1 décembre 2018
Films vus par moi(s) : décembre 2018
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Citizen Kane (Orson Welles, 1941) ***
Un journaliste cherche la signification du dernier mot prononcé par un magnat décédé. Près de 80 ans après sa sortie, Citizen Kane reste un modèle d'inventivité et d'intelligence dans son écriture, sa structure, sa direction artistique et sa mise en scène. C'est aussi un film à l'histoire constamment exaltante et la fin continue à être l'une des plus fortes de tout le cinéma. Chaque révision apporte de nouvelles découvertes. Génial. BR US
Troublez-moi ce soir / Don't bother to knock (Roy Baker, 1952) *
Dans un hôtel de Manhattan, une baby-sitter instable garde une petite fille et reçoit le client d'une chambre voisine. Marilyn Monroe est mauvaise dans son premier rôle principal, surjouant ses scènes de jeune psychotique bourreau d'enfant (!). Richard Widmark est meilleur mais le scénario et la réalisation théâtrales ne l'aident pas. Un film mineur mais intéressant par sa place dans la carrière de Marilyn qui devait enchaîner avec "Niagara". BR US
The Crown, Saison 2 (Peter Morgan, 2017) ***
De la Crise de Suez à l'Affaire Profumo en passant par les amours de Margaret et la visite des Kennedy, quelques années de la vie de la famille royale britannique au tournant des Sixties. La saison 2 de cette série d'excellence met en avant le Prince Philip. La grande et la petite histoire sont parfaitement dosées et les 10 épisodes se regardent comme un mélodrame de haut vol, porté par le formidable casting, l'écriture et la production. Netflix
Le gaucho / Way of a gaucho (Jacques Tourneur, 1952) **
En 1875, un gaucho ayant tué un homme s'évade de son pénitencier et devient un rebelle. Un western atypique entièrement tourné dans la pampa et la sierra d'Argentine et qui prend son temps avec l'histoire de ce cowboy de la Cordillère voyant son monde disparaître. Rory Calhoun est assez fade, Gene Tierney fait la potiche et l'aspect religieux appuyé tend au kitsch mais le film tient par son originalité, ses paysages et son Technicolor. BR FR
The party (Sally Potter, 2017) ***
Dans la banlieue chic de Londres, quelques bourgeois intellectuels invités à une party se déchirent. Un jeu de massacre de 70' dont l'humour grinçant va jusqu'au somptueux Cinemascope en N&B ironiquement appliqué à la théâtralité intimiste. The party, c'est aussi la classe dominante britannique en chute libre, incarnée par un casting hors-pair mené par Kristin Scott Thomas et porté par des dialogues ciselés. Le twist final est la cerise sur le gâteau. BR DE
Love, Simon (Greg Berlanti, 2018) *
Simon a la vie normale d'un lycéen américain de 17 ans, des amis et une famille très chouette. Mais puceau et gay dans le placard, il est outé sur Internet. Un petit film sans prétention artistique qui délivre aux jeunes auxquels il est destiné son salutaire message d'acceptation de soi et des autres. L'originalité par rapport aux autres films sur le sujet est que tout se fait presque sans drame ni conflit, vers un dénouement évidemment radieux. BR DE
Hallelujah les collines / Hallelujah the hills (Adolfas Mekas, 1963) **
Dans la campagne enneigée du Vermont, deux ex-prétendants d'une fille (dont le futur photographe Peter Beard) se souviennent. L'un des premiers films du cinéma indépendant US brode sur cet alibi pour dérouler 80' d'absurde, d'Americana, de slapstick, de cascades et de références à Griffith, Keaton, Kurosawa et à La Nouvelle Vague. Les idées et les scènes s'enchaînent sur un ton de liberté anarchico-potache plutôt sympathique. BR US
Jurassic World: Fallen kingdom (J.A. Bayona, 2018) **
Un cataclysme volcanique sur Isla Nublar oblige les scientifiques à évacuer quelques dinosaures à sauver. Le 5e titre de la franchise est une agréable surprise : l'action est omniprésente, un nouveau méchant monstre est plutôt réussi, le décor de la seconde partie dans un manoir néo-gothique permet des scènes originales et les SFX sont exemplaires. Ca reste un blockbuster formaté mais le spectacle est assuré pendant 2 heures, c'est déjà pas mal. BR DE
Les sensuels / No down payment (Martin Ritt, 1957) **
Dans un lotissement neuf près de Los Angeles, quatre couples de voisins se fréquentent. L'American Dream des Fifties est détricoté frontalement dans ce film à charge qui montre, après le barbecue et la messe, les espoirs frustrés d'une classe moyenne qui s'observe, s'envie et s'endette. Cameron Mitchell, Tony Randall, Jeffrey Hunter, Joanne Woodward, Sheree North... sont les banlieusards de ce drame de société trop injustement méconnu. BR US
Crazy rich asians (Jon M. Chu, 2018) *
L'héritier d'une dynastie milliardaire de Singapour invite sa copine sino-américaine à rencontrer sa famille. Dotée d'un casting entièrement asiatique, une romcom qui marche bien dans la partie comédie, qui exploite avec un humour très camp la vulgarité clinquante des nouveaux riches. Hélas, la partie romantique est d'une banalité hollywoodienne affligeante, peu aidée par la fadeur des deux tourtereaux. Un produit au lieu d'une satire. Amazon
Certains l'aiment chaud / Some like it hot (Billy Wilder, 1959) ***
En 1929, deux musiciens fuyant la mafia se travestissent pour se cacher dans un orchestre féminin. Le temps n'a pas prise sur ce chef-d'œuvre qui enchaîne les situations hilarantes sur un rythme dynamique effréné. La subversivité du sujet est renforcée par la subtilité de son traitement où la confusion des genres passe comme une lettre à la poste. Jack Lemmon, Tony Curtis et Marilyn Monroe sont éternels. Un des rares films parfaits. BR US
Le voyage fantastique de Sinbad / The golden voyage of Sinbad (Gordon Hessler, 1973) **
Sinbad et un sorcier s'affrontent autour de la recherche d'un temple secret. Un grand souvenir d'enfance que ce film d'aventures britannique banalement mis en scène mais dont certaines séquences d'animation en stop motion par Ray Harryhausen sont inoubliables : la figure de proue qui s'anime, le combat avec Kali, le centaure et le griffon, l'homoncule (ma préférée des créatures d'Harryhausen). Et le décolleté dément de Caroline Munro. BR UK
