4 février 2024

Films vus par moi(s): février 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Zombi child (Bertrand Bonello, 2019) ***
En 1962 à Haïti, un homme est zombifié pour travailler dans une plantation. En 2017, sa petite-fille intègre à Saint-Denis la Maison d'Education de la Légion d'Honneur où elle dévoile l'histoire à quelques camarades. Interprété par de formidables jeunes actrices, un film passionnant qui interroge le désanimé occidental face à l'irrationnel vivant, ici le vaudou. Circulant dans le temps et l'espace, le scénario n'affirme rien mais donne à réfléchir sur les oeillères du monde blanc. Une superbe découverte. BR FR

Hélène de Troie / Helen of Troy (Robert Wise, 1956) ***
Enfuie avec son amant Paris à Troie, la femme de Ménélas et reine de Sparte déclenche une guerre entre les deux villes. En CinémaScope et Technicolor, L'Illiade de Robert Wise est un flamboyant spectacle porté par des moyens impressionnants et un scénario qui sabre avec intelligence tout en rafraîchissant la mémoire. Si Jacques (Jack) Sernas est un peu terne en Paris, Rosanna Podesta est une Hélène de rêve. Le Cheval aussi. BR US 

Un petit coin aux cieux / Cabin the the sky (Vincent Minneli, 1943) ***
Tué dans une embrouille, un bon à rien se voit offrir un bonus de six mois par un ange et un démon qui luttent à le racheter ou le perdre. Le couple qu'il forme avec sa femme (formidable Ethel Waters, qui porte le film) structure ce merveilleux Musical au casting entièrement noir (Lena Horne, Rex Ingram, Duke Ellington...) qui a scandalisé le Sud des Etats-Unis. Vu aujourd'hui, l'audace est incroyable, amplifiée par la bienveillance, la joie de vivre et l'entrain de l'ensemble. BR US

Dagon / Dagon, la secta del mar (Stuart Gordon, 2001) **
Naufragé près d'un village de pêcheurs, un jeune couple est attaqué par des mutants vouant un culte à Dagon. Lovecraft est l'un des auteurs les plus difficiles à adapter à l'écran -  personne n'a réussi - mais ce film à petit budget s'en sort plutôt bien avec son décor décomposé, son atmosphère humide et sa suggestion de l'horrifique. Il y a des ratés - l'acteur principal est nul - mais l'esprit lovecraftien, si particulier, est bien là. BR FR

Eegah (Arch Hall Sr., 1962) NSP
Dans le désert de Palm Springs, un jeune homme préhistorique de 2,18m s'éprend d'une pépée brune qu'il enlève. Inspiré de King Kong, ce navet fauché est si nul en toutes parts - situations, dialogues, mise en scène et acteurs - que l'ensemble s'en trouve étonnamment réjouissant. Dans le rôle du néandertalien Eegah, le géant acromégale Richard Kiel à ses débuts. Après rasage, c'est lui le plus beau. Un véritable ABC du Z. DVD Z2 FR

Centurians of Rome (John Christopher, 1981) **
Dans la Rome antique, deux travailleurs agricoles sont kidnappés et vendus comme esclaves à Caligula. Un classique du porno gay du tournant des 80s, c'st-à-dire avec un semblant de scénario, de mise-en-scène et du poil au cul. Dans le genre c'est pas mal du tout, comme un Steve Reeves hard. Avec une célèbre couille dans le titre, Star Wars et Tchaikowsky en B.O. et un budget payé sur le casse d'une Brink's. Culte ? Internet

Bajirao Mastani (Sanjay Leela Bhansali, 2015) *
Vers 1735, le chef hindou Bajirao marié à la noble Kashibai prend pour seconde épouse la musulmane Mastani, provoquant la colère de sa mère. D'après un célèbre épisode de l'histoire indienne, un blockbuster épique et conjugal bollywoodien de 2h30 qui m'a vite ennuyé par sa mise en scène à facilités - les interminables ralentis - malgré la beauté des stars et le luxe déployé. Mais deux séquences musicales, la danse des femmes et surtout la danse des hommes, sont géniales. BR FR

Les algues vertes (Pierre Jolivet, 2023) NSP
A Saint-Michel-en-Grève dans les Côtes d'Armor, la pigiste de radio Inès Léraud (Céline Sallette) enquête sur le déni des élus et des agriculteurs dans le scandale des algues vertes tueuses. D'après l'excellente BD écrite par la journaliste elle-même, un film purement informatif - presqu'une docu-fiction - qu'on regarde avec intérêt et un sentiment de dépit. La plus-value cinéma, elle, serait trop injuste à noter. BR FR 

