3 octobre 2021

Films vus par moi(s): octobre 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Les chemins de la haute ville / Room at the top (Jack Clayton, 1959) ***
Dans une ville minière anglaise, un jeune homme (Laurence Harvey) de milieu ouvrier veut vite grimper l'échelle sociale en séduisant la fille d'un magnat. Un peu la version britannique d'A Place in the Sun (1951), ce mélodrame cruel est passionnant dans son hybridité : sur une trame classique, il panache studio et décor urbain et laisse Simone Signoret jouer d'une façon étonnamment moderne, ce qui lui a valu l'Oscar 1960. BR UK

Léonard de Vinci / La vita di Leonardo da Vinci (Renato Castellani, 1971) **
Léonard de Vinci, sa vie et son oeuvre, dans cette prestigieuse mini-série italienne en cinq épisodes, coproduction Instituto Luce/RAI/ORTF/TVE. De l'enfance à Vinci à la mort à Amboise, le scénario suit par grandes étapes son parcours (évitant toute référence directe à l'homosexualité) en explorant surtout sa personnalité atypique et son inventivité insatiable. Philippe Leroy est un excellent Leonardo, séduisant et fiévreux. YouTube

Old (M. Night Shyamalan, 2021) ***
Descendus sur une plage isolée d'une île caraïbe, douze touristes y sont piégés par une force qui les fait vieillir à vue d'oeil. Shyalaman sait toujours manier la caméra, l'existentialisme et le suspense à merveille : ici, le décor minimaliste du paradis infernal sert de fond à une fable fascinante - et dérangeante - sur la temporalité de la vie humaine. Un concept assez génial et la forme d'une série B d'horror : que demander de plus ? BR UK  

Thundercrack! (Curt McDowell, 1975) ***
Réfugiés lors d'une tempête dans la maison d'une veuve névrosée, trois filles et trois garçons profitent du branlodrome qu'elle a installé dans la chambre de son fils disparu, puis d'eux-mêmes. Underground, délirant et fait sur un budget de ficelle surclassé par les idées, les dialogues hilarants et la photo en N&B contrasté, un film d'art porno pansexuel de 2h30 qui convoque sous poppers Waters, Bergman et Romero. Du culte, du vrai. BR US  

Freddy 5 : L'enfant du cauchemar / A nightmare on Elm Street: The Dream Child (Stephen Hopkins, 1989) 0
Enceinte, une étudiante rêve que Freddy veut lui enlever son futur enfant. Ou c'est sur la naissance de Freddy. Ou autre chose. Bref, j'ai vu en accéléré cet épisode de la saga des Griffes de la Nuit. C'est nul mais il y a une séquence surprenante où les personnages se poursuivent dans des escaliers à la Escher juste avant que les effets spéciaux mécaniques ne cèdent la place aux CGI. Le premier film était assez bon il me semble. BR DE

L'homme à femmes / Sorelle Materassi (Ferdinando Maria Poggioli, 1944) ***
En Toscane, un gigolo vient s'installer chez ses tantes, deux vieilles filles qui s'entichent de lui au-delà du raisonnable. Le jeune homme cupide et les multiples femmes qui le désirent forment une galerie de personnages qui pourrait orienter le film vers la férocité. Mais le jeu outrancier des actrices, les allusions graveleuses et l'ébullition des sentiments apportent une juste dose d'humour et d'empathie. Un film étonnant, noir et rose. YouTube

Jésus / Boku wa lesu-sama ga kirai (Hiroshi Okuyama, 2018) **
Au Japon, un garçon de 9 ans inscrit dans une école catholique s'attache Jésus en ami imaginaire et sympathise avec l'élève populaire de sa classe. Un petit film qui traduit par touches sensibles l'équilibre fragile des croyances de l'enfance face à la réalité de la vie, ici un deuil. La mise-en-scène du réalisateur de 22 ans isole les personnages dans des décors minimalistes et la neige, comme une épure. C'est plutôt réussi. BR FR

