4 décembre 2023

Films vus par moi(s): décembre 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Saltburn (Emerald Fennell, 2023) NSP
En 2006 (sans doute pour éviter que les portables prennent trop de place), un étudiant boursier d'Oxford se lie d'amitié avec un autre, appartenant à l'aristocratie britannique. Je n'ai pas vu plus de 20' - et la dernière scène - du film "dont tout le monde parle", assommé par l'écriture, la définition des personnages, les nudités pour le buzz et la réalisation formatée Style Plateforme. Dans le genre Queer, revoir "Théorème" ou "Le talentueux Mr. Ripley" ? Un pur produit de racolage à mon avis. Prime Video

Sparta (Ulrich Seidl, 2023) **
Un quadragénaire autrichien aux penchants pédophiles ouvre un centre de judo pour jeunes garçons dans un village roumain. Les films de Seidl explorent la part triste de l'humain avec un nihilisme de ton et une froideur dans la mise en scène. Celui-ci n'échappe pas à la règle et explore l'un des plus grands tabous sans aucune scène révoltante mais dans une tension constamment dérangeante où le danger et la violence peuvent survenir à tout moment. Un cinéma des limites. DVD Z2 FR

Les Grandes Manoeuvres (René Clair, 1955) **
Vers 1900, un lieutenant de dragons volage s'éprend d'une divorcée qu'il a séduite par défi entre collègues. Sur une structure narrative et visuelle théâtrales et une photographie couleur magnifique, un marivaudage de conquêtes et de rumeurs à la réalisation soignée mais à l'esprit aujourd'hui assez désuet. Si Michèle Morgan peut agacer avec son personnage maniéré et son ton mélancolique, Gérard Philipe est admirable. Un classique qui m'a plu surtout pour sa beauté plastique. BR FR

Possessor (Brandon Cronenberg, 2020) *
Grâce à un technologie de pointe, une tueuse professionnelle s'implante dans le cerveau d'anonymes, qui effectuent les missions pour elle. Un thriller d'horror technologique, psychologique et organique bien dans les pas du père (David) de son réalisateur, entre épure et gore. Le sujet est très bon mais j'ai été tenu à distance par la froideur de l'ensemble et les zones obscures de la narration. Il reste une histoire, des acteurs et des visuels mais l'engagement est absent. BR UK

Bye Bye Birdie (George Sidney, 1963) ***
En 1963, une teenager d'une ville de l'Ohio est tirée au sort pour être embrassée dans un show TV à succès par l'idole pop Conrad Birdie. Bonbon acidulé aux couleurs Haribo, une time capsule d'Americana et un joyeux Musical truffé d'inventivité visuelle et de chansons dansantes exaltées par la mise en scène dynamique de Sidney. Culture de la célébrité, rapports parents-enfants, Guerre Froide : l'époque y est inscrite, incarnée par l'irruption d'Ann-Margret, sensationnelle. BR US

The Crown, Saison 6 (Peter Morgan & Stephen Daldry, 2023) **
Diana, Margaret, Queen Mum et Elizabeth II par suggestion : les morts des femmes ponctuent la saison finale de The Crown, ouvrant la porte à Charles/Camilla et William/Kate. L'excellence de la production et du casting et le fascinant hybride d'histoire - dont on a été des témoins médiatiques - et de romanesque font qu'on regarde ça comme un soap opera, même si les ficelles narratives et de mise en scène sont devenues familières. Avec une touchante dernière séquence. Netflix

Hercule, Samson et Ulysse / Ercole sfida Sansone (Pietro Francisci, 1963) *
Ayant fait naufrage en Judée, Hercule et Ulysse y rencontrent Samson. Ensemble, ils affrontent les Philistins et Dalila. Un peplum italien tardif un peu poussif qui mêle en Technicolor l'Ancien Testament et la Mythologie Grecque dans un remix à la gloire des culturistes, dont le rouquin Kirk Morris (Hercule). Ça c'est plutôt marrant. En revanche, les résonances avec la situation actuelle entre Israël et Gaza - auxquelles je ne m'attendais pas du tout - m'ont mis étrangement mal à l'aise. DVD US 

The Banshees of Inisherin (Martin McDonagh, 2022) ***
Sur une petite île irlandaise, un habitant décide de rompre les liens avec son meilleur ami, laissant celui-ci désemparé. Au-delà de la métaphore sur la situation des deux Irlandes, une fable inspirée sur l'amitié et ses accidents. Dans le décor cinégénique de la campagne côtière, Colin Farrell - génial de vulnérabilité - et Brendan Gleeson s'affrontent dans ce qui ressemble à une tragédie shakespearienne, situation et personnages. Un film superbe et profondément touchant. BR FR 

Je verrai toujours vos visages (Jeanne Herry, 2023) ***
Soutenus par des médiateurs, des victimes d'agressions dialoguent avec des agresseurs détenus en prison. Une plongée dans les techniques de la Justice Restaurative, un programme méconnu de réparation par la rencontre et la parole. Seul un casting impeccable et une réalisation précise peuvent réussir à jouer les émotions et le naturel d'un film de conversations et de langage corporel sans paraître artificiel. Celui-ci y parvient et c'est vraiment passionnant.  BR FR

Le lycéen (Christophe Honoré, 2022) ***
Dévasté par la mort accidentelle de son père, le désarroi de sa mère et le renfermement de son grand frère, un garçon gay de 17 ans va passer une semaine à Paris. Histoire de chute et de ressaut, de liens familiaux et de quête de soi, un beau film sur la douleur et l'adolescence traité avec sensibilité et porté par Paul Kircher, Juliette Binoche, Vincent Lacoste et Erwan Kepoa Falé. La mélancolie, la sensualité et l'énergie vitale s'y panachent superbement. BR FR

