*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas
Identikit / The driver's seat (Giuseppe Patroni Griffi, 1974 **)
Descendue à Rome, une expat américaine cherche l'homme parfait pour la mission qu'elle s'est fixée. Un film plus qu'étrange de la période colorée et WTF d'Elizabeth Taylor. Elle y est d'ailleurs fascinante dans le rôle d'une grande névrosée hystérique aux prises avec quatre mâles, dont Andy Warhol ! Mais derrière le côté indubitablement camp, la fin révèle une noirceur terrible et donne envie de le revoir tout de suite. La narration non chronologique ajoute à la désorientation générale. A redécouvrir. BR UK
Yannick (Quentin Dupieux, 2023) ***
Ennuyé par la pièce qu'il est venu voir, un spectateur prend les comédiens et le public à partie et en otage. Ayant tout détesté dans "Au poste !", je m'étais juré de ne jamais revoir un autre Dupieux. Mais là, le sujet et le casting étaient trop tentants. Et je découvre un film extraordinaire - au sens propre - où l'idée, l'humour, le malaise et l'émotion forment un cocktail à l'équilibre parfait. Le présence et la prestation de Raphaël Quenard y sont pour beaucoup. Dieu soit loué pour ce type. BR FR
Le train des épouvantes / Dr. Terror's House of Horrors (Freddie Francis, 1965) *
Les cinq passagers de la cabine d'un train se font tirer le tarot et prédire le futur par un inquiétant sixième homme. Un loup-garou, une plante vivante, un dieu vaudou, une main coupée et une vampire : ce sont les malfaisants de ce "portmanteau film" britannique qui offre de beaux moments d'atmosphère et la présence de Peter Cushing, Christopher Lee et Donald Sutherland. Mais le concept-même du film à sketchs n'est pas ma tasse de thé même si les cinq histoires ici sont plutôt bonnes. BR UK
Simple comme Sylvain (Monia Chokri, 2023) **
Une prof de philo de Montréal et l'ouvrier qui rénove son chalet forestier ont un coup de foudre. Un rejeton de Lady Chatterley et des mélos de Douglas Sirk qui emprunte des chemins connus mais trouve sa propre voix - en québécois - avec le charisme sexy de Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal et les sourires francs qui se figent peu à peu. Si la charge contre les bobos woke est balourde, elle mène naturellement à la résolution de ce film d'amour qui laisse une boule dans la gorge. BR FR
L'enfer des anges (Christian-Jacque, 1939/1941) ***
A Saint-Ouen, une jeune fille échappée d'une maison de redressement et un garçon laissé pour mort par maltraitance s'intègrent à la tribu des adolescents de la zone. Tourné en partie dans les terribles bidonvilles qui entouraient Paris, un film socialement engagé qui demandait l'action du gouvernement face au scandale des mineurs en perdition et à la prédation des salopards. Le casting est épatant - mention au jeune Jean Claudio, Jean Tissier, Lucien Gallas, Dorville et Fréhel - et la réalisation admirable. BR FR (Prévue pour septembre 1939, la sortie du film fut reportée avec la guerre puis Vichy en exigea une fin positive, qui fut tournée et adoucit malheureusement le propos original).
Juliette des esprits / Giulietta degli spiriti (Federico Fellini, 1965) ***
Soupçonnant son mari de la tromper, une petite bourgeoise timorée est entraînée dans l'imaginaire de ses névroses. Perdue entre ses rêves, ses fantasmes et sa réalité, le personnage incarné superbement par Giulietta Massina traverse des séquences d'un baroque en Technicolor échevelé peuplé de créatures féminines outrancières. C'est qu'elle se débat avec son Complexe-Mère, dans ce film mésestimé et pourtant passionnant de Fellini, alors plongé lui-même dans une analyse jungienne. BR US
Paris top secret (Pierre Roustang, 1969) 0
Un night-club dénudé de Pigalle, un sculpteur qui moule les parties intimes de ses modèles féminins, une soirée organisée où des gens esseulés se lancent de la nourriture, un club zoophile, une jeune femme abusée par prédateur au masque de loup... Autant le "Paris secret" de 1965 était étonnant, autant sa suite de 1969 - rendue obsolète par le passage de Mai 68 - est minable, par la vulgarité mysogine des séquences et le commentaire gras et en-dessous de tout de Philippe Bouvard. BR FR
Vermines (Sébastien Vaniček, 2023) ***
A Noisy-le-Grand, un "jeune" passionné d'entomologie rapporte chez lui une araignée mortelle qui s'échappe et se reproduit. Un formidable film d'horreur qui prouve l'irruption réussie du cinéma français dans le genre. Au-delà des bestioles de cauchemar, c'est le contexte de la cité, avec ses décors, ses codes, et son langage, qui apporte l'originalité et le propos : la méfiance panique face à "la racaille". Le casting est parfait - Théo Christine crève l'écran - et la tension malaisante imparable. DVD Z2 FR