D'où l'on vient / In The Heights (Jon Chu, 2021) 0
Dans le quartier de Washington Heights à New York, un jeune épicier dominicain rêve de retourner au pays. Je n'ai vu que 30' sur 143' de cette adaptation du musical à succès de Broadway : le dégoulinement des bons sentiments, des clichés sur la communauté hispanique, des visages ensoleillés des personnages et de la sucrerie colorée de la photo et de la musique m'auraient fait gerber si j'avais été plus loin. ¡Horripilante! BR UK

Luca (Enrico Casarosa, 2021) **
Transformées en garçons, deux jeunes créatures aquatiques partent incognito à la découverte d'un village de bord de mer. Ce film d'animation Disney-Pixar prend les recettes éprouvées du coming of age movie et les transpose dans le merveilleux décor des Cinque Terre en maintenant un rythme dynamique ponctué de moments d'onirisme. Vu comme une métaphore sur la transidentité, son originalité et son intérêt redoublent. BR UK

La vallée de la peur / Pursued (Raoul Walsh, 1947) ***
Adopté enfant par une veuve, un jeune homme qui fait le cauchemar récurrent de bottes à éperons dorés s'aliène son demi-frère et séduit sa demi-soeur. Un western psychanalytique magistralement mis en scène par Walsh et photographié par James Wong Howe dans un noir et blanc qui sublime tout, notamment le désert du Nouveau-Mexique. Robert Mitchum  débute et crève l'écran, secondé par Teresa Wright et Judith Anderson. BR FR

Adieu les cons (Albert Dupontel) ***
Atteinte d'une maladie terminale, une coiffeuse part à la recherche du fils qu'elle avait eu adolescente et qui lui avait été retiré. Elle se retrouve aidée par un informaticien dépressif et un aveugle. L'humour, la mélancolie et l'absurde s'harmonisent dans ce film dont l'originalité tient à la mise en scène de comédie surréaliste au service d'un sujet existentiel grave : l'incommunicabilité contemporaine. Virginie Efira, bien sûr, est parfaite. BR FR

25 septembre 2021

Films vus par moi(s): septembre 2021

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Le voyage d'Arlo / The good dinosaur (Peter Sohn, 2015) **
Un jeune dinosaure trouillard qui s'est perdu doit affronter ses peurs pour revenir chez lui, avec l'aide d'un petit garçon débrouillard qu'il a rencontré en chemin. Un film d'animation Pixar pour enfants sur le thème de la confiance en soi qui pourrait être trop gentillet s'il n'y avait, pour le plaisir des yeux, le fabuleux travail CGI sur les paysages et les phénomènes de la nature, variés et tous aussi splendides les uns que les autres. BR FR 

Pluie d'enfer / Hard rain (Mikael Salomon, 1998) *
Alors que la pluie inonde une petite ville d'Indiana menacée par un barrage, quelques durs à cuire se flinguent autour d'un butin. Le scénario et les dialogues abrutis ne coulent pas complètement ce film d'action bourrine grâce à l'idée formidable d'avoir situé toutes les péripéties dans la nuit et l'eau qui monte peu à peu : le décor noyé est d'une originalité visuellement stupéfiante. Christian Slater et Morgan Freeman surnagent. BR DE

1 août 2021

Films vus par moi(s) : août 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Ingagi (William S. Campbell, 1930) *
Une équipe de tournage va au Congo belge pour ramener des images d'une région où une tribu accouple des femmes à des gorilles. Un faux documentaire - fait de séquences récupérées d'autres films et du zoo de L.A. - au ton et aux scènes  effroyablement racistes. Au bout d'une heure de massacre d'animaux d'Afrique, le gorille et la fille nue arrivent. Un Pre-Code d'exploitation gratiné - et vite interdit - à prendre avec des pincettes. Web

Bravados / The bravados (Henry King, 1958) **
Ayant ses raisons, un homme taciturne arrive dans une petite ville de la frontière mexicaine pour assister à la pendaison de quatre bandits qu'il pourchassait. Gregory Peck, les paysages grandioses, la photographie De Luxe et la mise en scène de King sont exceptionnels. Mais la conclusion de ce western de vengeance, moralement plus qu'ambigüe, empêche d'y adhérer totalement. Et au final, ça le rend encore plus intéressant. BR DE