Voulez-vous danser avec moi ? (Michel Boisrond, 1959) **
Une jeune femme dont le mari (Henri Vidal dans son dernier rôle) est soupçonné du meurtre d'une prof de danse enquête dans l'école de celle-ci. Un film policier léger et sympathique comme tout porté par une Brigitte Bardot qui n'a jamais été aussi belle. La faune colorée qui peuple l'histoire - une vamp rousse, des homosexuels et des travestis (dont le plus grossier qu'on puisse imaginer) -, le casting et la gaité générale en font un petit chef-d'oeuvre queer et camp. BR FR

Le Monde après nous / Leave the World behind (Sam Esmail, 2023) *
Retranchées dans une résidence de Long Island, deux familles subissent les effets d'une cyberattaque globale qui désactive les moyens de communication. Sur un sujet prometteur, un film raté qui tente de plonger le spectateur dans la même confusion que ses personnages sur une mise-en scène roublarde et gratuite - montages parallèles, points de vue en surplomb, caméra virevoltante... - typique de la grammaire Netflix. Sur un concept proche, revoir le terrible "Testament" (Lynne Littman, 1983). Netflix 

Seules les bêtes (Dominik Moll, 2019) *
Cinq personnes sont mêlées de près ou de loin à la disparition d'une femme dans la neige des Causses. Un pur film de narration, au scénario choral alambiqué fait d'allers-retours temporels et truffé de coincidences invraisemblables. On comprend vite les ficelles mais l'histoire est assez prenante pour qu'on aille jusqu'au bout. Denis Ménochet excelle comme toujours et la séquence à Abidjan montre un pan de cybercriminalité très intéressant. A regarder comme un téléfilm. BR FR

Miracle à Milan / Miracolo a Milano (Vittorio de Sica & Cesare Zavattini, 1951) ***
Une jeune homme candide fait le bien auprès des habitants du bidonville qu'il habite. Derrière le titre qui présage d'une bondieuserie, une fable humaniste et politique ancrée à gauche sur les espoirs et les luttes des déclassés. Le style Néo-réaliste de l'époque éclate sous l'omniprésence du merveilleux dans le scénario et les images. Francesco Golisano est fascinant dans le rôle du héros malgré né dans un champ de choux-fleurs. Un film d'une richesse et d'une poésie uniques. BR UK

La dernière séance / The last picture show (Peter Bogdanovich, 1971) ***
En 1952 au Texas, les jours d'ennui de deux jeunes hommes dans leur petite ville où rien ne se passe. Avec le cinéma local, le sexe - triste - est le seul refuge pour faire passer le temps dans ce film terriblement mélancolique sur l'écoulement des jours et des vies. Une élégie d'Americana loin des clichés où Timothy Bottoms et Jeff Bridges sont secondés par un casting formidable - avec des réserves pour Cybill Shepherd - qui semble tout droit sorti des Fifties. BR DE

1 novembre 2023

Films vus par moi(s): novembre 2023

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

The Fabelmans (Steven Spielberg, 2022) **
De 1952 à 1965, la jeunesse en famille d'un garçon qui veut devenir réalisateur de cinéma. Spielberg revoit ses débuts dans ce film largement autobiographique construit sur les moments charnière de son parcours d'adolescent. C'est une pure tranche d'Americana typiquement spielbergienne dans sa tendresse pour les personnages, la composition des plans, le montage. Michelle Williams en mère instable porte l'ensemble, illuminé par les petits films du cinéaste en herbe. BR BE

Burning days / Kurak günler (Emin Alper, 2022) ***
Dans une petite ville d'Anatolie, un jeune procureur venu d'Ankara se heurte aux édiles dans une affaire de corruption autour de l'accès à l'eau. L'histoire, construite sur des flashbacks déroutants et qui laisse les pistes d'interprétation ouvertes, est prétexte à dénoncer le renfermement de la Turquie actuelle sur le populisme, le racisme et l'homophobie. Le rythme entre thriller et western, l'excellent casting et la réalisation inspirée rappellent les classiques paranoïaques des années 70. BR FR

L'enfer des zombies / Zombi 2 (Lucio Fulci, 1979) *
Son père ayant disparu, une jeune femme de New York part aux Caraïbes accompagnée d'un journaliste pour tenter de le retrouver mais c'est des zombies affamés qu'ils trouvent. Bénéficiant d'une critique généralement élogieuse, ce film comme presque tous les films d'horror italiens est un navet. Les acteurs sont nuls, les maquillages grossiers et l'histoire sans solidité. Il reste du gore audacieux pour l'époque et surtout un bon usage du CinemaScope. Très moyen. BR UK

La croisière du Navigator / The Navigator (Buster Keaton & Donald Crisp, 1924) ***
Deux jeunes gens gâtés doivent apprendre à se débrouiller quand ils se retrouvent seuls à bord d'un paquebot à la dérive. Les gags de situation s'enchaînent sur un rythme trépidant dans cette comédie qui multiplie les prouesses : la scène de poursuite dans les coursives est un chef-d'oeuvre de précision. Et comme souvent chez Keaton, la femme n'est pas un faire-valoir mais l'égale, dans son action, de l'homme. La partie des "cannibales", en revanche, est bien de son époque... BR FR

Smile (Parker Finn, 2022) **
Après qu'une patiente se soit suicidée devant elle en souriant, une jeune psychiatre sombre dans la psychose, pensant être poursuivie par une entité maléfique. Un bon exemple du nouvel âge d'or du film d'horror qui mixe fantastique et psychiatrie en évoquant la notion de trauma individuel et transgénérationnel. Comme il n'y a aucun second degré, que l'actrice principale (Sosie Bacon, fille de Kevin) est très bien et que le réalisateur connait les ficelles du genre, on ne se fait pas avoir. BR FR

Jody et le faon / The yearling (Clarence Brown, 1946) **
Dans le bayou de Floride vers 1875, un couple qui mène une vie fermière laborieuse laisse son fils de dix ans adopter un faon. Un classique du film familial hollywoodien qui résiste aux bons sentiments pour se centrer sur les épreuves traversées et la mort qui rode. Le tout en décor naturel ou en studio et sur une image Technicolor somptueuse. Si Gregory Peck et Jane Wyman sont parfaits, le jeune Claude Jarman, Jr a un jeu très maniéré, seule réserve pour prétendre au sommet. BR US