1 novembre 2018
Films vus par moi(s) : novembre 2018
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Table 19 (Jeffrey Blitz, 2017) 0
Six invités désaccordés à un repas de mariage sont placés à une table isolée et apprennent à se connaître. Ce mélange de comédie (ratée), de mélodrame (raté) et de feel-good movie (raté) plante une bonne idée de départ par les clichés qu'il accumule, les gros problèmes de rythme et le jeu agaçant de l'exécrable Anna Kendrick. J'ai lâché au bout de 45', sentant le navet irrécupérable. Un petit film passé inaperçu et qui l'a mérité. BR FR
La ballade de Buster Scruggs / The ballad of Buster Scruggs (Joel & Ethan Coen, 2018) ***
Dans le Far West des années 1860, le destin de quelques personnages très différents. Un film à sketchs de six contes qui reprennent chacun les thématiques et les codes visuels du western tout en poussant l'ensemble vers la métaphore sur l'art de mourir. C'est violent, drôle, poétique et sombre à la fois avec un trait littéraire prononcé et une beauté des images (avec pas mal de CGI) assez renversante. Si on se laisse emporter, c'est gagné. Netflix
Jonas (Christophe Charrier, 2018) *
A Toulon, un gay trentenaire perturbé est hanté par un épisode de son adolescence. Deux choses émergent de ce téléfilm qui fait des allers-retours entre 1997 et 2015 : l'intensité de Félix Maritaud, nouvelle bête d'écran, et un superbe moment de cinéma lors d'un passage temporel dans un miroir sur la musique d'Alex Beaupain. Autrement, on s'ennuie ferme malgré les bonnes intentions à l'oeuvre. Mais c'est un premier film et il y a du potentiel. TV
The Terror (AMC, 2018) **
En 1848, deux navires de la Royal Navy (le Terror et l'Erebus) partis chercher le Passage du Nord-Ouest sont pris dans les glaces. Inspirée par la tragique Expédition Franklin, cette série se déroule sur un rythme lent qui privilégie l'atmosphère (avec un formidable travail sur le son) à l'action sur un scénario d'une extrême morbidité. Rien n'est épargné du calvaire physique et psychique de ces marins perdus et hantés dans l'immensité arctique. BR US
Les gladiateurs / Demetrius and the gladiators (Delmer Daves, 1954) **
La suite de la lourde "Tunique" (Henry Koster, 1953) est un péplum bien plus enlevé, grâce aux scènes de combats dans l'arène, de Susan Hayward en Messaline fatale et d'une mise en scène assez inspirée de Daves. On y retrouve Victor Mature égal à lui-même et Jay Robinson en Caligula hystérique. Les anachronismes dans le jeu des acteurs, les éléments de décor et les dialogues participent au charme entraînant de l'ensemble. BR FR
Pour l'exemple / King and Country (Joseph Losey, 1964) **
En 1917 dans les tranchées belges, un soldat britannique est jugé pour désertion. Le pauvre type (Tom Courtenay) est défendu par un officier (Dirk Bogarde) qui justifie un cas de stress post-traumatique. Sur un sujet très proche des "Sentiers de la gloire" de Kubrick, un film qui dénonce l'horreur de la justice pour l'exemple. Les scènes de boue réalistes font contrepoint à la théâtralité des dialogues de procuration et de défense. Final saisissant. BR US
Shanghai Express (Josef von Sternberg, 1932) ***
Les passagers occidentaux du train Pékin-Shanghai sont arrêtés par des rebelles chinois. Le scénario poussif et banal n'est que prétexte pour Sternberg à construire un film de pur formalisme, basé sur le travelling, le clair-obscur, le cliché orientaliste et Marlene Dietrich starisée en Shanghai Lily, fatale et fragile comme son double asiatique joué par la merveilleuse Anna Mae Wong. Le plus abstrait des extravagants Sternberg/Dietrich. BR US
Les Cosaques du Kouban / Kubianske Kazaki (Ivan Pyryev, 1949) ***
Dans la steppe du Kouban, l'administratrice et le directeur de deux kolkhozes concurrents sont attirés l'un par l'autre. Ce chef-d'œuvre du Musical soviétique (et du Musical tout court) délivre son message de propagande sur le bonheur communiste provincial tout en atteignant les sommets dans la mise en scène des numéros chantés sur des moissonneuses-batteuses par la crème de la crème des acteurs staliniens. Un de mes films cultes. DVD Rus
La route d'Eldorado / The road to Eldorado (Eric Bergeron & Don Paul, 2000) ***
En 1519, deux aventuriers espagnols se retrouvent reçus comme des divinités dans la ville légendaire d'El Dorado. Ce film d'animation Dreamworks dynamique et coloré est un spectacle sympathique mais le coup de génie de la production est de lui avoir donné une franche orientation gay, de l'amitié amoureuse des deux compères au prêtre inspiré de Divine en passant par les tenues de drag queens et les chansons d'Elton John. Netflix
Aaaaaaaah! (Steve Oram, 2015) ***
Dans la banlieue de Londres, quelques hommes et femmes agissent en primates. Un film comme aucun autre, tout exprimé en borborygmes et où les comportements des personnages sont régis sans inhibition autour de la nourriture, du sexe, du territoire et de la domination. L'expérience est radicale et derrière la subversion, l'humour et l'horreur se pose la question des barrières fragiles qui nous retiennent de l'animalité. Très étonnant. BR UK
Le village des damnés / Village of the damned (John Carpenter, 1995) ***
Dans une petite ville côtière de Californie, des enfants nés après un blackout sèment l'inquiétude puis la peur. Ce remake du film de Wolf Rilla (1960) réussit à s'élever au niveau de son modèle. La mise en scène au cordeau de Carpenter, sa musique et l'excellent casting (enfants comme adultes) installent une tension qui ne se relâche à aucun moment. J'avais toujours pensé que c'était un navet, j'ai découvert une sorte de chef-d'oeuvre. BR UK
La vie pure (Jérémy Banster, 2014) *
La calvaire de Raymond Maufrais, parti explorer seul la jungle guyanaise en 1949 et disparu au bout de six mois. D'après "Aventures en Guyane", son carnet de route retrouvé et publié, le film se concentre sur la souffrance physique et morale du jeune explorateur idéaliste (Stany Coppet, très bien) sans véritable perspective. Les dialogues artificiels s'arrêtent assez vite pour céder la place à des images puissantes mais attendues. Sans plus. TV
