2 octobre 2024

Films vus par moi(s): octobre 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Monstres : L'histoire de Lyle et Erik Menendez / Monsters: The Lyle and Erik Menendez story (Ryan Murphy prod, 2024) **
L'histoire des deux frères qui ont assassiné leurs parents à Beverly Hills en 1989 et les deux procès qui ont suivi jusqu'en 1996. Ce fait divers m'avait fasciné à l'époque et le retrouver des décennies plus tard par le petit bout de la lorgnette est plutôt sympathique. Rien à dire, c'est bien écrit, bien fait et parfaitement joué par le casting impeccable - notamment les acteurs des deux frères infernaux - mais le polissage de la grammaire visuelle Netflix fait que rien ne dépasse, enfin presque. Du bon storytelling. Netflix

Sebastian (Mikko Mäkelä, 2024) **
Max, un pigiste de 24 ans qui enquête sur les escort boys gays de Londres tente l'expérience lui-même sous le pseudo de Sebastian. Une plongée dans le monde des chasseurs de sexe ou d'amour dans l'anonymat des applis de rencontre à travers le portrait d'un jeune homme un peu paumé qui se révèle à lui-même. C'est pas mal du tout dans sa description crédible des rapprochements d'âge et de milieu social et la nuit londonienne est photogénique. Ruaridh Mollica - l'excellent acteur principal - aussi. BR US

Traqué par Scotland Yard / Town on trial (John Guillermin, 1957) **
Dans une petite ville anglaise, un jeune femme blonde et aguichante est étranglée. Un officier de police enquête chez les habitants pour trouver le coupable. Le resserrement de l'histoire autour de quelques personnages tente une critique sociale de la bourgeoisie et de ses choses à cacher. Ça c'est du déjà vu. Ce qui l'est moins, c'est l'étonnante hybridité entre Film Noir et Soap Opera autant qu'entre cinéma britannique et américain. Et John Mills, comme d'habitude, est formidable. De la série B de qualité. BR UK

Traitement de choc (Alain Jessua, 1973) **
Dans un institut thalasso de Belle-Ile, une cliente a des soupçons sur les cures rajeunissantes proposée par le beau médecin-directeur. Annie Girardot et Alain Delon en full-frontal ont fait courir les foules à la sortie du film et leurs scènes nues restent une curiosité. Mais au-delà, il y a surprenant thriller d'horror, un genre rarissime dans le cinéma français. Et au-delà encore, une critique cinglante du luxe autocentré des riches et de l'exploitation des vulnérables. Tout cela est terriblement d'actualité. BR FR

La déposition (Claudia Marschal, 2024) **
En 1993, un enfant de choeur de 13 ans est agressé sexuellement par le prêtre de son village alsacien. Trente ans plus tard, Emmanuel dépose plainte à la gendarmerie et enregistre subrepticement sa déposition. A partir de ce document sonore, d'archives et de nouvelles images, le film revient sur une histoire comme il en existe des milliers d'autres et dresse le portrait touchant d'un fils et de son père face au trauma. La Déposition, c'est aussi Jésus descendu de la Croix, un poids mort doucement partagé. Cinéma

Marie Poupée (Joël Séria, 1976) ***
Un antiquaire en poupées (André Dussolier) épouse une femme-enfant vierge de seize ans qu'il transforme par fétichisme, mais sans la consommer, en poupée de porcelaine vivante. Marie s'amuse du jeu jusqu'à ce que le désir la prenne en croisant l'ouvrier agricole Bernard Fresson. Terriblement sexy, un film subversif et cruel entre conte de Perrault et satire de Buñuel qui serait impensable aujourd'hui. Jeanne Goupil est irrésistible en objet sexuel innocent et inconscient. Vachement bien. DVD Z2 FR

La chimère / La chimera (Alice Rohrwacher, 2023) **
Sur la côte toscane, un jeune anglo-italien chef d'une bande de tombaroli - les pilleurs de tombes étrusques - s'enfonce dans une crise existentielle liée à un deuil. Sur un sujet de commerce archéologique vraiment original, un film entre réalisme et fantaisie poétique qui cite frontalement Fellini et Rossellini tout en poursuivant l'esprit d'un autre film - excellent - de la réalisatrice : "Lazzaro felice" (2017). Malgré quelques coquetteries ça marche, notamment grâce à la juste prestation de Josh O'Connor. BR FR

Les chiens (Alain Jessua, 1979) **
Dans une ville nouvelle en construction, un médecin juste arrivé (Victor Laloux) affronte des habitants dont les chiens dressés au combat par Gérard Depardieu blessent régulièrement les rares minorités de la cité. Dans le décor impersonnel mais idéal de Marne-la-Vallée qui sort de terre, les racistes en tout genre qui font le ménage eux-mêmes avec les crocs de leurs molosses étaient en 1979 une dystopie effarante. C'est maintenant une métaphore d'une actualité brûlante. Peu subtil, mais efficace. BR FR