Directrice / The chair (Amanda Peet, 2021) **
Une professeure américaine-asiatique juste nommée directrice du département de littérature anglophone d'une prestigieuse université doit gérer le dérapage d'un collègue qui enflamme les étudiants woke. Le choc des consciences et des générations dans la spirale de la Cancel Culture sert de trame à cette comédie de société qui ne dénonce rien, mais constate. Sandra Oh, comme toujours, est au-delà de tout éloge. Netflix 

Lune de miel / Honeymoon (Michael Powell, 1959) *
En voyage de noces en Espagne, une danseuse classique (Ludmilla Tcherina) qui a laissé sa carrière pour épouser un Australien rencontre un danseur de flamenco. Seuls les numéros dansés font sortir de la torpeur que provoque ce film au scénario inexistant qui hésite entre le travelogue et le Musical. Mais le Technicolor est beau et Antonio, star du flamenco, a du génie : ses petits pas sur la route au début sont merveilleux. BR UK

Sortilèges (Christian-Jaque, 1944) ***
Dans l'hiver des monts d'Auvergne, le cheval noir d'un voyageur assassiné hante un village isolé. L'amour qui triomphe de l'obscurité est un thème cher à Prévert qui a écrit le scénario. Sur sa trame, Christian-Jacque réalise un superbe film d'atmosphère folklorico-fantastique qui utilise à merveille les silhouettes sur la neige, l'étrangeté des superstitions et les angles de caméra inattendus. Avec une formidable scène de danse rurale. DVD Z2 FR

The last black man in San Francisco (Joe Talbot, 2019) ***
Dans un quartier gentrifié de San Francisco, un jeune homme noir squatte avec son meilleur ami une maison néo-victorienne vacante construite par son grand-père. Une métaphore sur le statut des noirs en Amérique qui évoque des douleurs endémiques sur un ton mélancolique, des images élégiaques et des non-dits éloquents. Derrière l'artifice, la sincérité est évidente et ces deux garçons perdus touchent au coeur. Un beau film. BR US

Ma femme est une sorcière / I married a witch (René Clair, 1942) **
Réincarnée, une sorcière du 17e siècle venue avec son père accomplir une malédiction s'éprend de sa victime, le potentiel gouverneur du Massachusetts. Un sympathique classique de la comédie fantastique américaine, construit autour du couple Veronica Lake-Fredric March, de personnages secondaires réussis (Cecil Kellaway, Susan Hayward) et de trucages, comme les fantômes-fumées, chargés d'humour et de poésie. BR US

L'invasion des piranhas / Killer fish (Antonio Margheriti, 1979) **
Au Brésil, des voleurs qui ont caché des pierres précieuses au fond d'un lac ignorent qu'il est infesté de piranhas. La fine équipe étant constituée de Karen Black, James Franciscus, Marisa Berenson, Lee Majors et Margaux Hemingway, tous impeccablement stylés, et qu'il y a en plus des poissons voraces des coups fourrés et une rupture de barrage, ce thriller d'époque - "Piranhas", meilleur, date de 1978 - offre ses petits plaisirs coupables. BR DE

La rage / La rabbia (Pier Paolo Pasolini, 1963/2008) ***
Un montage de bandes d'actualités comme essai ciné-politique. La version de 2008 à partir du texte original de Pasolini reconstitue la vision du réalisateur, dénaturée par la production en 1963. Son cri marxiste contre l'amoralité des puissances capitalistes modernes, même avec certains égarements, reste valide, portée par le commentaire d'une force poétique intemporelle. L'ode centrale à Marilyn Monroe, juste morte, est admirable. DVD Z2 IT   

Iligos (Giannis Dalianidis, 1963) *
Une jeune fille désirée par l'amant de sa mère se perd dans la promiscuité sexuelle avec des garçons de son âge. Un étudiant intègre s'éprend d'elle. Un mélodrame de la jeunesse grecque des Sixties, gonflé du jeu névrotique des acteurs, des rapports outranciers entre les personnages et des signes de la débauche (alcools, night-clubs, soutien-gorges...). Vu à distance, l'effet de scandale a fait place à un camp plutôt amusant. DVD Z2 GR

