8 septembre 2018

Films vus par moi(s) : septembre 2018


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Sur le chemin de la rédemption / First reformed (Paul Schrader, 2017) **
Dans un bourg de l'état de New York, le pasteur qui s'apprête à célébrer les 250 ans de son église affronte une dépression. En format 1:33, en décors austères et en couleurs froides, ce (mélo)drame existentiel panache une multitude de thèmes, de la foi au complexe de culpabilité, du terrorisme à l'environnement, dans un esprit qui évoque Bergman et Bresson, mais à l'américaine. Ethan Hawke porte le film : il n'a jamais été aussi bien. BR US

Le village des damnés / Village of the damned (Wolf Rilla, 1960) ***
Suite un incident énigmatique dans un village anglais, les femmes donnent naissance à des enfants surdoués et dépourvus d'émotions. Ce classique de la peur réussit avec un scénario solide, des effets simples et des images indélébiles à créer un climat d'inquiétude qui résiste au passage du temps. Les monstres blonds inexpressifs sont l'une des plus belles créations du cinéma fantastique et George Sanders est parfait en père en proie au doute. BR US

Iceman / Der Mann aus dem Eis (Felix Randau, 2017) **
Il y a 6.500 ans dans les Alpes, un homme de l'âge du cuivre dont la famille est assassinée part à la poursuite des meurtriers. L'homme, c'est Otzi, le cadavre modifié trouvé en 1991 à la frontière Italo-autrichienne dont le film propose une explication à la mort mystérieuse. La reconstitution réussie de la micro-société préhistorique et la splendeur des paysages compensent la linéarité simple de l'histoire, presque sans parole. Une bonne surprise. BR UK 

La mort en ce jardin (Luis Bunuel, 1956) *
En Amérique du Sud, une révolte d'ouvriers écrasée par l'armée force un parisien expatrié, sa fille sourde-muette, un mercenaire, un prêtre et un pute à s'enfuir dans la jungle. Le film d'aventures de Bunuel se traîne pendant une heure d'exposition puis décolle un peu dans la forêt par une malice du scénario. C'est le casting quatre étoiles (Vanel, Marchal, Signoret, Piccoli) et le magnifique Eastmancolor qui surclassent cette oeuvre mineure. BR UK

Lady Bird (Greta Gerwig, 2017) ***
En 2002 à Sacramento, l'année d'une lycéenne de terminale aux opinions tranchées en conflit affectif avec sa mère. D'esprit autobiographique, un coming of age movie dont l'histoire suit des chemins balisés mais dont la fraîcheur, l'humour, la sincérité, l'intelligence des dialogues et de la mise en scène étincellent. Saoirse Ronan et Laurie Metcalf sont formidables, le reste du casting aussi. Et quel plaisir de retrouver Lois Smith. Très très chouette. BR DE

Les initiés / Inxeba / The wound (John Trengove, 2017) **
Dans la campagne d'Afrique du Sud, lors d'une semaine d'initiation, un jeune homosexuel se rend compte que son parrain est gay aussi, mais en secret. A partir d'un rite de passage tribal, ce film sud-africain sobre et douloureux pose un regard sans concession sur la masculinité africaine et la tradition face à la disruption sexuelle. Il dit qu'il y encore du chemin à faire, ce que les manifestations hostiles à sa sortie pourtant confidentielle ont confirmé. BR US  

La route sauvage / Lean on Pete (Andrew Haigh, 2017) **
Après la mort brutale de son père, un jeune palefrenier part à pied à travers le désert à la recherche de sa mère, accompagné d'un cheval qu'il a volé. Porté par l'interprétation intense de Charlie Plummer, un film émouvant mais pas sentimental sur l'instinct de survie et les laissés pour compte de l'Amérique, à travers la métaphore d'un adolescent à la dérive et de sa carne. La tristesse qui s'en dégage est celle des vies gâchées. BR UK

Messaline / Messalina Venere Imperatrice (Vittorio Cottafavi, 1960) *
En 38, la vestale Valeria épouse par intérêt politique le vieux Claude et devient Impératrice de Rome sous le nom de Messaline tout en restant amoureuse d'un centurion. Cottafavi ne s'est pas cassé avec ce peplum poussif dont émergent seulement quelques belles images un peu osées, portées par un superbe Technicolor et la tragique Belinda Lee, piètre actrice mais splendide animal dont le visage en gros plan fait des merveilles. BR FR

Dracula (Jean Boullet, 1963/2018) ***
L'essai de reconstruction (à partir des chutes retrouvées) du Dracula du fantasque Jean Boullet laissent à imaginer que ce film d'animation mythique eût été un chef-d'œuvre. C'est la première partie du roman de Bram Stoker, l'arrivée de Jonathan Harker au château, qui est transcrite à l'écran dans des séquences en ombres chinoises inspirées de l'Expressionnisme, de Cocteau et de Reiniger. Une résurrection de 9 minutes absolument magiques. DVD Z2 FR - inclus dans le livre "Midi Minuit Fantastique, vol 3" de Nicolas Stanzick

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire