26 décembre 2009
Un Romain, triste et grave
De tous les portraits romains qu'on peut voir dans la magnifique collection de la Glyptothèque de Munich, j'ai longtemps regardé celui-ci. Je ne le connaissais pas, ni d'une précédente visite, ni de sources iconographiques. Ce n'est sans doute pas le plus admirable techniquement mais je n'en ai pas vu d'autre qui soit, du moins en ce qui me concerne, d'une force émotionnelle plus grande.
En observant le visage de cet homme qui vivait donc il y a près de dix-huit siècles (selon la mention laconique du cartel), je me suis demandé ce qui avait bien pu pousser le commanditaire du portrait à immortaliser dans le marbre une expression d'aussi profonde tristesse. Est-ce un portrait que le modèle avait commandé de lui-même ? Un portrait posthume demandé dans un cadre officiel ou intime ? La commémoration d'un événement personnel ? La représentation de l'inquiétude collective en ce troisième siècle si peu serein pour l'Empire ?
En voyant ce portrait, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au formidable La chute de l'Empire romain d'Anthony Mann, dont l'histoire aurait pu être vécue en direct par cet homme de l'Antiquité. Et je me disais qu'il aurait été à sa place dans le rôle tenu par Stephen Boyd dans le film, un rôle qui semble, lorsqu'on scrute son visage, avoir été écrit pour lui.
Aujourd'hui, le portrait est tourné vers une large fenêtre qui donne sur la cour intérieure de la Glyptothèque. L'hiver celle-ci est vide alors qu'aux beaux jours un café s'y installe. Ce Romain anonyme y regarde passer les visiteurs comme les saisons. En gardant pour lui tout le mystère de sa triste et digne expression sur son beau visage prématurément vieilli. Sa grave présence à travers les frontières et les siècles m'a vraiment touché. J'aurais presque eu envie de lui demander ce qui n'allait pas.
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j'ai le souvenir d'une projection à la cinémathèque lors de laquelle les multiples défaillances du projectionnistes n'avaient pu entacher la splendeur du film.
RépondreSupprimeret dire que Gladiator a été porté aux nues!
Joyeux Noel Tom!
J'ai toujours vu le film sur un écran télé et le voir en salle (du temps du Kinopanorama, par exemple) devait être splendide en effet. Quant à Gladiator, son pillage éhonté et inavoué de La Chute de l'Empire Romain... m'avait mis hors de moi aussi quand la presse et le public avaient commencé leurs dithyrambes.
RépondreSupprimerJoyeux Noël et bonne fin d'année à toi aussi, Christophe !