*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas
The Fabelmans (Steven Spielberg, 2022) **
De 1952 à 1965, la jeunesse en famille d'un garçon qui veut devenir réalisateur de cinéma. Spielberg revoit ses débuts dans ce film largement autobiographique construit sur les moments charnière de son parcours d'adolescent. C'est une pure tranche d'Americana typiquement spielbergienne dans sa tendresse pour les personnages, la composition des plans, le montage. Michelle Williams en mère instable porte l'ensemble, illuminé par les petits films du cinéaste en herbe. BR BE
Burning days / Kurak günler (Emin Alper, 2022) ***
Dans une petite ville d'Anatolie, un jeune procureur venu d'Ankara se heurte aux édiles dans une affaire de corruption autour de l'accès à l'eau. L'histoire, construite sur des flashbacks déroutants et qui laisse les pistes d'interprétation ouvertes, est prétexte à dénoncer le renfermement de la Turquie actuelle sur le populisme, le racisme et l'homophobie. Le rythme entre thriller et western, l'excellent casting et la réalisation inspirée rappellent les classiques paranoïaques des années 70. BR FR
L'enfer des zombies / Zombi 2 (Lucio Fulci, 1979) *
Son père ayant disparu, une jeune femme de New York part aux Caraïbes accompagnée d'un journaliste pour tenter de le retrouver mais c'est des zombies affamés qu'ils trouvent. Bénéficiant d'une critique généralement élogieuse, ce film comme presque tous les films d'horror italiens est un navet. Les acteurs sont nuls, les maquillages grossiers et l'histoire sans solidité. Il reste du gore audacieux pour l'époque et surtout un bon usage du CinemaScope. Très moyen. BR UK
La croisière du Navigator / The Navigator (Buster Keaton & Donald Crisp, 1924) ***
Deux jeunes gens gâtés doivent apprendre à se débrouiller quand ils se retrouvent seuls à bord d'un paquebot à la dérive. Les gags de situation s'enchaînent sur un rythme trépidant dans cette comédie qui multiplie les prouesses : la scène de poursuite dans les coursives est un chef-d'oeuvre de précision. Et comme souvent chez Keaton, la femme n'est pas un faire-valoir mais l'égale, dans son action, de l'homme. La partie des "cannibales", en revanche, est bien de son époque... BR FR
Smile (Parker Finn, 2022) **
Après qu'une patiente se soit suicidée devant elle en souriant, une jeune psychiatre sombre dans la psychose, pensant être poursuivie par une entité maléfique. Un bon exemple du nouvel âge d'or du film d'horror qui mixe fantastique et psychiatrie en évoquant la notion de trauma individuel et transgénérationnel. Comme il n'y a aucun second degré, que l'actrice principale (Sosie Bacon, fille de Kevin) est très bien et que le réalisateur connait les ficelles du genre, on ne se fait pas avoir. BR FR
Jody et le faon / The yearling (Clarence Brown, 1946) **
Dans le bayou de Floride vers 1875, un couple qui mène une vie fermière laborieuse laisse son fils de dix ans adopter un faon. Un classique du film familial hollywoodien qui résiste aux bons sentiments pour se centrer sur les épreuves traversées et la mort qui rode. Le tout en décor naturel ou en studio et sur une image Technicolor somptueuse. Si Gregory Peck et Jane Wyman sont parfaits, le jeune Claude Jarman, Jr a un jeu très maniéré, seule réserve pour prétendre au sommet. BR US
Charlie et ses deux nénettes (Joël Séria, 1973) ***
Un quadragénaire à la cool sympathise avec deux copines de vingt ans qu'il emmène vendre des toiles cirées sur les marchés. Serge Sauvion, Jeanne Goupil et Nathalie Drivet forment un trio formidable dans cette comédie qui explore le petit monde des marchés de province avec ses hôtels et ses restos. Le film dégage une atmosphère début des années 70 plus vraie que nature et une grande tendresse pour ses trois personnages principaux. Avec Jean-Pierre Marielle en bonimenteur. BR FR
L'Arche de Noé / Noah's Ark (Michael Curtiz, 1928) ***
