2 février 2014

Films vus par moi(s) : février 2014


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Lords of Salem (Rob Zombie, 2012) 0
Encore un film vu la seconde moitié en fast forward et revendu aussi sec. A Salem, la malédiction d'un sorcière brûlée au 17e siècle poursuit l'animatrice d'une émission de radio locale. La chute du réalisateur, depuis l'excellent "House of 1000 corpses" (2003), est abyssale : ici, rien que du déjà vu bien mieux ailleurs, désagréablement fauché (les éclairages rougeoyants n'y font rien), amateur et même pas peur. Cheap et commis par dessus la jambe. BR Fr

South seas adventure (Carl Dudley & autres, 1958) **
Un travelogue en Cinerama qui conduit le spectateur d'Hawaii en Australie en passant par Tahiti, Fidji, Tonga, les Nouvelles Hébrides et la Nouvelle-Zélande. Comme c'est les Fifties, tout est du point de vue de l'homme blanc, anglophone et chrétien. Ca donne un festival de politiquement incorrect (qui fait le sel du film) dit par Orson Welles, sur les populations et coutumes des indigènes. Un fascinant produit culturel de son temps. BR US Smilebox 

Fin août, début septembre (Olivier Assayas, 1998) ***
La caméra qui colle aux corps et visages des acteurs (Amalric, Balibar, Cluzet, Ledoyen...) scrute le moindre tremblement de main ou de paupière et donne une étonnante présence aux personnages de cette histoire d'un petit groupe d'amis parisiens gravitant autour d'un écrivain quadragénaire malade. Le film dit des choses très justes sur les mutations des rapports amicaux mais c'est l'excellence du jeu collectif des comédiens qui frappe. DVD Z2 Fr

Hôtel des Invalides (Georges Franju, 1952) ***
En utilisant les ombres des objets, le montage alterné, d'anciens combattants et des acteurs, un commentaire dit par Michel Simon et son sens de la poésie, Franju dynamite un documentaire sur le Musée de l'Armée commandé par le Ministère de la Défense en un court métrage de 22' surréaliste et antimilitariste d'une féroce ironie. Telle cette blonde visiteuse qui s'admire dans le miroir d'un périscope des tranchées. YouTube 

Peter's friends (Kenneth Branagh, 1992) 0
Epouvantable. Un célibataire endurci qui vit dans un manoir anglais invite ses amis pour le réveillon. Retrouvailles, embrassades, réjouissances, crises de nerfs, pleurs, révélations... Tout est faux, chargé, surjoué à gerber (Branagh, Thompson, Staunton, Fry...) et gratuitement bande sonorisé par des tubes des Eighties (Pretenders, Tina Turner, Tears for Fears, Cindy Lauper...). J'ai vu des mauvais films récemment, celui-là les enfonce tous. BR Fr

Koyaanisqatsi (Godfrey Reggio, 1982) *
La société urbaine moderne (aux USA du moins) a perdu le contact avec la Nature et court littéralement à sa perte. Un film de sensations qui dénonce en martelant son message simpliste par un déluge d'images accélérées et une partition minimaliste obsédante de Phil Glass. C'est une épreuve, parfois fascinante, mais c'est le look 70's des individus et le design des objets, surgis d'un autre temps, qui sont de loin le plus intéressant. DVD Z2 UK

Side effects / Effets secondaires (Steven Soderbergh, 2013) **
Alors que la première partie du film semble s'avancer sur le terrain (passionnant) du pamphlet des magouilles des géants pharmaceutiques, la seconde vire au thriller de manipulation, prenant, bien ficelé mais autrement plus convenu. Le savoir faire de Soderbergh et la qualité des acteurs qui s'affrontent (Jude Law, Rooney Mara et Catherine Zeta-Jones) font qu'on ne s'ennuie pas une minute mais j'ai un peu regretté le virage du scénario. BR Fr

Jailhouse rock / Le rock du bagne (Richard Thorpe, 1957) **
Si c'est pas mon film d'Elvis préféré (c'est "Viva Las Vegas" ou "Blue Hawaii"), c'est quand même un réjouissant moment de cinéma, qui raconte avec quelques ajustements l'histoire des débuts du King, joué par lui-même. Tout cela semble bien innocent aujourd'hui mais le magnétisme animal et le body language d'Elvis (22 ans à l'époque) restent captivants et la séquence titre est formidable de dynamisme. Pour Judy Tyler aussi, trop tôt partie. BR US

Blackfish (Gariela Cowperthwaite, 2013) **
Un documentaire à charge contre Sea World sur l'irresponsabilité de garder les orques en bassin pour le show et le profit à travers l'exemple de Tilikum, un animal qui a déjà tué ou blessé plusieurs de ses dresseurs. La démonstration est imparable, les témoignages accablants et les images de tribus d'orques en liberté renforcent le malaise de voir ceux en captivité. Un film activiste qui prouve que la Nature contrainte est toujours explosive. BR UK

