3 mars 2024

Films vus par moi(s): mars 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

L'Exorciste du Vatican / The Pope's Exorcist (Julius Avery, 2023) *
L'Exorciste du Vatican est envoyé par le Pape (Franco Nero) dans un château en Espagne pour s'occuper du cas d'un garçon possédé par un démon. Panaché de "L'Exorciste" et du "Da Vinci Code", un thriller d'horror sans grande originalité - les références au classique de Friedkin finissent par être lourdes - mais avec des chouettes décors et qui bénéficie surtout d'un bonus de choix : Russell Crowe, qui s'amuse à se prendre au sérieux en créant un prêtre revenu de tout et sacrément sympathique. BR FR

Lola (Andrew Legge, 2021) *
En 1941, une jeune femme anglaise invente un récepteur qui capte les signaux audio/vidéo du futur. Sa soeur et elle l'utilisent pour informer les britanniques des plans de guerre des Nazis. Sur un thème de toute évidence inspiré par le formidable "It happened here" (Mollo & Brownlow, 1965), un found-footage parsemé d'images d'archives qui aurait pu être vraiment bon - la découverte du Rock et de Bowie - si les deux actrices savaient jouer. Hélas ! Mais tout film de Time Machine reste regardable. BR UK

Strange way of life (Pedro Almodovar, 2023) *
Dans le désert texan, deux anciens tueurs à gages qui ont été brièvement amants vingt cinq ans auparavant se retrouvent. Avec ses cowboys homosexuels et ses conflits, cette sorte de suite uchronique de "Brokeback Mountain" (Ang Lee, 2005) est à la fois originale dans son contexte et déjà vue dans son histoire. Si Ethan Hawke est juste correct, Pedro Pascal est excellent mais la durée de 30' - c'est un court-métrage - ne permet de ne rien développer et on passe à côté du vrai film. DVD Z2 FR

Chien de la casse (Jean-Baptiste Durand, 2023) ***
Dans un village du sud de la France, deux potes inséparables s'éloignent quand l'un a une copine. Sur un ton naturel à l'écriture subtilement controlée, un magnifique film d'amitié porté par les petits riens du quotidien d'ennui et surtout la performance de Raphaël Quénard, dont la personnalité et la locution magnétique irradient. Lui et Anthony Bajon, par l'introversion de son personnage à lui, forment un duo incroyablement attachant. Un chef-d'œuvre pour un premier film, chapeau ! DVD Z2 FR 

Agnès de Rien (Pierre Billon, 1950) **
Délaissée, une jeune épouse se réfugie dans les Dombes, au manoir de sa belle-mère démente. Si l'histoire absurde n'a pas grand intérêt, l'ambiance pluvieuse sinistre, les décors décrépits et le photographie toute en ombres donnent à ce pur film d'atmosphère un aspect Val Lewton étonnant. Danièle Delorme pleurniche comme d'hab mais Ketti Gallian - que je ne connaissais pas - est formidable et Yvonne de Bray impériale en une seule scène. Avec Paul Meurisse et un titre génial. DVD René Chateau

Un marteau pour les sorcières / Kladivo na čarodejnice / Witchhammer (Otakar Vávra, 1969) **
En 1670 en Moldavie, un inquisiteur obtient par la torture les aveux de femmes d'un village accusées de commerce avec le Diable. Un film historique tchèque superbement réalisé qui reste d'une actualité brûlante. La dénonciation par métaphore de la corruption, des mascarades de procès et de l'écrasement des individus par l'URSS d'il y a soixante ans s'applique à nouveau, hélas, aux dictatures actuelles. Quant à celle du traitement des femmes par les religions du livre... Choc et subtil à la fois. BR FR

Un homme comme tant d'autres / Nothing but a man (Michael Roemer, 1964) ***
En Alabama, un ouvrier noir essaye de construire son couple et sa vie dans l'étouffant contexte ségrégationniste. Porté par l'interprétation formidablement juste de ses acteurs (Ivan Dixon, Abbey Lincoln...), un film qui regarde droit dans les yeux les conséquences sociales et affectives de la discrimination raciale. Au-delà du remarquable aspect politique engagé, la réussite plastique et émotionnelle est totale. Longtemps oubliée, c'est d'évidence une oeuvre-clé des Sixties. BR FR

Terrifier (Damien Leone, 2016) 0
Un serial killer costumé en clown s'attaque à deux jeunes femmes un soir d'Halloween. Presque entièrement situé dans un entrepôt décrépit, un film d'horreur qui se réfère dans son style et son ambiance aux classiques du genre des 70s/80s, mais en bien plus gore. Mais comme il n'y a pas de second degré, que les actrices sont incapables et que le scénario est d'un basique inepte, on finit par s'ennuyer ferme. Seul le clown est bien, c'est trop peu et c'est un vrai gâchis. BR UK

Dersou Ouzala / Dersu Uzala (Akira Kurosawa, 1975) ***
En 1902 en Primorie (Extrême-Orient russe), le capitaine Arseniev, en mission de cartographie, rencontre le chasseur autochtone Dersou (Maxime Mounzouk, extraordinaire) qu'il prend comme guide dans la taïga. L'amitié entre deux hommes que tout devrait séparer s'épanouit dans la beauté et la brutalité d'une nature sauvage sublimement filmée et une succession de séquences inoubliables. Un film d'une grandeur d'âme et d'une générosité rares, simplement l'un des plus beaux du monde. Cinéma

