*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas
The sinful dwarf / Dværgen (Vidal Raski=Eduardo Fuller, 1973) **
Une logeuse et son fils nain trentenaire et voyeur kidnappent des jeunes femmes pour les livrer en pâture à des clients après les avoir droguées. Sur une histoire d'une proximité dérangeante avec l'actualité judiciaire française du moment, un film d'exploitation danois - mais de langue anglaise - entre X et Z dont le budget réduit est compensé par l'outrance des situations et du personnage du nain sordide interprété par un certain Torben (Torben Bille). Tout cela n'est pas du tout correct, évidemment. BR US
Histoire de chanter (Gilles Grangier, 1947) **
A Nice, un chirurgien cocu (Noël Roquevert, toujours impérial) échange les codes vocales d'un livreur gouailleur (Julien Carette) et d'un ténor d'opérette adulé. Une comédie avec chansons au thème idiot et drôle qui permet à Luis Mariano de se laisser aller avec plein d'humour à l'auto-dérision par rapport à sa persona et à sa voix "garantie en sucre". Vu d'aujourd'hui, on se demande comment le rossignol basque a pu avoir ce succès fou auprès des femmes avec ce style à la fois désuet et efféminé. High camp. DVD Z2 FR
L'Origine du Monde (Laurent Laffite, 2021) ***
Un homme dont le coeur s'est arrêté de battre doit apporter sous trois jours à une psy une photo du vagin de sa mère pour travailler ses traumas et rester en vie. Sur un sujet outrancier et particulièrement scabreux, une formidable comédie de situation - adaptée d'une pièce - à la fois très drôle dans ses péripéties, touchante dans ses liens entre les personnages et futée dans son regard sur la psyché. Hélène Vincent est la mère, Laurent Laffite le fils, Karin Viard la femme et Vincent Macaigne le vétérinaire. Netflix
Stranded (Juleen Compton, 1965) *
A l'été 1964, une jeune américaine, son copain et son meilleur ami homo louent un bateau pour croiser les îles grecques. A la modernité du tournage et de l'esprit, qui peut faire penser à de la Nouvelle Vague avec des années de retard, s'oppose le jeu affecté des acteurs, surtout la réalisatrice dans le rôle principal et son pote gay français qui passe son temps à hurler "Mais quelle horreur !". Toutefois il y a de très belles images solaires et la liberté de ton, pour un film américain, reste étonnante. BR US
La cité de la peur / City of fear (Irving Lerner, 1959) **
Echappé de prison avec une urne qu'il croit contenir de l'héroïne, un malfrat (Vince Edwards) transporte avec lui une poudre radioactive mortelle. Munie de compteurs Geiger, la police le traque à Los Angeles en évitant d'affoler la population. Une petite série B au sujet original qui surclasse son évident mini budget par ses nombreuses séquences extérieures tournées dans les rues de L.A., ce qui lui donne un aspect newsreel intéressant. Avec une superbe photo Film Noir et un score jazzy. BR UK
Dolls (Stuart Gordon, 1987) *
Leur voiture embourbée, un père, sa fille et la marâtre trouvent refuge chez un vieux couple qui collectionne des poupées vivantes. Les poupées tueuses sont toujours un bon sujet mais dont la stupidité intrinsèque fait qu'il ne marche que quand il se prend au sérieux. Ici, le jeu outré de trois des personnages pousse vers la farce et déséquilibre le tout. Dommage aussi de ne pas voir plus les jouets maléfiques, formidables en stop motion et animatronics. De l'Eighties pur jus mais un beau potentiel gâché. BR UK
L'abbé Pierre, un vit de combat (Fred Tric, 2024) 0
De l'hiver 54 à sa mort en 2007, cinquante ans des luttes désespérées de l'abbé Pierre contre ses pulsions lubriques. Sur un sujet de société alarmant d'actualité - la solidarité sociale -, le film ne propose malheureusement qu'une succession ininterrompue de scènes sexuelles dégoûtantes autour des assauts du fondateur d'Emmaüs contre ses compagnonnes dévouées et quelques compagnons. Monté comme un âne, l'acteur principal est convaincant en trentenaire mais pas en nonagénaire. Honteux et confus. VHS
L'empreinte du Dragon Rouge / The terror of the Tongs (Anthony Bushell, 1961) **
A Hong-Kong en 1910, le capitaine d'un navire anglais traque le chef des Tongs, le gang mafieux qui a tué sa fille. Lanternes et pousse-pousse, gongs et qipao, courbettes et regards obliques... tous les clichés de la Chine exotique sont au rendez-vous de cet enthousiasmant film de vengeance qui bénéficie du savoir-faire de la Hammer côté décors, couleurs et sadisme. Cerise sur le gâteau de riz, c'est Christopher Lee le méchant, grimé en chinois sournois comme les autres rôles parlants. BR UK