Charlie et ses deux nénettes (Joël Séria, 1973) ***
Un quadragénaire à la cool sympathise avec deux copines de vingt ans qu'il emmène vendre des toiles cirées sur les marchés. Serge Sauvion, Jeanne Goupil et Nathalie Drivet forment un trio formidable dans cette comédie qui explore le petit monde des marchés de province avec ses hôtels et ses restos. Le film dégage une atmosphère début des années 70 plus vraie que nature et une grande tendresse pour ses trois personnages principaux. Avec Jean-Pierre Marielle en bonimenteur. BR FR

L'Arche de Noé / Noah's Ark (Michael Curtiz, 1928) ***
Faute, punition et rédemption de l'Humanité pendant la Genèse et la Première Guerre Mondiale. Entrelaçant deux histoires, un film hybride à la fois peplum biblique et mélodrame de guerre, épique et intimiste et muet avec des séquences parlées. La mise en scène est grandiose, notamment pour le Déluge, qui provoqua la noyade de figurants. Erotisés par la caméra, les trois acteurs principaux - George O'Brien, Dolores Costello, Guinn "Big Boy" Williams - sont beaux comme pas permis. Web/Internet Archive

Ulysse / Ulisse (Mario Camerini, 1954) ***
De Nausicaa aux Prétendants, quelques étapes obligées du voyage d'Ulysse. Une très bonne adaptation de L'Odyssée, évidemment simplifiée mais qui en conserve l'esprit dans ses grandes lignes. Sans temps mort ni superflu, le Cyclope, les Sirènes et Circé rythment la narration, portée par de bons effets spéciaux et un Technicolor inventif. En couple séparé par les Dieux, Kirk Douglas et Silvana Mangano (Pénélope) sont étonnamment crédibles et touchants. Une belle surprise. BR FR 

Le Dibbouk / Dybuk (Michal Waszyński, 1937) **
En Pologne en 1835, une jeune fille est possédée par l'esprit de son soupirant décédé. Tourné à Varsovie d'après la pièce à succès, le mélodrame fantastique qui est le plus célèbre des films du cinéma yiddish. La beauté des plans et quelques moments superbes - les danses - n'empêchent pas quelque ennui dû à l'enchaînement des scènes de rituels sociaux et religieux hassidiques. Mais chaque image témoigne d'une culture balayée par la guerre et fait du film un document unique. DVD Z2 FR

Sans filtre / Triangle of sadness (Ruben Östlund, 2022) ***
Une croisière de luxe qui ne se passe pas comme prévu redistribue les cartes des rapports de classe entre passagers et équipage. Comme à son habitude, le réalisateur n'y va pas de main morte sur la dénonciation des élites sociales avec cette satire qui tire sur tout ce bouge dans l'ultra-richesse. La charge n'est pas légère mais produit son effet cathartique, comme dans les deux séquences centrales des sentences marxistes et du dîner mal-de-mer. On aime ou on déteste. BR FR   

Le jardin des Finzi-Contini / Il giardino dei Finzi Contini (Vittorio de Sica, 1970) **
Entre 1938 et 1943 à Ferrare, deux familles bourgeoises juives de la ville sont peu à peu piégées par nouvelles lois antisémites fascistes. Au début, l'écrin de la photographie esthétisante et la beauté des jeunes acteurs du film (Dominique Sanda, Fabio Testi, Helmut Berger...) peuvent agacer mais ils se révèlent au final très éloquents dans l'évocation de la fin d'un monde. Sans violence ni mélodrame mais avec une profonde mélancolie, le message résonne. BR FR

Dawson City : Le temps suspendu / Dawson City : Frozen time  (Bill Morrison, 2020) ***
L'histoire de la petite ville aurifère de Dawson dans le Yukon à partir de bobines de films muets retrouvées par hasard en 1978, enterrées dans le permafrost. Un documentaire extraordinaire, superbement construit. Le profond sentiment de mélancolie qui s'en dégage, porté par les images des gens d'un temps disparu et la musique élégiaque qui les accompagne s'accorde à merveille au sujet, qu'il universalise. La fin est l'une des plus belles choses que j'ai vues. BR FR

Une journée particulière / Una giornata particolare (Ettore Scola, 1977) ***
Le 6 mai 1938 à Rome, une mère au foyer et un homosexuel cultivé se rencontrent dans leur immeuble que les autres occupants ont quitté pour aller assister à l'accueil d'Hitler par Mussolini. Sophia Loren et Marcello Mastroianni sont sensationnels dans leurs rôles à contre-emploi de deux âmes seules que tout sépare et que tout va rapprocher. Sur fond de radio des actualités fascistes et par une mise-en-scène magistrale, le film tisse son propos, qui reste plus que jamais d'actualité. BR US

La saignée (Claude Mulot, 1971) **
Témoin d'un meurtre à New York, un français revenu se réfugier chez sa mère en baie de Somme est suivi par un flic et un tueur américains. Le contraste entre le début dans le Manhattan de 1970 et la suite en Picardie maritime est l'une des surprises de ce thriller existentiel à la fois lyrique et sauvage où Bruno Pradal joue un anti-héros bien de son temps aux prises avec la mafia et des locaux assoiffés de vengeance dans un décor improbable. Une belle redécouverte. BR FR

Le vampire de Düsseldorf (Robert Hossein, 1965) *
Au début des années 1930, un tueur en série se lie avec une chanteuse de cabaret tout en poursuivant ses crimes. Librement inspiré - comme "M" de Fritz Lang - de l'histoire de Peter Kürten, un film assez étonnant, pas tant par son scénario plan-plan que par son style hybride. Le traitement académique est bousculé par l'expressionnisme de la photo et le jeu Nouvelle Vague de Marie-France Pisier. Très bon dans le rôle titre, Robert Hossein est tout en solidité fragile. BR FR

