29 juillet 2010

A côté de la plaque

Au Westwood Memorial Park (Los Angeles)

Je profite actuellement d'un peu de temps aux Etats-Unis pour visiter quelques amies très chères dans leurs résidences permanentes. Marilyn, Judy, Joan.

Pour Marilyn à Westwood (Los Angeles) ça n'a pas été très difficile, l'endroit est central et je connaissais déjà bien le coin qui est en plein-air et d'un calme absolu au milieu de la trépidation de la ville. C'est assez incroyable le nombre de personnes inhumées dans ce tout petit cimetière qui ont eu des liens de proximité professionnels ou privés avec Marilyn. Dans le désordre : Billy Wilder, Darryl Zanuck, Truman Capote, Evelyn Moriarty, Jack Lemmon, Robert Slatzer (imposteur ?), Grace Goddard, Peter Lawford, Dean Martin...

Ça a été plus compliqué pour Judy et Joan à Hartsdale (25 miles au nord de Manhattan) : elles reposent toutes les deux dans un mausolée labyrinthique isolé dans une banlieue chic de New-York. J'y suis allé tout seul et je dois dire que je n'étais pas très fier pendant que je les cherchais dans ces interminables corridors de marbre climatisés : l'ambiance sépulcrale aseptisée des tombeaux de luxe américains n'est pas une sinécure pour un européen. Et il n'y avait, à part moi, pas âme qui vive dans l'immense bâtiment.

Bref, me voici au plus près (à côté de la plaque, quoi) des restes mortels de trois stars immortelles, mes préférées. Et j'étais franchement ému d'être là.

Au Ferncliff Cemetery (Hartsdale)

Au Ferncliff Cemetery (Hartsdale)

Joan Crawford était veuve d'Alfred M. Steele (le Président de Pepsi-Cola)

4 juillet 2010

Heroes of mine : Oliver

Oliver Reed (1938-1999)

Il n'a jamais foutu les pieds sur une scène de théâtre mais sa présence physique lui assura sa carrière au cinéma dans des rôles où la discrétion n'était pas requise. C'était un animal de l'écran, ce que Terence Fisher avait sans doute perçu avant les autres en lui donnant en 1961 le rôle-titre de "The curse of the werewolf / La nuit du loup-garou". Son pote Ken Russell lui a offert ses plus beaux rôles de la maturité avec "Women in love / Love" (1969) et "The devils / Les diables" (1971) mais j'aime aussi le voir en bad boy dans ses films du début des Sixties : là, ses grands yeux bleus de chien battu, sa mâchoire carrée et ses déplacements de félin sont irrésistibles. Très tôt, sa tendance à lever le coude, les femmes et les bagarres lui collèrent une réputation d'indomptable qui ne devait pas être usurpée. Glabre ou barbu, Oliver Reed était un vrai macho du cinéma britannique. Et avouez qu'il n'y en a pas tant que ça.

Une pose et un regard : le jeune Oliver Reed

2 juillet 2010

Films vus par moi(s), juillet 2010


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Lagerfeld confidentiel (Rodolphe Marconi, 2007) 0
Lagerfeld, d'habitude plus avisé, s'est laissé prendre au piège de l'incompétence du réalisateur de ce documentaire exécrable, aux images, montage et interviews indignes. Quand un professionnel se fait avoir par un amateur (qui est sans doute mignon), ça donne ça. DVD

L'arnacœur (Pascal Chaumeil, 2010) *
Duris et Paradis, excellents et accordés, sont desservis par une histoire sans intérêt truffée de bons mots qui font long feu. Une comédie romantique qui hésite constamment entre les deux et accouche d'un film terriblement anodin. L'enthousiasme général me laisse songeur. Avion

Inception (Christopher Nolan, 2010) 0
D'une intéressante idée qui aurait fait un bon épisode de "The twilight zone", Nolan a tiré un film putassier au possible, interminable blockbuster à explosions qui recycle "Matrix", James Bond, 2001 et Piaf en se donnant des airs d'intelligence. Profond, oui, mais au sens de creux. Ciné

Sunrise / L'aurore (Friedrich W. Murnau, 1927) ***
J'ai revu "Sunrise", l'un de mes 5 films préférés, pour la n-ième fois mais c'était la première fois que je le voyais sur grand écran, dans un ciné historique de Los Angeles. Ça a ajouté de la magie au sublime et m'a donné une idée de ce que les spectateurs de 1927 ont du ressentir. Ciné

An education / Une éducation (Lone Scherfig, 2009) **
Mulligan, toute en charme et esprit, est formidable dans ce rôle d'une collégienne britannique de 16 ans séduite par un escroc de 35 ans avec l'aval de ses parents en 1961. D'après une histoire vraie, un regard sur les déceptions qui en apprennent plus que les satisfactions. Avion

