4 décembre 2023

Films vus par moi(s): décembre 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Saltburn (Emerald Fennell, 2023) NSP
En 2006 (sans doute pour éviter que les portables prennent trop de place), un étudiant boursier d'Oxford se lie d'amitié avec un autre, appartenant à l'aristocratie britannique. Je n'ai pas vu plus de 20' - et la dernière scène - du film "dont tout le monde parle", assommé par l'écriture, la définition des personnages, les nudités pour le buzz et la réalisation formatée Style Plateforme. Dans le genre Queer, revoir "Théorème" ou "Le talentueux Mr. Ripley" ? Un pur produit de racolage à mon avis. Prime Video

Sparta (Ulrich Seidl, 2023) **
Un quadragénaire autrichien aux penchants pédophiles ouvre un centre de judo pour jeunes garçons dans un village roumain. Les films de Seidl explorent la part triste de l'humain avec un nihilisme de ton et une froideur dans la mise en scène. Celui-ci n'échappe pas à la règle et explore l'un des plus grands tabous sans aucune scène révoltante mais dans une tension constamment dérangeante où le danger et la violence peuvent survenir à tout moment. Un cinéma des limites. DVD Z2 FR

Les Grandes Manoeuvres (René Clair, 1955) **
Vers 1900, un lieutenant de dragons volage s'éprend d'une divorcée qu'il a séduite par défi entre collègues. Sur une structure narrative et visuelle théâtrales et une photographie couleur magnifique, un marivaudage de conquêtes et de rumeurs à la réalisation soignée mais à l'esprit aujourd'hui assez désuet. Si Michèle Morgan peut agacer avec son personnage maniéré et son ton mélancolique, Gérard Philipe est admirable. Un classique qui m'a plu surtout pour sa beauté plastique. BR FR

Possessor (Brandon Cronenberg, 2020) *
Grâce à un technologie de pointe, une tueuse professionnelle s'implante dans le cerveau d'anonymes, qui effectuent les missions pour elle. Un thriller d'horror technologique, psychologique et organique bien dans les pas du père (David) de son réalisateur, entre épure et gore. Le sujet est très bon mais j'ai été tenu à distance par la froideur de l'ensemble et les zones obscures de la narration. Il reste une histoire, des acteurs et des visuels mais l'engagement est absent. BR UK

Bye Bye Birdie (George Sidney, 1963) ***
En 1963, une teenager d'une ville de l'Ohio est tirée au sort pour être embrassée dans un show TV à succès par l'idole pop Conrad Birdie. Bonbon acidulé aux couleurs Haribo, une time capsule d'Americana et un joyeux Musical truffé d'inventivité visuelle et de chansons dansantes exaltées par la mise en scène dynamique de Sidney. Culture de la célébrité, rapports parents-enfants, Guerre Froide : l'époque y est inscrite, incarnée par l'irruption d'Ann-Margret, sensationnelle. BR US

The Crown, Saison 6 (Peter Morgan & Stephen Daldry, 2023) **
Diana, Margaret, Queen Mum et Elizabeth II par suggestion : les morts des femmes ponctuent la saison finale de The Crown, ouvrant la porte à Charles/Camilla et William/Kate. L'excellence de la production et du casting et le fascinant hybride d'histoire - dont on a été des témoins médiatiques - et de romanesque font qu'on regarde ça comme un soap opera, même si les ficelles narratives et de mise en scène sont devenues familières. Avec une touchante dernière séquence. Netflix

Hercule, Samson et Ulysse / Ercole sfida Sansone (Pietro Francisci, 1963) *
Ayant fait naufrage en Judée, Hercule et Ulysse y rencontrent Samson. Ensemble, ils affrontent les Philistins et Dalila. Un peplum italien tardif un peu poussif qui mêle en Technicolor l'Ancien Testament et la Mythologie Grecque dans un remix à la gloire des culturistes, dont le rouquin Kirk Morris (Hercule). Ça c'est plutôt marrant. En revanche, les résonances avec la situation actuelle entre Israël et Gaza - auxquelles je ne m'attendais pas du tout - m'ont mis étrangement mal à l'aise. DVD US 

The Banshees of Inisherin (Martin McDonagh, 2022) ***
Sur une petite île irlandaise, un habitant décide de rompre les liens avec son meilleur ami, laissant celui-ci désemparé. Au-delà de la métaphore sur la situation des deux Irlandes, une fable inspirée sur l'amitié et ses accidents. Dans le décor cinégénique de la campagne côtière, Colin Farrell - génial de vulnérabilité - et Brendan Gleeson s'affrontent dans ce qui ressemble à une tragédie shakespearienne, situation et personnages. Un film superbe et profondément touchant. BR FR 

Je verrai toujours vos visages (Jeanne Herry, 2023) ***
Soutenus par des médiateurs, des victimes d'agressions dialoguent avec des agresseurs détenus en prison. Une plongée dans les techniques de la Justice Restaurative, un programme méconnu de réparation par la rencontre et la parole. Seul un casting impeccable et une réalisation précise peuvent réussir à jouer les émotions et le naturel d'un film de conversations et de langage corporel sans paraître artificiel. Celui-ci y parvient et c'est vraiment passionnant.  BR FR