Godzilla vs. Kong (Adam Wingard, 2021) 0
King Kong et Godzilla se retrouvent et en décousent à Hong Kong et au centre de la Terre. Mes deux giga-monstres cinématographiques préférés se retrouvent piégés, pas seulement des personnages impensablement falots du film, mais de la bouillie stérile du scénario qui enchaîne sans logique ni affect les démonstrations d'effets numériques en action. Le vrai sujet intéressant - Orient vs. Occident - est ignoré. De la merde, colossale. BR UK

The Tomorrow War (Chris McKay, 2021) *
Un prof de lycée conscrit (Chris Pratt) est envoyé en mission trente ans dans le futur auprès de l'armée en perdition face à des extraterrestres qui ont presque détruit l'Humanité. Le scénario qui associe fin du monde et famille, suraction et sentiment, réchauffement climatique et citations de pop culture, monstres et ruban de Möbius... fait le seul intérêt du film : la recette industrielle du blockbuster y est poussée au cas d'école. Amazon Prime Video

The Theater Bizarre (David Gregory, 2011) *
Une femme entre dans un théâtre peuplé de mannequins animés qui chacun illustrent une histoire horrifique. Un film à sketches de six courts-métrages d'horror centrés sur la psychose et réalisés par des noms connus (Richard Stanley, Tom Savini) et moins. Le ton et les atmosphères sont désunies, du conte à l'horreur, du cheap au soigné, du banal à l'original. Le plus simple est le plus fort : "The accident" de Douglas Buck. BR FR

Beautiful thing (Hettie MacDonald, 1996) ***
Dans une cité de la banlieue de Londres, un lycéen est épris de son camarade de classe et voisin de palier, un garçon taiseux. Les personnages aux blessures personnelles inexpliquées et l'atmosphère générale sont traités avec une vraie sensibilité dans ce classique lgbtq à la fois crédible et radieux qui, revu vingt cinq ans plus tard, me touche toujours autant. Le casting et les chansons de Mama Cass sont inoubliables. BR FR 

3 juillet 2021

Films vus par moi(s): juillet 2021

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

The Nightingale (Jennifer Kent, 2018) ***
En Tasmanie en 1825, une détenue irlandaise dont le mari et le fils ont été tués par un lieutenant anglais part à sa poursuite pour les venger, accompagnée d'un traceur aborigène. Ponctué de scènes d'extrême violence physique, un film rageur sur les crimes commis contre les femmes et les aborigènes par la lie de certains colons britanniques. Un drame à la dynamique de western à la fois terrible, émouvant et résonnant. BR DE

Belle Maman (Gabriel Aghion, 1999) 0
Tout juste marié et père, un type tombe raide dingue de sa belle-mère. Grâce au casting sympathique en totale roue libre mené par une Catherine Deneuve quinquagénaire très séduisante - Vincent Lindon, Mathilde Seigner, Danièle Lebrun, Line Renaud, Stéphane Audran, Idris Elba... - c'est presque regardable. Mais c'est abyssalement mal écrit, joué et réalisé : tout, vraiment tout, sonne faux. Un ratage complet, c'est rare. BR FR
 
Le Soleil se lève aussi / The Sun also rises (Henry King, 1957) **
D'après Hemingway, l'été de cinq amis et rivaux désoeuvrés entre Paris et Pampelune en 1922. On ne croit pas une minute à cette évocation de la Lost Generation et la partie parisienne sonne aussi faux que le jeu de Juliette Gréco mais une fois en Espagne - filmée à Mexico - les scènes de foule et de corrida dynamisent tout. Et surtout le plaisir de voir Tyrone Power et Errol Flynn - pourtant abîmés - enfin réunis, autour d'Ava Gardner, si belle. BR UK

Les yeux de Satan / Child's play (Sidney Lumet, 1972) *
Dans un pensionnat catholique pour garçons, un jeune professeur débutant découvre la haine mutuelle entre deux collègues proches de la retraite. Le titre français imbécile et trompeur n'évoque en rien ce film psychologique très bavard, basé sur une pièce de théâtre, sur le thème de l'emprise mentale. James Mason et Robert Preston s'y affrontent sous l'oeil de Beau Bridges et des ados manipulés. On s'ennuie pas mal, hélas. BR FR