Nuovo Olimpo (Ferzan Özpetek, 2023) 0
A Rome, deux garçons se rencontrent dans un cinéma en 1978, tombent amoureux et, séparés par le destin, se retrouvent trente ans plus tard. Tout est fade et tout est faux dans ce pesant mélodrame académique qui étire sur un ton monocorde et sans aucune trouvaille de mise en scène sa narration poussive. La poudre grise sur les cheveux des acteurs pour les vieillir sent le moisi comme la lumière dorée et les ralentis. C'est Almodovar hélas qu'il eût fallu. Netflix

Le grand défi / Ercole, Sansone, Maciste e Ursus, gli invincibili (Giorgio Capitani, 1965) **
Devant prouver qu'il est l'homme le plus fort du Monde devant Omphale, Hercule est mis au défi de battre Samson. Mais Dalila a coupé les cheveux de celui-ci. Le film est l'un des derniers peplums italiens, une sorte de comédie de boulevard parodiant avec ironie les stéréotypes du genre. Les acteurs sont de second grade, l'humour balourd mais les filles sont très belles et le côté bon enfant sympathique comme tout. Avec quatre culturistes pour le prix d'un. DVD Z2 FR  

Pêcheur d'Islande (Jacques de Baroncelli, 1924) ***
En Bretagne, une jeune femme attend le marin-pêcheur dont elle est éprise mais qui rechigne à l'épouser. D'après Pierre Loti, un mélodrame de la terre et de la mer qui met en valeur les paysages de la baie de Paimpol et évoque sans pathos la vie inquiète des familles de marins et la pêche au lointain. L'attirance du frère de l'héroïne pour le même homme ouvre une seconde histoire, toute aussi touchante. Tout en retenue, Sandra Milovanoff et Charles Vanel sont formidables. ARTE TV

Caravage / L'ombra di Caravaggio (Michele Placido, 2022) 0
Entre Rome et Naples, les dernières années de Caravage. Entièrement filmé dans une lumière dorée venant de la gauche, la crasse et la gadoue et uniquement concentré sur les tourments de ses personages torturés, un imbuvable biopic qui s'écrase sous le poids de sa propre importance et de son artifice. Par bonne intuition, je n'en ai vu que 20' puis le reste en fast-forward, avec les apparitions cachetonneuses d'Isabelle Huppert et de Louis Garrel. Revoir Derek Jarman.  BR FR 

Dans la nuit (Charles Vanel, 1929) **
Dans un village de l'Ain, un carrier qui vient de se marier doit porter un masque après un accident qui l'a défiguré. Son épouse prend un amant. Tourné en décors naturels, le seul film de Charles Vanel - qui a aussi le rôle principal - et peut-être le dernier film muet français commence comme un documentaire pour aller vers une sorte de drame fantastique assez étonnant. Quelques longueurs et une résolution décevante sont compensées par la beauté des images. France TV Replay

5 octobre 2023

Films vus par moi(s): octobre 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Gothic (Ken Russell, 1987) **
En 1816 dans une villa du Lac Léman, la nuit mouvementée au cours de laquelle Mary Shelley à l'idée de son "Frankenstein". Seuls le décor et les costumes sont historiques, tout le reste est du Ken Russell craché : de hystérie généralisée, du tabou et de mémorables compositions visuelles inspirées du Romantisme noir comme du Surréalisme. Le tout en étant immanquablement Eighties. Avec Natasha Richardson, Gabriel Byrne en Lord Byron et Julian Sands en Percy Shelley. BR FR

Bardot (Danièle Thompson & Christopher Thompson, 2023) *
Mini-série en 6 épisodes sur la vie de Brigitte Bardot de ses 15 ans à ses 26 ans. Soit son ascension professionnelle jusqu'à "La Vérité" en 1960. Ça, c'est l'alibi parce que l'ensemble n'aborde que son rapport avec ses hommes (Vadim, Trintignant, Bécaud, Charrier, Frey...) en dressant le portrait monolithique d'une jeune femme instable et totalement auto-centrée. Le casting est bon mais comme la réalisation est passe-partout, le sentiment de répétition finit par lasser. Netflix  

The Great Buster (Peter Bogdanovich, 2018) **
Documentaire sur la vie et l'oeuvre de Buster Keaton. Ce sont les images d'archives rares - notamment l'enfance sur les planches et l'après-gloire - et le plaisir de revoir les extraits des moments les plus mémorables des courts et des longs métrages de Keaton qui font la valeur du film, plutôt que les témoignages des quelques personnalités (dont Tarantino et Knoxville...) qui n'ont pas grand chose à dire. Le portrait d'un génie qui a aussi du être un homme bien. BR FR

La conférence / Die Wannseekonferenz (Matti Geschonneck, 2021) ***
Le matin du 20 janvier 1942 dans une villa bourgeoise du lac de Wannsee, Reinhard Heydrich convoque quatorze administrateurs nazis pour officialiser la mise en place de la Solution Finale. D'après le procès-verbal retrouvé de la réunion, cette reconstitution en temps réel de l'événement est un violent rappel d'histoire et un film à la tension éprouvante dont les dialogues glaçants sont portés par une réalisation et une interprétation sans faille. Du monstre de l'idéologie. BR FR

Un homme est mort (Jacques Deray, 1972) ***
Venu à L.A. tuer sur contrat un milliardaire mafieux, un Français est lui-même chassé par un tueur à gages. Dans un rôle d'introverti plongé en terrain inconnu, Jean-Louis Trintignant parle peu et mal anglais face à Roy Scheider, Ann-Margret et Angie Dickinson et c'est assez fascinant. La violence sèche du thriller est tempérée par des respirations bien françaises qui permettent d'observer la ville au début des 70s : un Los Angeles disparu qui se révèle être la véritable vedette du film. BR FR  

