9 juin 2022

Films vus par moi(s): juin 2022


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Parfum de femme / Profumo di donna (Dino Risi, 1974) ***
Un ancien militaire quinquagénaire devenu aveugle par accident se fait accompagner par un appelé dans un voyage entre Gênes, Rome et Naples. Douze ans après "Le Fanfaron" et sur un thème assez proche, un autre chef-d'oeuvre du mélodrame existentiel à l'italienne. Vittorio Gassman, magnétique dans sa présence et son jeu, s'approprie le film, parfaitement secondé par le jeune et tragique Alessandro Momo. BR FR

Monsoon (Hong Khaou, 2019) *
Un trentenaire anglais d'origine vietnamienne - Henry Golding, très bien - dont la famille à émigré en Angleterre après la guerre revient trente ans après à Saïgon pour y disperser les cendres de ses parents. La rencontre sentimentale avec un expatrié noir américain dont le père a combattu de l'autre côté est la seule péripétie de ce film visuellement léché qui se complait dans une mélancolie et une lenteur pesantes. Chichiteux. BR UK

La bête aveugle / Mōjū / Blind beast (Yasuzo Masumura, 1969) **
Un sculpteur-masseur aveugle enlève une modèle et l'enferme dans son atelier de nus féminins gigantesques. Un pur film de genre où l'érotisme et le Grand Guignol à la japonaise déploient leurs outrances dans un étonnant décor étonnant de carton-pâte. Toutes les attitudes et tous les dialogues sont convulsifs, sur un mode sado-masochiste qui annonce L'Empire des Sens tout en restant dans la forme de la série B. Bizarroïde. BR UK   

3 mai 2022

Films vus par moi(s): mai 2022

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

La mort de Belle (Edouard Molinaro, 1961) ***
Près de Genève, la vie tranquille d'un professeur de lettres bascule quand la jeune américaine au pair qu'il accueille avec sa femme est assassinée. D'après Simenon, l'étude d'un personnage qui se révèle à lui-même sur un scénario aux intonations freudiennes un peu appuyées mais qui fonctionne parfaitement grâce à Jean Desailly, formidablement touchant, et à la mise en scène discrète et précise. Un film assez désespéré, à la Simenon, vraiment. BR FR

France (Bruno Dumont, 2021) ***
La journaliste star d'une chaîne d'information en continu fait un burn-out. Derrière la satire des médias contemporains, qui est l'aspect le plus convenu du film, l'intrigant portrait d'une femme qui a perdu son âme et erre comme un fantôme dans le monde et sa vie. Le jeu incertain des acteurs, dérangeant au début, se révèle passionnant, avec au premier plan - et toute en gros plans - Léa Seydoux dans une performance somnambulique. BR FR

Une place au soleil / A place in the sun (George Stevens , 1951) ***
Un jeune homme d'origine modeste tombé amoureux d'une riche héritière doit faire avec son encombrante compagne. Montgomery Clift et Elizabeth Taylor forment un des plus beaux couples du cinéma dans ce mélodrame cruel sur la culpabilité et les pièges de l'ascension sociale. L'excellente mise en scène isole le personnage joué - superbement - par Clift dans sa fragilité torturée qui bouscule le stéréotype masculin hollywoodien. BR FR

Dead zone / The Dead Zone  (David Cronenberg, 1983) **
Dans le Maine, un prof accidenté sorti du coma découvre qu'il peut voir l'avenir des autres en leur serrant la main alors qu'un politicien local mène campagne. D'après Stephen King, un bon thriller sur le pouvoir et la responsabilité servi par la mise en scène et le casting, mené par Christopher Walken, assez bouleversant dans le rôle tragique d'un quidam dépassé par son don. Le parfum très Eighties de l'ensemble rappelle un cinéma d"époque disparu. BR DE 

BAC Nord (Cédric Jimenez, 2020) ***
En 2012 à Marseille, trois policiers de la BAC Nord usent de méthodes non conformes pour coincer un réseau de trafiquants de drogue. D'après des événements qui firent du bruit dans les médias, un film policier haletant où l'action et l'intime fusionnent habilement, portés par Gilles Lellouche, François Civil et Karim Keklou qui incarnent les trois flics désabusés par une hiérarchie qui leur délègue le terrain miné. On comprend comment le film a pu être récupéré politiquement. BR FR 

