Russell Crowe en Gladiator sur la couverture : une concession au goût du jour.
Claudette Colbert en Cleopatra eut sans doute été moins accrocheuse.
Claudette Colbert en Cleopatra eut sans doute été moins accrocheuse.
Pour celles et ceux qui aiment à la fois le cinéma et l’histoire, je ne peux que conseiller l’acquisition, promesse de nombreuses heures de lecture passionnante, du récent et magistral ouvrage de Bruno Dumont sur la représentation de L’Antiquité au cinéma.
Avec le sérieux qui est le sien (son livre sur Frank Borzage, entre autres, reste un modèle du genre), l’historien du cinéma, Directeur de la Cinémathèque Suisse de 1996 à 2008, passe en revue plus d’un siècle de films dont l’action se situe de la Préhistoire à l’aube du Moyen-Age, principalement en Occident.
En 690 pages denses et splendidement illustrées de photos et d’affiches de films, Dumont a compilé une encyclopédie qui, si elle n’est pas exhaustive (comment recenser tous les films jamais réalisés liés au sujet ?), reste une somme impressionnante : la quatrième de couverture du livre annonce 2.200 films cités et commentés, produits entre 1896 et 2008.
Sous-titré « Vérités, légendes et manipulations », L’Antiquité au cinéma prend soin, pour la plupart des films qu’il cite, de raconter brièvement son histoire puis de donner quelques informations sur sa réalisation et sur les vérités ou les libertés qu’il prend avec les faits historiques aujourd’hui acceptés par les historiens. Certains films - généralement obscurs et de moindre importance - sont juste mentionnés, d’autres au contraire sont étudiés dans un luxe de détails qui montre les recherches exigeantes que le livre a de toute évidence demandées (Dumont dit avoir commencé le travail de documentation il y a trente ans). Quelques téléfilms, séries TV, opéras ou pièces de théâtre complètent ce panorama très complet sur le sujet.
Des courtes notices, fort utiles, parsèment les pages afin de nous remettre en mémoire les périodes, les événements ou les personnages historiques et de replacer les films dans le contexte historique des époques qu’ils couvrent. L’iconographie très riche, en noir et blanc et couleur (les reproductions sont splendides), permet de retrouver certaines images bien connues et surtout de découvrir d’innombrables raretés.
Le livre est composé chronologiquement, en sept sections reprenant l’ordre des époques historiques étudiées :
- La Préhistoire (21 pages)
- Les Hébreux (70 pages)
- L’Egypte des Pharaons (24 pages)
- Mésopotamie et Asie mineure (38 pages)
- La Grèce : la Grèce mythologique, le cycle de Troie, la Grèce historique (126 pages)
- Rome : Monarchie et République, Empire, Antiquité tardive (366 pages), c'est le gros morceau
- Royaumes mythiques imaginaires (17 pages)
+ Préface de Jean Tulard (1 page), Introduction (16 pages), Remerciements, Bibliographie sélective, Index des films et des thématiques.
L’Antiquité au cinéma n’est bien sûr pas le genre de livre qu’on lit de la première à la dernière page (encore que j’en connais qui…) mais qu’on prend plaisir à consulter régulièrement, en voyageant d’un siècle à l’autre selon ses intérêts et son humeur. C'est en revanche le premier livre francophone sérieux et complet sur le sujet, ce qui n'est pas rien. Et ce qui est certain, c’est qu’il donne sacrément envie de reprendre un bain de péplum. C'est un ouvrage magistral, assurément. Et une super idée de cadeau de Noël pour un(e) cinéphile.
Hervé Dumont, après ce livre consacré à L'Antiquité au cinéma, poursuit maintenant son projet titanesque avec trois ouvrages à l'écriture (les très longues recherches documentaires ayant d'abord été menées conjointement pour l'ensemble du cycle) : l'un consacré au Moyen-Age et à la Renaissance, le deuxième à l'Absolutisme et le troisième au XIXe siècle. Voilà qui nous promet de formidables lectures sur l'histoire au cinéma, donc sur le Cinéma tout court.
L'Antiquité au cinéma.
Coédition Nouveau Monde (Paris), Cinémathèque Suisse (Lausanne). Octobre 2009.
49 € (prix de vitrine) ce qui est très acceptable pour la somme indispensable que le livre représente. Et on peut le trouver à moins sur le Net.
Merci beaucoup pour ce compte-rendu.
RépondreSupprimerGrand amateur de pepla (ha, ha, ha ^^^) et de films de gladiateurs je devrais y trouver mon compte.
PS : d'ailleurs maintenant on attend un "top ten" du film en toges sur le modèle de ce que tu as fait pour les films catastrophes ...
Oui, il a des gladiateurs... mais aussi des impératrices peu farouches. Bonne idée qu'un top ten "toge et sandale" : je vais commencer à y penser.
RépondreSupprimerA noter également, la réédition du livre "Frank Borzage, un romantique à Hollywood" de Hervé Dumont aux éditions Institut Lumière/Actes Sud. Une réédition entièrement revue et augmentée de la version originale française (épuisée depuis vingt ans), complétée d’une filmographie, d’une bibliographie et d’index.
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