Faute, punition et rédemption de l'Humanité pendant la Genèse et la Première Guerre Mondiale. Entrelaçant deux histoires, un film hybride à la fois peplum biblique et mélodrame de guerre, épique et intimiste et muet avec des séquences parlées. La mise en scène est grandiose, notamment pour le Déluge, qui provoqua la noyade de figurants. Erotisés par la caméra, les trois acteurs principaux - George O'Brien, Dolores Costello, Guinn "Big Boy" Williams - sont beaux comme pas permis. Web/Internet Archive
Ulysse / Ulisse (Mario Camerini, 1954) ***
De Nausicaa aux Prétendants, quelques étapes obligées du voyage d'Ulysse. Une très bonne adaptation de L'Odyssée, évidemment simplifiée mais qui en conserve l'esprit dans ses grandes lignes. Sans temps mort ni superflu, le Cyclope, les Sirènes et Circé rythment la narration, portée par de bons effets spéciaux et un Technicolor inventif. En couple séparé par les Dieux, Kirk Douglas et Silvana Mangano (Pénélope) sont étonnamment crédibles et touchants. Une belle surprise. BR FR
Le Dibbouk / Dybuk (Michal Waszyński, 1937) **
En Pologne en 1835, une jeune fille est possédée par l'esprit de son soupirant décédé. Tourné à Varsovie d'après la pièce à succès, le mélodrame fantastique qui est le plus célèbre des films du cinéma yiddish. La beauté des plans et quelques moments superbes - les danses - n'empêchent pas quelque ennui dû à l'enchaînement des scènes de rituels sociaux et religieux hassidiques. Mais chaque image témoigne d'une culture balayée par la guerre et fait du film un document unique. DVD Z2 FR
Sans filtre / Triangle of sadness (Ruben Östlund, 2022) ***
Une croisière de luxe qui ne se passe pas comme prévu redistribue les cartes des rapports de classe entre passagers et équipage. Comme à son habitude, le réalisateur n'y va pas de main morte sur la dénonciation des élites sociales avec cette satire qui tire sur tout ce bouge dans l'ultra-richesse. La charge n'est pas légère mais produit son effet cathartique, comme dans les deux séquences centrales des sentences marxistes et du dîner mal-de-mer. On aime ou on déteste. BR FR
Le jardin des Finzi-Contini / Il giardino dei Finzi Contini (Vittorio de Sica, 1970) **
Entre 1938 et 1943 à Ferrare, deux familles bourgeoises juives de la ville sont peu à peu piégées par nouvelles lois antisémites fascistes. Au début, l'écrin de la photographie esthétisante et la beauté des jeunes acteurs du film (Dominique Sanda, Fabio Testi, Helmut Berger...) peuvent agacer mais ils se révèlent au final très éloquents dans l'évocation de la fin d'un monde. Sans violence ni mélodrame mais avec une profonde mélancolie, le message résonne. BR FR
Dawson City : Le temps suspendu / Dawson City : Frozen time (Bill Morrison, 2020) ***
L'histoire de la petite ville aurifère de Dawson dans le Yukon à partir de bobines de films muets retrouvées par hasard en 1978, enterrées dans le permafrost. Un documentaire extraordinaire, superbement construit. Le profond sentiment de mélancolie qui s'en dégage, porté par les images des gens d'un temps disparu et la musique élégiaque qui les accompagne s'accorde à merveille au sujet, qu'il universalise. La fin est l'une des plus belles choses que j'ai vues. BR FR
Une journée particulière / Una giornata particolare (Ettore Scola, 1977) ***
Le 6 mai 1938 à Rome, une mère au foyer et un homosexuel cultivé se rencontrent dans leur immeuble que les autres occupants ont quitté pour aller assister à l'accueil d'Hitler par Mussolini. Sophia Loren et Marcello Mastroianni sont sensationnels dans leurs rôles à contre-emploi de deux âmes seules que tout sépare et que tout va rapprocher. Sur fond de radio des actualités fascistes et par une mise-en-scène magistrale, le film tisse son propos, qui reste plus que jamais d'actualité. BR US
La saignée (Claude Mulot, 1971) **
