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L'homme à l'affût / The sniper (Edward Dmytryk, 1952) ***
A San Francisco, la police recherche un tueur qui abat des femmes au fusil. Une oeuvre singulière qui retourne les stéréotypes du Film Noir pour s'orienter vers l'étude psychiatrique d'un meurtrier torturé par ses névroses. Au-delà du thriller dégraissé par sa mise en scène sèche et inspirée, le film porte aussi un message audacieux à l'époque sur le traitement des personnalités malades. Arthur Franz est parfait en criminel aux abois et comme toujours, Marie Windsor est magnétique. BR UK
Le château de Barbe-Bleue / Bluebeard's Castle / Herzog Blaubarts Burg (Michael Powell, 1963) **
Quasiment jamais vue pour des questions de droits, l'adaptation filmée pour la télé allemande de l'opéra de Belá Bartók a fait l'objet d'une restauration splendide supervisée par Scorsese et Schoonmaker. N'étant pas fan de l'opéra du 20e siècle, ce n'est ni la musique ni les voix de Norman Foster et d'Anna Raquel Satre qui m'ont emballé. Le génie du film, c'est la mise-en-scène de Powell avec ses décors fous et son Technicolor à la Mario Bava. En juste 1h, l'extravagance visuelle est totale. BR UK
Les Trois Mousquetaires (Bernard Borderie, 1961) **
Une très bonne adaptation un peu oubliée de Dumas, avec des personnages bien incarnés, notamment Gérard Barray en D'Artagnan idéal. Il y a de l'action, des galops, de l'épée, de l'humour, du drame et de l'Eastmancolor. Sorti en deux parties - "Les ferrets de la Reine" et "La vengeance de Milady" - le film file à bride abattue, sans temps mort et avec des dialogues qui claquent. Un seul bémol : Mylène Demongeot, qu'on adore par ailleurs, est trop jeune pour être une Milady convaincante. DVD Z2 DE
Le Prix du Danger (Yves Boisset, 1983) *
Fuyant pour sa survie, un candidat du reality show Le Prix du Danger en déjoue le scénario, créant la confusion des producteurs et l'explosion de l'audimat. Un film très Années 80 qui dénonce de façon étonnamment prémonitoire les excès de la télé réalité mais qui, comme attendu avec Boisset, n'y va pas avec le dos de la cuillère dans l'outrance et les stéréotypes. Si Gérard Lanvin est formidable dans un rôle ajusté, Michel Piccoli en fait des tonnes dans la caricature et affaiblit l'ensemble. BR FR
Un prince (Pierre Creton, 2023) **
En Normandie rurale, un étudiant jardinier se découvre une famille de sexe et de coeur et vieillit. C'est ce qu'on appelait avant un "film d'art et d'essai", la "proposition" d'une narration de cinéma différente. Ajoutez des voix off décalées, de la gérontophilie gay, du fantastique et vous avez l'idée. Si l'ensemble m'a paru un peu hermétique et forcé, j'ai aimé la poésie, l'ambiance et l'audace des corps âgés. Puis j'ai lu des mots du réalisateur et j'ai aimé ce qu'il a dit et voulu faire. Un film vraiment autre. DVD Z2 FR
Ricardo et la peinture (Barbet Schroeder, 2023) **
Portrait de l'homme et du peintre Ricardo Cavallo (né en Argentine en 1954) par un ami de quarante ans. Un beau documentaire sur un artiste à la fois concentré et ouvert qui peint chaque jour les rochers côtiers de Saint-Jean-du-Doigt dans le Finistère, où ils s'est installé en 2003. Histoire de création, d'amitié et d'histoire de l'art, le film laisse la parole à Cavallo qui discute de son étonnant travail et de son éthique de vie en toute générosité. En plus, c'est mon pays, alors... Auditorium du Louvre
Scoop (Philip Martin, 2024) 0
Les préparations et le tournage de l'interview désastreuse du Prince Andrew diffusée par la BBC en novembre 2019. La famille royale britannique étant une source inépuisable de curiosité et de stupeur, un chapitre de plus sur la tribu. Inspiré par The Queen, The Crown et tout ça, le film se laisse regarder parce qu'il est bien joué et que le cinéma trou de serrure a son attrait. Mais, tout étant basé sur la narration, il n'y a aucune trace de mise-en-scène. L'impersonnel du Netflix style. Netflix