7 octobre 2018
Films vus par moi(s) : octobre 2018
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Rampage (Brad Peyton, 2018) 0
Un gorille albinos, un loup et un crocodile démesurés foutent le bordel à Chicago. Avec les blockbusters hollywoodiens, chaque fois qu'on pense avoir touché le fond on découvre qu'on peut descendre plus bas. Ici, l'idée idiote pourrait être fun mais le scénario mécanique, le casting minable (Dwayne Johnson) et le vide d'ensemble stupéfient. Comment a-t-on pu passer de la poésie magique de King Kong à ça en 85 ans ? BR DE
Ich fühl mich Disco (Axel Panisch, 2013) **
A Berlin, un adolescent gay obèse se rapproche de son père bourru quand sa mère a un AVC. Le rapport père-fils est traité de façon sensible dans ce petit film qui jongle (parfois de façon incertaine) entre le drame, la comédie, l'onirisme et le kitsch teuton. Les acteurs, loin des physiques normés du coming out movie, sont excellents et font passer une émotion sincère, que ce soit dans la confrontation à la mort ou les hésitations du coeur. DVD Z2 DE
La nuit a dévoré le monde (Dominique Rocher, 2018) 0
Près du Bon Marché, un trentenaire dépressif (Anders Danielsen Lie, très bien) se retrouve seul dans un immeuble assiégé par des zombies ayant envahi Paris. J'aurais aimé aimer ce film fantastique made in France à la structure classique mais l'étroitesse de l'enjeu (va-t-il s'en sortir?) et des choix aberrants de scénario (il écoute de la musique au casque quand les zombies grouillent autour) m'en ont vite fait sortir et zapper. DVD Z2 FR
La planète sauvage (René Laloux, 1973) **
Sur une planète habitée par des géants bleus, des humains captifs se révoltent. L'animation à la tchèque des visuels de Topor n'est pas dans mes goûts, le film ne m'a donc pas plu plus que ça. Mais il y a de l'idée dans ce scénario aux idées utopistes ancrées dans leur époque et la poésie psychédélique qui s'en dégage a ses moments. Un classique de la SciFi française qui est surtout un exemple éloquent de la contre-culture Seventies. BR FR
House of Versace (Sara Sugarman, 2013) 0
De 1997 à 2007, de l'assassinat de Gianni Versace au retour au succès de la marque, la trajectoire personnelle et professionnelle de Donatella Versace, la soeur indestructible. J'ai voulu voir ce téléfilm parce qu'il y a Gina Gershon en perruque blonde et Raquel Welch. Pour elles, toutes de botox et d'accents italiens, ça vaut le coup. Mais il n'y a personne à la barre, la mise en scène est inexistante et l'impression de désincarnation totale. BR DE
Crash Test Aglaé (Eric Gravel, 2017) **
Ayant accepté une délocalisation de son travail en Inde, une jeune ouvrière d'usine psychorigide (India Hair) entreprend son voyage en voiture avec deux collègues (Julie Depardieu et Yolande Moreau). Un road-movie sympathique et tendre, jalonné des rencontres de l'anti-héroïne qui lui apprennent qu'on peut (re)vivre en lâchant les amarres. La mise en scène est routinière mais le message est universel et jamais trop répété. BR FR
Samson (Maurice Tourneur, 1936) ***
A Paris, un spéculateur parvenu épouse une aristocrate déchue (Gaby Morlay) qui ne l'aime pas. Ce drame conjugal inspiré de l'histoire de Samson et Dalila décrit avec une acuité féroce une lutte de classes dans le contexte économique, sociétal et moral déstabilisé des Années 30. La mise en scène est d'une superbe limpidité et Harry Baur, immense, fait passer à travers son corps et son visage tous les états, de la puissance à la vulnérabilité. BR FR
Hérédité / Hereditary (Ari Aster, 2018) **
Issue d'une famille au passé tragique, une mère se laisse tenter par le spiritisme. Toni Collette est impressionnante de détresse dans ce film qui s'appuie sur les codes de l'horreur pour évoquer les forces destructrices qui peuvent miner une lignée familiale. L'atmosphère est trouble et étouffante jusqu'au final où hélas, le réalisateur choisit la voie du fantastique convenu, affaiblissant la métaphore. La jeune Milly Shapiro est une actrice étonnante. BR UK
Loup-garou (Stéphane Lévy, 2014) *
Dans une bastide du sud de la France, un quinquagénaire seul engage une baby-sitter pour s'occuper de son enfant, qui n'existe pas. Un moyen métrage (70') écrit et interprété par l'écrivain Régis Jauffret qui y joue le numéro de ses obsessions, de la manipulation mentale à la décrépitude par l'âge en passant par l'acte criminel et l'humiliation. L'acteur néophyte a de la présence et la photo est belle mais l'exercice ne se révèle qu'un ego-trip. BR FR
Le livre de la jungle / Jungle book (Zoltan Korda, 1942) **
La première des adaptations des nouvelles de Kipling souffre d'un scénario à longueurs, d'une mise en scène trop sage, du jeu en comédie des trois voleurs et des faiblesses d'acteur de Sabu (par ailleurs idéal en Mowgli). Mais les vrais animaux filmés en gros plan, la splendeur inouïe des décors de la jungle et des temples abandonnés et le sublime Technicolor Kalmus en font l'un des plus beaux films d'aventure pour enfants qui puisse exister. BR FR
8 septembre 2018
Films vus par moi(s) : septembre 2018
Sur le chemin de la rédemption / First reformed (Paul Schrader, 2017) **
Dans un bourg de l'état de New York, le pasteur qui s'apprête à célébrer les 250 ans de son église affronte une dépression. En format 1:33, en décors austères et en couleurs froides, ce (mélo)drame existentiel panache une multitude de thèmes, de la foi au complexe de culpabilité, du terrorisme à l'environnement, dans un esprit qui évoque Bergman et Bresson, mais à l'américaine. Ethan Hawke porte le film : il n'a jamais été aussi bien. BR US
Le village des damnés / Village of the damned (Wolf Rilla, 1960) ***