6 juin 2021

Films vus par moi(s): juin 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

La cible humaine / The gunfighter (Henry King, 1950) ***
Légende de l'Ouest, un tireur émérite cherche à revoir sa femme et son fils qui l'ont quitté, tandis qu'il est poursuivi par des hommes qui veulent sa peau. Baigné d'une mélancolie profonde, un admirable western en huis-clos autour d'un cowboy fatigué dont la Mort s'approche pas à pas. L'action parcimonieuse fait place aux liens de haine, d'amour et d'amitié entre les personnages, très humanisés. Gregory Peck est bouleversant. BR FR  

Le Cygne Noir / The Black Swan (Henry KIng, 1942) ***
Dans les Caraïbes, un pirate repenti affronte le plus retors de ses anciens comparses. Un film de pirates dont le scénario classique est sublimé par la photographie de Leon Shamroy, le splendide Technicolor, les maquettes navales, le charme et la beauté de Maureen O'Hara et de Tyrone Power, au corps subtilement érotisé dans quelques scènes qui jouent avec la censure. Avec George Sanders, Laird Cregar et Anthony Quinn. BR FR   

Cartouche (Philippe de Broca, 1962) **
Sous la Régence, le brigand Cartouche et sa bande vivent insouciamment jusqu'à la rencontre avec la femme (Odile Versois) du lieutenant de police. Le film d'aventures plutôt classique de la première moitié prend ensuite une tournure plus sombre, portée par les décors baroques, le supplément d'âme et le lyrisme de la musique de Delerue. Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale forment un couple sexy et libre d'une belle modernité. BR FR

Primal, Saison 1 (Genndy Tartakovsky, 2019) ***
Pendant la Préhistoire, un Néandertalien et une femelle Tyrannosaure luttent ensemble pour survivre dans un environnement d'une hostilité extrême. Une série d'animation US - mais animée par un studio français - sans dialogue mais où le travail sur les bruits, les cris et la musique, ajouté aux splendides et inquiétants décors créent une atmosphère de menace terriblement anxiogène. Et c'est gore, monstrueusement. Excellent. BR FR 

David et Bethsabée / David and Bathsheba (Henry King, 1951) ***
David (Gregory Peck) et Bethsabée (Susan Hayward) s'étant épris l'un de l'autre, le roi décide d'envoyer l'époux de sa maîtresse à la mort. Un peplum biblique psychologique qui refuse tout spectaculaire pour se concentrer sur ses personnages aux prises avec leur culpabilité. Dans des décors puissamment simples, les clairs-obscurs en Technicolor expriment les âmes en tourment. Un superbe film biblique, adulte et atypique. BR FR

The dig (Simon Stone, 2021) ***
Dans le Suffolk en 1939, la propriétaire (Carey Mulligan) d'un domaine aidée d'un archéologue local (Ralph Fiennes) découvrent le Trésor anglo-saxon de Sutton Hoo, sur lequel le British Museum veut mettre la main. Avec le remarquable scénario du film, l'histoire de la découverte sert de support à un mélodrame existentiel sur les liens inter-humains tissés au-delà des siècles. C'est audacieusement funèbre et plutôt émouvant. Netflix

1 mai 2021

Films vus par moi(s) : mai 2021

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

L'ascension / Voskhozhdenie / The ascent (Larisa Sheptiko, 1977) ***
L'hiver 1942 en Biélorussie, deux partisans capturés par les nazis doivent choisir entre sacrifice et trahison. Mais la guerre n'est qu'une toile de fond pour scruter, à la Dostoïevski, les conflits intérieurs des personnages entraînés dans leur destinée. Tourné entièrement dans un paysage enneigé et chargé de gros plans des visages, la métaphore christique du film apparaît, marquée par la spiritualité de la réalisatrice russe trop tôt disparue. BR UK 