Problemos (Eric Judor, 2017) **
Un couple de Parisiens et leur fille en visite dans une communauté zadiste de l'Ardèche s'y retrouve coincée pour se confiner d'une pandémie qui se déclare dehors. Prémonitoire en 2017 ! Une satire mordante - pas méchamment - des utopistes de l'extrême qui est très drôle et politiquement incorrecte, un peu brouillonne aussi. Le casting, dont Eric Judor et Blanche Gardin, fait des étincelles. DVD Z2 FR

Maurice Tourneur, Tisseur de rêves (Pierre Filmon, 2024) ***
Adapté - par elle-même - du livre de Christine Leteux sur Maurice Tourneur, un documentaire de 65' sur le réalisateur français parti en 1914 aux USA et devenant un des génies du muet avant de revenir en France. Cette période américaine, objet principal du film, révèle de superbes extraits de films sur des partitions sur mesure de Stephen Horne et les voix d'Anne Alvaro et d'Emmanuel Lemire. Un travail admirable !  

Le règne animal (Thomas Caillet, 2023) ***
Dans les Landes, des mutations créent des humanimaux, capturés pour être mis dans des réserves. Un père dont le fils est touché cherche à le protéger. Malgré un petit coup de mou au milieu, un film fantastique "à la française" qui fait la part belle aux sentiments dans l'épreuve et à la réflexion sur la nature du vivant. Les images sont splendides, l'onirisme puissant et Romain Duris et Paul Kircher, bouleversants. BR FR

Les Maîtres de Rome (Constance Colonna-Cesari, 2023) 
Entre 1513 et 1516, Michel-Ange (38 ans), Raphaël (30 ans) et Léonard de Vinci (61 ans) se retrouvent tous les trois à Rome pour travailler au service du pape Léon X. La compétition féroce va révéler leurs personnalités profondes et leur faire produire une série des chefs-d'oeuvre inégalée. Un documentaire de 52' sur une page peu connue de l'histoire de l'art. Je ne critique pas car je l'ai co-écrit. ARTE et arte.tv

Barbie (Greta Gerwig, 2023) *
Prise de questionnements existentiels, Barbie quitte Barbie Land avec Ken et découvre la vraie vie à Los Angeles. Intrigant et amusant pendant le premier quart d'heure, le blockmonster de 2023 assène son salutaire message libérateur et égalitaire avec une lourdeur, une emprise de Mattel et des visuels vite écœurants. Ennuyé, j'ai regardé le film d'un oeil distrait pour me faire l'opinion légitime qu'il n'était pas pour moi. Mais Margot Robbie et la petite séquence du ballet des Ken sont formidables. BR FR

2 commentaires:

  1. Argh....il ne me reste déjà plus grand chose de "Barbie". Dommage car j'en aime bcp le début, les vingt premières minutes que je trouve vraiment géniales. Mais c'est l'iruption à l'écran et dans la narration de la mère et de sa fille (tête à claques) qui a fait retomber le soufflé. Dommage que le film se perde aussi ensuite dans des considérations sur la place de la femme et de l'homme dans le monde moderne. Toute la fin est laborieuse (sauf la chanson de Ken, étrange, décalée)

    Sanjay Leela Bhansali a fait mieux avec "Devdas" (même s'il m'a fallu du temps pour l'apprécier à sa juste valeur, celle d'un classique du début des années 2000) et même "Hum dil de chuke Sanam"

    Il y avait également moins de CGI grotesques ou de surcharge visuelle (ce qui apporte un effet "loupe" par rapport à des scripts déjà très friands en émotions surlignées). Reste que l'un de ses plus beaux demeure "Saawariya" qui a été ignoré pendant quelques années et qui est pourtant un de ses plus simples, accessibles et d'une étonnante recherche visuelle.

    Pas mal cette collection "Freaks" de chez Bach Films, supervisée par Christophe Bier. Quelques belles découvertes, souvent dans du bis ou du Z, pellicules sauvées de l'oubli.

    RépondreSupprimer
  2. Rien ne reste de Barbie pour moi non plus. Mais il n'y avait pas grand chose à la base, alors...
    Je n'ai pas vu Devdas mais j'avais adoré Padmaavat. merci pour le tuyau de Saawariya !

    RépondreSupprimer