*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait
Comancheria / Hell or high water (David Mackenzie, 2016) ***
Dans le Texas des bourgades et des plaines, deux frères braquent des banques. Quatre cowboys et Indiens contemporains et désabusés traversent ce puissant drame intimiste sur fond de paysages à l'infini. L'action est parcimonieuse et sert de révélateur à l'Angst existentiel de chacun à des tournants de leurs vies. Jeff Bridges et Chris Pine sont formidables, comme les autres rôles, grands et petits. De la hauteur des classiques. BR US
L'Ange Exterminateur / El Angel Exterminador (Luis Bunuel, 1962) **
A Mexico, les invités d'un dîner mondain ne peuvent mystérieusement pas ressortir de la demeure de leurs hôtes. Confinés ensemble, le vernis craque et l'élite de la société retombe dans la pulsion et la barbarie. Une fable féroce mais touchante sur la fragilité de la Bourgeoisie (et de chacun) enfermée dans ses codes (et sa tête). Par petits incidents absurdes, Bunuel amuse et intrigue sur une trame de film fantastique. A chacun son interprétation. BR FR
Godzilla / Gojira (Ishiro Honda, 1954) ***
Un monstre réveillé de la mer par des essais nucléaires sème le chaos dans une île puis à Tokyo. Le film qui lança la mythologie Godzilla reste une oeuvre passionnante (dans son état original, sans les ajouts américains) par sa forme, inspirée de King Kong, et son sujet métaphorique sur les traumas du Japon de l'après-guerre. L'action est dynamique et les trucages, démodés mais pas obsolètes, ont un charme indéfinissable. Une heureuse révision. BR FR
Un mauvais fils (Claude Sautet, 1980) ***
Sorti de prison pour trafic de drogue, un trentenaire retourne chez son père qui le tient à distance. La présence physique et la fragilité psychique de Patrick Dewaere (dans l'un de ses meilleurs rôles) est exploitée comme jamais dans ce drame intimiste dont tous les personnages sont des blessés de la vie et d'eux-mêmes à divers titres. Yves Robert, Brigitte Fossey, Jacques Dufilho et Claire Maurier y font de bouleversantes performances. DVD Z2 FR
Chemin de Croix / Kreuzweg / Stations of the Cross (Dietrich Brüggemann, 2014) **
Dans une famille catholique fondamentaliste, une adolescente allemande de 14 ans décide de se refuser au Monde en sacrifice. Le titre, pour certains, sera la critique. Le cinéma nihiliste germain étant plutôt de mon goût, j'ai aimé ce film implacablement austère construit en 14 plans-séquences, chacun une étape du chemin de croix. La jeune martyre (Lea van Acken) et sa terrible mère (Franziska Weisz) sont incroyables d'intensité. Brutal. BR UK
Passeport pour la honte / Passport to shame / Room 43 (Alvin Rakoff, 1958) **
A Londres, une Française est prise au piège d'un réseau de prostitution. Si le dernier tiers du film cède un peu à la facilité des péripéties, le reste est fascinant dans la description du demi-monde du bordel. L'histoire sentimentale accolée est touchante et la mise-en-scène efficace. Odile Versois est juste bien mais Diana Dors rafle la mise comme silhouette et comme actrice. Eddie Constantine est formidable aussi. Du bon Pulp british. BR UK
The Love Witch (Anna Biller, 2016) **
En Californie, une séduisante sorcière contemporaine utilise des charmes pour conquérir ses hommes. Après "Viva" en 2007, Anna Biller remet ça avec ce Women's Picture post-moderne au style visuel flamboyant, re-création des outrances pop Sixties et Seventies. Les filles superbes portent un discours féministe sur le conditionnement de la Femme à n'exister que pour l'Amour. Un film absolument unique entre pastiche kitsch et film d'art. BR US
Je ne suis pas votre Nègre / I Am Not Your Negro (Raoul Peck, 2016) ***