L'oiseau bleu / The blue bird (Maurice Tourneur, 1918) ***
Deux enfants partis à la recherche de l'oiseau bleu du bonheur font des rencontres improbables. D'après Maeterlinck, une féérie morale où on croise le feu, l'eau, le sucre et le pain personnifiés, des enfants morts et d'autres pas encore nés, des ombres chinoises et des émules d'Isadora Duncan. Les images superbes comme la charge poétique qui se dégage doivent beaucoup au Symbolisme et l'adresse au spectateur finale est aussi inattendue qu'efficace. Un film muet particulièrement original. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, Paris   

Les amours enchantées / The wonderful world of the Brothers Grimm (Henry Levin & George Pal, 1962) **
Vers 1810 en Allemagne, alors que Jacob Grimm (Karl Boehm) travaille sur des ouvrages linguistiques, son frère Wilhelm (Lawrence Harvey) s'intéresse aux contes populaires de la région. Très romancée, la vie des deux frères est parsemée de trois contes - avec une princesse danseuse, des pantins vivants et un dragon - et rien n'a vraiment d'intérêt. Mais le film a été tourné en Cinerama et en Technicolor et la  restauration récente en fait une expérience visuelle extraordinaire. BR US / vu en format  Smilebox   

Broadway Melody / The Broadway Melody (Harry Beaumont, 1929) **
Deux soeurs artistes - Anita Page et Bessie Love, formidables - engagées à Broadway réagissent différemment au contact de son microcosme. Le premier vrai Musical du cinéma américain semble parfois déjà vu parce qu'il est précisément à la source du style et des clichés qui définissent le genre. Le backstage, les répétitions, la compétition, la romance, les numéros musicaux... tout y est. L'histoire est un peu légère mais le film se tient bien et reste un jalon historique indéniable. BR  US

Vie privée (Louis Malle, 1962) **
Une star de cinéma fait un break dans sa carrière qui lui est devenue insupportable. Dans une mise en abyme incroyable pour l'époque, Brigitte Bardot joue Bardot dans ce drame à la réalisation assurée - découpage sec, fondus enchaînés et voix synchronisées - qui scrute de l'intérieur les tourments de l'actrice harcelée par les paparazzis. Malgré quelques longueurs, le résultat est fascinant. Brigitte Bardot, au sens propre du terme, est fidèle à elle-même : forcément sublime. BR FR

La sorcière / The mystic (Tod Browning, 1925) **
Repérée dans une fête foraine par un escroc mondain, une voyante le suit à New York pour plumer une riche héritière. Centré autour d'une spectaculaire séance dans la haute société, un rare Browning d'arnaque et de sentiment qui passe du monde des roulottes à celui des hôtels de luxe et ose une fin sans jugement. Les personnages sont bien construits et interprétés et le film, muet, bénéficie d'un nouvel accompagnement musico-bruité vraiment excellent. BR US 

The Green Knight (David Lowery, 2021) 0
Un chevalier de la Table Ronde fait un voyage périlleux pour retrouver un géant végétal qui lui a donné rendez-vous un an après s'être fait décapiter par lui au cours d'un défi. D'après un épisode Arthurien, un assoupissant navet d'une prétention de chaque instant où les personnages inclusif.ve.s chuchotent des sentences sur une B.O. de chants grégoriens. Fabriqué et sans aucune âme, une sorte du pire du cinéma d'auteur auto-proclamé. BR DE

Beau is afraid (Ari Aster, 2023) **
Paralysé par ses angoisses, un quinquagénaire tente de rendre visite à sa mère et rencontre de multiples obstacles. Le pitch est réducteur, le film étant une plongée dans les névroses de son personnage et des situations et visions, réelles et imaginaires, qui l'assaillent. C'est original et boursouflé et, sur trois heures, bien trop long mais on peut y trouver matière à réflexion et Joaquin Phoenix assure encore une performance dérangeante d'intensité. BR FR  

La cible / Targets (Peter Bogdanovich, 1968) **
A Los Angeles, alors qu'une ancienne gloire de l'horror des 30s - Boris Karloff formidable dans son dernier film - envisage de mettre un terme à sa carrière, un jeune homme s'arme et tire sur des inconnus. Sec et laissé ouvert, un passionnant film de transition entre le Hollywood ancien et nouveau autant niveau de la forme - la mise en scène moderne - que du fond - le fait divers comme horror réelle. Vu à distance, l'aspect prémonitoire en renforce le propos. BR FR

Mad God (Phil Tippett, 2021) **
Un para-militaire masqué descend dans un abysse apocalyptique grouillant de monstres et de mutants. L'histoire confuse n'a pas grande importance, l'intérêt du film reposant sur ses images de cauchemar et son univers imaginaire dégoulinant. Et surtout sur son usage sensationnel de la technique obsolète du stop-motion, dont Tippett est un maître depuis RoboCop. Au final, on ne sait pas très bien ce qu'on a vu mais on sait qu'on n'a rien vu de pareil. Un exercice de style étonnant. BR FR

La fureur de l'or noir / High, wide and handsome (Rouben Mamoulian, 1937) **
En 1859, des fermiers de Pennsylvanie qui ont trouvé du pétrole sont harcelés par un homme d'affaires qui veut s'en emparer. Irene Dunne trille en soprano dans ce musical oublié de Kern et Hammerstein qui est bien plus intéressant pour le sujet de fond - le capitalisme galopant - que pour l'opérette, assez fade. Mais on ne s'ennuie pas et il y un message.  De plus les décors, la mise en scène dynamique, la photographie et Randolph Scott sont superbes. BR US

Gens de Dublin / The dead (John Huston, 1987) ***
En 1904 à Dublin, deux vieilles soeurs invitent chez elles quelques convives habituels à leur dîner de l'Epiphanie. Très vite, on se prend à aimer chacun de ces personnages - inoubliables - avec leurs manières et leurs fêlures et on est avec eux pour cette soirée qui, comme le jeune homme évoqué à la fin, s'estompera dans la neige de temps qui passe. D'après James Joyce, le dernier film de John Huston est d'une beauté mélancolique touchée par la grâce. BR FR

