. BR FR

Le Grand Passage / Northwest Passage (Book 1- Roger's Rangers) (King Vidor, 1940) **
En 1759, le Major anglais Robert Rogers (Spencer Tracy solide, avec son accent américain paradoxal) embarque ses Rangers dans une odyssée au Québec pour aller en territoire français détruire un village d'indiens Abenakis. Dans un Technicolor Kalmus qui sublime les paysages de lacs et de forêts et sans un seul temps mort, un film d'aventures historiques situé pendant les French and Indian Wars qui pourrait être excellent. Mais aujourd'hui, la violence colonialiste du film choque, profondément. BR US

La septième victime / The seventh victim (Mark Robson, 1943) ***
Dans Greenwich Village, une jeune femme cherche sa soeur - inoubliable Jean Brooks - brusquement disparue après avoir fréquenté un mystérieux groupe d'intellectuels aisés. Un des diamants - le plus morbidement noir - produits par Val Lewton pour la RKO, ce film d'atmosphère explore les forces obscures à l'oeuvre dans la société urbaine. Dans un N&B menaçant et avec une exploitation géniale de la suggestion, plusieurs des tropes du Film Noir et d'Horror naissent sous nos yeux. Quant à cette fin ! BR US 

Bonjour, petit Copper (Roland Allard, 1998) ***
Je ne connaissais rien d'Annick Martigny, dite Ariane Grimm, cette jeune fille pas si sage morte à 18 ans d'un accident de moto en 1985. Depuis ses 7 ans 1/2, elle n'avait pas cessé d'écrire, de dessiner, de coller, laissant les mots et les images capturer ses enthousiasmes et ses frustrations. A partir de ses "Cahiers de mémoires" gardés par sa mère, ce petit film de 26 minutes cristallise, par une belle lecture de ses étonnants textes, l'essence d'une existence brutalement rompue. Très touchant. Dailymotion

Birdemic: Shock and Terror (James Nguyen, 2010) NSP
Sur la côte californienne, des rapaces attaquent un couple qui fuit et essaye de se défendre. Difficile à dire si cet hommage aux Oiseaux d'Hitchcock est une parodie géniale, un truc marketing ou un des pires navets du cinéma ? Le scénario décousu, les dialogues risibles, le casting amateur incompétent, la photo cramée, le montage erratique et j'en passe pourraient enterrer l'objet. Mais pour qui aime le camp, c'est du culte. Rien que pour les incrustations atterrantes des oiseaux. BR US

La Montagne Sacrée / The Holy Mountain (Alejandro Jodorowsky, 1973) ***
Le Christ ou un vagabond qui lui ressemble est pris en charge par un alchimiste adepte du Tarot qui lui fait rejoindre les dieux de l'Olympe et du monde moderne en quête de l'Immortalité. Rien ne peut résumer ce film foisonnant, boursouflé et étonnamment intemporel dont les situations et surtout les images ne cessent de surprendre et de marquer. Pas facile de trouver un message, à chacun de se faire sa propre projection en se laissant emporter par l'imaginaire débridé à l'oeuvre. Grandiose. Cinéma

1 septembre 2024

Films vus par moi(s): septembre 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

The sinful dwarf / Dværgen (Vidal Raski=Eduardo Fuller, 1973) **
Une logeuse et son fils nain trentenaire et voyeur kidnappent des jeunes femmes pour les livrer en pâture à des clients après les avoir droguées. Sur une histoire d'une proximité dérangeante avec l'actualité judiciaire française du moment, un film d'exploitation danois - mais de langue anglaise - entre X et Z dont le budget réduit est compensé par l'outrance des situations et du personnage du nain sordide interprété par un certain Torben (Torben Bille). Tout cela n'est pas du tout correct, évidemment. BR US
                                                              
Histoire de chanter (Gilles Grangier, 1947) **
A Nice, un chirurgien cocu (Noël Roquevert, toujours impérial) échange les codes vocales d'un livreur gouailleur (Julien Carette) et d'un ténor d'opérette adulé. Une comédie avec chansons au thème idiot et drôle qui permet à Luis Mariano de se laisser aller avec plein d'humour à l'auto-dérision par rapport à sa persona et à sa voix "garantie en sucre". Vu d'aujourd'hui, on se demande comment le rossignol basque a pu avoir ce succès fou auprès des femmes avec ce style à la fois désuet et efféminé. High camp. DVD Z2 FR

L'Origine du Monde (Laurent Laffite, 2021) ***
Un homme dont le coeur s'est arrêté de battre doit apporter sous trois jours à une psy une photo du vagin de sa mère pour travailler ses traumas et rester en vie. Sur un sujet outrancier et particulièrement scabreux, une formidable comédie de situation - adaptée d'une pièce - à la fois très drôle dans ses péripéties, touchante dans ses liens entre les personnages et futée dans son regard sur la psyché. Hélène Vincent est la mère, Laurent Laffite le fils, Karin Viard la femme et Vincent Macaigne le vétérinaire. Netflix

Stranded (Juleen Compton, 1965) *
A l'été 1964, une jeune américaine, son copain et son meilleur ami homo louent un bateau pour croiser les îles grecques. A la modernité du tournage et de l'esprit, qui peut faire penser à de la Nouvelle Vague avec des années de retard, s'oppose le jeu affecté des acteurs, surtout la réalisatrice dans le rôle principal et son pote gay français qui passe son temps à hurler "Mais quelle horreur !". Toutefois il y a de très belles images solaires et la liberté de ton, pour un film américain, reste étonnante. BR US

La cité de la peur / City of fear (Irving Lerner, 1959) **
Echappé de prison avec une urne qu'il croit contenir de l'héroïne, un malfrat (Vince Edwards) transporte avec lui une poudre radioactive mortelle. Munie de compteurs Geiger, la police le traque à Los Angeles en évitant d'affoler la population. Une petite série B au sujet original qui surclasse son évident mini budget par ses nombreuses séquences extérieures tournées dans les rues de L.A., ce qui lui donne un aspect newsreel intéressant. Avec une superbe photo Film Noir et un score jazzy. BR UK