Adaptation d'un manuscrit inédit de James Baldwin autour du traitement des Noirs aux Etats-Unis et des assassinats de Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. Un documentaire percutant qui met en miroir images d'archives et contemporaines en laissant la parole à Baldwin, dont la pensée, l'éloquence et la colère froide forcent l'admiration. On pense qu'on sait tout ça et à la fin, on se pose des questions sur ce qu'on pensait. Fort. Netflix
Les gangsters / Payroll (Sidney Hayers, 1961) ***
A Newcastle, des comparses qui ont braqué l'argent d'une fourgonnette blindée en subissent les conséquences. Un excellent thriller anglais qui panache film de casse, de paranoïa et de vengeance. La mise en scène sèche, le montage nerveux et le score jazzy apportent un dynamisme remarquable, amplifié par le tournage tout en extérieurs et le casting sans faute. Un petit budget sans doute, mais un grand effet. Belle découverte. BR UK
Emprise / Frailty (Bill Paxton, 2001) **
Un père veuf (Bill Paxton) persuadé d'avoir la mission de détruire des démons humains entraîne ses deux jeunes fils dans ses meurtres à la hache. Le fanatisme religieux, la responsabilité parentale et la fidélité familiale des enfants sont les trois thèmes imbriqués dans ce thriller d'atmosphère. La participation des gamins aux horreurs est perturbante et les twists de la fin remettent tout en perspective. Un bon film à controverse. BR FR
Show Boat (James Whale, 1936) ***
De 1890 à 1930, du Mississippi à Broadway, le parcours d'une chanteuse de théâtre (Irene Dunne). Le Musical de Kern & Hammerstein est transposé formidablement à l'écran par Whale qui imprime un dynamisme sans faille à la comédie, au mélodrame et aux séquences chantées tout en offrant à ses acteurs des rôles superbes. Le casting est hors pair et Paul Robeson interprète un "Ol' Man River" bouleversant. Un des très grands Musicals. BR US
La petite voleuse (Claude Miller, 1988) *
En 1950 dans une petite ville, une jeune fille peu farouche (Charlottte Gainsbourg) qui s'ennuie en volant cherche à échapper à son quotidien. Avec la même équipe que "L'effrontée", le film n'arrive pas à créer la même magie. La faute à une histoire (de François Truffaut) trop banale et pourtant parsemée d'excellentes séquences, comme celles avec Didier Bezace en amant plus âgé. Au final, quelque chose fait que la sauce ne prend pas. BR FR
Hollywood (Ryan Murphy & Ian Brennan, 2020) *
En 1947, des jeunes aspirants aux métiers du cinéma travaillent sur un film où l'actrice principale est noire. Cette uchronie au sujet astucieux (le triomphe des minorités aux Oscars) est un touchant hommage aux maltraités de Hollywood qui y prennent leur revanche. Le casting des charismatiques personnages âgés est génial (Patti Lupone). Mais je n'ai pas aimé les angles des prises de vue, l'omniprésent score jazzy et la propreté immaculée. Série Netflix
Memories of murder (Bong Joon Ho, 2003) ***
Dans la campagne coréenne, deux flics locaux et un venu de Séoul traquent un serial-killer de femmes. Un fascinant hybride de policier, de comédie et de fable existentielle, ce film qui s'intéresse plus aux personnages et à l'atmosphère qu'au suspense des péripéties est aussi une métaphore sur le pourrissement des corps, des âmes et de la société. Le casting et la mise en scène à morceaux de bravoure sont époustouflants. Un chef-d'oeuvre. BR FR
Le solitaire / The lonely (Jack Smight, 1959) ***
The Twilight Zone/S1/E7. Condamné à l'isolement total sur un astéroïde désert, un détenu reçoit de l'administration pénitentiaire une femme-robot. Comme d'habitude, Rod Serling et The Twilight Zone ouvrent par le fantastique des questions existentielles abyssales. Ici, les bénéfices et les risques de la projection d'affect sur une image. Sans aucune fioriture, l'épisode en évoque l'essentiel et nous fait sacrément réfléchir. Brillant. DVD Z1 US
Della (Robert Gist, 1964) **