Le puits et le pendule (Alexandre Astruc, 1963) **
Une adaptation en court métrage de 35' de la nouvelle de Poe où la voix off de Maurice Ronet dit la traduction de Baudelaire. Le décor inquiétant de la cave-donjon, la photographie N&B et quelques mouvements de caméra inspirés (qui créent la tension) sont remarquables. Le jeu intériorisé de Ronet suggère à merveille l'angoisse de la mort qui s'approche. Une mise en images réussie de Poe, ce qui n'est pas une mince affaire. DVD Z2 FR

The curse of the werewolf / La nuit du loup-garou (Terence Fisher, 1961) ***
Un chef-d'oeuvre de la Hammer où la lecture psychanalytique du récit (autour du sexe et de la parole) et la détresse existentielle de son antihéros apportent une enrichissante profondeur aux images d'opérette composées et colorées comme des illustrations de conte. La mise en scène inspirée de Fisher et le splendide maquillage du loup-garou complètent la réussite, comme la présence solide et fragile à la fois d'Oliver Reed débutant. DVD Z1 US 

Oroi / Jitters (Baldvin Z, 2010) *
En Islande, les jours et les soirées entre tribu et famille d'un adolescent mal à l'aise avec la découverte de son homosexualité. C'est typiquement le genre de coming of age film destiné à aider les spectateurs de l'âge de ses protagonistes à s'ouvrir à l'acceptation de soi et des autres. Il n'y a rien de bien nouveau et la portée cinématographique est minimale mais c'est important que des films comme celui-là soient faits et vus. BR Fr

The canyons (Paul Schrader, 2013) **
Le scénario de Bret Easton Ellis (pouvoir, jalousie et manipulation) ne casse pas des briques et la fin est décevante mais l'utilisation en toile de fond d'un Los Angeles très réel et la photo solaire compensent. Si les acteurs principaux (tous dans leur vingtaine tardive) vont du très bon au moyen, tous dégagent une présence. De retour à l'écran, Lindsay Lohan, prématurément usée, est fascinante et donne au film une solidité qu'il n'aurait pas sans elle. BR US  

Museum hours (Jem Cohen, 2012) ***
Quelques jours d'hiver, une canadienne venue veiller une cousine malade à Vienne et un gardien rencontré au Kunsthistorisches Museum conversent en se promenant dans le musée et dans la ville. Les tableaux de Brueghel, avec leurs multiples détails et significations, sont la clé d'interprétation de ce film contemplatif sur les parallèles entre le réel et l'art et sur la temporalité des êtres et des choses. Et le besoin de l'autre. Une oeuvre subtile qui se mérite. BR US

Dallas Buyers Club (Jean-Marc Vallée, 2013) *
En 1985 au Texas, un white trash séropositif créé une association qui délivre (illégalement) des médicaments alternatifs à des malades du Sida. Sur un épisode méconnu des débuts du Sida, un film qui se révèle informatif mais très impersonnel et étrangement vide d'âme et d'émotion. Matthew McConaughey et Jared Leto sont saisissants dans deux interprétations construites sur leur métamorphose physique. Ca, ça me laisse dubitatif. BR US

Nothing in the dark (Lamont Johnson, 1961) ***
The Twilight Zone.S3.E81. Un vieille femme cloîtrée chez elle de peur de mourir recueille un jeune policier blessé. Un épisode archétypique de The Twilight Zone, pur, concis, avec un twist bienvenu et d'une portée existentielle qui le transcende. Gladys Cooper est formidable (comme toujours) et le débutant Robert Redford exécrable (comme souvent). Malgré lui, c'est l'un des meilleurs épisodes de toute la série. DVD Z1 US

Berberian sound studio (Peter Strickland, 2012) 0
Déjà que les giallos, c'est pas fameux, alors une sorte de giallo post-moderne de toute évidence destiné au public d'art et d'essai, c'est un cauchemar. Dans les années 70, un ingénieur du son anglais introverti (Toby Jones) se retrouve dans un studio de mixage italien pour travailler sur un film d'horreur. Tout est autocontemplatif et satisfait (ce clin d'oeil lamentable à "Persona"), vainement hermétique et d'un ennui désespérant. Nul. BR Fr  

Sunshine on Leath (Dexter Fletcher, 2013) 0
Basé sur les chansons (très médiocres) du groupe écossais The Proclaimers, un musical impossiblement hétéro sur les histoires d'amour d'une poignée d'habitants d'Edimbourg, dont deux jeunes soldats démobilisés. Il ne se passe rien de folichon et l'impression de faiblesse généralisée domine. Glee, au moins, a des tubes qui s'enfilent. Ici, une seule chanson surnage (dans un pub au début). L'interêt : Edimbourg, la belle. BR UK

Spring breakers (Harmony Korine, 2012) **
Le Spring Break des étudiants américains avec son abandon, ses excès et sa dépression post partum, est élevé au statut de fable dans ce film sur quatre gamines qui partent en Floride pour une virée au bout d'elles-mêmes. La forme, pastiche boursouflé de MTV (on dirait parfois le backstage sous acide du génial "The Grind"), tend à tout vampiriser mais pour qui voit derrière l'esbroufe, il y a un vrai et profond sujet. James Franco est fearless. BR Fr 