L'homme à la peau de serpent / The fugitive kind (Sidney Lumet, 1960) ***
Dans un bourg du Mississippi, un beau guitariste trouve un petit boulot dans une droguerie tenue par une quinquagénaire frustrée dont le mari se meurt. Cette adaptation de Tennessee Williams possède un peu de l'hystérie habituelle de l'auteur - la sauvageonne par Joanne Woodward - mais étincelle par la confrontation entre Anna Magnani et Marlon Brando, qui joue et est filmé avec une charge sexuelle assez terrassante. Un film bien meilleur que sa réputation. BR US

Tralala (Jean-Marie & Arnaud Larrieux, 2020) 0
Venu à Lourdes sur la trace d'une jeune fille rencontrée à Paris, un chanteur de rues vagabond est pris pour un jeune homme disparu depuis vingt ans et sème le trouble chez ses proches. Mathieu Amalric en crasseux est entouré de Josiane Balasko, Mélanie Thierry, Maïwenn, Denis Lavant... dans cette comédie musicale existentielle dont je n'ai pas pu supporter le filet monocorde des acteurs sans voix poussant la chansonnette. Raté pour moi. BR FR 

Un violent désir de bonheur (Clément Schneider, 2018) *
Dans l'arrière-pays niçois en 1792, un jeune moine dans un couvent est sensible aux idées de révolutionnaires venus réquisitionner les lieux. Un bon sujet, un excellent titre et de belles images de la campagne solaire dans laquelle les mentalités évoluent, sans violence. Mais la réalisation sage, le jeu approximatif des acteurs et les références contemporaines appuyées donnent au film le sentiment d'un projet d'un étudiant pasolinien.  DVD Z2 FR

2 avril 2022

Films vus par moi(s): avril 2022

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Le mystère Marilyn Monroe : Conversations inédites / The mystery of Marilyn Monroe: The unheard tapes (Emma Cooper, 2022) 0
A partir de ses enregistrements audio d'entretiens avec des témoins des derniers mois de l'actrice, le biographe Anthony Summers - auteur en 1985 de "Goddess / Les vies secrètes de Marilyn Monroe" -  revient sur les causes de sa mort. La démonstration se veut imparable mais les témoins essentiels sont-ils crédibles ? Et cette idée de donner corps aux voix par des acteurs jouant les témoins en play-back ? Quant à la photo putassière de Marilyn morte sur son lit... Bref. Netflix

Au poste (Quentin Dupieux, 2018) 0
Dans un commissariat, la confrontation entre un flic atypique (Benoît Poelvoorde) et son suspect en garde à vue (Grégoire Ludig). Après 30 minutes, c'est en accéléré que j'ai jeté un oeil sur cette comédie claustrophobe - tout ou presque ce passe dans le décor d'un bureau de police, avec un twist à la fin - qui repose entière sur un type d'humour, l'absurde hurluberlu des situations, des dialogues et du jeu, que je ne peux pas saquer. Peine perdue. BR FR

Aline (Valérie Lemercier, 2020) * 
De la campagne québécoise aux néons de Las Vegas, la vie d'Aline Dieu, aka. Céline Dion. L'histoire de la gamine à voix qui conquiert le monde est racontée de façon strictement narrative, sans véritable conflit ni point de vue dans un biopic étonnamment respectueux de la part de Lemercier (d'ailleurs très bien dans le rôle), d'habitude plus mordante. Ce qui se dégage, c'est la tendresse que la réalisatrice porte à son sujet et c'est déjà pas mal. Prime Video  

Bécassine (Pierre Caron, 1940) *
À Clocher-les-Bécasses en Bretagne, une petite bonne entrée au service de la marquise de Grand-Air assiste au manège d'un trio d'escrocs en résidence au manoir. La belle côte de granit de Trégastel sert de décor à cette comédie loufoque qui n'amuse que par sa bêtise et la présence de quelques vieux cabotins (Max Dearly, Alice Tissot et surtout Marguerite Deval). Paulette Dubost en Bécassine n'essaye même pas l'accent breton, c'est con. DVD Z2 FR

