9 septembre 2023

Films vus par moi(s): septembre 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

La fièvre monte à El Pao (Luis Buñuel, 1959) *
Un fonctionnaire idéaliste se retrouve gouverneur par intérim d'une dictature bananière du Golfe du Mexique et empêtré dans les intrigues de pouvoir. Les images en superbe noir et blanc surclassent ce film mineur de Buñuel qui semble avoir été peu intéressé par le sujet. Sauf par Maria Felix, qu'il filme comme une vamp hollywoodienne. Gérard Philipe, déjà malade, terne et amaigri, ignore que c'est son dernier film et ça c'est émouvant. BR FR 

I feel good (Benoît Delépine & Gustave Kervern, 2019 ) **
Un loser-né macroniste s'installe dans la communauté Emmaüs que dirige sa soeur et tente de faire fortune en convaincant les compagnons de faire de la chirurgie esthétique pour retrouver leur estime de soi. Jean Dujardin - dans un rôle sur mesure - et Yolande Moreau encadrent un casting de non-professionnels formidable dans cette comédie drôle, absurde et touchante sur la dignité des laissés pour compte du capitalisme. Malin. BR FR  

Nefarious (Chuck Konzelman & Cary Salomon, 2023) NSP
Un serial killer dans le couloir de la mort annonce à un psychiatre qu'il est un démon caché dans le corps d'un homme lambda dont il souhaite l'exécution. Les deux acteurs - Sean Patrick Flanery en "démon" est stupéfiant - s'affrontent autour de la théologie et de l'Antéchrist dans ce film de conversation et de manipulation produit et réalisé par des ultra-conservateurs américains. Un très bon film d'horror... aux intentions très problématiques. BR US 

Tár (Todd Field, 2022) **
Une cheffe d'orchestre exigeante se retrouve prise au piège de la cancel culture. La mise en scène brillamment anxiogène et le jeu habité - on est venus pour ça - de Cate Blanchett forcent l'admiration. Mais le double conflit au coeur du récit, le discours anti-woke du début et le suicide de l'étudiante, rendent le message final confus malgré la force de la dernière image. Un film à la fois impressionnant et étrangement insatisfaisant. BR FR

Fire in the sky (Robert Lieberman, 1993) **
En 1975 en Arizona, un bûcheron est enlevé par un OVNI devant quatre collègues. Ils sont vite soupçonnés de l'avoir tué. D'après l'affaire Travis Walton, une histoire d'enquête hybridé de deux impressionnantes séquences de science-fiction - ou plutôt d'horror - placées au début et à la fin. Le reste n'est pas sans intérêt, notamment dans la description du milieu ouvrier et de l'amitié entre le disparu et son meilleur copain. Un film entre deux genres. BR AUS  

La triche (Yannick Bellon, 1984) ***
A Bordeaux, un commissaire installé a une liaison amoureuse avec un jeune homme. Malgré quelques sacrifices aux péripéties dramatiques, le film traite avec audace pour l'époque du thème de la bisexualité et des désordres qu'elle peut entraîner dans une société normative. Victor Lanoux est formidable dans un rôle inattendu pour lui, secondé par Xavier Delluc et un casting sans faute. Un film d'amour aussi sensible que responsable. BR FR

L'été nucléaire (Gaël Lépingle, 2020) **
Quand un accident survient dans la centrale nucléaire près de laquelle ils habitent, cinq amis vingtenaires se confinent dans une ferme isolée et essayent de se tenir informés de la situation. Intimiste et sans effets spéciaux, un film catastrophe tout en suggestion qui diffuse sa mélancolie avec efficacité. Les cinq acteurs sont parfaits dans leurs personnages pleins de non-dits aux prises avec une menace sourde. Une bonne surprise. DVD FR

Le pirate noir / The black pirate (Albert Parker, 1926) ***
Le seul survivant d'une attaque de pirates se venge en devenant le leader de ceux-ci, qu'il veut livrer aux autorités. Le prototype du film de pirates est un spectacle mené tambour battant avec un Douglas Fairbanks bondissant, d'excellentes scènes d'action et un Technicolor bichrome - rouge et vert - précoce. Les clichés du genre sont tous là, introduits par le film lui-même, aussi divertissant qu'influent. Un classique du muet. BR US  

3 commentaires:

  1. C'est évidemment super pour "La triche". En effet, le meilleur rôle sans doute de Victor Lanoux, totalement à contre courant de ses interprétations habituelles. Même si je lui ai toujours trouvé un côté "doux" derrière la caparace. Il est épatant dans le film de Yannick Bellon que je crois, et c'est une très bonne chosee est en train d'être (re)découverte par davantage de personnes notamment avec la sortie toute récente du blu-ray (même je l'ai vu dans l'édition et première édition LCJ en 4/3, mais peu importe). Oui, sensible, émouvant, touchant, un duo d'acteurs qui fonctionne très bien. Je souligne aussi le petit rôle de Michel Galabru que je trouve exceptionnel.

    "Tar" a l'air d'une performance d'actrice habitée, mais peut-être un peu trop calibrée pour les Oscar. Ce que j'en ai vu sonnait comme tel, peut-être que le film en globalité vaut plus que cela. Je n'aime pas trop en général quand un film semble faire clignoter le logo "attention performance d'acteur/actrice" . Même si je reconnais qu'il y a des exemples qui frappant comme "I Tonya" avec la remarquable Allison Janney.

    Pas vu le film mais la BA de "Nefarious" est ..wow. Terrifiante. Si tout le film est comme ça, aussi tendu... Sachant que le concept du film uniquement dialogué est doublement casse gueule (lieu unique et importance des dialogues).

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    1. C'est vrai, Galabru est excellent dans son double rôle dans "La triche" qui est vraiment une redécouverte.

      Oui, Nefarious est très tendu (avec une séquence d'exécution incroyable) mais le message droite chrétienne extrême est un peu gênant, même si cette production conservatrice populaire réalisée hors des grands studios est passionnante à découvrir.

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  2. Le DVD de "La Triche" est bien en 16/9, 1.66:1 et non 4/3 comme je l'avais écrit auparavant. C'est juste que la toute nouvelle édition possède un master restauré.

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