Suite un incident énigmatique dans un village anglais, les femmes donnent naissance à des enfants surdoués et dépourvus d'émotions. Ce classique de la peur réussit avec un scénario solide, des effets simples et des images indélébiles à créer un climat d'inquiétude qui résiste au passage du temps. Les monstres blonds inexpressifs sont l'une des plus belles créations du cinéma fantastique et George Sanders est parfait en père en proie au doute. BR US
Iceman / Der Mann aus dem Eis (Felix Randau, 2017) **
Il y a 6.500 ans dans les Alpes, un homme de l'âge du cuivre dont la famille est assassinée part à la poursuite des meurtriers. L'homme, c'est Otzi, le cadavre modifié trouvé en 1991 à la frontière Italo-autrichienne dont le film propose une explication à la mort mystérieuse. La reconstitution réussie de la micro-société préhistorique et la splendeur des paysages compensent la linéarité simple de l'histoire, presque sans parole. Une bonne surprise. BR UK
La mort en ce jardin (Luis Bunuel, 1956) *
En Amérique du Sud, une révolte d'ouvriers écrasée par l'armée force un parisien expatrié, sa fille sourde-muette, un mercenaire, un prêtre et un pute à s'enfuir dans la jungle. Le film d'aventures de Bunuel se traîne pendant une heure d'exposition puis décolle un peu dans la forêt par une malice du scénario. C'est le casting quatre étoiles (Vanel, Marchal, Signoret, Piccoli) et le magnifique Eastmancolor qui surclassent cette oeuvre mineure. BR UK
Lady Bird (Greta Gerwig, 2017) ***
En 2002 à Sacramento, l'année d'une lycéenne de terminale aux opinions tranchées en conflit affectif avec sa mère. D'esprit autobiographique, un coming of age movie dont l'histoire suit des chemins balisés mais dont la fraîcheur, l'humour, la sincérité, l'intelligence des dialogues et de la mise en scène étincellent. Saoirse Ronan et Laurie Metcalf sont formidables, le reste du casting aussi. Et quel plaisir de retrouver Lois Smith. Très très chouette. BR DE
Les initiés / Inxeba / The wound (John Trengove, 2017) **
Dans la campagne d'Afrique du Sud, lors d'une semaine d'initiation, un jeune homosexuel se rend compte que son parrain est gay aussi, mais en secret. A partir d'un rite de passage tribal, ce film sud-africain sobre et douloureux pose un regard sans concession sur la masculinité africaine et la tradition face à la disruption sexuelle. Il dit qu'il y encore du chemin à faire, ce que les manifestations hostiles à sa sortie pourtant confidentielle ont confirmé. BR US
La route sauvage / Lean on Pete (Andrew Haigh, 2017) **
Après la mort brutale de son père, un jeune palefrenier part à pied à travers le désert à la recherche de sa mère, accompagné d'un cheval qu'il a volé. Porté par l'interprétation intense de Charlie Plummer, un film émouvant mais pas sentimental sur l'instinct de survie et les laissés pour compte de l'Amérique, à travers la métaphore d'un adolescent à la dérive et de sa carne. La tristesse qui s'en dégage est celle des vies gâchées. BR UK
Messaline / Messalina Venere Imperatrice (Vittorio Cottafavi, 1960) *
En 38, la vestale Valeria épouse par intérêt politique le vieux Claude et devient Impératrice de Rome sous le nom de Messaline tout en restant amoureuse d'un centurion. Cottafavi ne s'est pas cassé avec ce peplum poussif dont émergent seulement quelques belles images un peu osées, portées par un superbe Technicolor et la tragique Belinda Lee, piètre actrice mais splendide animal dont le visage en gros plan fait des merveilles. BR FR
Dracula (Jean Boullet, 1963/2018) ***
L'essai de reconstruction (à partir des chutes retrouvées) du Dracula du fantasque Jean Boullet laissent à imaginer que ce film d'animation mythique eût été un chef-d'œuvre. C'est la première partie du roman de Bram Stoker, l'arrivée de Jonathan Harker au château, qui est transcrite à l'écran dans des séquences en ombres chinoises inspirées de l'Expressionnisme, de Cocteau et de Reiniger. Une résurrection de 9 minutes absolument magiques. DVD Z2 FR - inclus dans le livre "Midi Minuit Fantastique, vol 3" de Nicolas Stanzick
1 août 2018
Films vus par moi(s) : août 2018
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Mamma mia ! Here we go again (Ol Parker, 2018) 0
Pendant que Sophie s’apprête à inaugurer l’hôtel restauré de sa mère décédée, l’histoire de celle-ci est racontée en flash-backs. La suite/prequel du sympathique « Mamma Mia ! » de 2008 est une nullité comme le cinéma en produit peu. Tout est lamentable, du scénario inexistant au jeu en roue libre du casting en passant par l’incompétence de la mise en scène et des chorégraphies, dont un spectacle de patronage ne voudrait pas. ABBA abattu. Ciné
Mission impossible / Mission: Impossible (Brian De Palma, 1996) 0
A Prague, Ethan Hunt et ses coéquipiers sont chargés de mettre la main sur une liste d'espions. A part la longue partie d'introduction, à aucun moment j'ai pu m'intéresser à l'histoire racontée par ce film d'esbrouffe aux enjeux narratifs proches du zéro. Les acteurs sont mauvais (Emmanuelle Béart, Jean Reno) et les nouvelles technologies de 1996 donnent un coup de vieux qui échappe au charme du vintage. Tom Cruise, lui, est magnétique. BR FR
Sans un bruit / A quiet place (John Krasinski, 2018) *
Une famille dont la mère (Emily Blunt) va accoucher est réfugiée dans une ferme isolée et tente de survivre à des féroces créatures extraterrestres sensibles au bruit. Un thriller fantastique qui repose sur un seul postulat : les personnages doivent maintenir un silence absolu. Ca fonctionne bien parce que ça créé un suspense tendu mais le film terminé révèle sa vacuité. Une seule * donc mais dans le genre, c'est quand même pas si mal. BR UK
Big Fish & Begonia / Dayu haitang (Liang Xuan & Zhang Chun, 2016) **
Une créature spirituelle incarnée en jeune fille venue voir ce qu'est le monde des humain provoque accidentellement la noyade d'un jeune homme et ramène son âme chez les esprits sous la forme d'un petit dauphin. L'histoire assez incompréhensible de ce film d'animation chinois (très inspiré de l'univers Miyazaki) est largement compensée par sa profusion d'idées et sa splendeur visuelle. La poésie magique des plans vaut à elle seule le voyage. BR UK