Illusions perdues (Xavier Giannoli, 2021) ***
Vers 1820, un provincial (Benjamin Voisin) venu tenter sa chance littéraire à Paris devient rédacteur d'un journal sans foi ni loi et s'imagine se hisser jusqu'à la Cour. Les stratégies et les compromissions des individus et des groupes dans le contexte du capitalisme naissant tissent le scénario dynamique de cette adaptation de Balzac portée par une mise en scène et un casting superbes. Les clins d'oeil au monde actuel sont un peu lourds, mais bon... BR FR 

Apollo 10 1/2 : Les fusées de mon enfance / Apollo 10 1/2: A space age adventure  (Richard Linklater, 2022) *
En 1969 à Houston, un jeune adolescent suit à la télé avec sa famille l'arrivée des premiers hommes sur la Lune en rêvant qu'il fait partie de l'aventure. Un dessin animé en rotoscopie qui joue uniquement - et rien d'autre - sur la nostalgie d'une enfance américaine protégée et heureuse. C'est spielbergien en diable, les madeleines de Proust et l'Americana sont formidablement sympathiques mais c'est tout, le vide est presque intersidéral. Netflix 

Jerk (Gisèle Vienne, 2021) **
Devenu marionnettiste et ventriloque, le complice d'un tueur en série pédophile des années 70 raconte les crimes depuis la prison où il a monté un spectacle. En un plan-séquence de 60' et avec une seule chaise comme accessoire, une performance stupéfiante de physicalité de Jonathan Capdevielle, qui, avec l'aide de cinq marionnettes, de ses cordes vocales et de sa salive, suggère l'abominable et glace les sangs. D'après une pièce. Hard. DVD Z2 FR 

Fille du Diable (Henri Decoin, 1946) *
Ayant pris l'identité d'un accidenté fortuné, un voleur devenu notable du village de celui-ci se fait remarquer par un médecin et une réprouvée. Truffé d'invraisemblances et desservi par un Pierre Fresnay qui ne croit pas à son rôle, un film qui reste intéressant par son atmosphère un peu fantastique, le sourire sardonique de Fernand Ledoux et surtout, la présence intense de la tragique Andrée Clément en jeune fille farouche et révoltée. Pour elle. BR FR 

Lux Aeterna (Gaspar Noé, 2019) **
Sur le plateau d'une production fauchée, le tournage chaotique d'une scène de bûcher de sorcières. Un moyen-métrage de 50' qui panache film de genre, comédie et cinéma expérimental avec un dynamisme exaltant, dû au split-screen, à l'acrobatie des dialogues improvisés - Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg sont formidables - et à l'hystérie généralisée. J'ai beaucoup ri, jusqu'au final en violent stroboscope, aussi intéressant que pénible. BR FR

7 mars 2022

Films vus par moi(s): mars 2022

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Benedetta (Paul Verhoeven, 2021) **
Dans les années 1620 en Toscane, une religieuse qui a des visions christiques entretient une relation lesbienne avec une novice pendant que la peste ravage le pays. Le première heure poussive fait place à une seconde partie palpitante qui croise les thématiques du désir, du pouvoir et de l'appel dans un conflit superbement écrit et mis en scène. Virginie Efira donne à son personnage une assurance magnétique et Charlotte Rampling en impose. BR FR

Le Journal d'Andy Warhol / The Andy Warhol Diaries (prod. Ryan Murphy, 2022) **
Avec des films d'archives, des témoignages de proches, des reconstitutions par silhouettes et de la voix recréée - plutôt bien - de Warhol qui nous fait plonger dans ses pensées, un portrait intime de l'homme plutôt que de l'artiste, au travail à peine évoqué. Centré sur ses amours avec Jed Johnson et Jon Gould et accompagné d'une musique mélancolique à souhait, le documentaire est une longue élégie au personnage à la fois génial, impossible et paumé. Netflix

Les disparus de Saint-Agil (Christian-Jaque, 1938) **
Dans un pensionnat en 1938, trois camarades planifient un départ en Amérique. Le pouvoir de l'imaginaire des enfants - et leur désillusion ou survie dans l'âge adulte - est le beau sujet de ce film dont la place mythique dans le cinéma de l'époque est excessive. Le scénario décousu et la mise en scène assez plate ne s'élèvent pas au niveau du thème. Mais les trois jeunes acteurs, Erich von Stroheim et Armand Bernard sont formidables. BR FR

