3 janvier 2024

Films vus par moi(s): janvier 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Maison Margiela Artisanal Collection 2024 Video (John Galliano, 2024) ***
A partir des images du défilé Margiela de la Fashion week parisienne de janvier 2024, Galliano a imaginé un court-métrage de 30' d'une créativité exaltante qui commence par une chanson, continue avec un film et termine avec le défilé lui-même sous le pont Alexandre III. L'atmosphère de bouge, entre Toulouse-Lautrec et Jack l'Eventreur, sied parfaitement aux sublimes costumes portés par les modèles qui évoluent avec un body language fascinant. L'art de la mode à son sommet. YouTube

Lypsinka: Toxic Femininity (Chloë Sevigny, 2024) ***
Un One Wo/Man Show de John Epperson dans son personnage culte et hystérique de Lypsinka qui lip-synch (rejoue en playback) des bandes sonores de Women's Pictures américains et des enregistrements rares de Judy Garland et de Joan Crawford. Chloé Sevigny donne au moyen-métrage une apparence et des effets vidéo qui le rendent étrangement intemporel, autant 1970s que 2020s. C'est un sommet high camp truffé de références aux icônes queer du temps jadis. Et une performance. Internet / thenewgroup.org

Pooky Park (AI, 2023) ***
Une satire géniale de pub TV des années 50 pour un parc d'attraction un peu spécial. En 2'55, ce très court-métrage est à la fois amusant et effrayant dans son histoire et ses scènes surréalistes. Fortement inspiré par The Twilight Zone, il a été entièrement réalisé par intelligence artificielle (ChatGPT pour le scénario, Midjourney pour les images, PikaLabs et Runway pour l'animation). Démontrant les mutations en cours dans l'industrie du cinéma, c'est excitant et terrifiant à la fois. YouTube 

Jeu d'enfant / Child's play (Tom Holland, 1988) **
A Chicago, l'esprit d'un serial killer tué prend possession de Chucky, une grande poupée rousse offerte à un gamin. Un classique de l'horror 80's qui a bien tenu le coup par son mélange d'absurdité, d'humour - la langage ordurier de la poupée infernale - et d'action et par son look 100% d'époque. Le petit garçon cible du jouet joue comme un pied mais il y a Brad Dourif qui prête sa voix à Chucky et les effets spéciaux sont d'avant les CGI. Tout ça est vraiment sympathique. BR US

Acide (Just Philippot, 2023) **
Dans les Hauts-de-France, une adolescente et ses parents séparés fuient vers la Belgique pour échapper à des orages d'acide sulfurique mortels. Sur fond du sujet brûlant des mutations environnementales, un film-catastrophe à la française centré sur ses trois personnages, tous renfrognés et malaimables. C'est l'originalité principale de ce survival désespéré, qui malgré un scénario pas assez ficelé, réserve des images puissantes et une superbe interprétation de Guillaume Canet. BR FR

Le cabanon rose (Jean-Pierre Mocky, 2016) **
Dans un village de la Drôme, les habitués d'un mini bordel disparaissent les uns après les autres. Un assureur nain (Christophe Fluder) et un gendarme local alcoolique enquêtent. Je n'aurai jamais pensé dire un jour que Jean-Marie Bigard est génial mais là, en bourrin bourré, chapeau l'artiste ! Une chouette comédie noire du dernier Mocky aux dialogues et au casting énormes : Bernard Menez, Henri Guibet, Richard Gotainer, Grace de Capitani, François Hadji-Lazaro... BR FR

Parlez-moi d'amour / Che femmina!! E... que dollari! (Geogio Simonelli, 1961) *
A Naples, deux duos d'enquêteurs américains (dont Jacques Sernas et... Raymond Bussières !) cherchent l'héritière inconnue d'une milliardaire new-yorkaise. L'idiotie du scénario est compensée par l'absurdité cocasse des situations, les seconds rôles caricaturaux, l'Eastmancolor, le look 1960 et, bien entendu, la raison d'être du film : Dalida à 27 ans qui chante "Les gitans", "Itsi bitsi, petit bikini", "Romantica", "Milord", "Parlez-moi d'amour" et "'O sole mio". DVD Z2 FR

