5 février 2022

Films vus par moi(s): février 2022


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

The leather boys (Sidney J. Furie, 1964) ***
À Londres, un jeune homme marié à une fille un peu soûlante se lie d'une amitié fusionnelle avec un biker excentrique qu'il attire. Filmé en décors naturels dans un splendide CinemaScope N&B, un kitchen sink anglais à part qui aborde l'attraction homosexuelle avec tendresse, retenue et justesse malgré une avant-dernière scène vraiment pénible aux yeux contemporains. Colin Campbell, Rita Tushingham et Dudley Sutton sont excellents. BR US

Chercheuses d'or de 1933 / Gold diggers of 1933 (Mervyn LeRoy, 1933) **
En pleine Depression, trois amies choristes à Broadway s'activent pour retrouver travail et amour. L'un des grands Musicals Warner des Thirties s'attaque, sur le ton de la comédie, au sujet de la crise économique et sociale de l'époque. Si le milieu du film patine un peu autour d'un argument de boulevard, les quatre séquences chorégraphiées par Busby Berkeley sont géniales, dont bien sûr "We're in the money" et  l'immense "Remember my forgotten man". BR US

Série Noire (Alain Corneau, 1979) ***
Englué dans son quotidien désespérant, un type entrevoit la possibilité d'une nouvelle vie. Dans la grisaille d'une zone décrépite, quelques personages affectivement cassés se comportent comme des animaux pour leur survie incertaine, sur fond de variétoche. Magnétique, Patrick Dewaere fait une performance d'acteur d'une intensité qui touche à la folie, secondé par Marie Trintignant, Myriam Boyer, Bernard Blier. Un sommet du film nihiliste. BR FR

Berlingot et Cie (Fernand Rivers, 1939) *
Deux vendeurs de berlingots - un quasi-couple - dont le stand de fête foraine a été incendié tentent de nouveaux métiers. Une comédie d'une bêtise et d'une paresse impossibles mais qui se laisse regarder grâce au cabotinage outrancier de Fernandel, tout en dents et en yeux hurluberlus, deux chansons pas mal, la présence de Charpin, Fréhel, Suzy Prim et Temerson et le festival de camp que tout ça représente. Du lourd, mais si on aime... DVD Z2 FR 

Poursuites dans la nuit / Nightfall (Jacques Tourneur, 1957) ***
Un vétéran du Pacifique est poursuivi par deux malfrats dont il a découvert par hasard le butin de cambriolage. Un Film Noir d'atmosphère plus que d'action où les rues à néon du Los Angeles nocturne s'équilibrent en flashbacks avec la blancheur des neiges du Wyoming. Tous les personnages courant après quelque chose, fortune ou raison d'être, le film a une forte tonalité existentielle. Puissant et voix cassée, Aldo Ray est un antihéros parfait. BR FR

Comment réussir dans les affaires sans vraiment essayer / How to succeed in business without really trying (David Swift, 1967) ***
Suivant scrupuleusement les conseils d'un livre de coaching, un laveur de vitres se fait embaucher dans une grosse boîte de Manhattan dont il gravit tous les échelons. Une formidable satire de l'univers corporate dont le propos sur le carriérisme n'a pas pris une ride. Les très bonnes chansons chorégraphiées par Bob Fosse s'intègrent superbement au décor Sixties acidulé et Robert Morse, génial, joue de son visage et de son corps avec une plasticité folle. BR US 

Ce vieux rêve qui bouge (Alain Guiraudie, 2001) ***
Un intérimaire - Pierre-Louis Calixte, le seul pro des acteurs - embauché pour démonter une machine-outil dans une usine qui ferme provoque le désir d'un ouvrier en pré-retraite et du contremaître. Dans le décor décrépit, les échanges bourrus et les attitudes maladroites des deux hommes sont adoucis par l'assurance du jeune technicien, qui les révèle à eux-mêmes. En 50', un moyen-métrage qui annonce le travail à venir de Guiraudie. Magnifique. DVD Z2 FR

7 commentaires:

  1. de la comédie, au sujet de la crise économique

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    1. des idées folles germeront dans son cerveau comme des épines sauvages dans un désert. Et dans quels films https://streamcomplet.land pouvez-vous voir cela par vous-même ?

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    2. La comédie, cette panacée qui est toujours la dernière réponse à tous les drames...

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  2. J'aime bien/beaucoup Guiraudie. Découvert avec "Le Roi de l'Evasion", très beau film et déjà une superbe mise en valeur des paysages naturels. "L'inconnu du lac" avait achevé de me convaincre qu'il est un grand metteur en scène.

    "Série Noire" oui. Dewaere, Trintignant, les seconds rôles, l'ambiance, le film qui sort en 1979, à la fin d'une décennie qui avait vu un acteur se dévoiler au grand public.

    "Qu'est-ce que t'en as à branler d'un connard comme moi ?! Connard ! Pauvre connard ! Pauvre connard !" Corneau laisse tourner, Dewaere l'avait prévenu "Filme et ne coupe rien, il n'y aura qu'une prise". Sa prestation est au-delà des mots.

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  3. Oui, tout est bien chez Giraudie (sauf Voici venu le temps, que je n'aime pas). Il faut que tu voies Rester vertical. Dewaere n'a pas pris une ride et son jeu intense est toujours aussi stupéfiant, presque effrayant.

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  4. Tom, j'ai vu "Rester Vertical". Assez impressionnant sur la forme et le fond également. Et des audaces incroyables (la scène de sexe avec le vieil homme). C'est le film qui a révélé l'acteur Damien Bonnard.

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