Le bal des 41 / El baile de los 41 (David Pablos, 2020) 0
En 1901 à Mexico, le gendre du président délaisse sa jeune épousée et entame une liaison avec un homme avec lequel il fréquente un club exclusif de l'élite homosexuelle du pays. Le scandale de "Los 41 maricones" est un étonnant fait divers et aurait pu faire un excellent film mais à force de scènes inutilement étirées, de longs silences qui se veulent éloquents et d'éclairage mordorés, on se prend à n'en avoir rien à foutre. Netflix

5 février 2022

Films vus par moi(s): février 2022


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

The leather boys (Sidney J. Furie, 1964) ***
À Londres, un jeune homme marié à une fille un peu soûlante se lie d'une amitié fusionnelle avec un biker excentrique qu'il attire. Filmé en décors naturels dans un splendide CinemaScope N&B, un kitchen sink anglais à part qui aborde l'attraction homosexuelle avec tendresse, retenue et justesse malgré une avant-dernière scène vraiment pénible aux yeux contemporains. Colin Campbell, Rita Tushingham et Dudley Sutton sont excellents. BR US

Chercheuses d'or de 1933 / Gold diggers of 1933 (Mervyn LeRoy, 1933) **
En pleine Depression, trois amies choristes à Broadway s'activent pour retrouver travail et amour. L'un des grands Musicals Warner des Thirties s'attaque, sur le ton de la comédie, au sujet de la crise économique et sociale de l'époque. Si le milieu du film patine un peu autour d'un argument de boulevard, les quatre séquences chorégraphiées par Busby Berkeley sont géniales, dont bien sûr "We're in the money" et  l'immense "Remember my forgotten man". BR US

Série Noire (Alain Corneau, 1979) ***
Englué dans son quotidien désespérant, un type entrevoit la possibilité d'une nouvelle vie. Dans la grisaille d'une zone décrépite, quelques personages affectivement cassés se comportent comme des animaux pour leur survie incertaine, sur fond de variétoche. Magnétique, Patrick Dewaere fait une performance d'acteur d'une intensité qui touche à la folie, secondé par Marie Trintignant, Myriam Boyer, Bernard Blier. Un sommet du film nihiliste. BR FR

Berlingot et Cie (Fernand Rivers, 1939) *
Deux vendeurs de berlingots - un quasi-couple - dont le stand de fête foraine a été incendié tentent de nouveaux métiers. Une comédie d'une bêtise et d'une paresse impossibles mais qui se laisse regarder grâce au cabotinage outrancier de Fernandel, tout en dents et en yeux hurluberlus, deux chansons pas mal, la présence de Charpin, Fréhel, Suzy Prim et Temerson et le festival de camp que tout ça représente. Du lourd, mais si on aime... DVD Z2 FR 

Poursuites dans la nuit / Nightfall (Jacques Tourneur, 1957) ***
Un vétéran du Pacifique est poursuivi par deux malfrats dont il a découvert par hasard le butin de cambriolage. Un Film Noir d'atmosphère plus que d'action où les rues à néon du Los Angeles nocturne s'équilibrent en flashbacks avec la blancheur des neiges du Wyoming. Tous les personnages courant après quelque chose, fortune ou raison d'être, le film a une forte tonalité existentielle. Puissant et voix cassée, Aldo Ray est un antihéros parfait. BR FR

Comment réussir dans les affaires sans vraiment essayer / How to succeed in business without really trying (David Swift, 1967) ***
Suivant scrupuleusement les conseils d'un livre de coaching, un laveur de vitres se fait embaucher dans une grosse boîte de Manhattan dont il gravit tous les échelons. Une formidable satire de l'univers corporate dont le propos sur le carriérisme n'a pas pris une ride. Les très bonnes chansons chorégraphiées par Bob Fosse s'intègrent superbement au décor Sixties acidulé et Robert Morse, génial, joue de son visage et de son corps avec une plasticité folle. BR US 