L'homme dans l'ombre / Raggedy man (Jack Fisk, 1981) *
Au Texas en 1940, une divorcée et ses deux garçons accueillent un Marine en permission tandis que deux voisins lorgnent la jeune femme. Un petit film d'atmosphère qui ne trouve pas son identité ni sa structure en panachant sans convaincre le romantisme, le social et le thriller. Mais il y a Sissy Spacek et Eric Roberts, formidables, qui forment un touchant couple d'écran et Henry Thomas que Spielberg devait remarquer pour E.T. BR US

"September 30, 1955" (James Bridges, 1978) 0
Dans une petite ville de l'Arkansas en 1955, l'annonce à la radio de la mort de James Dean déstabilise un fan qui s'identifie à lui. Sur le sujet plutôt rare de l'idolâtrie cinéphile, un film raté malgré le charme de la reconstitution d'époque et la photo de Gordon Willis. Cette tranche d'Americana s'effondre sous le jeu exécrable des acteurs - le pompon pour Richard Thomas, le premier rôle - et la pauvreté des dialogues. J'en ai vu 30 minutes. BR US

Vivre / Ikiru (Akira Kurosawa, 1952) ***
Atteint d'un cancer terminal, un fonctionnaire anonyme de Tokyo fait deux rencontres qui réorientent sa fin de vie. Un film d'une force et d'une richesse rares et précieuses, porté par une construction d'une complexité habile et une mise en scène implacable. L'universalité du propos s'incarne dans plusieurs séquences dévastatrices, notamment les deux où le personnage chante la même chanson avec un effet différent. Magistral. BR FR

Stella (Sylvie Verheyde, 2008) ***
En 1977, négligée par ses parents bistrotiers immatures, Stella prend le mauvais chemin avant de se faire une copine en 6ème. Le magnifique portrait d'une gamine qui a appris à surnager en milieu défavorable. Tout sonne juste - jusqu'aux tubes de Sheila et de Guichard - grâce à un scénario qui évite le pathos et la facilité et un casting en tous points parfait. Guillaume Depardieu, dans un de ses derniers rôles, est bouleversant. Netflix

Sorry we missed you (Ken Loach, 2019) ***
A Newcastle, la chute d'un homme qui a commencé en auto-entreprise une activité de chauffeur-livreur pour un transporteur. Le désastre humain et social de l'uberisation aveugle est exploré par le drame d'une famille plongée dans la détresse par l'humiliation du père. L'équilibre entre le travail et la maison apporte une dynamique émotionnelle un peu forcée mais très efficace. Les quatre acteurs principaux sont formidables. BR FR 

4 avril 2021

Films vus par moi(s): avril 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

L'Atalante (Jean Vigo, 1934) ***
Juste marié, un couple (Jean Dasté et Dita Parlo) vit et travaille sur une barge fluviale auprès d'un équipier (Michel Simon) envahissant mais bienveillant. Hymne à la vie et à l'absurde poétique qu'on peut y trouver, un merveilleux film à la fois léger et profond à la narration buissonnière entièrement dévouée à l'inventivité visuelle de chacun de ses plans. Vigo mourut à 28 ans à la sortie du film, une ombre qui exalte sa liberté solaire. BR FR   

La traque (Serge R. Leroy, 1975) ***
Dans la forêt et les marais de l'Orne, une jeune femme anglaise violée par un chasseur est traquée par les copains de celui-ci. Un film terrible par sa froideur, son refus du sensationnel et du jugement. Leroy montre l'abjection sans sourciller, plus cliniquement que Boisset dans "Dupont Lajoie". Face à Mimsy Farmer : Jean-Pierre Marielle, Michel Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Jean-Luc Bideau, Michel Robin... BR FR   

Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief, 2018) ***
Dans les Ardennes, la disparition d'un enfant affecte dans la durée plusieurs voisins d'un village. Le spectateur sachant dès le début ce qui s'est passé, le film ne prend pas la voie du thriller mais celle du drame psychologique cloisonné, spécificité du cinéma français de tradition. Les ravages de la culpabilité font pour de l'excellente tension et le toujours bon Boukhrief assure une réalisation tendue qui ose presque le fantastique. BR FR

