Le Paris Match n° 226 daté du 18 au 25 juillet 1953 publiait un long article de Raymond Cartier sur "la crise dramatique de Hollywood et la bataille désespérée des procédés nouveaux contre la télévision". Ce récit au titre formidable : "Le cinéma va-t-il disparaître ?", dressait l'oraison funèbre du spectacle sur grand écran au profit de l'entertainment télévisuel, qui connaissait aux Etats-Unis une croissance exponentielle depuis la fin des années 1940. Entre l'âge d'or de Hollywood qui s'était éteint et l'ère des blockbusters qui n'était pas encore arrivée, le cinéma américain était alors dans une phase d'inquiétude, qui allait en modifier le cours. Devant le rouleau compresseur du petit écran, le Cinémascope, le Technicolor, le stéréophonic sound et la mise en orbite de nouvelles superstars devaient, pouvait-on lire dans lire dans l'article, ralentir la désaffection du public pour les salles obscures et relancer la machine à rêves. Près de soixante ans plus tard, on sait bien sûr que si les craintes furent un temps fondées, l'industrie du cinéma sut trouver à temps la parade à sa disparition annoncée par les Cassandres, même si les interrogations soulevées par ce vieux Paris Match se sont à nouveau réveillées depuis.
Tout cela pour dire que la couverture de ce Paris Match n° 226 est, sans doute, de toutes celles de l'histoire du magazine (tout au moins de l'époque où les couvertures de Paris Match avaient du style), celle que je préfère : la splendeur de la maquette avec ses compositions parfaites de l'image, du texte et de seulement trois couleurs, l'hyper-dramatisation du titre et, bien sûr, l'insolente et lascive beauté de Marilyn Monroe (et cette pose !) qui allait, en cette année 1953, séduire le monde entier avec Niagara, Les Hommes préfèrent les Blondes et Comment épouser un Millionaire ?, ne cessent, à chaque fois que je la regarde, de m'impressionner. Encadrée depuis bien des années et jamais décrochée de l'un de mes murs, cette couverture a bien sûr des couleurs un peu ternies mais sa puissance d'évocation reste toujours intacte.
On peut trouver ce numéro du magazine pour pas grand chose sur eBay ou autres sites de vente d'occasions : aucun amoureux de Hollywood ne devrait, à mon avis, s'en passer. La couverture du Paris Match n° 226 est une oeuvre d'art.
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C'est vrai qu'elle est magnifique, cette couverture!
RépondreSupprimerC'est amusant qu'elle soit à peu près contemporaine du film de Hawks parce que cette comédie musicale marque une sorte de transition dans le genre. Effectivement, la télévision contraint alors le cinéma à une débauche de moyens que l'on retrouvera dans des films comme "My fair lady" ou "West side story". "Les hommes préfèrent les blondes", à l'inverse du classicisme MGM, est peut-être le film précurseur de cette tendance...
Oui, "Les hommes préfèrent les blondes" semble bien être un film-charnière, celui qui a un pied dans le passé et un pied dans l'avenir : sorti en 1953, il bénéficie d'un Technicolor splendide et de la présence de Marilyn mais reste cependant en format Academy (4:3). La même année "La tunique" et "Comment épouser un milliardaire?" pour rester avec Marilyn passent à la vitesse supérieure dans la lutte contre la télé avec le Cinémascope. "Les hommes préfèrent les blondes" a manqué son RV avec le Cinémascope en quelque sorte.
RépondreSupprimerEn le lisant, j'ai pas pu m'empêcher de faire un parallèle avec le monde de la presse vs internet aujourd'hui
RépondreSupprimerhttp://fashionabecedaire.tumblr.com/post/478871488/classy-films-is-cinema-about-to-disappear-paris