Dolls (Stuart Gordon, 1987) *
Leur voiture embourbée, un père, sa fille et la marâtre trouvent refuge chez un vieux couple qui collectionne des poupées vivantes. Les poupées tueuses sont toujours un bon sujet mais dont la stupidité intrinsèque fait qu'il ne marche que quand il se prend au sérieux. Ici, le jeu outré de trois des personnages pousse vers la farce et déséquilibre le tout. Dommage aussi de ne pas voir plus les jouets maléfiques, formidables en stop motion et animatronics. De l'Eighties pur jus mais un beau potentiel gâché. BR UK

L'abbé Pierre, un vit de combat (Fred Tric, 2024) 0
De l'hiver 54 à sa mort en 2007, cinquante ans des luttes désespérées de l'abbé Pierre contre ses pulsions lubriques. Sur un sujet de société alarmant d'actualité - la solidarité sociale -, le film ne propose malheureusement qu'une succession ininterrompue de scènes sexuelles dégoûtantes autour des assauts du fondateur d'Emmaüs contre ses compagnonnes dévouées et quelques compagnons. Monté comme un âne, l'acteur principal est convaincant en trentenaire mais pas en nonagénaire. Honteux et confus. VHS

L'empreinte du Dragon Rouge / The terror of the Tongs (Anthony Bushell, 1961) **
A Hong-Kong en 1910, le capitaine d'un navire anglais traque le chef des Tongs, le gang mafieux qui a tué sa fille. Lanternes et pousse-pousse, gongs et qipao, courbettes et regards obliques... tous les clichés de la Chine exotique sont au rendez-vous de cet enthousiasmant film de vengeance qui bénéficie du savoir-faire de la Hammer côté décors, couleurs et sadisme. Cerise sur le gâteau de riz, c'est Christopher Lee le méchant, grimé en chinois sournois comme les autres rôles parlants. BR UK

Le pirate des Caraïbes / Swashbuckler (James Goldstone, 1976) **
En 1717 à la Jamaïque, une jeune femme intrépide fait appel à un pirate pour libérer son père, prisonnier du gouverneur britannique corrompu jusqu'à la moelle. Classique dans son traitement, ses décors et son enthousiasme curtizien pour la voltige et l'épée, un entraînant film de pirates évitant le pastiche rigolard pour offrir une sorte de joyeux chant du cygne du genre. Mais rien n'est poussiéreux : le casting (Robert Shaw, James Earl Jones, Geneviève Bujold) et l'esprit sont modernes. BR FR

Pas de vagues (Teddy Lussi-Modeste, 20233) **
En sortant du cadre, un jeune professeur de français de 4e idéaliste provoque dans son collège une rumeur qui défait sa vie. Inspiré par une expérience vécue du réalisateur, un film de société à charge contre l'Education Nationale qui nous place du point du vue unique du personnage vis à vis de son entourage professionnel et privé. Ce choix unilatéral est discutable mais l'histoire, écrite et mise en scène sans fioriture, interpelle et consterne. François Civil, sans surprise, est parfait. BR FR

Meurtre sous contrat / Murder by contract (Irving Lerner, 1958) ***
À L.A., un tueur à gages (Vince Edwards, brillant) accompagné de deux observateurs prépare un assassinat commandité par un parrain. Ce n'est pas le sujet de cette série B qui en fait le génie, c'est son traitement du temps dans l'écriture minimaliste et la mise en scène elliptique. D'un postulat de Film Noir, on se retrouve avec le portrait d'un type qui navigue entre sagesse et sociopathie, indéchiffrable. Cool et tendu à l'extrême, pas étonnant que ce soit un des films de chevet de Scorsese, toujours de bon conseil. BR UK

The Primevals (David Allen & Chris Endicott, 1978-1994-2023) ***
Une universitaire (Juliet Mills), deux scientifiques, un baroudeur et un sherpa partent dans l'Himalaya chercher un Yéti dont ils ont preuve de l'existence. Il a fallu 45 ans pour faire ce film d'aventures rêvé et commencé par Allen - mort en 1999 - et terminé par son collègue Endicott. Peu importe ses acteurs et ses dialogues à la noix : avec ses monstres en stop-motion, ses matte paintings et ses références cinéphiles, quelque chose de King Kong et de Jason et les Argonautes est retrouvé et c'est un enchantement. BR US

Le temps d'aimer (Katell Quillévéré, 2023) ***
De 1947 à 1965, la vie compliquée d'un couple marqué, elle ayant eu un fils d'un officier nazi, lui homosexuel dans le placard. Alors ça,  un mélodrame avec ce que le genre comporte de péripéties et d'invraisemblances en 2023 ? Et ça marche, parce que le scénario est sinueux à souhait et qu'Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste sont parfaits. Le film ne l'est pas, la mise en scène manquant de style et de panache mais *** pour la belle histoire d'amour et le culot d'un mélo au temps des préquels et des suites. BR FR   

Les sorciers de la guerre / Wizards (Ralph Bakshi, 1977) 0
Dans un lointain futur post-apocalyptique, deux humanités ont survécu : les créatures magiques et les créatures guerrières, dont les deux chefs sont des frères et ennemis mortels. Je n'en ai vu que 20' puis en accéléré tellement l'hybridation des techniques d'animation - classique, travelling sur image fixe, rotoscopie, film... -, l'infantilité de la narration et du propos et la laideur des personnages m'ont insupporté. Il parait que c'est un OVNI-culte. Foutaise. De Bakshi, le film-culte, c'est "American Pop" (1981). BR DE

La blonde de la Station 6 / Station Six-Sahara (Seth Holt, 1962) **
Au fond du Sahara, les cinq contractuels d'une petite station de forage anglaise tournent en rond entre eux quand débarque Carroll Baker. Jouant sans complexe sur la persona de l'actrice dans "Baby Doll" (1956), un huis-clos en sueur dont la première partie - les hommes sont seuls - aux connotations homo-érotiques est aujourd'hui bien plus forte que la seconde - la blonde arrive - aux enjeux attendus et obtenus. A l'époque, tout cela était sans doute titillant au possible, il en reste une chouette curiosité. BR UK