Carnage (Roman Polanski, 2011) 0
On attend que la sauce prenne et que le déchaînement arrive mais la répétition monotone des situations (les appels sur le portable, les départs avortés...) fait à chaque fois retomber le soufflé en accusant l'artificialité de cette adaptation de la pièce (sans doute juste passable) de Yasmina Reza sur deux couples qui vident leurs sacs. Le théâtre au cinéma est un exercice difficile et les meilleurs réalisateurs et acteurs aussi peuvent se planter. BR Fr 

Pain & gain / No pain no gain (Michael Bay, 2013) **
Un bon Michael Bay ?! La vulgarité habituelle de sa mise en scène colle ici parfaitement au propos du film, une comédie noire (tirée d'un fait divers) sur trois haltérophiles très cons de Miami qui kidnappent un nouveau riche pour lui piquer sa maison et ses sous. L'action, le bling bling et la violence (et beaucoup d'humour) composent une sorte d'opéra de la loose plus futé qu'il n'y paraît. Avec Mark Wahlberg et Dwayne Johnson, qui sont excellents. BR Fr

Ménilmontant (Dimitri Kirsanoff, 1926) *
Un mélodrame de 38', muet et sans carton, qui raconte par l'image seule le drame de deux orphelines de Ménilmontant dont l'une est séduite par un vaurien qui la plante fille-mère. La photographie pictorialiste (brume, reflets, clairs-obscurs) et la présence de la jeune actrice Nadia Sibirskaïa (au merveilleux visage) sont remarquables mais le montage effréné des plans de la ville trahit un formalisme à la mode qui n'est ni signifiant ni justifié. YouTube 

12 janvier 2014

Ingrid Caven singt Die grossen weissen Voegel

En 1979, Ingrid Caven interprétait librement en allemand la chanson "Les goélands" sur un arrangement grandiose de Peer Raben. La video, un chef-d'oeuvre en son genre, a été réalisée par Mr Bluiberlin. Take that!



"Les goélands" a bien sûr été immortalisée par Damia dans sa version de 1929.  

"Les goélands" (Paroles et musique de Jean Lucien Boyer, 1911) 

Les marins qui meurent en mer
Et que l´on jette au gouffre amer
Comme une pierre,
Avec les Chrétiens refroidis
Ne s´en vont pas au Paradis
Trouver Saint Pierre.

Ils roulent d´écueil en écueil
Dans l´épouvantable cercueil
Du sac de toile.
Mais fidèle, après le trépas,
Leur âme ne s´envole pas
Dans une étoile.

Désormais vouée aux sanglots
Par ce nouveau crime des flots
Qui tant le navre,
Entre la foudre et l´Océan
Elle appelle dans le néant
Le cher cadavre.

Et nul n´a pitié de son sort
Que la mouette au large essor
Qui, d´un coup d´aile,
Contre son cœur tout frémissant,
Attire et recueille en passant
L´âme fidèle.

L´âme et l´oiseau ne font plus qu´un.
Ils cherchent le corps du défunt
Loin du rivage,
Et c´est pourquoi, sous le ciel noir,
L´oiseau jette avec désespoir
Son cri sauvage.

Ne tuez pas le goéland
Qui plane sur le flot hurlant
Ou qui l´effleure,
Car c´est l´âme d´un matelot
Qui plane au-dessus d´un tombeau
Et pleure... pleure.

1 janvier 2014

Films vus par moi(s) : janvier 2014


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Cinerama holiday (Robert L. Bendick & Philippe de Lacy, 1955) *
Le plus faible des travelogues Cinerama. Ici, un jeune couple du Kansas visite la Suisse et Paris tandis qu'un autre, Suisse, découvre les Etats-Unis. Les séquences se succèdent, réussies (le bobsleigh, le porte-avion) ou chiantes (les shows du genre Holiday on Ice ou Lido). Le plus intéressant est le point de vue Fifties sur les Fifties, entre mièverie et propagande et l'accumulation involontairement hilarante des clichés nationaux. BR US Smilebox    

Downton Abbey, The London Season (Julian Fellowes, ITV, 2013) **
Le Christmas Special 2013 transporte tous les personnages à Londres en 1923, pour un début à Buckingham Palace et des réceptions mondaines. Tout cela se suit comme on savoure son bonbon sucré préféré : agréablement et sans grande surprise. Le piment des saisons passées n'est plus et le scénario tend à patiner. Mais la production, le casting et l'exotisme social font qu'on continue à regarder et à en reprendre. Jusqu'à quand ? BR UK  

Nosferatu (F.W. Murnau, 1922) ***
La Mort elle-même semble avoir inspiré au génial Murnau les ineffaçables visions qui jalonnent sa libre adaptation du "Dracula" de Bram Stoker. Les angoissants décors, le dynamisme de la mise en scène, l'atmosphère morbide qui infuse chaque image et chaque carton et les acteurs comme sortis tout droit des années 1830 font de ce chef-d'oeuvre le mètre étalon du film d'angoisse existentiel. Max Schreck est, quant à lui, hors de ce monde. BR US

En kongelig affaere / Royal affair (Nikolaj Arcel, 2012) **
Intrigues politiques et passion amoureuse sur fond de philosophie des Lumières avec ce film en costumes très classique dans son approche mais qui raconte un moment intrigant de l'histoire danoise des années 1760-1770 : l'influence progressiste du médecin allemand Struensee (Mads Mikkelsen) qui prit temporairement le contrôle du pouvoir sous le règne du roi simplet Christian VII et devint l'amant de la reine. Pédagogique et distingué. BR Fr 