Le calvaire de Julia Ross / My name is Julia Ross (Joseph H. Lewis, 1945) **
Pensant qu'elle a été embauchée au service d'une riche bourgeoise, une jeune femme (Nina Foch) se retrouve dépossédée de son identité au risque de sa vie. Malgré les acteurs moyens et les invraisemblances et aberrations - qui ajoutent d'ailleurs au film -  un mystère gothique de série B, influencé par Rebecca de Hitchcock, dont le couple mère-fils infernal vaut vraiment le détour. Sur 65', la narration ne perd aucun temps. BR UK

Ethos / Bir Baskadir (Berkun Oya, 2020) *** 
Quelques habitantes des alentours d'Istambul venant de classes et d'éthiques religieuses différentes se croisent en influençant leurs parcours respectifs. Les conflits entre les conservateurs et les libéraux turcs sont la trame de cette mini-série aux dialogues et au rythme fascinants qui dresse des portraits de femmes - des actrices formidables - en butte à une société complexe et à elles-mêmes. J'ai parfois pensé à Ozu. Magnifique. Netflix

Soul (Pete Docter & Kemp Powers, 2020) ***
Un prof de musique noir désabusé d'un lycée de Queens se tue accidentellement le jour où il réalise son rêve de jouer dans un club de jazz. Depuis l'Au-delà, son esprit, accompagné d'un autre, découvre les recettes simples d'une vie qu'il aurait pu réussir. Pitch réducteur de ce brillant film d'animation Disney-Pixar qui étonne constamment par sa richesse thématique, narrative et visuelle. Beau, complexe et touchant. BR UK 

Fondu au noir / Fade to black (Vernon Zimmerman, 1980) **
Un cinéphile psychotique (Dennis Christopher) s'attaque déguisé à ceux qu'il perçoit comme ses ennemis, tout en s'éprenant d'un sosie de Marilyn Monroe (Linda Kerridge). Une série B de l'aube des Eighties qui nous promène dans un Los Angeles nocturne superbement photographié et dans l'univers d'un fou du Hollywood de l'âge d'or. Truffé de références cinématographiques, un film culte des rats de vidéoclubs, dont je fus. BR US

La route des Indes / A passage to India (David Lean, 1984) ***
Dans les années 1920, venue voir son fiancé en poste en Inde, une anglaise découvre une communauté d'expatriés fermée sur elle-même et s'éveille au pays dans la douleur. Sublimé des images lyriques chères à Lean et du score de Maurice Jarre, un mélodrame colonial qui effleure ses questions politiques, culturelles et raciales autour de la confusion de son intrigant personnage principal, superbement interprété par Judy Davis. BR FR

Soudain... les monstres / The food of the Gods (Bert I. Gordon, 1976) 0
Dans la région des Grands Lacs, une île est infestée d'animaux devenus géants après avoir mangé une mystérieuse bouillie. En surimpressions, modèles réduits et marionnettes, des poules, des vers, des guêpes et des rats attaquent une bande d'imbéciles menée par Ida Lupino, mamie repartie au taf sans doute pour payer ses impôts. Ça qui devait passer en 1976 ne le fait plus aujourd'hui. Une curiosité des festivals de l'époque. BR FR

Par un beau matin d'été (Jacques Deray, 1965) 0
Un petit truand et sa soeur s'embarquent dans le kidnapping d'une jeune héritière (Géradine Chaplin) dans la campagne espagnole. Tout est mauvais là-dedans : l'histoire réchauffée, le déséquilibre entre le thriller et le cool des dialogues banals d'Audiard, la mise en scène transparente du médiocre Deray et le jeu exaspérant de Belmondo et Sophie Daumier. Un film dont la réapparition et la restauration étaient tout à fait inutiles. BR FR

Underwater (William Eubank, 2019) *
Six survivants de la destruction d'une station sous-marine qui tentent d'en rejoindre une autre en scaphandre - à 10.000 mètres sous la surface - découvrent qu'ils sont chassés par des monstres. Un survival aquatique de série B sans autre enjeu que le suspense et le décor bleu nuit, entre Alien et The Abyss. On ne s'ennuie pas trop, l'idée des créatures lovecraftiennes est plutôt intéressante et puis je regarde tout avec Kristen Stewart. BR FR