Saratoga (Jack Conway, 1937) **
Un bookmaker tombe amoureux de l'héritière d'un élevage de chevaux de courses fiancée à un trader de New York. Dans le contexte - rare au cinéma - du milieu hippique, une comédie romantique assez bavarde qui étincelle par le casting, dont Hattie McDaniel, Una Merkel et bien sûr Clark Gable, charismatique en diable. Mais le film est poignant à cause de Jean Harlow, visiblement fatiguée, qui est morte pendant le tournage, à 26 ans. Une doublure de dos la remplace pour quelques scènes. BR US

Le livre de la jungle / The jungle book (Wolfgang Reitherman, 1967) ***
Aux Indes, les jours d'un garçon adopté par une panthère et un ours. Oui, la séquence des éléphants est un peu longue et l'histoire un peu plate mais quelle merveille ce Disney. Des splendides images du générique au beau final près du village, des personnalisations vocales aux immortels morceaux musicaux ("The bare necessities", "I wanna be like you"...), la magie opère à chaque fois, tous les dix ans environ. Un film qui m'est très cher : mon premier vu au cinéma. BR UK

9 septembre 2023

Films vus par moi(s): septembre 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

La fièvre monte à El Pao (Luis Buñuel, 1959) *
Un fonctionnaire idéaliste se retrouve gouverneur par intérim d'une dictature bananière du Golfe du Mexique et empêtré dans les intrigues de pouvoir. Les images en superbe noir et blanc surclassent ce film mineur de Buñuel qui semble avoir été peu intéressé par le sujet. Sauf par Maria Felix, qu'il filme comme une vamp hollywoodienne. Gérard Philipe, déjà malade, terne et amaigri, ignore que c'est son dernier film et ça c'est émouvant. BR FR 

I feel good (Benoît Delépine & Gustave Kervern, 2019 ) **
Un loser-né macroniste s'installe dans la communauté Emmaüs que dirige sa soeur et tente de faire fortune en convaincant les compagnons de faire de la chirurgie esthétique pour retrouver leur estime de soi. Jean Dujardin - dans un rôle sur mesure - et Yolande Moreau encadrent un casting de non-professionnels formidable dans cette comédie drôle, absurde et touchante sur la dignité des laissés pour compte du capitalisme. Malin. BR FR  

Nefarious (Chuck Konzelman & Cary Salomon, 2023) NSP
Un serial killer dans le couloir de la mort annonce à un psychiatre qu'il est un démon caché dans le corps d'un homme lambda dont il souhaite l'exécution. Les deux acteurs - Sean Patrick Flanery en "démon" est stupéfiant - s'affrontent autour de la théologie et de l'Antéchrist dans ce film de conversation et de manipulation produit et réalisé par des ultra-conservateurs américains. Un très bon film d'horror... aux intentions très problématiques. BR US 

Tár (Todd Field, 2022) **
Une cheffe d'orchestre exigeante se retrouve prise au piège de la cancel culture. La mise en scène brillamment anxiogène et le jeu habité - on est venus pour ça - de Cate Blanchett forcent l'admiration. Mais le double conflit au coeur du récit, le discours anti-woke du début et le suicide de l'étudiante, rendent le message final confus malgré la force de la dernière image. Un film à la fois impressionnant et étrangement insatisfaisant. BR FR

Fire in the sky (Robert Lieberman, 1993) **
En 1975 en Arizona, un bûcheron est enlevé par un OVNI devant quatre collègues. Ils sont vite soupçonnés de l'avoir tué. D'après l'affaire Travis Walton, une histoire d'enquête hybridé de deux impressionnantes séquences de science-fiction - ou plutôt d'horror - placées au début et à la fin. Le reste n'est pas sans intérêt, notamment dans la description du milieu ouvrier et de l'amitié entre le disparu et son meilleur copain. Un film entre deux genres. BR AUS  

La triche (Yannick Bellon, 1984) ***
A Bordeaux, un commissaire installé a une liaison amoureuse avec un jeune homme. Malgré quelques sacrifices aux péripéties dramatiques, le film traite avec audace pour l'époque du thème de la bisexualité et des désordres qu'elle peut entraîner dans une société normative. Victor Lanoux est formidable dans un rôle inattendu pour lui, secondé par Xavier Delluc et un casting sans faute. Un film d'amour aussi sensible que responsable. BR FR

L'été nucléaire (Gaël Lépingle, 2020) **
Quand un accident survient dans la centrale nucléaire près de laquelle ils habitent, cinq amis vingtenaires se confinent dans une ferme isolée et essayent de se tenir informés de la situation. Intimiste et sans effets spéciaux, un film catastrophe tout en suggestion qui diffuse sa mélancolie avec efficacité. Les cinq acteurs sont parfaits dans leurs personnages pleins de non-dits aux prises avec une menace sourde. Une bonne surprise. DVD FR

Le pirate noir / The black pirate (Albert Parker, 1926) ***
Le seul survivant d'une attaque de pirates se venge en devenant le leader de ceux-ci, qu'il veut livrer aux autorités. Le prototype du film de pirates est un spectacle mené tambour battant avec un Douglas Fairbanks bondissant, d'excellentes scènes d'action et un Technicolor bichrome - rouge et vert - précoce. Les clichés du genre sont tous là, introduits par le film lui-même, aussi divertissant qu'influent. Un classique du muet. BR US  

7 août 2023

Films vus par moi(s): août 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Femmes en cage / Caged (John Cromwell, 1950) ***
Une jeune femme enceinte (Eleonor Parker) incarcérée pour un vol de 40$ apprend sur le dur les codes de la prison. Un drame social typique de la Warner destiné à ouvrir les yeux du public sur un problème, ici celui des femmes en détention. Toutes les aspects liés sont abordés frontalement sur un rythme de film noir et avec des personnages solidement écrits. Avec un casting exceptionnel, dont Hope Emerson en matrone sadique. BR US 