The Blues Brothers (John Landis, 1980) ***
Même si c'est dommage d'avoir terminé le film par une course poursuite trop longue et une débauche logistique assez gratuite, le dynamlsme potache et l'énergie communicative de cette comédie musicale (au sens propre) restent irrésistibles. Comme ses numéros musicaux (formidables), ses caméos de célébrités et son humour intrépide qui ravage tous les clichés sociaux de l'Amérique. Un remède imparable à toute forme de morosité. BR Fr 

The overlanders / La route est ouverte (Harry Watt, 1946) *
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, un groupe de cowboys (hommes et femmes) fait traverser une partie de l'Australie à un grand troupeau de bétail. Régulièrement commenté en voix off et d'un esprit documentaire plus que fictionnel, une odyssée westernienne qui souffre d'un manque de péripéties et surtout de couleur (les vastes paysages australiens et tout le film en auraient été transfigurés). Une curiosité plus qu'une réussite. DVD Z2 UK

Female on the beach / La maison sur la plage / Cet homme m'appartient (Joseph Pevney, 1955) **
Un véhicule éhonté pour Joan Crawford qui est presque de toutes les scènes, splendide en caricature d'elle-même, face au trop rare et magnétique Jeff Chandler (dans un étonnant rôle de gigolo de plage manipulé par un couple d'aigrefins). Les tenues et la coiffure de Crawford, les gros plans outranciers et l'extravagance mélodramatique des sentiments propulsent le film vers les sommets du camp, ce qui suffit à faire ma joie. DVD Z1 US

Jack the Giant slayer / Jack le chasseur de Géants (Bryan Singer, 2013) **
Adapté de l'histoire des Haricots Magiques, un conte d'aventures vieille école (au sens noble du terme) avec ce qu'il faut de jeune héros, de princesse, de roi médiéval, de méchant et de créatures repoussantes. Et des spectaculaires lianes géantes qui grimpent vers le ciel. La froideur des CGI minore le pouvoir d'émerveillement mais si on a retenu un peu de son âme d'enfant, on retrouve dans ce film l'esprit des classiques d'antan. BR 3D Fr  

Dark skies (Scott Stewart, 2013) *
D'inquétants phénomènes s'abattent sur une famille suburbienne (intrusions domestiques, éruptions cutanées, assault aviaire...) : des aliens les ont choisi comme cobayes. Un film fantastique ni bon ni mauvais (et plutôt bien réalisé) qui recycle des éléments d'autres de "Rencontres du 3e type" à "Signs" en passant par "Poltergeist" et "Paranormal activity". Rien de bien original donc, on regarde un produit de série en sachant ce qu'on va voir. BR Fr

Oblivion (Joseph Kosinski, 2013) 0
Une bonne critique dans le livre "100 ans de cinéma fantastique et de SF" d'Andrevon m'a donné envie de le voir. J'ai tenu 1 heure (sur 2) en me forçant puis j'ai abandonné. Une nullité totale avec un Tom Cruise qui n'y croit pas plus que moi et les autres, un univers visuel postapocalyptique qui ne va pas plus loin que sa première idée, des références gratuites à des classiques de la SF toutes les 5 minutes... Et une histoire à la con. BR UK

Breaking bad, saison finale (Vince Gilligan, AMC, 2013) ***
Au terme de cinq saisons, "Breaking bad" s'achève comme il le fallait, avec Walter White (formidable Bryan Cranston) atteignant le bout du chemin de crime sur lequel il s'était engagé. Orientée sur le dialogue, la psychologie et les liens entre les personnages mais avec des éclairs fulgurants d'action et des envolées existentielles, cette série brillament écrite, jouée et réalisée restera comme un des grands moments de la télé contemporaine. BR Fr

Insidious (James Wan, 2011) *
Les films de maison hantée ou de possession ne fonctionnent que quand ils restent maintenus dans un contexte réaliste. "Insidious" commence comme ça et ménage des effets d'angoisse réussis mais la seconde partie, en abusant d'artifices visuels et narratifs et en choisissant de montrer ce qui devait rester suggéré, plonge dans le bazar grand-guignolesque et ruine tout. Le réalisateur s'est rattrapé en 2013 avec l'excellent "The conjuring". DVD Z2 Fr 

The act of killing (Joshua Oppenheimer, 2012) ***
Près de 50 ans après les faits, des membres d'une milice de Djakarta qui tortura et assassina des milliers de suspects communistes après le coup d'état militaire de 1965 racontent leurs exploits en rejouant avec zèle pour la caméra leurs propres crimes. Un film et un documentaire sans équivalent, qui pose des questions vertigineuses sur la mémoire et la culpabilité, la réalité et la fiction, la célébrité et le Mal... Surréaliste et très dérangeant. BR UK 