Olivia (Jacqueline Audry, 1951) ***
Vers 1890 près de Fontainebleau, une nouvelle arrivante dans pension de jeunes filles s'éprend de la directrice lesbienne. Un film en costumes au décor foisonnant - par Jean d'Aubonne - qui explore le surgissement du désir chez une jeune femme face à la retenue confuse d'une supérieure. L'étonnante modernité vient de l'absence totale de jugement sur les personnages et du jeu impérial d'Edwige Feuillère en reine des abeilles. Avec Simone Simon en "épouse" jalouse. DVD Z2 FR 

Je t'aime Je t'aime (Alain Resnais, 1968) ***
Après une tentative de suicide, un homme est soumis à une expérience de voyage dans le temps : pour une minute, il doit retourner un an jour pour jour en arrière. Et le spectateur est soumis à l'expérience de la fragmentation de la narration, déconstruite en de multiples flashbacks interrompus. Derrière la recherche formelle radicale et pionnière de Resnais, un film infiniment triste sur la prison de la dépression et de la culpabilité. Claude Rich, le cobaye, est d'une sensibilité bouleversante. BR US   

Drifter (Pat Rocco, 1974) **
À L.A., un type à la dérive se prostitue pour des hommes et des femmes tout en cherchant un sens à sa vie. Tourné en 1969 par un pionnier oublié du cinéma gay, ce parent pauvre de "Macadam Cowboy" (1969) sent le navet puis, au fur et à mesure, trouve son histoire, son rythme et son style. Pour devenir un document passionnant sur une époque et son cinéma des marges. Etrangement, la médiocrité de l'acteur (Joed Adair) rend son personnage touchant. Une chouette redécouverte. BR US

Brian and Charles (Jim Archer, 2022) *
Dans la campagne anglaise, un inventeur solitaire allumé construit un robot bric et broc capable de parler, d'apprendre et de ressentir. Un conte au message positif sympathique mais aux conflits complètement attendus. Surtout, le choix radical de faire s'adresser l'inventeur (David Earl, assez exaspérant) au spectateur m'a empêché d'entrer dans l'histoire. Du Kitchen Sink pour notre temps dont le meilleur sont les paysages et la B.O. électronique de Daniel Pemberton. BR UK

5 femmes à abattre/ Caged heat (Jonathan Demme, 1974) ***
Dans un pénitencier pour femmes, cinq détenues trouvent une occasion de s'échapper. Parmi les classiques  des Women in Prison films, celui-ci s'approche de "Caged" (John Cromwell, 1950). C'est de la Sexploitation 70s bien sûr mais la mise-en-scène, l'humour camp et le formidable casting de dures à cuire (Juanita Brown, Erica Gavin, Rainbeaux Smith...) maltraitées par Barbare Steele en directrice handicapée est exaltant. Avec un message féministe bien de son temps. BR FR  

Prey (Dan Trachtenberg, 2022) **
Dans la forêt américaine de 1715, une jeune femme Comanche découvre qu'une créature invisible rôde sur le territoire de sa tribu. Le préquel de Predator (1987) et de ses suites est un pur survival, sans autre enjeu que l'action et l'empowerment de son héroïne à mille lieues de Schwarzenegger. La plus-value est le contexte indien et surtout le décor vraiment splendide des paysages sauvages, au naturel et avec sans doute un peu de CGI. BR BE

1 commentaire:

  1. Pas encore vu "Prey" que j'ai en 4K. Mais le sujet semble intéressant et il est vrai le cadre assez atypique (en tout cas peu commun dans la production américaine actuelle, sauf si on va du côté du ciné indépendant type Kelly Reichardt).

    Bon souvenir de "Terrifier" (le premier). Le clown est bien flippant et puis ça rappelle un cinéma des années 80 de vidéoclub (même si je pense que Damien Leone mise sur cet aspect et concentre toute l'action dans un quasi huis clos pour éviter de dépenser trop en technique ce qu'il compense par son métier d'origine qui est maquilleur). Après je ne sais pas comment est la suite mais j'imagine que si ça dure 2H20 (soit une torture soit un bon trip) le clown doit être bien davantage mis en avant. Mais je ne suis pas sûr qu'il soit très original au niveau du script ce que tu reproches au premier.

    Cela dit, j'ai préféré ce "Terrifier" à "The Sadness" par exemple que je trouve survendu pour ce qu'il a à proposer et dont je ne garde rien de particulier (alors que "Terrifier" me paraît plus marquant et plus extrême d'un certain point de vue -gore, ambiance, etc

    C'est la consécration pour Raphaël Quenard. Enfin, plus exactement une reconnaissance publique et professionnelle. Il l'a dit aux Cesar (J'en prends bonne note".) En gros, c'est le début et il a d'autres choses à montrer. Je l'ai beaucoup aimé dans "Yannick" je n'ai pas vu ses autres films, y compris" Chien de la casse", mais il a une vraie originalité (timbre de voix, présence, voix nasale).

    Après il faut juste pas qu'il s'enferme dans un type de rôle. Ce serait intéressant de le voir à contre emploi par exemple. Il a du talent c'est sûr.

    Et Anthony Bajon aussi (il était très bien dans "Au nom de la terre". Et je vois qu'il était aussi à l'affiche de "Teddy" et "La prière"

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