L'entraîneuse (Albert Valentin, 1938) ***
Une jeune entraîneuse parisienne descendue se reposer sur la Côte d'Azur s'y fait une sympathique bande d'amis aisés avant d'être rattrapée par son métier. Cadré par la chanson "Sans lendemain" de Fréhel, un beau film mélancolique d'une juste liberté des situations et des dialogues sur la compartimentation bourgeoise des âges et des milieux sociaux. Dans la lumière solaire méditerranéenne, Michèle Morgan débutante et d'un classicisme fou créé un personnage aussi touchant que déroutant. VHS

10 août 2024

Films vus par moi(s): août 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

La maison aux fenêtres qui rient / La casa dalle finestre che ridono (Pupi Avati, 1976) ***
Dans le delta du Pô, un peintre est appelé par un maire pour restaurer une fresque de Saint Sébastien dans une église de village. Un giallo italien - un genre que je déteste - qui m'a pourtant emballé pour le décor sensationnel des marais, l'argument original des fresques religieuses, l'extravagance de l'idée finale et, loin des outrances habituelles du genre, le jeu retenu des acteurs et la réalisation sans tapage. Pour moi, une découverte. DVD FR 

Dune : Deuxième partie (Denis Villeneuve, 2024) **
Sur la planète désertique, l'héritier se fait peu à peu le sauveur du peuple local harcelé par les colonisateurs ennemis. L'histoire se complexifie, les péripéties s'accumulent, le grand spectacle CGI aussi : si le film reste très digne et regardable, ce qui faisait l'originalité du premier (cf. ci-dessous) a presque disparu au profit des obligations du blockbuster de SF contemporain : le méchant méchant, les explosions, etc... Du coup, je n'ai pas ressenti l'enthousiasme d'hier, qui lui reste intact. Prime Video

Dune : Première partie (Denis Villeneuve, 2021) ***
Vers 10.000, l'héritier dynastique (Timothée Chalamet) d'une planète lointaine est amené à se rendre sur une autre, désertique mais riche d'un produit convoité : l'Épice. Une excellente adaptation - la première partie - du roman de Frank Hebert qui réussit presque tout à part l'imbécile réplique ouverte finale : fine synthèse de l'histoire, précision de la mise en scène, choix du casting, élégance majestueuse des visuels. C'est la SF que j'aime, ni pétaradante, ni roublarde. Juste avec une âme. BR FR

Les saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky, 1987) *
A 100 ans, le patron (Charles Vanel) d'une parfumerie organise un week-end dans son château pour choisir son successeur. Le seul intérêt du film, vraiment le seul, est le casting franchouillard hors-pair parce que l'histoire, les situations et dialogues, où chacun cherche de la bite et du cul, sont lamentables. Alors : Jean Poiret, Jacqueline Maillan, Darry Cowl, Bernard Ménez, Fanny Cottençon, Stéphane Audran, Jean-Pierre Bacry, Bernadette Lafont, Richard Bohringer, Denise Gray, Sylvie Joly...  BR FR

Sound of freedom (Alejandro Gómez Monteverde, 2023) **
Lâché par le FBI, un agent démissionnaire se lance à la recherche de deux enfants enlevés par un réseau pédophile colombien. Produit et distribué par des structures fondamentalistes chrétiennes, un film sulfureux condamné par la critique libérale qui n'est pas le navet décrit mais un thriller prenant, bien foutu et insidieux qui nous entraîne de Carthagène à la jungle des cartels avec Jim Caviezel, star-adepte des conservateurs et de QAnon. Vu avec l'esprit critique nécessaire, c'est aussi une passionnante plongée dans la rhétorique de Trump et de Musk. BR FR

L'oeil sauvage / The savage eye (Sidney Meyers, Ben Maddow & Joseph Strick, 1960) ***
Une divorcée encore jeune débarque à Los Angeles, espérant refaire sa vie. Cet argument narratif, pas développé, permet aux auteurs de construire un essai sur l'aliénation de l'individu dans l'Amérique de la fin des 50s. Sur les images d'un L.A. d'époque captées à la sauvette dans ses visages - extraordinaires - et ses lieux, la bande-son en voix off fait dialoguer la femme et la voix d'homme qui lui trotte dans la tête et l'interroge. Un poème existentialiste sans pareil, un chef-d'oeuvre. DVD Z2 FR 

Vincent doit mourir (Stéphan Castang, 2023) *
Un citadin sans histoires (Karim Leklou) continuellement agressé par les inconnus dont il croise le regard se réfugie à la campagne. Entre road-movie et survival, un film qui se révèle vite une judicieuse métaphore sur la rage individuelle et communautaire de la société actuelle dirigée par le jugement péremptoire. L'idée est excellente mais les péripéties trop répétitives pour emporter et une clause du scénario pêche sans appel : des lunettes noires permettraient à Vincent de régler son malheur. BR FR

Le dernier survivant / The quiet Earth (Geoff Murphy, 1985) **
En Nouvelle-Zélande, un ingénieur engagé sur un projet scientifique international se retrouve seul survivant au monde après une défaillance technique majeure. Ou pas. Un film de science-fiction "Fin de l'Humanité" qui reste volontairement ouvert à interprétations multiples tout en résonnant sans doute plus fort aujourd'hui qu'il y a quarante ans. Bruno Lawrence est très bon dans ses scènes solitaires aux situations et décors inattendus. De la S-F métaphysique pas mal du tout. BR UK  

Le dernier voyage du Demeter / The last voyage of the Demeter (André Øvredal, 2023) *
L'équipage d'un navire commercial découvre qu'il transporte les caisses d'un vampire et le vampire. D'après un passage du roman Dracula, un film d'horreur qui se veut de tradition classique - sans ironie et avec les trois unités - mais qui n'arrive pas à créer l'horreur, la faute à une réalisation plate et à l'usage répétitif des CGI. Il y avait du potentiel - l'idée de l'histoire est bonne - et quelques images/moments sont réussis mais globalement, on s'ennuie poliment. Et c'est pas le genre de Dracula. BR FR

Muscle Beach (Irving Lerner & Joseph Strick, 1948) **
Un week-end à Muscle Beach de Santa Monica. Pas un documentaire sur les premiers adeptes du bodybuilding grand public mais un poème visuel et musical sur l'insouciance des jours d'un été d'après-guerre. Sur les images solaires de la plage, des hommes, des femmes et des enfants, Earl Robinson chante un hymne à la vie - californienne - et à la seule chose qu'on possède vraiment, son corps. Si on pense un peu à "Olympia" de Riefenstahl, ce très court de 9' en est pourtant l'exact antithèse. YouTube

