7 août 2023

Films vus par moi(s): août 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Femmes en cage / Caged (John Cromwell, 1950) ***
Une jeune femme enceinte (Eleonor Parker) incarcérée pour un vol de 40$ apprend sur le dur les codes de la prison. Un drame social typique de la Warner destiné à ouvrir les yeux du public sur un problème, ici celui des femmes en détention. Toutes les aspects liés sont abordés frontalement sur un rythme de film noir et avec des personnages solidement écrits. Avec un casting exceptionnel, dont Hope Emerson en matrone sadique. BR US 

La Terre des Pharaons / Land of the Pharaohs (Howard Hawks, 1955) **
Avide d'emporter son or dans l'au-delà, le Pharaon Chéops se fait construire une pyramide inviolable mais sa seconde épouse aime l'or encore plus que lui. Malgré un scénario aux enjeux minimaux et un casting risible - Jack Hawkins en roi d'Egypte et surtout Joan Collins incapable de bien jouer -, un peplum dont les reconstitutions, la figuration et la scène du scellement de la tombe figurent parmi les plus grandioses du genre. BR US 

Stillwater (Tom McCarthy, 2021) **
Un ouvrier pétrolier d'Oklahoma débarqué à Marseille tenter de prouver l'innocence de sa fille emprisonnée aux Baumettes pour assassinat. La réussite du film repose, plus que sur les péripéties et la romance, sur l'immersion et l'évolution du personnage de Matt Damon - excellent dans un rôle taiseux mais émouvant - dans le décor d'une Marseille très réelle. Ça, c'est admirable, malgré la musique sirupeuse omniprésente qui affaiblit l'ensemble. Netflix

Knock at the cabin (M. Night Shyamalan, 2023) **
Quatre millénaristes qui ont investi le chalet forestier loué par un couple gay et leur fille leur demandent un sacrifice pour sauver l'Humanité de l'Apocalypse. Un thriller captivant au scénario vraiment original qui semble traiter du complotisme et de l'homophobie avant de s'orienter vers un autre territoire, tout aussi d'actualité. Le message de la fin peut faire grincer des dents mais a le mérite d'aller au bout de ses idées. Avec un excellent casting. BR FR

65 : La Terre d'avant / 65 (Scott Beck & Brian Woods, 2023) 0
65 millions d'années avant notre Jésus-Christ, un pilote que le vaisseau spatial s'est écrasé avec une petite fille sur la planète inconnue tentent de repartir et d'échapper aux dinosaures. Mais combien de crédits, combien d'arriérés d'impôts Adam Driver s'est-il mis sur le dos pour avoir signé pour ce navet intersidéral ? Con et chiant comme pas permis, tout est raté et irrécupérable. Peut-être le plus mauvais film que j'ai vu depuis toujours ? BR FR

Last spring (François Reichenbach, 1954) ***
Assoupi dans une prairie à la campagne, un jeune homme imagine que son amant resté à New York cherche à l'éviter. Fait aux USA par Reichenbach avec deux amis gays, un court-métrage muet de 22' qui évoque Genet et Anger, mais sur un ton très différent, d'un romantisme élégiaque peu commun dans les Fifties. Les images - de la pure Americana - sont belles, les garçons font penser à James Dean et la fin fait plaisir. La Cinémathèque Française en ligne  

Malignant (James Wan, 2021) **
A Seattle, une trentenaire a des visions des meurtres commis par un personnage en noir féroce et véloce. Elle va découvrir qui c'est. Nous aussi, dans un twist bien tordu de ce film d'horror qui bénéficie du savoir-faire irréprochable de James Wan, maître en la matière. L'atmosphère néo-gothique, le sens de l'inquiétude, un peu de mélo et le gore biologique s'accordent pour qu'on ne s'ennuie pas un instant. Si on aime le genre, on devrait aimer. BR UK

Hercule à New-York / Hercules in New York (Arthur Allan Seidelman, 1970) NSP
Las de l'Olympe, Hercules descend à New-York où il est pris en en charge par un petit vendeur de bretzels. Cette comédie fauchée au scénario débile, aux acteurs incertains, à l'humour bébête et à la réalisation plate serait un navet irrécupérable sans Arnold Schwarzenegger à 22 ans. Tout juste débarqué d'Autriche et dans son premier rôle à l'écran - sous le nom d'Arnold Strong - il lutte avec l'anglais mais nous en met plein la vue. BR DE