Témoin d'un meurtre à New York, un français revenu se réfugier chez sa mère en baie de Somme est suivi par un flic et un tueur américains. Le contraste entre le début dans le Manhattan de 1970 et la suite en Picardie maritime est l'une des surprises de ce thriller existentiel à la fois lyrique et sauvage où Bruno Pradal joue un anti-héros bien de son temps aux prises avec la mafia et des locaux assoiffés de vengeance dans un décor improbable. Une belle redécouverte. BR FR
Le vampire de Düsseldorf (Robert Hossein, 1965) *
Au début des années 1930, un tueur en série se lie avec une chanteuse de cabaret tout en poursuivant ses crimes. Librement inspiré - comme "M" de Fritz Lang - de l'histoire de Peter Kürten, un film assez étonnant, pas tant par son scénario plan-plan que par son style hybride. Le traitement académique est bousculé par l'expressionnisme de la photo et le jeu Nouvelle Vague de Marie-France Pisier. Très bon dans le rôle titre, Robert Hossein est tout en solidité fragile. BR FR
Nuovo Olimpo (Ferzan Özpetek, 2023) 0
A Rome, deux garçons se rencontrent dans un cinéma en 1978, tombent amoureux et, séparés par le destin, se retrouvent trente ans plus tard. Tout est fade et tout est faux dans ce pesant mélodrame académique qui étire sur un ton monocorde et sans aucune trouvaille de mise en scène sa narration poussive. La poudre grise sur les cheveux des acteurs pour les vieillir sent le moisi comme la lumière dorée et les ralentis. C'est Almodovar hélas qu'il eût fallu. Netflix
Le grand défi / Ercole, Sansone, Maciste e Ursus, gli invincibili (Giorgio Capitani, 1965) **
Devant prouver qu'il est l'homme le plus fort du Monde devant Omphale, Hercule est mis au défi de battre Samson. Mais Dalila a coupé les cheveux de celui-ci. Le film est l'un des derniers peplums italiens, une sorte de comédie de boulevard parodiant avec ironie les stéréotypes du genre. Les acteurs sont de second grade, l'humour balourd mais les filles sont très belles et le côté bon enfant sympathique comme tout. Avec quatre culturistes pour le prix d'un. DVD Z2 FR
Pêcheur d'Islande (Jacques de Baroncelli, 1924) ***
En Bretagne, une jeune femme attend le marin-pêcheur dont elle est éprise mais qui rechigne à l'épouser. D'après Pierre Loti, un mélodrame de la terre et de la mer qui met en valeur les paysages de la baie de Paimpol et évoque sans pathos la vie inquiète des familles de marins et la pêche au lointain. L'attirance du frère de l'héroïne pour le même homme ouvre une seconde histoire, toute aussi touchante. Tout en retenue, Sandra Milovanoff et Charles Vanel sont formidables. ARTE TV
Caravage / L'ombra di Caravaggio (Michele Placido, 2022) 0
Entre Rome et Naples, les dernières années de Caravage. Entièrement filmé dans une lumière dorée venant de la gauche, la crasse et la gadoue et uniquement concentré sur les tourments de ses personages torturés, un imbuvable biopic qui s'écrase sous le poids de sa propre importance et de son artifice. Par bonne intuition, je n'en ai vu que 20' puis le reste en fast-forward, avec les apparitions cachetonneuses d'Isabelle Huppert et de Louis Garrel. Revoir Derek Jarman. BR FR
Dans la nuit (Charles Vanel, 1929) **
Dans un village de l'Ain, un carrier qui vient de se marier doit porter un masque après un accident qui l'a défiguré. Son épouse prend un amant. Tourné en décors naturels, le seul film de Charles Vanel - qui a aussi le rôle principal - et peut-être le dernier film muet français commence comme un documentaire pour aller vers une sorte de drame fantastique assez étonnant. Quelques longueurs et une résolution décevante sont compensées par la beauté des images. France TV Replay
Quelques commentaires à faire au sujet des films à venir, mais dans l'immédiat, pour info Tom, la boutique Disc King 14ème (il n'en reste plus qu'un désormais), 96 Boulevard du Montparnasse, brade actuellement les DVD/BR à -50%. Une centaine de titres. La remise est effectuée directement en caisse.