La Terre des Pharaons / Land of the Pharaohs (Howard Hawks, 1955) **
Avide d'emporter son or dans l'au-delà, le Pharaon Chéops se fait construire une pyramide inviolable mais sa seconde épouse aime l'or encore plus que lui. Malgré un scénario aux enjeux minimaux et un casting risible - Jack Hawkins en roi d'Egypte et surtout Joan Collins incapable de bien jouer -, un peplum dont les reconstitutions, la figuration et la scène du scellement de la tombe figurent parmi les plus grandioses du genre. BR US 

Stillwater (Tom McCarthy, 2021) **
Un ouvrier pétrolier d'Oklahoma débarqué à Marseille tenter de prouver l'innocence de sa fille emprisonnée aux Baumettes pour assassinat. La réussite du film repose, plus que sur les péripéties et la romance, sur l'immersion et l'évolution du personnage de Matt Damon - excellent dans un rôle taiseux mais émouvant - dans le décor d'une Marseille très réelle. Ça, c'est admirable, malgré la musique sirupeuse omniprésente qui affaiblit l'ensemble. Netflix

Knock at the cabin (M. Night Shyamalan, 2023) **
Quatre millénaristes qui ont investi le chalet forestier loué par un couple gay et leur fille leur demandent un sacrifice pour sauver l'Humanité de l'Apocalypse. Un thriller captivant au scénario vraiment original qui semble traiter du complotisme et de l'homophobie avant de s'orienter vers un autre territoire, tout aussi d'actualité. Le message de la fin peut faire grincer des dents mais a le mérite d'aller au bout de ses idées. Avec un excellent casting. BR FR

65 : La Terre d'avant / 65 (Scott Beck & Brian Woods, 2023) 0
65 millions d'années avant notre Jésus-Christ, un pilote que le vaisseau spatial s'est écrasé avec une petite fille sur la planète inconnue tentent de repartir et d'échapper aux dinosaures. Mais combien de crédits, combien d'arriérés d'impôts Adam Driver s'est-il mis sur le dos pour avoir signé pour ce navet intersidéral ? Con et chiant comme pas permis, tout est raté et irrécupérable. Peut-être le plus mauvais film que j'ai vu depuis toujours ? BR FR

Last spring (François Reichenbach, 1954) ***
Assoupi dans une prairie à la campagne, un jeune homme imagine que son amant resté à New York cherche à l'éviter. Fait aux USA par Reichenbach avec deux amis gays, un court-métrage muet de 22' qui évoque Genet et Anger, mais sur un ton très différent, d'un romantisme élégiaque peu commun dans les Fifties. Les images - de la pure Americana - sont belles, les garçons font penser à James Dean et la fin fait plaisir. La Cinémathèque Française en ligne  

Malignant (James Wan, 2021) **
A Seattle, une trentenaire a des visions des meurtres commis par un personnage en noir féroce et véloce. Elle va découvrir qui c'est. Nous aussi, dans un twist bien tordu de ce film d'horror qui bénéficie du savoir-faire irréprochable de James Wan, maître en la matière. L'atmosphère néo-gothique, le sens de l'inquiétude, un peu de mélo et le gore biologique s'accordent pour qu'on ne s'ennuie pas un instant. Si on aime le genre, on devrait aimer. BR UK

Hercule à New-York / Hercules in New York (Arthur Allan Seidelman, 1970) NSP
Las de l'Olympe, Hercules descend à New-York où il est pris en en charge par un petit vendeur de bretzels. Cette comédie fauchée au scénario débile, aux acteurs incertains, à l'humour bébête et à la réalisation plate serait un navet irrécupérable sans Arnold Schwarzenegger à 22 ans. Tout juste débarqué d'Autriche et dans son premier rôle à l'écran - sous le nom d'Arnold Strong - il lutte avec l'anglais mais nous en met plein la vue. BR DE

Rêves / Dreams / Yume (Akira Kurosawa, 1990) **
Huit rêves de Kurosawa mis en images en huit courts-métrages. La beauté visuelle des plans magnifiquement construits rééquilibre l'étirement éprouvant de certains d'entre eux qui manquent de provoquer l'ennui. Mais l'imaginaire du Japon convoqué est passionnant et l'aspect visionnaire des séquences pessimistes - désastre environnemental, danger nucléaire - donnent au film une résonance toute contemporaine. Une oeuvre très personnelle.BR UK

Fall (Scott Mann, 2022) **
Deux amies grimpeuses se retrouvent piégées au sommet d'une tour de télécommunication abandonnée haute de 600 mètres dans le désert californien. Malgré les clichés et la succession d'invraisemblances, ce thriller du vertige fonctionne par son contexte original, son sens magistral du suspense quand elles commencent à escalader le pylône et son application - presque - sans défaut de la règle des trois unités. Un shot d'adrénaline. BR UK

Le tigre / Daheo (Park Hoon-jung, 2015) **
En 1925, dans la montagne enneigée d'une Corée sous domination japonaise, un chasseur et son fils, un groupe d'hommes et des militaires poursuivent un tigre quasi-légendaire. Avec le grand félin - en CGI plutôt réussis - en symbole de la Corée meurtrie, un film d'aventures qui mêle action, mélodrame et métaphore comme le cinéma populaire asiatique en raffole. L'hybride est peu comme Dersu Uzala qui rencontrerait King Kong. BR US

S'en fout la mort (Claire Denis, 1990) **
Un Martiniquais et un Béninois illégaux (Alex Descas et Isaac de Bankolé) sont recrutés par un entrepreneur crapoteux (Jean-Claude Brialy excellent à contre-emploi) pour mener des combats de coqs. Dans le décor décrépit de Pondorly, l'arène des coqs, au-delà de la portée documentaire, sert de métaphore à celle des deux hommes exploités dans une emprise qui reste coloniale. Un film direct mais sensible sur un sujet rarement traité. BR FR

Mon oncle d'Amérique (Alain Resnais, 1980) ***
L'évolution de trois personnages (Roger Pierre, Nicole Garcia et Gérard Depardieu) confrontés au choix et au changement. La part consciente et inconsciente du comportement, basée sur la théorie de la domination du neurobiologiste Henri Laborit qui apparaît à l'écran pour la présenter, structure ce film choral aux péripéties dramatiques et sociologiques magistralement orchestrées par Resnais. Du cinéma de forme et de contenu vraiment captivants. BR FR

