2 mai 2024

Films vus par moi(s): mai 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Vermines (Sébastien Vaniček, 2023) ***
A Noisy-le-Grand, un "jeune" passionné d'entomologie rapporte chez lui une araignée mortelle qui s'échappe et se reproduit. Un formidable film d'horreur qui prouve l'irruption réussie du cinéma français dans le genre. Au-delà des bestioles de cauchemar, c'est le contexte de la cité, avec ses décors, ses codes, et son langage, qui apporte l'originalité et le propos : la méfiance panique face à "la racaille". Le casting est parfait - Théo Christine crève l'écran - et la tension malaisante imparable. DVD Z2 FR 

L'homme qui a surpris tout le monde / Chelovek, kotoryy udivil vsekh (Natasha Merkulova & Aleksey Chupov, 2018) ***
Dans l'extrême-orient russe, un homme condamné par un cancer rencontre une chamane qui lui raconte une fable inspirante. Il l'adapte à son cas, provoquant l'incompréhension puis l'hostilité de sa femme et de ses voisins. Physiquement et psychologiquement cruelle, une histoire de croyance, d'audace et de force de vie dans le décor inhabituel d'un village forestier perdu où le réel et l'invisible s'affrontent autour d'un malade aux abois. Un film marquant, d'une rare puissance émotionnelle. DVD Z2 FR

La fiancée des ténèbres (Serge de Poligny, 1945) **
A Carcassonne, une jeune femme qui descend des Cathares et hantée par la mort est courtisée par un homme marié. L'un des films fantastiques - un genre des plus rares en France - produit pendant l'Occupation distille une poésie morbide qui s'appuie sur l'atmosphère, les décors, la photo en clair-obscur et le jeu somnambulique de Jany Holt. Et derrière la romance noire, de multiples interprétations sont possibles : j'y ai vu pour ma part une métaphore de la dépression. BR FR  

Paris secret (Edouard Logereau, 1965) **
Bizarres les gens et choses qu'on peut trouver dans les recoins du Paris de 1964 ! Un documentaire mis en scène à la mode du mondo pour provoquer l'étonnement, l'hilarité et le dégoût des spectateurs. Des putes et des catcheurs, des roms qui mangent des chauves-souris et des hérissons, des travelos, un goûter à la Freaks... Tout cela vu d'aujourd'hui est complètement incorrect, porté par les commentaires graveleux et phobiques et l'incroyable misogynie. Inutile de dire que c'est fascinant. BR FR 

Le sang à la tête (Gilles Grangier, 1956) ***
A La Rochelle, un ex-ouvrier du port qui en est devenu le propriétaire est cocufié par sa femme avec un margoulin. D'après Simenon, une subtile étude de moeurs et de personnalités où la bourgeoisie et la plèbe se rejoignent dans la jalousie et la moquerie envers celui des leurs qui a réussi. Filmée en grande partie dans les décors naturels de la ville, dialoguée par Audiard, l'histoire se déroule sans effets de manche jusqu'à son dénouement digne et émouvant. Jean Gabin est immense. BR FR

El fantasma del convento / The Phantom of the monastery (Fernando de Fuentes, 1934) **
Un couple et leur ami se retrouvent à passer une nuit dans un monastère isolé et - presque - désert. Evidemment inspiré par les Horrors Universal, britanniques et allemandes de l'époque, un film fantastique mexicain à l'atmosphère d'inquiétude réussie grâce aux décors, à la photo expressionniste et au travail sur le son. L'acteur principal n'est pas terrible du tout mais on le suit quand même avec intérêt dans son exploration des corridors et des cryptes aux secrets plutôt morbides. BR UK  

Mon petit renne / Baby Reindeer (Weronika Tofilska Josephine Bornebusch, 2024) ***
Harcelé par une femme déséquilibrée (Jessica Gunning, déstabilisante), un comédien-barman en galère subit le délitement de sa vie. D'après une histoire arrivée à son auteur et acteur principal (Richard Gadd, habité par lui-même), une mini-série exceptionnelle qui retourne les clichés du thriller à la "Misery" ou "Fatal Attraction" pour s'ouvrir sur les ravages du trauma, de la mésestime de soi et de la folie à deux. Le sujet et son traitement sont fascinants, les seconds rôles aussi. Une réussite totale. Netflix 

2 commentaires:

  1. C'était donc ça la fameuse jaquette du Blu-ray que je voyais passer depuis quelques semaines, celle de "Paris Secret" avec Philippe Bouvard. En effet ça a l'air intriguant, d'autant plus après ce que tu peux en écrire.

    "Le sang à la tête" rappelle un peu dans le synopsis "Le jour se lève" de Carné, très bon film au demeurant avec un Gabin vraiment génial dans le rôle de l'amoureux éconduit et au final malheureux. Et un Jules Berry délicieusement ignoble avec son imper' de maquereau.

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    1. Oui, moi aussi je me suis demandé quelle mouche avait pris l'éditeur du BR. Mais en fait, le film est pas mal du tout, dans le genre bien sûr. Il me reste à regarder "Paris Top Secret" qui est aussi sur le disc.

      Gabin est toujours bien même quand il en fait des tonnes dans la dernière partie de sa carrière. Je vois pas de géants comme lui dans le cinéma français.

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