RépondreSupprimerJ'ignore combien de temps exactement dure l'opération, depuis quand elle a commencé aussi et surtout si cela est annonciateur d'une mauvaise nouvelle (je n'ai pas demandé), mais il semblerait que l'objectif soit de vider certains stocks.
@+
Merci pour l'info, Jordan. Cela ne présage rien de bien pour la boutique, en espérant me tromper...
SupprimerTom,
SupprimerLe Disc King du 14ème reste ouvert, il s'agit d'une opération temporaire pour écouler plusieurs stocks (ce à quoi je pensais aussi initialement). Je reste vigilant, mais a priori c'est cela d'après ses mots
"Nuovo Olimpo" est d'après toi mauvais alors ? Dommage. J'aime bien ce que fait Ferzan Ozpetek que j'ai découvert la première fois avec "La fenête d'en face". J'ai aimé au moins un film sur deux de lui ensuite. Mais bon il peut arriver qu'il ne soit pas toujours au top ou carrément en manque d'inspiration.
Marcello a t'il été mauvais ? Ou moins bon ? Grand, immense acteur. Et puis j'aimais bien l'écouter dans ses interviews, celle qu'il avait donnée à "Apostrophes "était vraiment très bien
Oui "Sans filtres" c'est adhésion ou rejet total apparemment. Pas vu, pas pris. Mais je n'ai vu aucun de ses films pas même "Snow Therapy" donc je ne peux pas en dire bcp plus à son sujet.
Ah formidable Joël Séria. Oui un cinéma d'un autre temps, totalement révolu, je crois me rappeler que tu n'es pas forcément très fan de Blier des années 70 (ou me trompe-je ?). Mais ça fait partie d'un mouvement cinématographique de libération des moeurs, osé, jovial, audacieux dans lequel j'inclus aussi "Calmos" "Les Valseuses" et "Préparez vos mouchoirs". J'adore aussi "Les galettes de Pont-Aven" et "Les deux crocodiles". En général y'a peu de choses que je n'aime pas de et avec Jean-Pierre Marielle, extraordinaire gouaille. "Comme la lune" ou les répliques qui fusent (et qui font éclater de rire)
Et puis "Marie-Poupée" avec Jeanne Goupil son épouse.
J'aimerais voir "Mais ne nous délivrez pas du mal"
Quant à Fulci et bien tu n'a pas tort. Certains de ses films dans les plus réputés ne m'ont pas vraiment impressionné ('Frayeurs" surtout et un peu "L'au-dela"). Mais un de mes préférés est pourtant l'un de ses plus décriés. C'est "Aenigma" que j'aime bcp. Casting quasi uniquement féminin, et puis j'aime bien voir de jeunes filles court vétues trucidées avec une certaine complaisance. C'est pas le Luci de "La maison près du cimetière" qui est vraiment je trouve très bon, c'est totalement différent et proche de Lamberto Bava et des films 80's un peu fauchés, avec de la musique rockn'roll, du sadisme et une pointe de voyeurisme. Après je suis un amateur de bis et j'aime bcp, parfois adore même Joe d'Amato J'ai une vingtaine de dvd Neo Publishing qui a sorti bcp de films de la période 70-86 lequel était un excellent éditeur
Tant mieux pour le Disc'King où je suis passé du coup mias ils n'avaient plus ce que je cherchais ("Dagon" de Stuart Gordon)
SupprimerOui Nuovo Olimpo est vraiment mauvais. Perso, j'aime beaucoup le cynisme des films de Östlund mais je comprends qu'ils puissent exaspérer.
Tu as raison pour Séria, ses films sont formidables, une France franchouillarde vue avec tendresse. Non, J'adore aussi Blier des années 70-80.
Quant à l'horror et le giallo italien, à part quelques Bava, je n'aime pas du tout, c'est rédhibitoire...