The wicker man (Robin Hardy, 1973) ***
Un flic bigot venu enquêter sur la disparition d'une gamine dans une île d'Ecosse tombe sur une communauté villageoise païenne et libertaire. On va de surprise en surprise avec ce film britannique inclassable qui mêle thriller, comédie, érotisme, musical, camp et poésie fantastique tout en les subvertissant. Pareil à nul autre, il est totalement de son époque tout en étant étrangement intemporel. La coiffure de Christopher Lee est impayable. BR UK

Love, Marilyn (Liz Garbus, 2012) **
La vie, la carrière et surtout la quête personnelle de Marilyn Monroe racontée à la première personne grâce à la lecture par des acteurs (Adrien Brody, Ellen Burstyn, Glenn Close, Uma Thurman...) d'extraits de ses notes et carnets intimes issus du livre "Fragments". On croit avoir tout vu sur elle et pourtant voilà encore un documentaire avec un nouvel angle d'approche. Les mots retrouvés de Marilyn y résonnent de façon vraiment émouvante. DVD Z2 UK

Revanche (Götz Spielmann, 2008) ***
Une pute ukrainienne et son ami, un flic et sa femme, un grand-père. Cinq personnages rapprochés par les conséquences d'un braquage et d'un drame personnel touchent le fond et pourtant... Un film noir existentiel autrichien en deux temps, citadin puis bucolique (Vienne et sa campagne) qui suggère, par petites séquences comme des chapitres, l'équilibre déterminé de l'Univers. Les acteurs, la mise en scène et la photo sont admirables. BR US

Shane / L'homme des vallées perdues (George Stevens, 1953) **
C'est par ses non-dits que ce western centré sur l'humain est captivant. Et surtout par l'énigmatique personnage de Shane (Alan Ladd, dont le jeu détaché sied parfaitement au rôle) qui arrive et repart sans qu'on en sache rien. Le point de vue d'un enfant, le Technicolor qui sublime les paysages du Wyoming et la réalisation assez académique auraient pu tirer le film vers la mièvrerie. C'est au contraire une oeuvre forte et adulte, des plus singulières. BR Fr 

The conjuring / Conjuring : les dossiers Warren (James Wan, 2013) ***
Un film de maison hantée qui en reprend tous les clichés avec portes qui grincent, coups sur les murs et ombres furtives et qui réussit magistralement à faire monter la tension à l'écran et chez le spectateur. L'assurance de la mise en scène, du scénario et des acteurs (notamment Vera Farmiga dans le rôle de la démonologue) est à l'unisson pour créer une atmosphère. Un classique du genre qui fait peur sans surenchère d'esbrouffe ou de gore. BR Fr

Vincere (Marco Bellocchio, 2009) *
Le drame de la première femme de Mussolini, répudiée et jetée à l'asile. La première partie du film, où l'on découvre l'histoire, la mise en scène et le style opératique choisis par Bellocchio laisse croire à un magnifique morceau de cinéma métaphorique. La seconde partie, qui accumule les scènes d'enfermement et de larmes, provoque un ennui fatal. Il y a plein de choses intéressantes mais bizarrement, c'est le désintérêt qui l'emporte. BR UK

24 décembre 2013

Love is blue

Au détour d'un épisode de la saison 6 de Mad Men, une musique sur un générique de fin qui fait soudain ressurgir un flot de souvenirs d'enfance. Je ne l'avais pas entendue depuis des lustres et pourtant c'est comme hier. Je suis avec mon grand-père sur la plage de Fort Pierce en Floride et on regarde avec la foule une lumière qui monte dans le bleu du ciel. C'était Apollo 13 qui décollait, le 11 avril 1970. Cette musique devait jouer quelque part sur une radio. Un son de mes Seventies.

Paul Mauriat. Love is blue, 1968.

14 décembre 2013

Films vus par moi(s) : décembre 2013


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

This is 40 / 40 ans mode d'emploi (Judd Apatow, 2012) *
A Los Angeles, les scènes de la vie d'un couple de jeunes quadragénaires. Les enfants, les parents, le désir, le travail, les finances : tout y passe. Un Apatow moyen et décousu qui égrène des séquences aux flêches amusantes et d'autres qui tombent à plat, les deux essentiellement basées sur le cul. Paul Rudd est très bon comme d'habitude mais le jeu uniforme de Leslie Mann, médiocre actrice, plombe tout le film. Assez amateur, en fait. BR Fr

Mad Men. Saison 6 (Matthew Weiner, AMC, 2013) **
** seulement parce que le rythme du délitement de Don Draper et ses effets sur les autres personnages donnent parfois l'impression d'un scénario qui se met à tourner en rond. Mad Men reste néanmoins une série géniale : les personnages justement ont ces fêlures touchantes, les acteurs et le style sont brillants et chaque épisode réserve des fulgurances émotionnelles ou de mise en scène qui balayent les réticences possibles. BR UK

Beasts of the Southern wild / Les bêtes du Sud sauvage (Behn Zeitlin, 2012) 0
La poétisation de la misère est toujours difficle à avaler. On est servi avec ce film sur une gamine noire du bayou de Louisiane qui traverse les épreuves commises par les hommes et la Nature grâce à sa résilience innocemment imaginative. La petite actrice de 6 ans est formidable mais la réalisation pleine de maniérismes satisfaits et l'onirisme de pacotille m'ont fait fuir. J'ai tenu sur la première moitié puis parcouru le reste en fast forward. BR Fr  