La femme et le pantin / The Devil is a woman (Josef von Sternberg, 1935) ***
Au carnaval de Séville, une aventurière vénale séduit un colonel retraité (Lionel Atwill en ersatz du réalisateur) et un fringant révolutionnaire (Cesar Romero). Le dernier des sept films du duo Sternberg/Dietrich est leur moins aimé mais c'est mon préféré. Le scénario se moque de l'histoire pour faire place au délire maniériste des décors et costumes qui servent d'écrin à une Marlene Dietrich au jeu outrancier. Génialement extravagant et très drôle. BR US
L'enfer de la corruption / Force of evil (Abraham Polonsky, 1948) ***
Un avocat lié au Milieu tente d'aider son frère, petit banquier illégal, à s'élever dans le business. Sur un scénario complexe, un Film Noir qui privilégie le pourrissement et les conflits psychologiques des personnages à l'action : les dialogues ont une franche orientation existentielle. John Garfield est magnétique (comme toujours) en anti héros solitaire tiraillé entre serment, crime et famille. Flingues et pépées en seraient superfétatoires. BR UK
Frankenstein (Bernard Rose, 2015) **
A L.A., un chercheur imprime en 3D un être humain qui s'échappe du labo. Le sens du génial roman de Mary Shelley n'est pas dénaturé dans cette intéressante transposition contemporaine centrée sur le Monstre, un Adonis qui développe des tumeurs défigurantes. La férocité de la société envers ses marginaux est dénoncée dans des scènes de hard gore et le jeune acteur Xavier Samuel assure sous son maquillage saignant. Image finale nulle. BR FR
A girl walks home alone at night (Ana Lily Amirpour, 2014) *
Dans une banlieue d'Iran, la rencontre d'un homme et d'une femme vampire. Ce film en N&B produit et tourné aux US mais de réalisatrice, de langue et d'acteurs persans part du tchador comme cape vampirique. L'attaque virulente contre les interdits du régime iranien est judicieusement menée, il y a plein d'idées et les images sont soignées mais l'ambition et la prétention affichées de vouloir faire un film d'art pour festivals m'ont cassé les pieds. BR UK.
Que la lumière soit / Let there be light (John Huston, 1946) ***
Dans un hôpital du New Jersey, les traitements de soldats revenus de la guerre avec des symptômes psychologiques post-traumatiques (PTSD). Ce documentaire de commande de l'US Army fut invisible jusqu'en 1981, officiellement par respect de leur vie privée. Le savoir faire de Huston dans le découpage, la voix off (de Walter Huston) et la musique appliqués aux visages et aux mots des GIs en font un film d'une humanité bouleversante. BR US
La vie de plaisir (Albert Valentin, 1944) **
Le gérant d'un cabaret prospère (Albert Préjean) épouse la fille d'aristocrates ruinés (Claude Génia) et expérimente l'hypocrisie de la haute société. La demi-heure d'installation est un peu poussive mais la suite est un dynamitage réjouissant des conservatismes porté une construction rusée et les dialogues de Charles Spaak. Entre "La règle du jeu" et "Le charme discret de la bourgeoisie", un pamphlet féroce sous l'habit du mélodrame.
A very English scandal (Stephen Frears, 2018) ***
De 1962 à 1979, la chute du brillant politicien Jeremy Thorpe suite à sa liaison homosexuelle avec un garçon instable. L'affaire de moeurs et de politique qui a défrayé la chronique britannique lors du procès de 1979 est racontée par ce téléfilm BBC de 3h en une tragicomédie superbement mise en scène par Frears. Ben Whishaw est excellent en gigolo perturbé et Hugh Grant, méconnaissable, y trouve de loin le meilleur rôle de sa carrière. DVD UK
Le criminel / The stranger (Orson Welles, 1946) **
En 1946, un enquêteur international (Edward G. Robinson) vient déloger un officier nazi (Orson Welles) qui tente de se refaire dans une bourgade du Connecticut. Tourné en 1945, ce Film Noir est l'une des premières fictions à aborder de front la fuite des nazis et les camps de concentration (dont on voit des images). Ça et la mise en scène baroque de Welles en font un film passionnant. Le jeu outrancièrement nerveux de Loretta Young est pénible. BR US
Une femme fantastique / Una mujer fantastica (Sebastian Lelio, 2017) **
A Santiago, la maîtresse transexuelle d'un notable est rejetée par la famille de celui-ci quand il meurt subitement. Entièrement porté par l'actrice transgenre Daniela Vega, ce film chilien où le mélodrame n'a aucune place montre le parcours difficile d'une femme proscrite à plusieurs titres. La mise en scène suit son cheminement déterminé dans le deuil et la résilience avec une dignité et un refus du sensationnel un peu forcés. Oscar 2018. BR UK
Love hunters / Hounds of love (Ben Young, 2016) *
A Perth, un couple de sociopathes enlève et martyrise une étudiante. Inspiré d'un fait divers de 1986, ce torture porn australien ne lésine pas sur la violence mais s'attache un peu plus à l'aspect psychologique que physique. Le casting est de qualité et la mise en scène, dans un genre codifié à l'extrême, tente l'élévation malgré quelques choix putassiers dans la B.O. et le découpage. Mais le film ne va pas plus loin que l'histoire qu'il raconte. BR DE
1 juillet 2018
Films vus par moi(s) : juillet 2018
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Mektoub my love. Canto uno (Abdellatif Kechiche, 2018) ***
En 1994, un jeune homme monté à Paris revient passer l'été à Sète où il retrouve famille et amis. Entre plage, boîtes et balades, leurs jours et leurs nuits s'écoulent (presque) sans conflit. Ce qui pourrait donner un film terne offre tout le contraire : le sensualité des visages, des corps et de la photo, la mise en scène et le magnétisme des acteurs font de cette ode au miracle d'être vivant un chef-d'oeuvre dont chacun peut avoir son interprétation. BR FR
L'Apparition (Xavier Giannoli, 2018) ***
Dans les Préalpes, un reporter de guerre (Vincent Lindon) participe à une commission d'enquête demandée par le Vatican sur des apparitions mariales à une jeune fille (Galatea Bellugi). Intrigant et intelligent, ce thriller religieux (et social, et politique...) offre une réflexion sans jugement ni parti-pris sur le mystère de la foi, ascendant et descendant, en s'ancrant dans l'actualité contemporaine de façon admirable. Un très bon film sur un sujet piégé. BR FR