Le pirate des Caraïbes / Swashbuckler (James Goldstone, 1976) **
En 1717 à la Jamaïque, une jeune femme intrépide fait appel à un pirate pour libérer son père, prisonnier du gouverneur britannique corrompu jusqu'à la moelle. Classique dans son traitement, ses décors et son enthousiasme curtizien pour la voltige et l'épée, un entraînant film de pirates évitant le pastiche rigolard pour offrir une sorte de joyeux chant du cygne du genre. Mais rien n'est poussiéreux : le casting (Robert Shaw, James Earl Jones, Geneviève Bujold) et l'esprit sont modernes. BR FR
Pas de vagues (Teddy Lussi-Modeste, 20233) **
En sortant du cadre, un jeune professeur de français de 4e idéaliste provoque dans son collège une rumeur qui défait sa vie. Inspiré par une expérience vécue du réalisateur, un film de société à charge contre l'Education Nationale qui nous place du point du vue unique du personnage vis à vis de son entourage professionnel et privé. Ce choix unilatéral est discutable mais l'histoire, écrite et mise en scène sans fioriture, interpelle et consterne. François Civil, sans surprise, est parfait. BR FR
Meurtre sous contrat / Murder by contract (Irving Lerner, 1958) ***
À L.A., un tueur à gages (Vince Edwards, brillant) accompagné de deux observateurs prépare un assassinat commandité par un parrain. Ce n'est pas le sujet de cette série B qui en fait le génie, c'est son traitement du temps dans l'écriture minimaliste et la mise en scène elliptique. D'un postulat de Film Noir, on se retrouve avec le portrait d'un type qui navigue entre sagesse et sociopathie, indéchiffrable. Cool et tendu à l'extrême, pas étonnant que ce soit un des films de chevet de Scorsese, toujours de bon conseil. BR UK
The Primevals (David Allen & Chris Endicott, 1978-1994-2023) ***
Une universitaire (Juliet Mills), deux scientifiques, un baroudeur et un sherpa partent dans l'Himalaya chercher un Yéti dont ils ont preuve de l'existence. Il a fallu 45 ans pour faire ce film d'aventures rêvé et commencé par Allen - mort en 1999 - et terminé par son collègue Endicott. Peu importe ses acteurs et ses dialogues à la noix : avec ses monstres en stop-motion, ses matte paintings et ses références cinéphiles, quelque chose de King Kong et de Jason et les Argonautes est retrouvé et c'est un enchantement. BR US
Le temps d'aimer (Katell Quillévéré, 2023) ***
De 1947 à 1965, la vie compliquée d'un couple marqué, elle ayant eu un fils d'un officier nazi, lui homosexuel dans le placard. Alors ça, un mélodrame avec ce que le genre comporte de péripéties et d'invraisemblances en 2023 ? Et ça marche, parce que le scénario est sinueux à souhait et qu'Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste sont parfaits. Le film ne l'est pas, la mise en scène manquant de style et de panache mais *** pour la belle histoire d'amour et le culot d'un mélo au temps des préquels et des suites. BR FR
Les sorciers de la guerre / Wizards (Ralph Bakshi, 1977) 0
Dans un lointain futur post-apocalyptique, deux humanités ont survécu : les créatures magiques et les créatures guerrières, dont les deux chefs sont des frères et ennemis mortels. Je n'en ai vu que 20' puis en accéléré tellement l'hybridation des techniques d'animation - classique, travelling sur image fixe, rotoscopie, film... -, l'infantilité de la narration et du propos et la laideur des personnages m'ont insupporté. Il parait que c'est un OVNI-culte. Foutaise. De Bakshi, le film-culte, c'est "American Pop" (1981). BR DE
La blonde de la Station 6 / Station Six-Sahara (Seth Holt, 1962) **
Au fond du Sahara, les cinq contractuels d'une petite station de forage anglaise tournent en rond entre eux quand débarque Carroll Baker. Jouant sans complexe sur la persona de l'actrice dans "Baby Doll" (1956), un huis-clos en sueur dont la première partie - les hommes sont seuls - aux connotations homo-érotiques est aujourd'hui bien plus forte que la seconde - la blonde arrive - aux enjeux attendus et obtenus. A l'époque, tout cela était sans doute titillant au possible, il en reste une chouette curiosité. BR UK
L'entraîneuse (Albert Valentin, 1938) ***
Une jeune entraîneuse parisienne descendue se reposer sur la Côte d'Azur s'y fait une sympathique bande d'amis aisés avant d'être rattrapée par son métier. Cadré par la chanson "Sans lendemain" de Fréhel, un beau film mélancolique d'une juste liberté des situations et des dialogues sur la compartimentation bourgeoise des âges et des milieux sociaux. Dans la lumière solaire méditerranéenne, Michèle Morgan débutante et d'un classicisme fou créé un personnage aussi touchant que déroutant. VHS