Le lycéen (Christophe Honoré, 2022) ***
Dévasté par la mort accidentelle de son père, le désarroi de sa mère et le renfermement de son grand frère, un garçon gay de 17 ans va passer une semaine à Paris. Histoire de chute et de ressaut, de liens familiaux et de quête de soi, un beau film sur la douleur et l'adolescence traité avec sensibilité et porté par Paul Kircher, Juliette Binoche, Vincent Lacoste et Erwan Kepoa Falé. La mélancolie, la sensualité et l'énergie vitale s'y panachent superbement. BR FR

Voulez-vous danser avec moi ? (Michel Boisrond, 1959) **
Une jeune femme dont le mari (Henri Vidal dans son dernier rôle) est soupçonné du meurtre d'une prof de danse enquête dans l'école de celle-ci. Un film policier léger et sympathique comme tout porté par une Brigitte Bardot qui n'a jamais été aussi belle. La faune colorée qui peuple l'histoire - une vamp rousse, des homosexuels et des travestis (dont le plus grossier qu'on puisse imaginer) -, le casting et la gaité générale en font un petit chef-d'oeuvre queer et camp. BR FR

Le Monde après nous / Leave the World behind (Sam Esmail, 2023) *
Retranchées dans une résidence de Long Island, deux familles subissent les effets d'une cyberattaque globale qui désactive les moyens de communication. Sur un sujet prometteur, un film raté qui tente de plonger le spectateur dans la même confusion que ses personnages sur une mise-en scène roublarde et gratuite - montages parallèles, points de vue en surplomb, caméra virevoltante... - typique de la grammaire Netflix. Sur un concept proche, revoir le terrible "Testament" (Lynne Littman, 1983). Netflix 

Seules les bêtes (Dominik Moll, 2019) *
Cinq personnes sont mêlées de près ou de loin à la disparition d'une femme dans la neige des Causses. Un pur film de narration, au scénario choral alambiqué fait d'allers-retours temporels et truffé de coincidences invraisemblables. On comprend vite les ficelles mais l'histoire est assez prenante pour qu'on aille jusqu'au bout. Denis Ménochet excelle comme toujours et la séquence à Abidjan montre un pan de cybercriminalité très intéressant. A regarder comme un téléfilm. BR FR

Miracle à Milan / Miracolo a Milano (Vittorio de Sica & Cesare Zavattini, 1951) ***
Une jeune homme candide fait le bien auprès des habitants du bidonville qu'il habite. Derrière le titre qui présage d'une bondieuserie, une fable humaniste et politique ancrée à gauche sur les espoirs et les luttes des déclassés. Le style Néo-réaliste de l'époque éclate sous l'omniprésence du merveilleux dans le scénario et les images. Francesco Golisano est fascinant dans le rôle du héros malgré né dans un champ de choux-fleurs. Un film d'une richesse et d'une poésie uniques. BR UK

La dernière séance / The last picture show (Peter Bogdanovich, 1971) ***
En 1952 au Texas, les jours d'ennui de deux jeunes hommes dans leur petite ville où rien ne se passe. Avec le cinéma local, le sexe - triste - est le seul refuge pour faire passer le temps dans ce film terriblement mélancolique sur l'écoulement des jours et des vies. Une élégie d'Americana loin des clichés où Timothy Bottoms et Jeff Bridges sont secondés par un casting formidable - avec des réserves pour Cybill Shepherd - qui semble tout droit sorti des Fifties. BR DE

4 commentaires:

  1. Il semblerait que la partie commentaire ait rencontré des problèmes techniques pour poster des messages justement.

    Joyeux Noël à toi ainsi qu'à tes proches Tom, passe de très belles fêtes : )

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  2. Je me souviens que j'avais été assez impressionné par "Possessor". Davantage par le mixage audio d'ailleurs remarquable que par l'intrigue, avec des moments suspendus, du suspens et un traitement visuel également frappant. Le film pour moi est un "grower". Au début, puis après le visionnage, un avis positif, et puis plus j'y repense plus je me dis qu'il est vraiment très bon. En tout cas un film perturbant.

    Pas vu le Dominik Moll, en fait je n'ai vu que "Harry un ami qui vous veut du bien" que j'avais adoré, un des meilleurs thrillers des trente dernières années

    Pas familier non plus du cinéma d'Ulrich Seidl mais j'essaierai un de ces quatre, notamment sa trilogie autour de l'amour. J'avais entendu dire tout et son contraire au sujet de "Import/Export" qui est semble-t-il très dur et frontal.

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  3. Peut-être pour Possessor... J'avais vu de super critiques qui m'ont tenté mais je n'ai pas du tout été réceptif à cause de la froideur démonstrative.
    Harry à ce point là ? J'en ai un souvenir de cinéma de bon thriller mais pas plus que ça.
    Pour Seidl, commence plutôt par Rimini puis Sparta qui me semblent bien condenser son cinéma.

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