Le bleu du caftan (Maryam Touzani, 2022) *
Dans une médina du Maroc, un couple de couturiers marié depuis vingt-cinq ans s'aime avec distance : lui est homosexuel placardisé et elle l'a pris sur elle en silence. Ils embauchent un apprenti. Mais pas de galipettes dans l'arrière-boutique : le film, au message franchement progressiste et courageux, est d'une retenue telle avec ses regards pleins de sous-entendus, ses gros plans de larmes sans pleurs et ses chuchotements qu'il semble amidonné à l'eau de rose. Les trois acteurs sont excellents. DVD FR
À nous la liberté ! (René Clair, 1931) *
En s'échappant de prison, deux détenus amis se perdent de vue. Des années après il se retrouvent, l'un devenu magnat de l'industrie, l'autre vagabond. Malgré l'excellent casting, un intéressant décor moderniste et de belles idées visuelles, un pamphlet anarchico-musico-burlesque qui m'a fatigué par sa trépidation incessante exaltée par le score de fête foraine de Georges Auric et par son message binaire sur l'enfer du capital et le bienfait de la pêche à la ligne. Mais historiquement, c'est passionnant. BR FR
Le capitaine Volkonogov s'est échappé / Capitan Volkonogov bejan (Natalia Merkoulova & Alexei Tchoupov, 2021) ***
Pendant les Grandes Purges staliniennes, un jeune capitaine de la police politique de Leningrad chargé des aveux des raflés s'enfuit pour demander pardon à leurs proches. Sur un sujet - La Grande Terreur de 1937/1938 - presque jamais traité au cinéma, un film d'une force et d'une originalité impressionnante : décors et des costumes parfois volontairement anachroniques, rythme de thriller, jeu fébrile de l'excellent Yury Borissov. Sur un propos terrible, désespérément actuel. BR FR
État second / Fearless (Peter Weir, 1993) ***
Le survivant d'un crash, persuadé d'être vivant et mort à la fois, offre son aide à une jeune femme dépressive, autre rescapée de l'avion. Un film magnifique et bouleversant sur les PTSD - Troubles du stress post-traumatique - autour du cas de sentiment de toute-puissance et de dépression dans le détachement du réel. Jeff Bridges et Rosie Perez sont parfaits de retenue dans des rôles qui auraient pu se prêter au pathos, que l'écriture et le réalisation évitent aussi. BR ES
Geostorm (Dean Devlin, 2017) 0
La Terre, pourtant protégée par un gigantesque parapluie atmosphérique construit par les USA et la Chine, est menacée d'une monstrueuse tempête ultime - un Geostorm - parce que quelqu'un a saboté la machine. Un film catastrophe de plus pour Devlin, cette fois sans Emmerich, qui réchauffe les mêmes ingrédients usés à la corde : destructions colossales, CGI à gogo, nonsense et sauveur américain suprême (Gerard Butler). Le film est de 2017, il semble aujourd'hui d'un temps disparu. BR NE
Bonjour Tom,
RépondreSupprimerJe te souhaite un très joyeux anniversaire : )
merci!
SupprimerJe garde un bon souvenir de "Le prix du danger". Pas revu depuis au moins 15 ans mais à l'époque ça m'avait plutôt marqué. Le jeu de Piccoli est effectivement excessif, son rôle est tout en cabotinage, démesure, excès.
RépondreSupprimerAlors oui on peut le trouver insupportable à la longue pour cela ou bien le prendre au second degré et le voir comme un jeu du cirque moderne, quelque chose de caricatural à l'extrême.
Je pense d'ailleurs que l'on se rappelle en général plus de Piccoli (excessif) que de Lanvin (beaucoup plus sobre). Et Boisset est un réalisateur solide.
Exact pour Boisset, qui a pourtant toujours été mal traité par la critique à cause de son côté "anar de droite" j'imagine...
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