Silver Lode / Quatre étranges cavaliers (Allan Dwan, 1954) ***
L'hystérie maccarthyste est transposée dans le western avec ce beau film de Dwan qui va à l'essentiel pour dénoncer, en 75 minutes, les errements d'une foule manipulée. Avec un travelling mémorable du héros (Payne) dans la ville et un splendide deus ex-machina final. DVD

Paranoiac / Paranoïaque ! (Freddie Francis, 1963) *
Un psycho-thriller gothique de la Hammer où une famille se déchire et complote pour récupérer un héritage. Un scénario aux soupçons d'inceste et Reed, magnétique comme toujours, permettent de passer un assez bon moment. La photo N&B est magnifique. DVD

Spread / Toy boy (David Mackenzie, 2009) **
Malgré quelques incohérences, j'ai beaucoup aimé (à ma surprise) cette histoire d'un gigolo pris au piège des mirages de Los Angeles. Kutcher est très bon et passe une bonne partie du film à poil. Un film plus fin que prévu et doté d'un excellent plan final. DVD

Sumerki zhenskoi dushi / Le crépuscule de l'âme d'une femme (Evgenii Bauer, 1913) ***
Posle smerti / Après la mort (Evgenii Bauer, 1915) ***
Umirayushchii lebed / La mort du cygne (Evgenii Bauer, 1917) ***
Trois formidables moyens-métrages d'un réalisateur russe des années 1910 qui avait déjà tout compris de la grammaire cinématographique : narration, psychologie et technique. Une vraie révélation que ces étonnants chefs-d'œuvre. DVD (édité sous le titre "Mad Love" par le BFI en Z2UK)

11 juin 2010

Swimming angel


Norma Jeane Mortenson Baker (surnommée "Nonny" à l'époque) photographiée à 19 ans par Richard Miller (n. 1912) dans la piscine du Sheraton Townhouse sur Wilshire Bd. le 30 avril 1946. Un cliché rarissime qui a récemment refait surface dans une exposition au Getty Center de Los Angeles en 2009. Juste pour le plaisir.

5 juin 2010

Rue and Bea and Estelle and Betty

Rue McClanahan (1934-2010)
Blanche Devereaux forever

Une sincère tristesse m'a envahi avant-hier quand j'ai appris par le site du NYT la mort à New York de Rue McClanahan, à l'âge de 76 ans. C'était Blanche dans The Golden Girls, sans doute ma série TV préférée (avec Mad Men, ce qui n'a rien à voir). Blanche Devereaux, une southern belle nymphomane qui approchait de la soixantaine et qui partageait sa maison de Miami avec trois colocataires, trois femmes sur le retour aux personnalités impayables.

Les quatre Golden Girls :
Blanche, Rose, Sophia et Dorothy

The Golden Girls est la seule série dont je regarde régulièrement l'un ou l'autre des épisodes des sept saisons (1985-1992, disponibles en DVD Z1). Avec toujours l'assurance de rire pendant trente minutes. Un show avec une qualité d'écriture de tous les instants, une perfection de jeu à l'unisson des quatre comédiennes et l'audace sans cesse surprenante de parler franchement dans une série TV (diffusée à l'origine sur NBC) de la vieillesse qui arrive avec son cortège de petits ou grands maux. Comme l'arthrose, le veuvage et la solitude. Mais qui parlait aussi sans détour du travail et de la sexualité des seniors, des préjugés sociaux et de la lutte entre générations. Et tant d'autres choses sur les territoires desquels les scénaristes TV osaient à l'époque rarement s'aventurer. Le tout avec un humour ravageur, un don de la réplique assassine et un optimisme auxquels rien ne résistait. Un éclat de rire toutes les quinze secondes et des moments-cultes à n'en plus savoir que faire. Et surtout, une tendresse, cette tendresse... L'amitié plus forte que tout. The Golden Girls était un show qui accumulait des sommets de talent : en son temps, il a été justement récompensé par une flopée de Golden Globes et d'Emmy Awards.

Rue McClanahan, Estelle Getty, Bea Arthur, Betty White
et leurs Emmys

Après Estelle Getty, disparue en 2008, Beatrice Arthur, en 2009, c'est donc au tour de Rue McClanahan de s'être fait la belle en laissant tous les fans de la série un peu orphelins de fiction. Aujourd'hui, Betty White doit se sentir bien seule. Mais les DVD, la VOD et les reruns de la série continueront à garder Sophia, Dorothy, Blanche et Rose young... forever.