Les apprentis (Pierre Salvadori, 1995) **
A Paris, le quotidien de galère de deux amis losers. La trame de cette comédie douce-amère révèle une touchante métaphore sur la dépression qui frappe le personnage incarné par François Cluzet, dont celui de Guillaume Depardieu serait la force de vie. C'est bien vu et l'absurde de plusieurs gags est très drôle mais il manque, pour en faire un plus grand film, du lien entre les séquences qui n'enchaînent qu'une suite de moments disjoints. Belle fin. DVD FR
The maze (William Cameron Menzies, 1953) **
L'héritier d'un vieux château écossais s'y reclut, refuse les visites et rompt son mariage. Sa fiancée abandonnée, venue voir ce qui se passe, y découvre une présence mystérieuse liée à un labyrinthe. Une sympathique série B suspense/fantastique, un peu trop bavarde mais où l'atmosphère gothique fonctionne bien. La résolution est risible mais concourt au charme de l'ensemble. Il paraît que la 3D d'époque est exceptionnelle. BR US (vu en 2D)
Fiertés (Philippe Faucon, 2018) **
De la dépénalisation de 1981 au mariage de 2013 en passant par le PACS de 1999, les avancées sociétales et légales LGBT françaises à travers trois moments de la vie affective d'un gay parisien. En s'attachant au parcours personnel d'un individu et de ses proches, cette mini-série d'Arte évoque avec solidité et émotion les implications au quotidien des changements. La réalisation n'est qu'un cran au-dessus de "Plus belle la vie" mais qu'importe. DVD FR
Pinocchio (Walt Disney, Hamilton Luske & Ben Sharpsteen, 1940) ***
Un pantin merveilleusement animé apprend à ses dépends la tentation et le courage. Le deuxième classique de Disney est un chef-d'oeuvre intemporel où les péripéties, la féérie, la musique, l'humour, le drame (c'est un film sombre) et la morale se mêlent en un dosage parfait. Certaines des séquences sont parmi les plus belles de toute l'histoire de l'animation. En le revoyant, j'ai réalisé que "Pinocchio" était un "Eyes Wide Shut" pour enfants. BR FR
The endless (Justin Benson & Aaron Moorhead, 2017) 0
Deux frères échappés d'une secte dans leur adolescence y reviennent en visite et sont confrontés à des phénomènes temporels inquiétants. Si le thème est un vrai sujet (la nécessaire rupture avec les schémas familiaux), le traitement est désastreux, entre un poussif scénario en accumulation d'énigmes, le jeu incompétent des acteurs (dont les réalisateurs) et le rythme anémié. Un film fantastique nul, aux bonnes critiques désespérantes. BR UK
Klown / Klovn: the movie (Mikkel Norgaard, 2010) 0
Un futur père indigne, accompagné d'un ami qui ne pense qu'à se taper de la meuf, emmène son neveu d'une dizaine d'années en week-end. Succès à sa sortie au Danemark, cette adaptation à l'écran d'une série force sur le lourd, le gras et le potache dans une succession de séquences de situations sexuelles volontairement ridicules pour faire marrer le spectateur. J'ai laissé tomber au bout de 45' mais il paraît que la fin est pas mal. Ah bon ? BR UK
Moi, Tonya / I, Tonya (Craig Gillespie, 2017) **
La chute de la patineuse badass Tonya Harding (Margot Robbie, formidable), impliquée - à tort ou à raison - dans l'agression à la barre de fer de sa rivale Nancy Kerrigan avant les JO de Lillehammer. Le film fait du tonitruant scandale sportif de 1994 une satire de l'Amérique d'en-bas en orientant le propos vers la réhabilitation de Harding. La farce de certaines situations jure avec la violence continue des abus qu'elle subit. C'est un peu douteux. BR UK
Female trouble (John Waters, 1974) ***
A Baltimore, le parcours débridé d'une pouffiasse obsédée de gloire. Chaque instant de ce vrai film culte est un assaut à la bien pensance, à la convention et à l'ouïe par ses provocations visuelles et thématiques, sa fureur anarchiste et le jeu outrancier et hurlant des Dreamlanders (Divine, iconique et David Lochary, Edith Massey, Mary Vivian Pearce, Mink Stole, Cookie Mueller : ils y sont tous). Du cinéma entièrement libre qui n'appartient qu'à John Waters. BR US
Nos années folles (André Téchiné, 2017) *
Un soldat déserteur de la Guerre de 14 que son épouse a l'idée de travestir en femme pour échapper à l'exécution y prend goût, s'y révèle et ne veut pas revenir à la virilité. L'affaire Paul Grappe est un sujet vertigineux qui soulève de nombreuses questions. Malheureusement, ce film au titre malhabile souffre d'une construction artificielle qui plonge le spectateur dans l'ennui. Pierre Deladonchamps et Céline Sallette, eux, sont très bons. BR FR
1 juin 2018
Films vus par moi(s) : juin 2018
Premier de cordée (Louis Daquin, 1944) *
Un jeune guide de Chamonix (André Le Gall) devenu sujet au vertige se fait hôtelier avant de remettre les crampons. Cette première adaptation du roman de Frison-Roche bénéficie d'une photographie magnifique des décors naturels des Drus et la prouesse technique du tournage reste admirable mais la mise en scène de l'histoire elle-même est d'une platitude soporifique que le débit monotone des acteurs amplifie. Pour les images seulement. BR FR
La chasse du comte Zaroff / The most dangerous game (Ernest B. Schoedsack & Irving Pichel, 1932) ***
Naufragé sur une île, un voyageur trouve refuge dans le château d'un aristocrate russe psychopathe qui chasse le gibier humain. Petit par sa durée (63'), ce film d'aventures est l'un des plus grands des Thirties, par son atmosphère de perversité, la magie de ses décors, le dynamisme de sa poursuite dans la jungle et le marais, la musique de Max Steiner et le charisme de Joel McCrea, Fay Wray et Leslie Banks, méchant inoubliable. BR US
La dernière caravane / The last wagon (Delmer Daves, 1956) **