Brideshead revisited / Retour à Brideshead (Julian Jarrold, 2008) **
Une adaptation esthétiquement très soignée du roman d'Evelyn Waugh sur les liens complexes qui unissent, de 1923 à 1943, un étudiant anglais, un camarade aristocrate excentrique rencontré à Oxford et la soeur de celui-ci. Les choix du scénario transforment en profondeur l'histoire originale, affirmant l'aspect homosexuel et lançant la charge contre le catholicisme. Or, Vaugh a écrit un livre sur la Grâce. C'est vraiment un intrigant contresens. BR UK 

Quelques heures de printemps (Stéphane Brizé, 2012) ***
La violence affective entre parents et enfants (ici une mère et son fils quadragénaire) et le suicide assisté sont deux sujets piégés : le réalisateur réussit à en extraire une très touchante histoire humaine, toujours rigoureusement juste et digne. Il y est aidé par deux formidables acteurs : Hélène Vincent et Vincent Lindon (et Emmanuelle Seigner dans un petit rôle). Un film épuré qui distille sa froideur puis qui soudain bouleverse. BR Fr

They were expendable / Les sacrifiés (John Ford, 1945) *
Bien sûr, l'hommage (presqu'en temps réel) aux Marines promis à la défaite contre les Japonais dans les Philippines était admirable mais il y a si peu de conflit (au sens scénaristique) dans ce film trop long que l'ennui poli s'installe rapidement pour ne relâcher que dans la dernière demi-heure, assez émouvante. Ford a voulu faire un film "comme c'était", le résultat, hybride de fiction et de documentaire, ne m'a pas vraiment convaincu. DVD Z1 US 

Predator (John Mc Tiernan, 1987) **
Je ne l'avais pas revu depuis sa sortie ciné celui-là. Ca reste un très bon film d'action et de suspense, qui ne crie pas trop son origine Eighties et qui est transcendé par une mise en scène nerveuse et une composition des plans dans la jungle parfois magnifique (notamment pendant le duel final). Schwarzenegger est parfait dans son rôle archétypal. Un bémol quand même : le rire du Predator lors d'une scène cruciale, choix imbécile. BR Fr

Un condamné à mort s'est échappé (Robert Bresson, 1956) ***
La rigueur obsessionelle de Bresson fait des merveilles avec ce sujet d'un résistant préparant son évasion d'une prison lyonnaise en 1943. La précision austère de la mise en scène basée sur la répétition décalée des actions et le jeu atonal et pourtant fiévreux des acteurs en font une oeuvre d'un sentiment quasi mystique. Le travail sur les sons et bruitages est remarquable et la fin est une épiphanie qui donne tout son sens à ce qui a précédé. BR Fr

Kaboom (Gregg Araki, 2010) 0
Le début de ce film sur les aventures d'un étudiant bisexuel de l'Université de San Diego qui a d'étranges hallucinations promet un moment léger et décomplexé, plein de jeunes actrices et acteurs dénudés et d'effets et de couleurs pop. La fin, autour d'une secte apocalyptique, plonge dans le grand n'importe quoi et ruine le tout par son injustifiable je m'en foutisme. Allez, disons que la première heure se laisse voir. DVD Z2 Fr

Fin / The end (Jorge Torregrossa, 2012) **
Quelques amis jeunes quadras se retrouvent pour un week-end dans un chalet forestier et découvrent que tout le monde autour d'eux a disparu. Une fable métaphorique sur quelques questions existentielles majeures. Si tout ne fonctionne pas, on ne peut nier l'originalité du point de vue et la Sierra est magnifiquement filmée. Un film espagnol qui n'atteint pas toutes ses ambitions (la fin est bâclée) mais qui propose d'intrigantes visions. BR Fr  

Les misérables (Raymond Bernard, 1933) ***
Chaque scène de cette adaptation fleuve en trois parties (près de 5h en tout) du roman de Hugo semble être issue d'un recueil de gravures du XIXe siècle, dynamisées par d'étonnantes compositions obliques et d'éclairages quasi expressionnistes : c'est un triomphe visuel. Le casting incarne à la lettre ses personnages mythiques, Harry Baur en tête évidemment, avec son Jean Valjean tellurique et bouleversant. Un monument inaltérable. BR Fr

1 décembre 2013

Gance. Brownlow. Davis. Napoléon.

Royal Festival Hall, London. November 30, 2013. Unforgettable.


