1 juillet 2018

Films vus par moi(s) : juillet 2018


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Mektoub my love. Canto uno (Abdellatif Kechiche, 2018) ***
En 1994, un jeune homme monté à Paris revient passer l'été à Sète où il retrouve famille et amis. Entre plage, boîtes et balades, leurs jours et leurs nuits s'écoulent (presque) sans conflit. Ce qui pourrait donner un film terne offre tout le contraire : le sensualité des visages, des corps et de la photo, la mise en scène et le magnétisme des acteurs font de cette ode au miracle d'être vivant un chef-d'oeuvre dont chacun peut avoir son interprétation. BR FR

L'Apparition (Xavier Giannoli, 2018) ***
Dans les Préalpes, un reporter de guerre (Vincent Lindon) participe à une commission d'enquête demandée par le Vatican sur des apparitions mariales à une jeune fille (Galatea Bellugi). Intrigant et intelligent, ce thriller religieux (et social, et politique...) offre une réflexion sans jugement ni parti-pris sur le mystère de la foi, ascendant et descendant, en s'ancrant dans l'actualité contemporaine de façon admirable. Un très bon film sur un sujet piégé. BR FR

Les apprentis (Pierre Salvadori, 1995) **
A Paris, le quotidien de galère de deux amis losers. La trame de cette comédie douce-amère révèle une touchante métaphore sur la dépression qui frappe le personnage incarné par François Cluzet, dont celui de Guillaume Depardieu serait la force de vie. C'est bien vu et l'absurde de plusieurs gags est très drôle mais il manque, pour en faire un plus grand film, du lien entre les séquences qui n'enchaînent qu'une suite de moments disjoints. Belle fin. DVD FR

The maze (William Cameron Menzies, 1953) **
L'héritier d'un vieux château écossais s'y reclut, refuse les visites et rompt son mariage. Sa fiancée abandonnée, venue voir ce qui se passe, y découvre une présence mystérieuse liée à un labyrinthe. Une sympathique série B suspense/fantastique, un peu trop bavarde mais où l'atmosphère gothique fonctionne bien. La résolution est risible mais concourt au charme de l'ensemble. Il paraît que la 3D d'époque est exceptionnelle. BR US (vu en 2D)

Fiertés (Philippe Faucon, 2018) **
De la dépénalisation de 1981 au mariage de 2013 en passant par le PACS de 1999, les avancées sociétales et légales LGBT françaises à travers trois moments de la vie affective d'un gay parisien. En s'attachant au parcours personnel d'un individu et de ses proches, cette mini-série d'Arte évoque avec solidité et émotion les implications au quotidien des changements. La réalisation n'est qu'un cran au-dessus de "Plus belle la vie" mais qu'importe. DVD FR

Pinocchio (Walt Disney, Hamilton Luske & Ben Sharpsteen, 1940) ***
Un pantin merveilleusement animé apprend à ses dépends la tentation et le courage. Le deuxième classique de Disney est un chef-d'oeuvre intemporel où les péripéties, la féérie, la musique, l'humour, le drame (c'est un film sombre) et la morale se mêlent en un dosage parfait. Certaines des séquences sont parmi les plus belles de toute l'histoire de l'animation. En le revoyant, j'ai réalisé que "Pinocchio" était un "Eyes Wide Shut" pour enfants. BR FR

The endless (Justin Benson & Aaron Moorhead, 2017) 0
Deux frères échappés d'une secte dans leur adolescence y reviennent en visite et sont confrontés à des phénomènes temporels inquiétants. Si le thème est un vrai sujet (la nécessaire rupture avec les schémas familiaux), le traitement est désastreux, entre un poussif scénario en accumulation d'énigmes, le jeu incompétent des acteurs (dont les réalisateurs) et le rythme anémié. Un film fantastique nul, aux bonnes critiques désespérantes. BR UK

Klown / Klovn: the movie (Mikkel Norgaard, 2010) 0
Un futur père indigne, accompagné d'un ami qui ne pense qu'à se taper de la meuf, emmène son neveu d'une dizaine d'années en week-end. Succès à sa sortie au Danemark, cette adaptation à l'écran d'une série force sur le lourd, le gras et le potache dans une succession de séquences de situations sexuelles volontairement ridicules pour faire marrer le spectateur. J'ai laissé tomber au bout de 45' mais il paraît que la fin est pas mal. Ah bon ? BR UK 

Moi, Tonya / I, Tonya (Craig Gillespie, 2017) **
La chute de la patineuse badass Tonya Harding (Margot Robbie, formidable), impliquée - à tort ou à raison - dans l'agression à la barre de fer de sa rivale Nancy Kerrigan avant les JO de Lillehammer. Le film fait du tonitruant scandale sportif de 1994 une satire de l'Amérique d'en-bas en orientant le propos vers la réhabilitation de Harding. La farce de certaines situations jure avec la violence continue des abus qu'elle subit. C'est un peu douteux. BR UK 

Female trouble (John Waters, 1974) ***
A Baltimore, le parcours débridé d'une pouffiasse obsédée de gloire. Chaque instant de ce vrai film culte est un assaut à la bien pensance, à la convention et à l'ouïe par ses provocations visuelles et thématiques, sa fureur anarchiste et le jeu outrancier et hurlant des Dreamlanders (Divine, iconique et David Lochary, Edith Massey, Mary Vivian Pearce, Mink Stole, Cookie Mueller : ils y sont tous). Du cinéma entièrement libre qui n'appartient qu'à John Waters. BR US

Nos années folles (André Téchiné, 2017) *
Un soldat déserteur de la Guerre de 14 que son épouse a l'idée de travestir en femme pour échapper à l'exécution y prend goût, s'y révèle et ne veut pas revenir à la virilité. L'affaire Paul Grappe est un sujet vertigineux qui soulève de nombreuses questions. Malheureusement, ce film au titre malhabile souffre d'une construction artificielle qui plonge le spectateur dans l'ennui. Pierre Deladonchamps et Céline Sallette, eux, sont très bons. BR FR  

2 commentaires:

  1. Je n'ai pas non plus aimé ce mélange des tonalités (I, Tonya), le film avait de quoi plaire. je trouve le sujet et la force du personnage digne d'intérêt mais le traitement est étrange, une sorte de croisement entre les Coen et le Goodfellas de Scorsese en moins maitrisé. Dommage....

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    1. Tout à fait, et le résultat est moralement désagréable.

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