The Royal Hunt of the Sun (Irving Lerner, 1969) ***
En 1532, débarqué avec ses troupes au Pérou pour s'emparer de l'or des Incas, Francesco Pizarro capture l'empereur Atahualpa. D'après la pièce de Peter Shaffer, un étonnant hybride d'epic et de théâtralité qui repose sur les dialogues entre deux hommes qui apprennent à se respecter. Si Robert Shaw est shakespearrien en diable, Christopher Plummer est incroyable dans le rôle de l'Inca à la diction et au body language extravagants. Un film méconnu passionnant dans son sujet et sa forme. DVD Z2 DE

6 juillet 2024

Films vus par moi(s): juillet 2024


 *** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

La coupe à 10 francs (Philippe Condroyer, 1974) ***
Dans un village de l'Oise, cinq copains employés en ébénisterie sont menacés de renvoi par leur patron s'ils ne se coupent pas les cheveux, trop longs à son idée. Assez proche de Bresson, un film social d'une colère froide sur les humiliations de classe et de statut à travers le portrait d'un jeune homme épris de liberté que son milieu lui refuse. Didier Sauvegrain est bouleversant dans ce rôle fondamentalement romantique sur décor d'une France ouvrière qui courbe l'échine en criant. BR FR    

La vie de château (Modi Barry & Cédric Ido, 2017) **
Au métro "Château d'Eau" à Paris, deux clans de rabatteurs de salons de coiffure africains s'affrontent en business. Sape, tchatche et embrouilles dans ce petit film tendre et sympathique comme tout qui, entièrement tourné dans le quartier du boulevard de Strasbourg, plonge le spectateur dans un univers multiculturel pétulant peu exploré au cinéma. Le scénario limité permet aux acteurs - tous formidables, Jacky Ido en tête - de laisser leur présence à l'écran éclater. Très chouette. DVD Z2 FR 

La zone d'intérêt / The zone of interest (Jonathan Glazer, 2023) NSP
Séparée d'Auschwitz I par un mur, une propriété avec jardin et piscine est la résidence de fonction de Rudolf Höss - le commandant du camp - et de sa famille. Restant quasiment toujours dans ce décor bourgeois, la vie quotidienne des Höss et de leur personnel est scrutée avec une froideur de médecin- légiste sous une bande sonore qui évoque l'horreur derrière le mur. Malgré le thème excellent et les acteurs impeccables, j'ai trop senti l'exercice de style de la mise en scène pour être vraiment convaincu. BR FR

Du côté de Robinson (Jean Eustache, 1963) **
Deux marlous rencontrent une jeune femme à Pigalle. Ils décident ensemble d'aller au bal. Un court-métrage de 40' tourné dans les cafés, rues et boîtes de Place Clichy, Pigalle et Montmartre autour de trois personnages pas vraiment sympathiques - ils en sont plus intéressants - dont deux veulent baiser et une danser. Vu aujourd'hui, c'est le Paris de 1963 qui est la plus-value mais la goujaterie des deux types est mémorable aussi. Dans quelques plans, la caméra à l'épaule écoeure. BR FR

Sailor & Lula / Wild at heart (David Lynch, 1990) **
Un gibier de prison et sa copine délurée (Nicolas Cage et Laura Dern, parfaits) qui vivent une passion amoureuse et sexuelle filent en voiture vers la Californie, poursuivis par deux tueurs engagés par la mère de la fille. Ils rencontrent sur le chemin des individus bien plus frappés qu'eux. Le casting de personnalités et de gueules (William Dafoe...) et le regard surréaliste de Lynch sur une Amérique paumée mais mythique font tout le sel de ce road movie plus tendre et "classique" que ses classiques. BR FR 

La lettre / The letter (William Wyler, 1940) ***
Dans la moiteur du Singapour britannique, une expatriée tue un ami au revolver. Son mari et leur avocat l'accompagnent jusqu'au procès. D'après Somerset Maugham, un mélo noir magistral, tourné dans l'artifice d'un studio de la Warner. Époque oblige, les stéréotypes pullulent, intégrés à l'histoire comme le jeune clerc fourbe asiatique et Gale Sondergaard, inoubliable en veuve métissée. Dans son incarnation d'une manipulatrice aux prises avec ses mensonges, Bette Davis est magnétique. BR US 

À la recherche de Mr. Goodbar / Looking for Mr. Goodbar (Richard Brooks, 1977) ***
Bridée par sa famille catholique, une institutrice d'enfants sourds-muets fréquente les bars new-yorkais à la recherche de sexe et d'un éventuel compagnon. Choc à sa sortie et quasiment invisible depuis, un film radical sur le désir féminin et la limite sexe/amour qui semble hésiter entre respect et condamnation, pendant une épée de Damoclès au dessus du personnage de Diane Keaton, formidablement complexe. La séquence finale reste un morceau de bravoure et d'ambiguïté des 70s. DVD Z2 ES 

Les chambres rouges (Pascal Plante, 2023) ***
A Montréal, deux jeunes femmes obsédées par un tueur en série vont chaque jour à son procès aux assises. Porté par le jeu glacial de Juliette Gariépy, un film hanté qui explore le sujet - inédit ? - des fans des monstres criminels sans porter de jugement mais en tournant autour de leur psyché. Au-delà de ce premier thème, un second apparaît, aussi glaçant : les abysses du Darknet. Tout cela sans aucune violence montrée,  la suggestion ouvrant la porte à l'imaginaire. C'est difficile à refermer. BR FR

Sans jamais nous connaître / All of us strangers (Andrew Haigh, 2023) ***
Dans une tour d'habitation londonienne, deux voisins solitaires (Andrew Scott et Paul Mescal) attirés l'un par l'autre s'essayent à une relation. Un drame sur le ravage des traumas non traités où, comme à son habitude, Haigh excelle dans la peinture des possibles refoulés. Le fantastique des rencontres avec les fantômes des années 80 - et la B.O. d'époque - peut parler à tout le monde, gays bien sûr mais pas que. L'un des films les plus sensibles, tristes et désespérés de récente mémoire. BR FR