1 novembre 2013

Films vus pas moi(s) : novembre 2013


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Napoléon (Abel Gance, 1927) ***
Voir et redécouvrir à Londres le Napoléon d'Abel Gance dans sa dernière version restaurée par Kevin Brownlow avec l'accompagnement musical de Carl Davis dirigeant en personne le Philharmonia Orchestra au Royal Festival Hall restera l'une des plus fortes expériences de ma vie cinéphile. 5h30 d'émotion et d'émerveillement devant ce spectacle total dont le souffle visionnaire et dynamique emporte tout sur son passage. Ciné Concert 

Les risques du métier (André Cayatte, 1967) *
Un film de l'ex-avocat Cayatte, c'est à dire une histoire à faire réfléchir et une mise en scène absente. Ici, l'enquête sur un instituteur de village (Jacques Brel, piètre acteur) accusé d'attouchements sur ses élèves. Le thème est bien sur toujours d'actualité mais comme la démonstration est lourde. Et les gamines qui répondent à toutes les questions par "Oui, Monsieur", "Non, Monsieur" sont d'un monde disparu. Démodé, oui c'est ça. BR Fr 

House of wax / L'homme au masque de cire (André de Toth, 1953) ***
Un film formidablement attrayant grâce à son histoire macabre, ses décors inquiétants (les rues embrumées, le dioramas de cire), ses couleurs de livre illustré et son utilisation de la 3D qui explore la profondeur de champ de façon magistrale et sans trop de show off. La scène de l'incendie dans le musée de cire reste un grand moment du cinéma d'atmosphère et Vincent Price compose son sculpteur fou avec sa classe habituelle. BR 3D Allem. 

Downton Abbey, saison 4 (Julian Fellowes, 2013) ***
Je suivrais sans fin les histoires croisées des maîtres et des servants de Downton en 1922, rien que pour les acteurs, tous aussi impeccables les uns que les autres. Dans cette saison, il y a bien quelques faiblesses (notamment les interminables conséquences d'un viol) mais les rebonds mélodramatiques qui amusent et émeuvent font qu'on en veut encore et encore et encore… Le télé british a de beaux jours devant elle. BR UK

Cruising / La chasse (William Friedkin, 1980) *
La plongée en apnée d'un flic hétéro taciturne dans la scène nocturne SM gay de Manhattan à la recherche d'un tueur. La splendide photo des clubs et des parcs la nuit esthétise le voyeurisme glauque et tente d'édulcorer le propos subtilement réactionnaire. Al Pacino semble perdu (ce qui bénéficie à son personnage) dans un rôle complexe. Un film qui dégage, pour de multiples raisons, un pernicieux sentiment de malaise. DVD Z1 US   

3 days of the condor / Les trois jours du condor (Sydney Pollack, 1975) *
Un bon (au sens de représentation, pas de qualité) exemple du cinéma du complot qui fleurit à d'Hollywood dans les Seventies. Le spectateur est artificiellement gardé dans la confusion jusqu'à la toute fin et suit la course de Robert Redford (pas terrible) dans New York avec un intérêt qui s'émousse au fil du film. Faye Dunaway est bien mais dans un rôle purement décoratif. Un thriller de son temps plus intéressant que réussi. BR Fr

Bel Ami (Declan Donnellan & Nick Omerod, 2012) 0
Des actrices (Thurman, Scott Thomas, Ricci) en costume qui évoluent dans des décors comme des period rooms et aucun souffle qui ne circule entre les scènes de dialogues qui condensent l'histoire de l'arriviste Georges Duroy montant les échelons et ses maîtresses. Une adaptation fade et figée du roman de Maupassant où Robert Pattinson essaye d'échapper à son rôle de vampire de "Twilight" en en incarnant un autre. BR Fr

Mud (Jeff Nichols, 2012) *
2h15 pour raconter une histoire aussi languissante, non. Je me suis ennuyé du début à la fin malgré les compositions bien cadrées de l'ample horizon du Mississippi, l'excellente performance de Matthew McConaughey et des deux adolescents et mon amour pour le genre du "coming of age movie". La faute à la lourdeur répétitive de l'écriture, au symbolisme et références empesés et, le pire, à l'académisme de la réalisation. BR Fr

Le joli mai (Chris Marker & Pierre Lhomme, 1962) **
L'intérêt et l'émotion de voir des parisiens de 1962 parler en N&B de leurs vies, de leurs colères et de leurs bonheurs, du mauvais temps, des grèves et de l'Algérie portent ce film document. On se rend compte, à 50 ans de distance, que les choses ont tellement et si peu changé. Son éclat et sa réalisation sont cependant moindres que ceux du formidable  "Chronique d'un été" (Rouch & Morin, 1961), au propos très proche. DVD Z2 Fr

Quatermass and the pit / Les monstres de l'espace (Roy Ward Baker, 1967) *
En son temps, ce film de science-fiction britannique a du faire son effet, le thème d'une descendance martienne et maléfique de l'Humanité était alors inédit. Vu aujourd'hui, les modèles en plastique et les effets spéciaux ont pris un coup de vieux et le scénario manque de solidité. Mais les idées sont toujours là, le travail sur la couleur intéressant et la séquence (et l'apparition) finale a su garder toute sa force expressive. BR UK

Before midnight (Richard Linklater, 2013) **
Le romantisme de "Before sunrise" et la vitalité de "Before sunset" font place dans ce 3e opus de la trilogie de Linklater à une amertume un peu fabriquée. Autant les promenades bavardes à deux des 2 premiers me touchaient, autant ici les scènes liées aux amis et aux enfants m'ont fait décrocher. La fin maladroite et le jeu inégal de Julie Delpy m'ont aussi gêné. Le tiers faible d'un projet que je continue néanmoins à adorer. BR Fr