Un jeune promoteur immobilier va voir une riche veuve qui vit recluse dans sa propriété avec sa fille pour tenter de la convaincre de signer un deal. Un téléfilm de 60' au scénario absurde (les deux femmes se protègent du soleil) et aux décors de studio mais qui réserve les joies de voir Joan Crawford dans des tenues à la classe extravagante (alors qu'elle est confinée) et souvent filmée en gros plans. Un modèle exemplaire de high camp. YouTube
Mother! (Darren Aronofsky, 2017) **
Un écrivain en panne et sa jeune femme sont importunés par des inconnus venus s'installer dans leur manoir isolé dans la campagne. Cette variation sur "Rosemary's Baby" semble une métaphore subversivement originale sur la maternité ou le sacrifice marial jusqu'à la dernière minute, très décevante. Jennifer Lawrence est impressionnante dans un personnage brutalisé et un jeu intense sur lesquels tout repose. Du cinéma provocateur et un peu fou. BR UK
Freud, passions secrètes / Freud (John Huston, 1962) ***
A Vienne en 1895, prenant en consultation une patiente névrosée (Susannah York), Freud découvre le Complexe d'Oedipe. L'étape majeure de la découverte de l'Inconscient est racontée en vulgarisation efficace dans ce qui n'est pas un biopic mais une enquête dans la psyché faite de gros plans de visages et de dialogues dynamiques. Les thématiques sexuelles sont audacieusement évoquées et Montgomery Clift, abîmé, est excellent. DVD Z2 ES
L'effrontée (Claude Miller, 1985) ***
Au début des vacances d'été, un gamine de 13 ans qui s'ennuie s'énerve sur son entourage et s'entiche pour une pianiste prodige de son âge. La fraîcheur teintée d'Angst adolescente de Charlotte Gainsbourg illumine tout le film, dont chaque scène est une merveille de sensibilité et de justesse. On regarderait pendant des heures les personnages s'affronter et se retrouver, entre sourire et inquiétude. La petite Julie Glenn casse la barraque. BR FR
La famille Suricate / The Meekcats (James Honeyborne, 2008) *
Dans la plaine inhospitalière du Kalahari, un petit suricate apprend la survie auprès de siens. Produit par la BBC et Weinstein, un docu-fiction animalier qui cible les enfants en exploitant à fond l'anthropomorphisme de ces adorables petits mammifères africains sur un scénario convenu mi-David Attenborough, mi-Bambi. Les plans du paysage et des animaux sont superbes et Paul Newman y termine sa carrière en faisant le narrateur. BR FR
Tom ,
RépondreSupprimerPlutôt un très bon mois en somme : )
"Chemin de croix" est dans la besace, très intrigué que j'étais à la lecture de ton avis (et après avoir vu la bande-annonce)
Je n'ai pas vu "Memories of Murder" mais je n'avais pas du tout aimé "The Host". Je suis curieux de voir ce que donne "Parasite", je n'ai quasiment rien vu du film donc j'irai quasi vierge
J'avais vu "Emprise" au ciné dans une salle dans laquelle une ou deux personnes avaient crié pendant les scènes les plus directes et violentes du film. Un bon souvenir de séance perturbée par les évènements se déroulant en direct, comme quoi le film faisait réagir. Pas revu depuis sa sortie, mais je me souviens d'un film solide avec des twists en effet très ambigus. Le scénario est tout de même incroyable.
Bon Anna Biller me tente (et pas seulement parce qu'elle est hyper sexy, même si ça compte). Je n'ai jamais rien vu d'elle, mais ça me donne de plus en plus envie, sauf que je crois que les BR sont zonés ?
Oui Jordan, un bon mois et de chouettes découvertes et redécouvertes. J'aime beaucoup les films de Bong Joon Ho que j'ai vus (sauf Snowpiercer qui est fabriqué et impersonnel). Parasite est excellent et mérite son succès. Emprise est assez choquant, j'imagine que le voir en salle à l'époque n'a pas plu à tout le monde... The Love Witch est très sympathique dans sa forme et ce qu'il dit. Par contre la BA dévoile tout le film... Le BR US est toutes zones.
RépondreSupprimerI am not your negro est une claque monumentale. Rare sont les films documentaires m'ayant autant bousculé dans mes certitudes. Indispensable !
RépondreSupprimerOui, un film très éloquent.
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