Rêves / Dreams / Yume (Akira Kurosawa, 1990) **
Huit rêves de Kurosawa mis en images en huit courts-métrages. La beauté visuelle des plans magnifiquement construits rééquilibre l'étirement éprouvant de certains d'entre eux qui manquent de provoquer l'ennui. Mais l'imaginaire du Japon convoqué est passionnant et l'aspect visionnaire des séquences pessimistes - désastre environnemental, danger nucléaire - donnent au film une résonance toute contemporaine. Une oeuvre très personnelle.BR UK

Fall (Scott Mann, 2022) **
Deux amies grimpeuses se retrouvent piégées au sommet d'une tour de télécommunication abandonnée haute de 600 mètres dans le désert californien. Malgré les clichés et la succession d'invraisemblances, ce thriller du vertige fonctionne par son contexte original, son sens magistral du suspense quand elles commencent à escalader le pylône et son application - presque - sans défaut de la règle des trois unités. Un shot d'adrénaline. BR UK

Le tigre / Daheo (Park Hoon-jung, 2015) **
En 1925, dans la montagne enneigée d'une Corée sous domination japonaise, un chasseur et son fils, un groupe d'hommes et des militaires poursuivent un tigre quasi-légendaire. Avec le grand félin - en CGI plutôt réussis - en symbole de la Corée meurtrie, un film d'aventures qui mêle action, mélodrame et métaphore comme le cinéma populaire asiatique en raffole. L'hybride est peu comme Dersu Uzala qui rencontrerait King Kong. BR US

S'en fout la mort (Claire Denis, 1990) **
Un Martiniquais et un Béninois illégaux (Alex Descas et Isaac de Bankolé) sont recrutés par un entrepreneur crapoteux (Jean-Claude Brialy excellent à contre-emploi) pour mener des combats de coqs. Dans le décor décrépit de Pondorly, l'arène des coqs, au-delà de la portée documentaire, sert de métaphore à celle des deux hommes exploités dans une emprise qui reste coloniale. Un film direct mais sensible sur un sujet rarement traité. BR FR

Mon oncle d'Amérique (Alain Resnais, 1980) ***
L'évolution de trois personnages (Roger Pierre, Nicole Garcia et Gérard Depardieu) confrontés au choix et au changement. La part consciente et inconsciente du comportement, basée sur la théorie de la domination du neurobiologiste Henri Laborit qui apparaît à l'écran pour la présenter, structure ce film choral aux péripéties dramatiques et sociologiques magistralement orchestrées par Resnais. Du cinéma de forme et de contenu vraiment captivants. BR FR

Les Trois Mousquetaires (Martin Bourboulon, 2023) *
Venu à Paris joindre le corps des Mousquetaires du Roi et s'étant lié avec trois d'entre eux, le jeune D'Artagnan est amené à déjouer un complot contre Anne d'Autriche. Les personnages et péripéties immortalisées par Dumas sont là, la production est superbe mais la mise en scène illustrative dénuée de tout souffle et panache plombe l'ensemble qui se regarde poliment. Le casting va du bon au médiocre mais avec un Louis Garrel de rêve en Louis XIII. BR FR

BlackBerry (Matt Johnson, 2023) **
De 1996 à 2007, le développement et la chute du premier mobile, laminé par l'arrivée de l'iPhone. Centré sur les personnalités extravagantes aux origines du BlackBerry, un film d'histoire technologique et commerciale qui s'attache en thriller à la dynamique d'entreprise et en comédie dramatique au parcours humain. C'est à la fois éducatif et divertissant et d'un ton original dans le genre formaté du biopic des marques. AppleTV

Master gardener (Paul Schrader, 2022) **
En Louisiane, un ex-suprémaciste reconverti en jardinier prend en apprentissage la petite-nièce métissée de la riche propriétaire du domaine où il travaille. Les rapports de force tordus entre les personnages esseulés (Joel Edgerton en taiseux, Sigourney Weaver en marâtre, Quintessa Swindel en jeune déclassée) et la mise en scène dégraissée de Schrader donnent à ce film de rédemption une froideur assez étonnante. AppleTV

6 commentaires:

  1. Et oui le Blackberry, une certaine époque du téléphone portable. Certaines personnes autour de moi en étant très friandes (car clavier, ce que n'ont pas les Iphone) et de voir arriver l'Iphone a justement été une révélation et une révolution. Cela fait partie de l'Histoire des technologies. Après le principe d'en sortir un tous les six mois ou presque me paraît totalement abusé.