Un de mes échanges préférés de la série (mais l’écriture du show tout entier les fait crépiter comme des feux d’artifice) :

Dorothy : « Tiens, j’ai rencontré une libanaise très sympa. Je l’ai invitée à prendre un verre à la maison ce soir »
Blanche : « Ah ! Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas de ça chez moi ! Ces femmes-là, je ne les comprendrai jamais !»
Dorothy : « J’ai dit libanaise, Blanche ! J’ai pas dit lesbienne ! »

The Golden Girls
"Thank you for being a friend" chantait le générique

2 juin 2010

Films vus par moi(s), juin 2010


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Never take sweets from a stranger / Méfiez-vous des inconnus (Cyril Frankel, 1960) ***
Produit par la Hammer, un thriller social très audacieux et splendidement écrit sur une petite ville du Canada qui protège un vieux notable pédophile des parents d'une de ses victimes qui l'attaquent en justice. Rare. DVD

Le diable boîteux (Sacha Guitry, 1948) ***
Tout en dressant un savoureux portrait d'un Talleyrand qu'il incarne à merveille, Guitry règle ses comptes avec ses ennuis de l'après-guerre. La mise en scène, sure et discrète, permet aux mots d'esprit de crépiter. DVD

Sanxia haoren / Still life (Jia Zhang Ke, 2006) **
L'esthétisation à outrance des images, aussi spectaculaire qu'elle soit, entre en conflit avec le propos du film sur la relocation des chinois des Trois Gorges. Malgré cela, on est captivé par la poésie de l'ensemble. DVD

Where the wild things are / Max et les Maximonstres (Spike Jonze, 2009) *
Une adaptation décevante et beaucoup trop répétitive d'un livre qui a marqué mon enfance. On s'ennuie ferme malgré quelques belles scènes. Seul un court-métrage aurait pu retenir de la magie du conte illustré. DVD

L'aigle à deux têtes (Jean Cocteau, 1948) **
L'histoire est ridicule et Marais mauvais comme un cochon (pour changer !) mais j'ai aimé la prestation excentrique de Feuillère, la fourberie de Monfort et l'opulence kitsch des décors. C'est du Cocteau, quoi ! DVD

Island of lost souls / L'île du docteur Moreau (Erle C. Kenton, 1932) ***
Un diamant noir de la perversion au cinéma, cette formidable adaptation pre-code du roman de Wells réussit toujours à créer un certain malaise, par tout ce que le film suggère d'aberrant dans la miscegenation. VHS

Merrill's Marauders / Les Maraudeurs attaquent (Samuel Fuller, 1962) **
Un film de guerre atypique (mais typique de Fuller) où l'action, non héroïsée, sert à rythmer l'épuisement mental et physique d'une compagnie en marche dans la Nature birmane. La photographie est magnifique. DVD

Funny people (Judd Apatow, 2009) **
Le ton de comédie douce-amère des films d'Apatow trouve son exemple le plus abouti dans cette histoire d'un stand-up comédien à succès (Sandler, très bon) à un tournant de sa vie. Un peu long (2h15) mais touchant. DVD

Diary of the dead / Chronique des morts-vivants (George A. Romero, 2008) 0
Rien à tirer de ce lamentable film de zombies par celui qui a inventé et donné son chef-d'œuvre au genre il y plus de 40 ans. Un gimmick éventé à la Blair Witch, des acteurs nuls, pas d'histoire : à la retraite, Romero ! DVD

La journée de la jupe (Jean-Paul Lilienfeld, 2008) *
Un téléfilm pour effrayer le bourgeois sur un huis-clos nerveux dans un bahut de banlieue. Tout m'a paru faux, des situations au jeu des acteurs, Adjani incluse (dont les bajoues, elles, semblent vraies). Pas convaincu. DVD

The house of the Devil (Ti West, 2008) **
Avec une grammaire et un look 1979, ce petit film d'horreur sur une babysitter dans une inquiétante maison installe un beau suspense avant de sombrer dans le prévisible. Mais l'exercice de style vaut le coup. DVD

Island in the Sun / Une île au Soleil (Robert Rossen, 1957) **
Ça aurait pu être une charge au vitriol sur les préjugés racistes des 50's. C'est un mélo de haut vol qui empile les stéréotypes : cocktails d'expats en gants blancs et noirs qui chantent en travaillant. Fruit de la passion. DVD

Antichrist (Lars von Trier, 2009) ***
Film de repentance envers toutes les sorcières d'hier, d'aujourd'hui et de demain mortes de n'être pas comprises, ce délire métaphorique, d'une cruauté et d'une beauté extrêmes, choque, mais avec intelligence. DVD

1 juin 2010

84 and counting...

On est le 1er juin.
Marilyn Monroe aurait eu 84 ans aujourd'hui.
1926. Comme ça semble loin.
Au volant de sa voiture dans la nuit new-yorkaise, comme elle semble proche.