L'homme qui a surpris tout le monde / Chelovek, kotoryy udivil vsekh (Natasha Merkulova & Aleksey Chupov, 2018) ***
Dans l'extrême-orient russe, un homme condamné par un cancer rencontre une chamane qui lui raconte une fable inspirante. Il l'adapte à son cas, provoquant l'incompréhension puis l'hostilité de sa femme et de ses voisins. Physiquement et psychologiquement cruelle, une histoire de croyance, d'audace et de force de vie dans le décor inhabituel d'un village forestier perdu où le réel et l'invisible s'affrontent autour d'un malade aux abois. Un film marquant, d'une rare puissance émotionnelle. DVD Z2 FR
La fiancée des ténèbres (Serge de Poligny, 1945) **
A Carcassonne, une jeune femme qui descend des Cathares et hantée par la mort est courtisée par un homme marié. L'un des films fantastiques - un genre des plus rares en France - produit pendant l'Occupation distille une poésie morbide qui s'appuie sur l'atmosphère, les décors, la photo en clair-obscur et le jeu somnambulique de Jany Holt. Et derrière la romance noire, de multiples interprétations sont possibles : j'y ai vu pour ma part une métaphore de la dépression. BR FR
Paris secret (Edouard Logereau, 1965) **
Bizarres les gens et choses qu'on peut trouver dans les recoins du Paris de 1964 ! Un documentaire mis en scène à la mode du mondo pour provoquer l'étonnement, l'hilarité et le dégoût des spectateurs. Des putes et des catcheurs, des roms qui mangent des chauves-souris et des hérissons, des travelos, un goûter à la Freaks... Tout cela vu d'aujourd'hui est complètement incorrect, porté par les commentaires graveleux et phobiques et l'incroyable misogynie. Inutile de dire que c'est fascinant. BR FR
Le sang à la tête (Gilles Grangier, 1956) ***
A La Rochelle, un ex-ouvrier du port qui en est devenu le propriétaire est cocufié par sa femme avec un margoulin. D'après Simenon, une subtile étude de moeurs et de personnalités où la bourgeoisie et la plèbe se rejoignent dans la jalousie et la moquerie envers celui des leurs qui a réussi. Filmée en grande partie dans les décors naturels de la ville, dialoguée par Audiard, l'histoire se déroule sans effets de manche jusqu'à son dénouement digne et émouvant. Jean Gabin est immense. BR FR
El fantasma del convento / The Phantom of the monastery (Fernando de Fuentes, 1934) **
Un couple et leur ami se retrouvent à passer une nuit dans un monastère isolé et - presque - désert. Evidemment inspiré par les Horrors Universal, britanniques et allemandes de l'époque, un film fantastique mexicain à l'atmosphère d'inquiétude réussie grâce aux décors, à la photo expressionniste et au travail sur le son. L'acteur principal n'est pas terrible du tout mais on le suit quand même avec intérêt dans son exploration des corridors et des cryptes aux secrets plutôt morbides. BR UK
Mon petit renne / Baby Reindeer (Weronika Tofilska & Josephine Bornebusch, 2024) ***
Harcelé par une femme déséquilibrée (Jessica Gunning, déstabilisante), un comédien-barman en galère subit le délitement de sa vie. D'après une histoire arrivée à son auteur et acteur principal (Richard Gadd, habité par lui-même), une mini-série exceptionnelle qui retourne les clichés du thriller à la "Misery" ou "Fatal Attraction" pour s'ouvrir sur les ravages du trauma, de la mésestime de soi et de la folie à deux. Le sujet et son traitement sont fascinants, les seconds rôles aussi. Une réussite totale. Netflix
C'était donc ça la fameuse jaquette du Blu-ray que je voyais passer depuis quelques semaines, celle de "Paris Secret" avec Philippe Bouvard. En effet ça a l'air intriguant, d'autant plus après ce que tu peux en écrire.
RépondreSupprimer"Le sang à la tête" rappelle un peu dans le synopsis "Le jour se lève" de Carné, très bon film au demeurant avec un Gabin vraiment génial dans le rôle de l'amoureux éconduit et au final malheureux. Et un Jules Berry délicieusement ignoble avec son imper' de maquereau.
Oui, moi aussi je me suis demandé quelle mouche avait pris l'éditeur du BR. Mais en fait, le film est pas mal du tout, dans le genre bien sûr. Il me reste à regarder "Paris Top Secret" qui est aussi sur le disc.
SupprimerGabin est toujours bien même quand il en fait des tonnes dans la dernière partie de sa carrière. Je vois pas de géants comme lui dans le cinéma français.