Pearl (Ti West, 2022) **
Au Texas pendant la grippe espagnole de 1918, une jeune fermière qui rêve d'être danseuse calme ses frustrations par le meurtre. Préquel sur la jeunesse de la vieillarde de "X" (2022), une plongée dans la pathologie mentale entièrement centrée sur la performance  - voix, regard, langage corporel - de l'étonnante Mia Goth, nouvelle reine de l'Horror. On pense à "Carrie", à "Misery" ou à la Dorothy du "Magicien d'Oz" devenue psychotique. Pas mal du tout, dans le genre. BR FR 

Rimini (Ulrich Seidl, 2021) **
Un crooner quinquagénaire allemand (Michael Thomas, formidable) qui se produit l'hiver dans des hôtels pour seniors de Rimini et gigole un peu pour ses fans âgées voit débarquer sa fille adulte dont il ne s'est jamais occupé. Il y a plus de tendresse que d'habitude chez Seidl dans cette comédie pathétique sur un loser prêt à tout pour quelques billets et applaudissements. L'humour froid et provocateur du réalisateur autrichien peut séduire ou dégoûter. C'est l'objectif assumé. DVD Z2 FR

Compartiment n°6 / Hitty nro 6 (Juho Kuosmanen, 2021) **
En 1996, une archéologue finlandaise lesbienne et un ouvrier russe rugueux partagent un compartiment dans un train Moscou-Mourmansk. Le choc des personnalités n'est pas le sujet, qui est celui de la rencontre de deux jeunes gens esseulés qui ont besoin de l'autre, malgré tout. Si la dernière partie à l'arrivée est un peu faible, tout le voyage est captivant, porté par la mise en scène, le décor et les deux acteurs (Seidi Haarla et le charismatique Yuriy Borisov). Un film touchant. BR FR   

Jeanne du Barry (Maïwenn, 2023) **
Personnalité et attitude de la dernière favorite de Louis XV face à l'attachement du roi et à la défiance de la cour. Film historique - visuellement superbe - à la psychologique actualisée à l'époque contemporaine, cette déclaration d'amour de l'autrice-réalisatrice à Mme du Barry et à elle-même pourrait avoir comme sous-titre "Maïwenn à Versailles". Le geste narcissique, outrancier, m'a constamment amusé. La production et le reste du casting sont royaux. BR FR  

Anatomie d'une chute (Justine Triet, 2023) ***
A Grenoble, une écrivaine est jugée pour le meurtre de son mari, tombé d'une fenêtre de leur chalet de montagne. C'est la chute d'un homme autant que celle d'un couple qui sont disséquées dans ce film brillamment écrit, mise en scène et interprété - Sandra Hüller et le jeune Milo Machado-Graner sont époustouflants - qui présente par ailleurs la dynamique d'un procès de façon à la fois pédagogique et haletante. Un sommet du cinéma français contemporain. BR FR

Synchronic (Moorhead & Benson, 2021) 0
A La Nouvelle-Orléans, deux ambulanciers sont confrontés à une drogue de synthèse qui permet de voyager dans le temps. L'un d'eux décide de l'essayer et se trouve une mission à réaliser. Un dérivé de "La machine à explorer le temps" - donc un sujet en or - détruit dans sa seconde partie par la pauvreté de l'enjeu du voyage et l'accumulation absurde des invraisemblances. C'est dommage car ça démarrait plutôt pas mal. H.G. Wells et George Pal peuvent dormir tranquilles. BR FR

2 commentaires:

  1. Bon souvenir, mais alors c'est très (trop?) lointain du premier "Chucky," avec une idée de base géniale en effet. Et puis on faisait dans l'animation classique, en animatronique, effets spéciaux sur plateau avant 1996 et l'émergence des CGI.

    Cela avait un petit côté artisanal qui en faisait tout le charme. Il y a plusieurs volets par la suite dont un "Fiancée de Chucky". J'ai découvert tout récemment qu'il y avait eu un remake en 2019, soit près de 30 ans après le tout premier

    Ah oui Jean-Pierre Mocky, sur tes conseils avisés je me suis pris il y a quelques semaines "La cité de l'indicible Peur". J'ai aussi trouvé "Agent Trouble" avec Deneuve et Bohringer au casting en double programme. Par contre, pour mettre la main sur "Les ballets écarlates", maintenant c'est devenu très compliqué, on le trouve à 200 euros et quelques sur Amazon.

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  2. Je ne verrai pas les autres Chucky, le premier est excellent et les suivants ne peuvent être que de la redite.

    De Mocky, L'indicible peur est génial, je ne connais pas Agent trouble mais j'ai des doutes sur Deneuve chez le réal. Pour Les ballets écarlates, je peux te le prêter comme au bon vieux temps.

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