Je suis : Céline Dion / I am : Céline Dion (Irene Taylor Brodsky, 2024) ***
Depuis sa maison de Las Vegas, Céline Dion montre à ses fans et aux autres que ça peut intéresser ou toucher son quotidien de malade du Stiff Person Syndrome (SPS), qui a réorienté sa vie vers l'isolement et les soins, loin des studios et des stades. La détermination et le courage qu'il a fallu à la superstar pour se lancer dans ce projet intime - dont je ne vois pas d'équivalent à l'écran - ne peuvent être que salués.  Avec des larmes mais sans complainte, l'histoire d'un corps et d'une voix qui flanchent. Amazon Prime

La chevauchée de la mort / The Johnstown Flood (Irving Cummings, 1926) **
En 1889, un industriel du bois refuse de consolider un barrage menacé par des pluies torrentielles. D'après la tragédie de Johnstown en Pennsylvanie, un film catastrophe de la fin du muet qui porte un regard sévère sur le capitalisme et met en valeur ses trois stars (George O'Brien, Florence Gilbert et Janet Gaynor dans son premier grand rôle) dans un conflit sentimental, avant de lâcher les vannes avec l'inondation. Ses effets spéciaux ont marqué une date et restent impressionnants. BR US

Boom! (Joseph Losey, 1968) ***
Recluse sur son île italienne, une multiveuve milliardaire hystérique accueille un type mystérieux surnommé L'Ange de la Mort. Une incroyable folie de scénariste (Tennessee Williams), de réalisateur et d'acteurs qui mise tout sur le couple scandaleux Elizabeth Taylor-Richard Burton (et leurs diamants) lâché dans l'extravagance et l'outrance du jeu, du décor et des costumes. Tout est too much et interloquant : Boom! est peut-être, tout bien considéré, le film camp par excellence. J'ai adoré. BR US  

A la limite du cauchemar / Butcher, baker, nightmare maker / Night warning (William Asher, 1981) **
Elevé seul par sa tante depuis la mort accidentelle de ses parents, un lycéen de 17 ans déclenche la folie meurtrière de celle-ci quand il lui annonce qu'il part en campus universitaire. Un film d'horror à la fois typique et atypique des 80s : typique par le style visuel et le gore carmin mais atypique par les thèmes explorés d'Oedipe, de l'inceste et de l'homophobie. Il en résulte un classique du genre, trop méconnu. Dans un rôle de psychotique qui lui va comme un gant, Susan Tyrrell est géniale. BR ES 

Ivanhoé / Ivanhoe (Richard Thorpe, 1952) ***
Le fils (Robert Taylor) d'un Saxon ennemi des Normands veut rétablir sur le trône anglais Richard Coeur de Lion, dont le frère Jean Sans Terre occupe la place. D'après Walter Scott, un exaltant film d'aventures dont la composition des plans et le Technicolor sublime rendent hommage aux enluminures, comme rendues vivantes. Pas de temps mort, des séquences d'action formidables et un duo amical entre deux femmes - la Saxonne et la Juive - très touchant. Et quel casting ! BR ES

Casa Susanna (Sébastien Lifshitz, 2022) ***
Entre 1955 et 1965, Marie Valenti et son époux Tito/Susanna font de leurs propriétés Chevalier d'Eon puis Casa Susanna un havre paisible et amical pour des hommes hétérosexuels qui aiment se travestir en femme. Autour de photos trouvées dans une brocante, l'étonnante histoire de cette communauté - illégale à l'époque - des Catskills où la non-binarité n'était pas questionnée mais vécue. Des décennies plus tard, deux habitué.e.s des lieux se souviennent. Un documentaire fier et bouleversant. ARTE

4 juin 2024

Films vus pas moi(s): juin 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Liaisons secrètes / Strangers when we meet (Richard Quine, 1960) ***
À L.A., un architecte et une femme délaissée par son mari deviennent amants. Je n'ai jamais vu Kirk Douglas et Kim Novak aussi bons que dans ce film sur l'adultère qui offre - c'est saisissant pour l'époque - un point de vue totalement adulte loin des stéréotypes du mélodrame. Seul l'impact social et psychologique de leur désir sexuel sur les deux personnages importe : les gros plans de leurs visages en CinemaScope disent tout. A forme hollywoodienne, un chef-d'oeuvre au ton très européen. Cinémathèque Française

La porte du diable / Devil's Doorway (Anthony Mann, 1950) ***
Un vétéran indien shoshone (Robert Taylor passé au fond de teint), médaillé de la guerre de Sécession, revient à la ferme familiale pour la développer. Aidé par la loi, un juriste raciste incite des éleveurs blancs à s'en approprier les terres. Un western d'une audace folle pour son temps qui traite du racisme colonial et de la misogynie professionnelle - l'indien prend une avocate sans client - avec une rigueur de narration et de mise en scène qui ne sacrifie en rien aux clichés. Le revoir aujourd'hui... BR US

Sous la Seine (Xavier Gens, 20243) *
A quelques heures d'un triathlon, une scientifique (Bérénice Bejo qui ne rigole pas) et la brigade fluviale de Paris traquent un grand requin qui sillonne la Seine et tue. Le film ose le premier degré, ce qui le rend plus intéressant avec ses invraisemblances au sérieux. Le concept est opportuniste, la  mise en scène routinière et les acteurs juste ok mais trois choses sont chouettes : Paris vu depuis le fleuve, Anne Marivin en Valérie Pécresse devenue maire de Paris et l'orientation de la fin. Netflix. 