Lady Paname (Henri Jeanson, 1950) **
Après une formidable première moitié qui semble développer les scènes de music-hall de "Quai des Orfèvres" et exploite au mieux l'abattage éhonté de Suzy Delair, ce backstage parigot perd de ses étincelles et termine banalement en comédie sentimentale. Mais on prend du plaisir à voir les acteurs faire leur numéro : Jouvet, Souplex, Marken... sur des dialogues qui crépitent de savoir-faire. Pour le début, qui promettait plus que le tout. DVD Z2 Fr

Avec le sourire (Maurice Tourneur, 1936) **
Un arriviste sans scrupule et sa compagne écrasent sur leur chemin vers le haut ceux qui servent leurs desseins. Une comédie bien ancrée dans son temps qui utilise à merveille la personnalité, la bagou (et le sourire) de Maurice Chevalier pour raconter son histoire d'une cynique amoralité. Une mise en scène plus inventive aurait propulsé le film au sommet. Le numéro de Chevalier "Le chapeau de Zozo" est resté dans les annales. DVD Z2 Fr

L'inconnu du lac (Alain Guiraudie, 2013) ***
Avec trois fois rien qui disent l'essentiel (un lac, une plage, un bois, quelques hommes, quelques voitures, le soleil, le vent et l'ombre), un film entre Eros et Thanatos qui questionne et chorégraphie les prises de risque du désir gay. On ne sait quoi admirer le plus du scénario implacable, de la précision de la mise en scène, de l'excellence des acteurs ou de la lumière, qui irradie l'écran jusqu'à l'abîme insondable de la dernière scène. DVD Z2 Fr 

Los amantes passajeros / Les amants passagers (Pedro Almodovar, 2013) *
Un Almodovar mineur, en sorte d'épure camp de sa première période, d'où une seule splendide idée de mise en scène jaillit : celle du crash entendu depuis les halls déserts de l'aéroport. Le reste est terriblement théâtral (café-théâtral même), bavard et gratuitement coloré. Si le casting est formidable et si on rit pas mal de l'outrance bon enfant, il ne reste au final pas grand chose de plus que le goût d'un exercice assez vain. BR Fr

Crimes of passion / Les jours et les nuits de China Blue (Ken Russell, 1984) **
Le jeu et les dialogues fiévreux et extravertis de Kathleen Turner (dans le rôle d'une graphiste frigide le jour qui se transforme en pute la nuit) et d'Anthony Perkins (dans celui d'un révérend obsédé par elle, le péché et le sexe) sont à eux seuls une bonne raison de voir le film. L'étude sur la frustration sexuelle est ce qu'elle est : overt the top, du pur Russell. Un déballage de fantasmes et de tirs contre le puritanisme américain. DVD Z2 UK 

Hellzapoppin' (H.C. Potter, 1941) **
Le burlesque absurde de cette comédie musicale loufoque a pas mal vieilli mais certains gags restent hilarants, notamment dans la dernière partie, et l'insolente liberté en n'importe quoi de l'écriture et des effets visuels en fait un moment unique du cinéma hollywoodien de l'Age d'Or. Martha Raye surjoue comme jamais (c'est son job) et son numéro "Watch the birdie" est d'un dynamisme contagieux. Délirant et sympa comme tout. DVD Z2 UK 

Gravity (Alfonso Cuaron, 2013) ***
Un chef-d'oeuvre. Sous ses habits de survival dans l'espace, un spectacle total, visuellement inédit (l'utilisation de la 3D est extraordinaire) qui révèle peu à peu sa véritable identité : un conte existentiel sur le deuil et la résilience qui atteint des profondeurs bouleversantes. Il y a longtemps que je n'avais pas été remué (au sans propre et figuré) comme ça par un film. Le cinéma au sommet, dans ce qu'il a de meilleur et d'essentiel. Ciné 3D

Nightbreed / Cabal (Clive Barker, 1990) **
La découverte d'une communauté de monstres humains vivant cachée sous un cimetière abandonné provoque son implosion. Le scénario défaillant (peu aidé, il est vrai, par un remontage studio qui ajoute à la confusion) n'empêche pas le film de conserver un intérêt certain, grâce à sa galerie de créatures, à ses décors morbido-gothiques et à sa vision d'ensemble réellement originale. Bancal mais néanmoins fascinant. DVD Z1 US 

The hunt for Red October / A la poursuite d'Octobre Rouge (John McTiernan, 1990) *
D'après Tom Clancy, un (le ?) dernier film de propagande pro-US de la Guerre Froide, sur un sous-marin soviétique traqué dans l'Atlantique à la fois par les américains et les russes. Avec son action plutôt limitée, ses dialogues à rallonge et une scène invraisemblable de traversée d'un canyon abyssal, c'est une déception. En revanche, en tant que document sur la rhétorique hollywoodienne, c'est plutôt intéressant. DVD Z2 UK

Blancanieves (Pablo Berger, 2012) ***
Cette Blanche-Neige transposée dans l'Andalousie des années 1920 avec son château, sa marâtre, ses nains et sa pomme est un formidable hommage à l'art narratif et visuel du cinéma muet, magnifié par une photo N&B splendide, le flamenco, la corrida et la beauté de sa jeune actrice (Macarena Garcia, une révélation). L'auteur a transmuté avec succès le conte germanique en un autre où souffle l'âme hispanique. BR Fr