Quelques jeunes survivants d'un convoi massacré par des Apaches fuient le danger sous la conduite d'un aventurier condamné pour meurtre. Un beau western où les chariots, les indiens et les fusils cohabitent avec un fond de coming of age mélodramatique issu du conflit social et culturel entre les jeunes colons et l'homme solitaire. Richard Widmark porte le film dont l'autre vedette est la photo du paysage grandiose des canyons d'Arizona. BR FR
Baby driver (Edgar Wright, 2017) **
A Atlanta, un jeune conducteur émérite vissé à son iPod sert de chauffeur à une bande de pilleurs de banques. S'il n'y avait que les spectaculaires poursuites en voiture, le gimmick des chansons dans les oreillettes et le montage frénétique, le film serait un produit de plus. Seulement il y a le charisme de l'acteur principal (Ansel Elgort) et le romantisme touchant du scénario : les deux donnent un film d'action plus que sympathique. BR FR
Le crime de Monsieur Lange (Jean Renoir, 1936) ***
A Paris, le patron voyou d'une maison d'édition abuse ses employés qui décident de monter une coopérative. Le propos douteux (l'assassinat social a ses justifications) va au bout des idées du Front Populaire dont ce film est une émanation limpide. Au-delà de cet intérêt historique, c'est le scénario de Prévert et la mise en scène de Renoir qui sont fascinants dans leur semblant de déconstruction et de liberté formelle. Jules Berry est génial, Florelle aussi. BR DE
Le port de la drogue / Pickup on South Street (Samuel Fuller, 1953) ***
A New York, quelques paumés gravitent autour d'un microfilm volé. De drogue il n'est plus question : la version restaurée du film retourne à son thème anti-communiste, bien plus brûlant en 1953. Mais la véritable histoire est celle des visages meurtris, souvent filmés en gros plan, de ses anti-héros malmenés par la vie. Un magnifique Film Noir existentiel porté par la présence de deux acteurs que j'adore : Richard Widmark et Thelma Ritter. BR UK
Pris au piège / El bar (Alex de la Iglesia, 2017) 0
Les clients d'un bar de Madrid s'y retranchent quand des incidents inquiétants frappent le quartier. Un navet dont rien n'est à sauver. Le huis-clos enfile des situations désespérément usées, les personnages caricaturaux (le pompon : un SDF illuminé récitant L'Apocalypse) sont massacrés par des acteurs médiocres en roue libre et l'histoire, du début à la résolution, n'a aucun enjeu. J'ai vu la seconde moitié en accéléré. Minable. BR DE
Coco (Lee Unkrich & Adrian Molina, 2017) ***
Au Mexique pendant le Dia de Muertos, un garçon est projeté dans le pays des morts et cherche un arrière-grand-père qui fut une idole de la chanson. Le génie des artistes Disney/Pixar accouche encore d'un film exceptionnel. L'animation et les couleurs incroyables et le rythme trépidant sont au service d'un sujet grave (l'oubli des morts) qui fonctionne parce que le scénario et l'humour sont malins comme tout. J'aurais juste aimé plus de chansons. BR DE
Marvin ou la belle éducation (Anne Fontaine, 2017) **
Un jeune homme gay qui a quitté les Vosges pour Paris et une carrière au théâtre revoit son enfance brimée dans sa famille de misère. Inspiré par "En finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis, un film fait d'allers-retours entre hier et aujourd'hui, la France d'en-bas et la bourgeoisie intello du 5e. Les clichés poussent vers la caricature mais les deux acteurs qui jouent Marvin sont excellents et font vivre avec émotion leur personnage torturé. BR FR
23 mai 2018
2 mai 2018
Films vus par moi(s) : mai 2018
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Chicken (Joe Stephenson, 2016) **
Dans la campagne anglaise, un ado mentalement limité qui vit avec son frère dans une caravane sympathise avec une ado de la ville. Kitchen sink et trailer trash à la fois, un petit film qui s'appuie sur la vie déclassée des laissés pour compte de la société pour dresser le portrait touchant d'un garçon dont la seule confidente est sa poule (l'oiseau, pas la fille). Scott Chambers fait une performance d'acteur incroyable en jeune handicapé. BR UK
The bad batch (Ana Lily Amirpour, 2017) 0
Dans le désert texan post-apocalypse, une jeune femme mutilée par des cannibales arrive dans un camp de réfugiés où règne un gourou polygame. Tout ça plus des motos, des corbeaux et un culturiste polynésien (Jason Momoa, spectaculaire) et rien n'y fait : ce film au rythme anémique et à la pose artsy est chiant, mais chiant... La fille joue comme son pied coupé et Keanu Reeves et Jim Carrey ont pris vingt ans et vingt kilos chacun. BR US
Le grand soir (Benoît Delépine & Gustave Kervern, 2012) **
Un vendeur en literie d'une zone commerciale pète les plombs et suit son vieux punk SFD de frère dans sa rage contre la société zombifiée. Une comédie pamphlétaire à l'anarchie un peu fabriquée et à la conclusion faible mais qui est parfois très drôle dans ses situations et dialogues. Le casting y est pour beaucoup : Albert Dupontel et Benoît Poelvoorde sont excellents et les apparitions de Brigitte Fontaine et de Gérard Depardieu sont un régal. BR FR
L'île mystérieuse / Mysterious island (Cy Endfield, 1961) **
Des naufragés sur une île perdue tentent d'en partir, aidés par un pacifiste qui s'y est réfugié avant eux, le Capitaine Nemo. Librement inspiré de Jules Verne, un récit d'aventures vieille école aux trucages par transparence datés mais pleins de charme et pourvu de quatre créatures géantes par Ray Harryhausen (pas ses meilleures). Le formidable score de Bernard Herrmann surclasse le film par son dynamisme lyrique échevelé. BR DE
La région sauvage / La region salvaje / The untamed (Amat Escalante, 2016) **
Pendant que son frère a une liaison avec son mari, une jeune mère de famille rencontre une bête de sexe (au sens propre du terme puisqu'il s'agit d'un extraterrestre tout en tentacules péniens et orifices). Un impressionnant film fantastique mexicain sur les pulsions du désir face à la pression sociale qui joue la carte de l'horreur psycho-physique à la manière de Cronenberg ou Zulawski, mais avec plus de retenue. Subversivement érotique. BR UK
Blanche Neige et les sept nains / Snow White and the seven dwarfs (Walt Disney, 1937) ***