Pandemonium (Quarxx, 2023) **
Pensant s'être tiré d'un accident de voiture, un type se rend compte qu'il a été tué et qu'il est arrivé en enfer. Il y rencontre deux âmes damnées, dont on découvre le sort. Entre horror et art & essai, un film qui imprime son malaise - je n'ai rien vu de l'humour que d'autres ont pu y trouver - par des situations, des idées, décors et une photo franchement inquiétantes. Avec un budget sans doute réduit, l'imaginaire noir l'emporte. La toute jeune actrice qui joue le petite fille du segment central est étonnante. BR UK

Skullduggery (Gordon Douglas, 1970) NSP
Dans la jungle de Nouvelle-Guinée, une anthropologue accompagnée de Burt Reynolds découvre une tribu du chaînon manquant, les Tropis. Un capitaliste l'apprend et les met au travail forcé, un prêtre veut les baptiser et l'une des petites femelles se fait engrosser par un membre de l'équipe. L'enfant à venir sera-t-il homme ou animal ? Procès. Une ahurissante adaptation darwino-marxiste-black panthers des "Animaux dénaturés" de Vercors d'un incorrect politique à grimper aux rideaux. Bouche bée. BR US

La maman et la putain (Jean Eustache, 1973) ***
Dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, un blanc-bec oisif discourant et autocentré partage sa vie sexuelle entre sa maîtresse et la jeune femme qu'il a abordée dans la rue. J'ai attendu tout ce temps avant de découvrir ce film qui entre illico dans mon Panthéon. Dès les premières scènes, le texte, le jeu, le ton, l'image et l'atmosphère m'ont happé pour me laisser pantois, 3h40 plus tard. Dans l'ordre, Jean Eustache, Françoise Lebrun, Jean-Pierre Léaud et Bernadette Lafont me sont désormais immortels. BR FR

Gentleman Jim (Raoul Walsh, 1942) ***
En 1892, un clerc de banque arriviste devient champion du monde de boxe grâce à son talent et son entregent. Sur l'histoire de James Corbett, qui a changé l'histoire de la boxe, le film qui a défini le film de boxe jusqu'à aujourd'hui. La mise en scène brillante de Walsh - même les réfractaires au sport y trouvent leur compte - et le jeu au charisme fou d'Errol Flynn sont irrésistibles. Quant à l'histoire d'amour, elle est transfigurée par Alexis Smith et son personnage de femme moderne. Un vrai classique. BR US

De Humani Corporis Fabrica (Verena Paravel & Lucien Castaing-Taylor, 2022) **
Le quotidien de quelques hôpitaux en France, de la salle d'opération à la salle de garde. Un documentaire  sensoriel - les auteurs sont ceux de l'extraordinaire "Leviathan" sur la pêche industrielle - qui explore les entrailles de l'hôpital comme celles des patients, montrant l'intérieur des corps et la fatigue des âmes. Le rire et la démence, la vie et la mort y vont côte à côte en une sorte de "Le Voyage Fantastique" revu par Dante. Le coeur du spectateur, lui, doit être bien accroché. BR US

La main / Talk to me (Danny & Michael Philippou, 2022) ***
Quelques ados s'amusent à se faire peur avec un main en plâtre qui les fait communiquer avec les limbes quand ils l'agrippent. L'expérience tourne mal. Un premier film d'horreur australien qui ne ménage pas ses personnages et ses spectateur sans se foutre d'eux. Au-delà du conflit lui-même, plutôt malin en s'appuyant sur le thème du deuil, c'est le regard sur la dynamique des online challenges de la Gen Z qui occupe la première partie qui est formidable. Le casting - Sophie Wilde en tête - est parfait. BR FR

2 mai 2024

Films vus par moi(s): mai 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Identikit / The driver's seat (Giuseppe Patroni Griffi, 1974 **)
Descendue à Rome, une expat américaine cherche l'homme parfait pour la mission qu'elle s'est fixée. Un film plus qu'étrange de la période colorée et WTF d'Elizabeth Taylor. Elle y est d'ailleurs fascinante dans le rôle d'une grande névrosée hystérique aux prises avec quatre mâles, dont Andy Warhol ! Mais derrière le côté indubitablement camp, la fin révèle une noirceur terrible et donne envie de le revoir tout de suite. La narration non chronologique ajoute à la désorientation générale. A redécouvrir. BR UK

Yannick (Quentin Dupieux, 2023) ***
Ennuyé par la pièce qu'il est venu voir, un spectateur prend les comédiens et le public à partie et en otage. Ayant tout détesté dans "Au poste !", je m'étais juré de ne jamais revoir un autre Dupieux. Mais là, le sujet et le casting étaient trop tentants. Et je découvre un film extraordinaire - au sens propre - où l'idée, l'humour, le malaise et l'émotion forment un cocktail à l'équilibre parfait. Le présence et la prestation de Raphaël Quenard y sont pour beaucoup. Dieu soit loué pour ce type. BR FR

Le train des épouvantes / Dr. Terror's House of Horrors (Freddie Francis, 1965) *
Les cinq passagers de la cabine d'un train se font tirer le tarot et prédire le futur par un inquiétant sixième homme. Un loup-garou, une plante vivante, un dieu vaudou, une main coupée et une vampire : ce sont les malfaisants de ce "portmanteau film" britannique qui offre de beaux moments d'atmosphère et la présence de Peter Cushing, Christopher Lee et Donald Sutherland. Mais le concept-même du film à sketchs n'est pas ma tasse de thé même si les cinq histoires ici sont plutôt bonnes. BR UK

Simple comme Sylvain (Monia Chokri, 2023) **
Une prof de philo de Montréal et l'ouvrier qui rénove son chalet forestier ont un coup de foudre. Un rejeton de Lady Chatterley et des mélos de Douglas Sirk qui emprunte des chemins connus mais trouve sa propre voix - en québécois - avec le charisme sexy de Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal et les sourires francs qui se figent peu à peu. Si la charge contre les bobos woke est balourde, elle mène naturellement à la résolution de ce film d'amour qui laisse une boule dans la gorge. BR FR

L'enfer des anges (Christian-Jacque, 1939/1941) ***
A Saint-Ouen, une jeune fille échappée d'une maison de redressement et un garçon laissé pour mort par maltraitance s'intègrent à la tribu des adolescents de la zone. Tourné en partie dans les terribles bidonvilles qui entouraient Paris, un film socialement engagé qui demandait l'action du gouvernement face au scandale des mineurs en perdition et à la prédation des salopards. Le casting est épatant - mention au jeune Jean Claudio, Jean Tissier, Lucien Gallas, Dorville et Fréhel - et la réalisation admirable. BR FR (Prévue pour septembre 1939, la sortie du film fut reportée avec la guerre puis Vichy en exigea une fin positive, qui fut tournée et adoucit malheureusement le propos original).