Le Grand Passage / Northwest Passage (Book 1- Roger's Rangers) (King Vidor, 1940) **
En 1759, le Major anglais Robert Rogers (Spencer Tracy solide, avec son accent américain paradoxal) embarque ses Rangers dans une odyssée au Québec pour aller en territoire français détruire un village d'indiens Abenakis. Dans un Technicolor Kalmus qui sublime les paysages de lacs et de forêts et sans un seul temps mort, un film d'aventures historiques situé pendant les French and Indian Wars qui pourrait être excellent. Mais aujourd'hui, la violence colonialiste du film choque, profondément. BR US

La septième victime / The seventh victim (Mark Robson, 1943) ***
Dans Greenwich Village, une jeune femme cherche sa soeur - inoubliable Jean Brooks - brusquement disparue après avoir fréquenté un mystérieux groupe d'intellectuels aisés. Un des diamants - le plus morbidement noir - produits par Val Lewton pour la RKO, ce film d'atmosphère explore les forces obscures à l'oeuvre dans la société urbaine. Dans un N&B menaçant et avec une exploitation géniale de la suggestion, plusieurs des tropes du Film Noir et d'Horror naissent sous nos yeux. Quant à cette fin ! BR US 

Bonjour, petit Copper (Roland Allard, 1998) ***
Je ne connaissais rien d'Annick Martigny, dite Ariane Grimm, cette jeune fille pas si sage morte à 18 ans d'un accident de moto en 1985. Depuis ses 7 ans 1/2, elle n'avait pas cessé d'écrire, de dessiner, de coller, laissant les mots et les images capturer ses enthousiasmes et ses frustrations. A partir de ses "Cahiers de mémoires" gardés par sa mère, ce petit film de 26 minutes cristallise, par une belle lecture de ses étonnants textes, l'essence d'une existence brutalement rompue. Très touchant. Dailymotion

Birdemic: Shock and Terror (James Nguyen, 2010) NSP
Sur la côte californienne, des rapaces attaquent un couple qui fuit et essaye de se défendre. Difficile à dire si cet hommage aux Oiseaux d'Hitchcock est une parodie géniale, un truc marketing ou un des pires navets du cinéma ? Le scénario décousu, les dialogues risibles, le casting amateur incompétent, la photo cramée, le montage erratique et j'en passe pourraient enterrer l'objet. Mais pour qui aime le camp, c'est du culte. Rien que pour les incrustations atterrantes des oiseaux. BR US

La Montagne Sacrée / The Holy Mountain (Alejandro Jodorowsky, 1973) ***
Le Christ ou un vagabond qui lui ressemble est pris en charge par un alchimiste adepte du Tarot qui lui fait rejoindre les dieux de l'Olympe et du monde moderne en quête de l'Immortalité. Rien ne peut résumer ce film foisonnant, boursouflé et étonnamment intemporel dont les situations et surtout les images ne cessent de surprendre et de marquer. Pas facile de trouver un message, à chacun de se faire sa propre projection en se laissant emporter par l'imaginaire débridé à l'oeuvre. Grandiose. Cinéma

2 commentaires:

  1. "La Montagne Sacrée" est un film extraordinaire que j'ai pourtant vu dans des conditions pas optimales en VHS avec des problèmes techniques de différence chromatiques d'une scène à l'autre, des rayures, un son fluctuant; Et pourtant scotché du début à la fin. Par l'audace formelle, l'inventivité, l'humour noir, le second degré, et cette façon de ne pas donner au specteur la possibilité de deviner ce qui va se passer cinq minutes après. Très fort. Il me semble de mémoire que John Lennon adorait le film.

    J'aime bcp "Les chiens", même plus que toi. Je trouve la paire Depardieu/Lanoux géniale. Un vrai film d'anticipation qui n'en n'a pourtant pas nécessairement les traits visuels (c'est un film dramatique qui parle de choses en projetant une vision de la société très cruelle). C'était sorti en 1979 et ça a gardé sa pertinence dans le propos. Voire plus...

    Pas accroché autant que toi à "Marie Poupée" même si j'aime bien le cinéma de Joël Seria, surtout ses films comme "Les Galettes de Pont-Aven", "Charlie et ses deux nenettes" ainsi que "Comme la lune" peut-être mon préféré des trois. En grande partie grâce à Marielle.

    Pour en revenir à "Marie Poupée" c'est peut être aussi parce que je ne suis pas un grand fan de Jeanne Goupil. Et dans un film qui la met autant en avant ça joue.

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  2. Merci pour ton avis sur ... Comme la Lune que je ne connaissais pas et que je viens de voir... et beaucoup aimé. J'adore Joël Séria de cette période-là, décidément. Et Jeanne Goupil aussi, moi. ;)

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