Harcelée par sa marâtre jalouse, une princesse souillon trouve refuge chez des nains en attendant son Prince. Même en en connaissant chaque plan, chaque mouvement, chaque réplique, chaque chanson par coeur (Yodel compris), le dessin animé qui lança l'empire Disney reste un émerveillement de tous les instants, un film visionnaire où kitsch, mythe, psychanalyse et brillance technique s'accordent en un chef-d'œuvre inaltérable. BR FR
Visages Villages (Agnès Varda et JR, 2017) *
Agnès Varda (88 ans) et JR (33 ans) parcourent la campagne française en camionnette-photomaton à la rencontre d'habitants dont ils font les portraits géants que JR colle sur des murs. Il y a des belles personnes et des moments touchants (liés à sa discrète mélancolie à elle) dans ce road movie artistique mais je ne supporte plus les jeux de mots poétisants de Varda, le narcissisme et la désagréable impression d'insincérité de la démarche. BR FR
La féerie du Jazz / King of Jazz (John Murray Anderson, 1930) ***
Le débonnaire Paul Whiteman et son orchestre mènent cette extravagante revue musicale qui mêle chansons, animations, sketchs, performances dansées et séquences à grand spectacle ("Rhapsodie in blue", "Happy feet"...). Les interludes burlesques sont ratés mais tout le reste est un incroyable show qui ne cesse d'étonner par son kitsch absolu et son entrain contagieux. Et c'est dans un Technicolor bichrome d'une beauté à tomber. BR US
Symphonie pour un massacre (Jacques Deray, 1963) *
Un truand en col blanc s'empare d'un pactole et doit éliminer un à un ses complices qui le soupçonnent. Un pur film narratif, dont le scénario sert uniquement à raconter son histoire sans aucune plus-value existentielle (Melville en aurait fait tout autre chose). Bref, c'est du bon produit mais on a vu ça mille fois. Le meilleur est le casting : Jean Rochefort, Charles Vanel, Michel Auclair, Claude Dauphin et Michèle Mercier juste avant Angélique. BR FR
The fits (Anna Rose Holmer, 2015) **
Une gamine de 11 ans cherche à s'intégrer à une classe de Hip-Hop dont des participantes sont frappées d'étranges crises d'épilepsie. Entrer dans la collectivité tout en affirmant son identité, c'est sans doute le sujet de ce court film (65') fait de regards silencieux, de lents travellings et de sursauts dynamiques. Si on accepte le rythme et le scénario ouvert, la séduction opère, d'autant que la jeune actrice Royalty Hightower est merveilleuse. BR FR
Threads (Mick Jackson, 1984) ***
Une attaque nucléaire près de Sheffield en détruit la population et les structures. Produit par la BBC, un impressionnant téléfilm britannique qui décrit sans pudeur ni tabou les terribles conséquences humaines de la guerre nucléaire du point de vue d'une jeune femme enceinte. Aucune autre oeuvre sur le sujet n'en atteint le ton désespéré (pas même "Testament" de 1983), amplifié par l'efficacité de l'aspect documentaire. Cauchemardesque. BR US
Manhandled (Allan Dwan, 1924) **
Une vendeuse de grand magasin extravertie et fiancée à un mécanicien se retrouve par hasard à fréquenter la haute société et fait l'objet de l'attention de ses hommes. A 25 ans, Gloria Swanson étincelle de charisme dans cette comédie dont la morale est typiquement Twenties : la bonheur est fait d'amour et d'argent. La caméra statique n'empêche le dynamisme du film, porté par l'abattage de sa star à la fois drôle et touchante. Un très bon muet. BR US
Le scorpion noir / The black scorpion (Edward Ludwig, 1957) *
Au Mexique, l'éruption d'un volcan réveille des scorpions géants. Ni le meilleur ni le pire des films de grosses bébêtes des Fifties, celui-là bénéficie des chouettes décors de désert et de grottes et des multiples créatures en stop motion de Willis O'Brien (celui de King Kong), réussies en plan large, moins en gros plan. Richard Denning et Mara Corday, des habitués du genre, étudient et affrontent les monstres avant de s'embrasser à la fin. BR US
Seven lucky gods (Jamil Dehlavi, 2014) **
A Londres, un beau migrant albanais (Nik Xhelilaj) en quête de papiers séduit un homme politique, une femme médecin et une vieille handicapée. Un film plus qu'ambigu, son regard clair sur le parcours piégé des illégaux se doublant d'une charge assassine contre la bourgeoisie pervertie d'Occident. L'accumulation des coïncidences force la crédulité mais la violence tranquille du message dérange et interroge. Et Nik Xhelilaj est canon, ça y'a pas à dire. BR DE
Le rituel / The ritual (David Bruckner, 2017) 0
Quatre amis partis randonner dans les highlands de Suède sont pourchassés par une présence monstrueuse. Un peu la version masculine du formidable "The descent" (2005), ce film d'horreur anglais est loin de son modèle : le réalisateur abuse de la tension provoquée par les inquiétants craquement de bois dans la forêt, les personnages ont peu d'intérêt et la résolution est d'une rare faiblesse. Il reste quelques fortes images ici et là. Netflix
Eté 93 / Estiu 1993 (Carla Simon, 2017) ***
En 1993, une gamine de 6 ans qui vient de perdre sa mère est adoptée par son oncle chez qui elle passe son premier été d'orpheline. L'irradiation solaire et la beauté simple de la campagne catalane forment un puissant contraste avec la gravité de l'histoire, autobiographie de la réalisatrice, qui évoque par touches impressionnistes la douleur silencieuse des enfants face à la mort. De tous les plans, la petite Laia Artigas est incroyable de justesse. BR IT
La mort de Staline / The death of Stalin (Armando Iannucci, 2017) 0
En 1953, la mort brutale de Staline provoque panique, répression et conflit de succession dans le cercle de ses intimes. Le sujet captivant est dynamité par le choix de le traiter en mode farce-satire sur un scénario très bavard et une mise en scène théâtrale où les acteurs (un bon casting) éructent et hystérisent à la façon humour British des Monthy Python. C'est crispant et douteux, le mélange violence-rigolade est de l'absurde potache à la con. BR UK
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