Juliette des esprits / Giulietta degli spiriti (Federico Fellini, 1965) ***
Soupçonnant son mari de la tromper, une petite bourgeoise timorée est entraînée dans l'imaginaire de ses névroses. Perdue entre ses rêves, ses fantasmes et sa réalité, le personnage incarné superbement par Giulietta Massina traverse des séquences d'un baroque en Technicolor échevelé peuplé de créatures féminines outrancières. C'est qu'elle se débat avec son Complexe-Mère, dans ce film mésestimé et pourtant passionnant de Fellini, alors plongé lui-même dans une analyse jungienne. BR US

Paris top secret (Pierre Roustang, 1969) 0
Un night-club dénudé de Pigalle, un sculpteur qui moule les parties intimes de ses modèles féminins, une soirée organisée où des gens esseulés se lancent de la nourriture, un club zoophile, une jeune femme abusée par prédateur au masque de loup... Autant le "Paris secret" de 1965 était étonnant, autant sa suite de 1969 - rendue obsolète par le passage de Mai 68 - est minable, par la vulgarité mysogine des séquences et le commentaire gras et en-dessous de tout de Philippe Bouvard. BR FR    

Vermines (Sébastien Vaniček, 2023) ***
A Noisy-le-Grand, un "jeune" passionné d'entomologie rapporte chez lui une araignée mortelle qui s'échappe et se reproduit. Un formidable film d'horreur qui prouve l'irruption réussie du cinéma français dans le genre. Au-delà des bestioles de cauchemar, c'est le contexte de la cité, avec ses décors, ses codes, et son langage, qui apporte l'originalité et le propos : la méfiance panique face à "la racaille". Le casting est parfait - Théo Christine crève l'écran - et la tension malaisante imparable. DVD Z2 FR 

L'homme qui a surpris tout le monde / Chelovek, kotoryy udivil vsekh (Natasha Merkulova & Aleksey Chupov, 2018) ***
Dans l'extrême-orient russe, un homme condamné par un cancer rencontre une chamane qui lui raconte une fable inspirante. Il l'adapte à son cas, provoquant l'incompréhension puis l'hostilité de sa femme et de ses voisins. Physiquement et psychologiquement cruelle, une histoire de croyance, d'audace et de force de vie dans le décor inhabituel d'un village forestier perdu où le réel et l'invisible s'affrontent autour d'un malade aux abois. Un film marquant, d'une rare puissance émotionnelle. DVD Z2 FR

La fiancée des ténèbres (Serge de Poligny, 1945) **
A Carcassonne, une jeune femme qui descend des Cathares et hantée par la mort est courtisée par un homme marié. L'un des films fantastiques - un genre des plus rares en France - produit pendant l'Occupation distille une poésie morbide qui s'appuie sur l'atmosphère, les décors, la photo en clair-obscur et le jeu somnambulique de Jany Holt. Et derrière la romance noire, de multiples interprétations sont possibles : j'y ai vu pour ma part une métaphore de la dépression. BR FR  

Paris secret (Edouard Logereau, 1965) **
Bizarres les gens et choses qu'on peut trouver dans les recoins du Paris de 1964 ! Un documentaire mis en scène à la mode du mondo pour provoquer l'étonnement, l'hilarité et le dégoût des spectateurs. Des putes et des catcheurs, des roms qui mangent des chauves-souris et des hérissons, des travelos, un goûter à la Freaks... Tout cela vu d'aujourd'hui est complètement incorrect, porté par les commentaires graveleux et phobiques et l'incroyable misogynie. Inutile de dire que c'est fascinant. BR FR 

Le sang à la tête (Gilles Grangier, 1956) ***
A La Rochelle, un ex-ouvrier du port qui en est devenu le propriétaire est cocufié par sa femme avec un margoulin. D'après Simenon, une subtile étude de moeurs et de personnalités où la bourgeoisie et la plèbe se rejoignent dans la jalousie et la moquerie envers celui des leurs qui a réussi. Filmée en grande partie dans les décors naturels de la ville, dialoguée par Audiard, l'histoire se déroule sans effets de manche jusqu'à son dénouement digne et émouvant. Jean Gabin est immense. BR FR

El fantasma del convento / The Phantom of the monastery (Fernando de Fuentes, 1934) **
Un couple et leur ami se retrouvent à passer une nuit dans un monastère isolé et - presque - désert. Evidemment inspiré par les Horrors Universal, britanniques et allemandes de l'époque, un film fantastique mexicain à l'atmosphère d'inquiétude réussie grâce aux décors, à la photo expressionniste et au travail sur le son. L'acteur principal n'est pas terrible du tout mais on le suit quand même avec intérêt dans son exploration des corridors et des cryptes aux secrets plutôt morbides. BR UK  

Mon petit renne / Baby Reindeer (Weronika Tofilska Josephine Bornebusch, 2024) ***
Harcelé par une femme déséquilibrée (Jessica Gunning, déstabilisante), un comédien-barman en galère subit le délitement de sa vie. D'après une histoire arrivée à son auteur et acteur principal (Richard Gadd, habité par lui-même), une mini-série exceptionnelle qui retourne les clichés du thriller à la "Misery" ou "Fatal Attraction" pour s'ouvrir sur les ravages du trauma, de la mésestime de soi et de la folie à deux. Le sujet et son traitement sont fascinants, les seconds rôles aussi. Une réussite totale. Netflix 

3 avril 2024

Films vus par moi(s): avril 2024

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

L'homme à l'affût / The sniper (Edward Dmytryk, 1952) ***
A San Francisco, la police recherche un tueur qui abat des femmes au fusil. Une oeuvre singulière qui retourne les stéréotypes du Film Noir pour s'orienter vers l'étude psychiatrique d'un meurtrier torturé par ses névroses. Au-delà du thriller dégraissé par sa mise en scène sèche et inspirée, le film porte aussi un message audacieux à l'époque sur le traitement des personnalités malades. Arthur Franz est parfait en criminel aux abois et comme toujours, Marie Windsor est magnétique. BR UK 

Le château de Barbe-Bleue / Bluebeard's Castle / Herzog Blaubarts Burg (Michael Powell, 1963) **
Quasiment jamais vue pour des questions de droits, l'adaptation filmée pour la télé allemande de l'opéra de Belá Bartók a fait l'objet d'une restauration splendide supervisée par Scorsese et Schoonmaker. N'étant pas fan de l'opéra du 20e siècle, ce n'est ni la musique ni les voix de Norman Foster et d'Anna Raquel Satre qui m'ont emballé. Le génie du film, c'est la mise-en-scène de Powell avec ses décors fous et son Technicolor à la Mario Bava. En juste 1h, l'extravagance visuelle est totale. BR UK 