Ce vieux rêve qui bouge (Alain Guiraudie, 2001) ***
Un intérimaire - Pierre-Louis Calixte, le seul pro des acteurs - embauché pour démonter une machine-outil dans une usine qui ferme provoque le désir d'un ouvrier en pré-retraite et du contremaître. Dans le décor décrépit, les échanges bourrus et les attitudes maladroites des deux hommes sont adoucis par l'assurance du jeune technicien, qui les révèle à eux-mêmes. En 50', un moyen-métrage qui annonce le travail à venir de Guiraudie. Magnifique. DVD Z2 FR

3 janvier 2022

Films vus par moi(s): janvier 2022


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Maman très chère / Mommie Dearest (Frank Perry, 1981) ***
De 1940 à 1977, les épisodes marquants de la vie de Joan Crawford vécus par sa fille adoptive et souffre-douleur, Christina. Outrancière à chaque instant et culte à tous les niveaux, cette biographie féroce de la star la plus complète de Hollywood est, par le jeu vraiment délirant de Faye Dunaway, à la fois une comédie et un film d'horreur dans lesquels se dissimule un propos sérieux sur la maltraitance des enfants, balayé par l'hystérie du camp. BR US

Gaudí (José María Argemí, 1960) 0
La vie de Gaudí, de sa sortie de l'école d'architecture à son accident de tramway. Plus centré sur sa personnalité que ses travaux, un biopic plan-plan comme tout qui ne vaut que par le scénario adapté à la morale franquiste : la transition du mondain à l'ascète et le retrait volontaire des passions féminines -  une cocotte et une dévote - sont présentés comme un modèle de sacrifice moral. Pour ses créations, on repassera. YouTube 

Spencer (Pablo Larraín, 2021) *
Trois jours d'enfer de la princesse Diana à Sandringham au Noël 1991. Moins pire que son Jackie de 2016, un autre drame des châteaux, entièrement écrit du point de vue de Diana (Kristen Stewart pour une fois m'a semblé moyennement à l'aise avec le rôle), qui y aborde les rives de la psychose. À part deux scènes libératrices à la fin, le réalisateur ne sert que torture et souffrance, beaucoup pour Lady Di et un peu pour le spectateur. Amazon Prime Video

Le brigand bien-aimé / Jesse James (Henry King, 1939) ***
Dans les années 1870, les frères Frank et Jesse James dévalisent sans violence trains et banques avec leur bande mais le risque pèse sur l'épouse de Jesse. Le conflit personnel l'emporte sur l'action dans cet émouvant western intime en Technicolor. Tyrone Power incarne avec un charme ravageur le bandit passé au statut de légende grâce aux romans et aux films, dont celui-ci fut le prototype. Avec Henry Fonda, Nancy Kelly et Randolph Scott. BR FR 

Avoir vingt ans / Avere vent'anni (Fernando di Leo, 1978) *
Deux jeunes femmes délurées se retrouvent dans une communauté assez amorphe où elles ne trouvent pas leur plaisir. De l'érotisme Seventies, de la comédie et de l'outrance jusqu'à un final de violence extrême... Un film d'exploitation à la chute volontairement choquante, sans doute pour porter un message - sur le machisme et la désillusion ? - plutôt confus. Les deux actrices sont sexy et charismatiques, c'était dans le job description. BR FR

L'amour de Jeanne Ney / Die Liebe der Jeanne Ney (G.W. Pabst, 1927) ***
Après la Révolution russe, une française et l'assassin de son père tombent amoureux. Un mélodrame de la fin du muet dont le scénario un peu bancal est compensé par la mise en scène inventive de Pabst, qui utilise tous les effets possibles pour créer un rythme haletant, et des scènes tournées dans les rues du Paris d'époque. Le casting est formidable, notamment Fritz Rasp en méchant d'anthologie et Brigitte Helm en jeune aveugle.  BR UK

Don't look up (Adam McKay, 2021) ***
Un astronome lambda et son assistante tentent d'alerter la Maison-Blanche qu'une comète géante va détruire la Terre dans six mois. Sur un ton de comédie acerbe, une dénonciation amère de l'attitude révoltante des classes dominantes et de l'aveuglement collectif du monde actuel face aux enjeux universels. Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence excellent dans des rôles à contre-emploi. Un blockbuster d'une intelligence inédite. Netflix 