    Très bon ce "Malignant" avec comme tu l'a souligné ce final totalement tordu ( même techniquement parlant avec les travellings qui rappellent ceux du clip "The kids aren't alright" d'Offspring)

    Il y a un côté très cinéma baroque, giallo italien des années 70-80 dans ce film, une très belle photo. Un scénario à tiroirs également. Et alors là je suis surpris car tu écris l'avoir vu sur le BR français ? Il me semblait qu'il n'était pas sorti en fr. Je l'ai mais en BR italien avec VF et sous-titres français ?

    Il est également sorti en UHD 4k en Allemagne. C'est un des mystères récents de la vidéo : sorti en salles en France mais pas sorti sur support physique par la suite.

    J'ai "Hercule à New York" en VHS : - )

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    1. En effet, je me suis trompé, Malignant c'est un BR UK. J'ai beaucoup aimé le film mais je n'aime pas du tout le giallo italien, ton rapprochement m'étonne un peu.

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    2. James Wan revendique régulièrement être un fan de giallo. C'est une des raisons pour lesquelles il voulait en réaliser un, à sa manière. "Malignant" est à la croisée du slasher du début des années 90 Scream et consorts et du film fantastique avec un arrière-plan de giallo façon films italiens des années 70, que ce soit du Bava ou du Argento.

      Pour l'utilisation baroque des couleurs primaires, des contrastes, des effusions de rouge, de vert par exemple. Le plan où la caméra est penchée sur le corps de l'héroïne plongée dans le rouge en disant "Where are you Gabriel ?" rappelle celui de Jessica Harper dans "Suspiria" Rosso" non pas techniquement pour la pose mais pour l'utilisation d'un visuel baignant l'héroïne dans un décor et un éclairage expressionnistes, tout comme dans "Le corps et le fouet" de Mario Bava avec l'utilisation du clair-obscur, des gros plans sur l'héroïne avec les variations des tons chauds

      Il y a aussi un plan à 0"49s dans la BA celui en gros plan du ciseau ressemblant alors à une lame (qui est souvent l'arme du crime dans le giallo)

      On peut enfin penser à "Ring" d'Hidea Nakata (la démarche du Mosntre); Bref c'est un film riche d'influences qui possède néanmoins sa propre patte.

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    3. Merci pour tes explications. Vu comme ça en effet je comprends les références mais ne connais pas assez le giallo pour les identifier. Ring c'est vrai, je me disais bien que j'avais vu ca ailleurs...

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  2. "65 " -> le "pire film que tu aies vu ?" Cela doit être une sacrée purge alors pour ce que j'en lis.... Tu aimes bien Adam Driver d'habitude ? Ou peu ? ou pas ?

    Le dernier Shyamalan m'intrigue (comme tous ses films en fait). J'y trouve parfois de belles déceptions dernièrement (Split) ou de sacrées bonnes surprises ("Old" sauf le final, que je trouve totalement raté)

    Quant à "Femmes en cage/Caged", c'est l'ancêtre du WIP ? (women in prison). Le premier film d'une longue série ? J'ai cru que tu parlais au début de "Femmes en cage/Amazon Jail" d'Oswaldo de Oliveira qui date de 1982.

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    1. Oui, 65 est nul sans rédemption. Driver m'est assez indifférent mais il est la seule chose intéressante du film s'il fallait en trouver une.
      Les derniers Shyamalan sont très bons je trouve, dont Old, mais comme toi, je trouve que la fin est ratée.
      Oui Caged de 1950 est le prototype du WIP, et le meilleur à mon avis parce qu'il a des choses à dire aussi.

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