Les Trois Mousquetaires (Bernard Borderie, 1961) **
Une très bonne adaptation un peu oubliée de Dumas, avec des personnages bien incarnés, notamment Gérard Barray en D'Artagnan idéal. Il y a de l'action, des galops, de l'épée, de l'humour, du drame et de l'Eastmancolor. Sorti en deux parties - "Les ferrets de la Reine" et "La vengeance de Milady" - le film file à bride abattue, sans temps mort et avec des dialogues qui claquent. Un seul bémol : Mylène Demongeot, qu'on adore par ailleurs, est trop jeune pour être une Milady convaincante. DVD Z2 DE 

Le Prix du Danger (Yves Boisset, 1983) *
Fuyant pour sa survie, un candidat du reality show Le Prix du Danger en déjoue le scénario, créant la confusion des producteurs et l'explosion de l'audimat. Un film très Années 80 qui dénonce de façon étonnamment prémonitoire les excès de la télé réalité mais qui, comme attendu avec Boisset, n'y va pas avec le dos de la cuillère dans l'outrance et les stéréotypes. Si Gérard Lanvin est formidable dans un rôle ajusté, Michel Piccoli en fait des tonnes dans la caricature et affaiblit l'ensemble. BR FR

Un prince (Pierre Creton, 2023) **
En Normandie rurale, un étudiant jardinier se découvre une famille de sexe et de coeur et vieillit. C'est ce qu'on appelait avant un "film d'art et d'essai", la "proposition" d'une narration de cinéma différente. Ajoutez des voix off décalées, de la gérontophilie gay, du fantastique et vous avez l'idée. Si l'ensemble m'a paru un peu hermétique et forcé, j'ai aimé la poésie, l'ambiance et l'audace des corps âgés. Puis j'ai lu des mots du réalisateur et j'ai aimé ce qu'il a dit et voulu faire. Un film vraiment autre. DVD Z2 FR  

Ricardo et la peinture (Barbet Schroeder, 2023) **
Portrait de l'homme et du peintre Ricardo Cavallo (né en Argentine en 1954) par un ami de quarante ans. Un beau documentaire sur un artiste à la fois concentré et ouvert qui peint chaque jour les rochers côtiers de Saint-Jean-du-Doigt dans le Finistère, où ils s'est installé en 2003. Histoire de création, d'amitié et d'histoire de l'art, le film laisse la parole à Cavallo qui discute de son étonnant travail et de son éthique de vie en toute générosité. En plus, c'est mon pays, alors... Auditorium du Louvre  

Scoop (Philip Martin, 2024) 0
Les préparations et le tournage de l'interview désastreuse du Prince Andrew diffusée par la BBC en novembre 2019. La famille royale britannique étant une source inépuisable de curiosité et de stupeur, un chapitre de plus sur la tribu. Inspiré par The Queen, The Crown et tout ça, le film se laisse regarder parce qu'il est bien joué et que le cinéma trou de serrure a son attrait. Mais, tout étant basé sur la narration, il n'y a aucune trace de mise-en-scène. L'impersonnel du Netflix style. Netflix 

Le bleu du caftan (Maryam Touzani, 2022) *
Dans une médina du Maroc, un couple de couturiers marié depuis vingt-cinq ans s'aime avec distance : lui est homosexuel placardisé et elle l'a pris sur elle en silence. Ils embauchent un apprenti. Mais pas de galipettes dans l'arrière-boutique : le film, au message franchement progressiste et courageux, est d'une retenue telle avec ses regards pleins de sous-entendus, ses gros plans de larmes sans pleurs et ses chuchotements qu'il semble amidonné à l'eau de rose. Les trois acteurs sont excellents. DVD FR 

À nous la liberté ! (René Clair, 1931) *
En s'échappant de prison, deux détenus amis se perdent de vue. Des années après il se retrouvent, l'un  devenu magnat de l'industrie, l'autre vagabond. Malgré l'excellent casting, un intéressant décor moderniste et de belles idées visuelles, un pamphlet anarchico-musico-burlesque qui m'a fatigué par sa trépidation incessante exaltée par le score de fête foraine de Georges Auric et par son message binaire sur l'enfer du capital et le bienfait de la pêche à la ligne. Mais historiquement, c'est passionnant. BR FR

Le capitaine Volkonogov s'est échappé / Capitan Volkonogov bejan (Natalia Merkoulova & Alexei Tchoupov, 2021) ***
Pendant les Grandes Purges staliniennes, un jeune capitaine de la police politique de Leningrad chargé des aveux des raflés s'enfuit pour demander pardon à leurs proches. Sur un sujet - La Grande Terreur de 1937/1938 - presque jamais traité au cinéma, un film d'une force et d'une originalité impressionnante : décors et des costumes parfois volontairement anachroniques, rythme de thriller, jeu fébrile de l'excellent Yury Borissov. Sur un propos terrible, désespérément actuel. BR FR

État second / Fearless (Peter Weir, 1993) ***
Le survivant d'un crash, persuadé d'être vivant et mort à la fois, offre son aide à une jeune femme dépressive, autre rescapée de l'avion. Un film magnifique et bouleversant sur les PTSD - Troubles du stress post-traumatique - autour du cas de sentiment de toute-puissance et de dépression dans le détachement du réel. Jeff Bridges et Rosie Perez sont parfaits de retenue dans des rôles qui auraient pu se prêter au pathos, que l'écriture et le réalisation évitent aussi. BR ES

Geostorm (Dean Devlin, 2017) 0
La Terre, pourtant protégée par un gigantesque parapluie atmosphérique construit par les USA et la Chine, est menacée d'une monstrueuse tempête ultime - un Geostorm - parce que quelqu'un a saboté la machine. Un film catastrophe de plus pour Devlin, cette fois sans Emmerich, qui réchauffe les mêmes ingrédients usés à la corde : destructions colossales, CGI à gogo, nonsense et sauveur américain suprême (Gerard Butler). Le film est de 2017, il semble aujourd'hui d'un temps disparu. BR NE