7 décembre 2021

Films vus par moi(s): décembre 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Les enfants terribles (Jean-Pierre Melville, 1950) **
Un frère et une soeur, adolescents fusionnels, vivent autour de leur chambre-sanctuaire jusqu'au jour où trois tiers entrent dans leur univers autonome. Jean Cocteau a écrit le roman d'origine et prête sa voix-off sentencieuse à ce film inclassable entre réalisme et surréalisme dont les situations et dialogues sont aussi outranciers que le jeu fébrilement halluciné de Nicole Stéphane. Vu comme une fiction sur la psychose, c'est passionnant. BR UK  

Le croque-mort s'en mêle / The comedy of terrors (Jacques Tourneur, 1963) **
Un entrepreneur de pompes funèbres victorien en faillite tente de se refaire une clientèle par l'assassinat. Une comédie gothique écrite par Richard Matheson que le nonsense et l'absurdité élèvent à la farce. Mais c'est le casting de cabotins sur le retour qui étincelle en surjouant : Vincent Price, Boris Karloff, Basil Rathbone et, dans un rôle et un physique globuleux hilarants, Peter Lorre, prodigieux. Un film facétieux sympathique comme tout. BR UK

La Gorgone / The Gorgon (Terence Fisher, 1964) *
Vers 1910 en Europe Centrale, des villageois meurent minéralisés aux pleines lunes. Un médecin soupçonne une réincarnation de la Gorgone. Le scénario n'est pas à la hauteur de ce qu'il aurait pu être et le film est plat, ne s'animant que lors des très rares apparitions de la créature et de quelques belles compositions atmosphériques en Technicolor de la Hammer. Peter Cushing, Barbara Shelley et Christopher Lee font leur job, sans plus. BR US 

Clair-obscur / Passing (Rebecca Hall, 2021) **
A New York dans les Twenties, deux anciennes amies de la bourgeoise noire se retrouvent des années plus tard : l'une s'est reconstruite sa vie en se faisant pour blanche. Sur un sujet de mélodrame, un film qui en évite les outrances pour se concentrer sur le portrait de deux femmes semblables séparées par un mensonge. Très stylé dans sa photo N&B et le jeu retenu de Ruth Negga et Tessa Thompson, un woman's picture 100% contemporain. Netflix 

Peter Ibbetson (Henry Hathaway, 1935) ***
Inséparables, un garçon et une fille âgés de huit ans doivent pourtant se quitter. Ils se retrouvent vingt ans plus tard, réactivant leur attachement mutuel. L'amour absolu s'affranchit du temps, de l'espace et de la raison dans ce mélodrame poético-fantastique aux accents jungiens porté par la direction sans aucune mièvrerie de Hathaway et le jeu sensible de Gary Cooper - tout en vulnérabilité - et de Ann Harding. Incandescent. BR FR

La princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier, 2010) *
Dans les années 1570, une jeune femme mariée par son père à son cousin Montpensier reste amoureuse de son autre cousin, un Guise. Un film en costumes - inspirés des portraits de Clouet, ils sont très beaux - dont les personnages ne sont pas assez écrits, ni incarnés par les acteurs qui peinent à s'accaparer les dialogues, pour qu'on s'intéresse à leurs émotions un peu vaines. Alors, malgré les paysages magnifiques, on s'ennuie bien. BR FR

Le prince / Il principe (Sebastián Muñoz, 2019) 0
Un nouveau détenu apprend la cohabitation dans une prison du Chili sous la domination protectrice d'un parrain de cellule. Tensions de groupe forcées, homoérotisme gratuit et mise en scène satisfaite : ce film qui veut explorer le territoire du désir gay en milieu carcéral enfonce surtout des portes ouvertes, jusqu'à la fin prévisible de loin. L'acteur qui joue L'Étalon vieillissant est bien mais pas de quoi grimper aux barreaux non plus. BR FR

The power of the dog (Jane Campion, 2021) **
En 1926 dans le Montana, l'équilibre entre deux frères éleveurs est ébranlé quand arrive la nouvelle femme de l'un, accompagnée de son fils androgyne. L'Ouest disparaît en même temps que la masculinité toxique dans ce western un peu long où la tension psychologique s'inscrit dans un décor naturel sublimé par la photographie. Benedict Cumberbatch et le jeune Kodi Smit-McPhee s'affrontent dans un conflit de nerfs et de genre. Netflix