Les Trois Mousquetaires (Martin Bourboulon, 2023) *
Venu à Paris joindre le corps des Mousquetaires du Roi et s'étant lié avec trois d'entre eux, le jeune D'Artagnan est amené à déjouer un complot contre Anne d'Autriche. Les personnages et péripéties immortalisées par Dumas sont là, la production est superbe mais la mise en scène illustrative dénuée de tout souffle et panache plombe l'ensemble qui se regarde poliment. Le casting va du bon au médiocre mais avec un Louis Garrel de rêve en Louis XIII. BR FR

BlackBerry (Matt Johnson, 2023) **
De 1996 à 2007, le développement et la chute du premier mobile, laminé par l'arrivée de l'iPhone. Centré sur les personnalités extravagantes aux origines du BlackBerry, un film d'histoire technologique et commerciale qui s'attache en thriller à la dynamique d'entreprise et en comédie dramatique au parcours humain. C'est à la fois éducatif et divertissant et d'un ton original dans le genre formaté du biopic des marques. AppleTV

Master gardener (Paul Schrader, 2022) **
En Louisiane, un ex-suprémaciste reconverti en jardinier prend en apprentissage la petite-nièce métissée de la riche propriétaire du domaine où il travaille. Les rapports de force tordus entre les personnages esseulés (Joel Edgerton en taiseux, Sigourney Weaver en marâtre, Quintessa Swindel en jeune déclassée) et la mise en scène dégraissée de Schrader donnent à ce film de rédemption une froideur assez étonnante. AppleTV

1 juillet 2023

Films vus par moi(s): juillet 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Novembre (Cédric Jimenez, 2022) **
Dans les jours qui suivent les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, une équipe de la Sous-Direction Anti-Terroriste de la PJ - traque deux des terroristes jusqu'à l'assaut sur leur tanière à Saint-Denis. Le film montre le travail de terrain de la SDAT dans une dynamique haletante humanisée par le personnage central de la jeune femme qui révèle l'adresse du lieu. C'est prenant et respectueux mais adapter en thriller un tel événement me gène un peu. BR FR 

Romance à Rio / Romance on the high seas (Michael Curtiz, 1948) *
Une riche new-yorkaise offre une croisière à une chanteuse qui doit se faire passer pour elle. Quiproquos en cascade dans ce Musical dont le scénario, qui ne repose que sur la confusion d'identité, tourne vite en rond et ennuie poliment. Mais le Technicolor est superbe, la chanson "The Tourist Trade" par Avon Long étonnante et le film lança la carrière de Doris Day avec son tube "It's Magic" et son charisme. Pour tout ça. BR US

Will Penny, le solitaire / Will Penny (Tom Gries, 1968) ***
Un cowboy solitaire et illettré approchant de la cinquantaine est recueilli et soigné par une femme et son jeune fils dans une cabine de la grandiose Sierra Nevada. Un western mélancolique avec peu d'action mais d'émouvantes relations entre les personnages qui est celui de ses films que Charlton Heston - formidable - préférait. La vie dans l'Ouest est montrée avec un rare réalisme que seul le jeu outrancier de Donald Pleasance en méchant vient malheureusement perturber. BR US

Le Magicien d'Oz / The Wizard of Oz (Victor Fleming, 1939) ***
Projetée par une tornade dans un pays fantastique, une adolescente texane y fait des rencontres insolites sur le chemin du retour à la maison. Des personnages inoubliables, des décors de studio en Technicolor, des chansons entêtantes, un message aux multiples lectures et à toute épreuve : que ne pas aimer dans ce classique hollywoodien par excellence ? Adorable au sens propre, Judy Garland y joue déjà avec sa nervosité intrigante et unique. BR FR 

Chair pour Frankenstein / Flesh for Frankenstein (Paul Morrissey, 1973) **
Voulant restaurer la race serbe, un aristocrate chirurgien assemble un étalon du pays pour faire de beaux enfants à la femme qu'il a construite à partir de fragments de cadavres frais. Relecture camp et gore de l'histoire de Mary Shelley, cette production Andy Warhol/Carlo Ponti offre un étonnant hybride d'élégie et d'outrance, de romantisme et de cul, vitaminé par le surjouage généralisé, notamment d'Udo Kier en créateur hystérique. Toute une époque... BR US 
 
8 1/2 (Federico Fellini, 1963) ***
En cure pour burn out dans un centre thermal, un réalisateur affronte ses souvenirs et ses démons. Introspectif et collectif et baigné des concepts de la psychologie analytique de Jung que Fellini venait de découvrir, un film qui définit à son meilleur tout le cinéma de l'auteur : un torrent d'images, de voix, de sons, d'onirisme et de symbolisme. Le casting, exceptionnel, est dominé par Marcello Mastroianni, alter ego de chacun. Un chef-d'oeuvre, oui. Cinéma en plein-air, Louvre 

La ballade du soldat / Ballada o soldate (Grigori Tchoukhraï, 1959) ***
Pendant la Grande Guerre Patriotique, le voyage d'un soldat du front qui a obtenu quelques jours de permission pour aller voir sa mère dans son village. Filmé dans un magnifique noir et blanc sur des cadrages picturaux, un hybride de road movie et de mélodrame à l'humanisme touchant qui donne des visages et des sentiments aux anonymes de la guerre. Avec un équilibre poétique que seul le cinéma soviétique a su atteindre. Splendide. BR FR 

The sadness / Ku bei (Rob Jabbaz, 2021) **
A Taipei, un virus transforme les habitants en tueurs lubriques assoiffés de sang. Après un début romantique, le film bifurque vers l'action trépidante et la surenchère gore, en un film de zombies survitaminé. Les images peuvent révolter les non-avertis au genre mais l'outrance visuelle et expressive, typique de l'horror asiatique, pousse aussi l'ensemble vers une sorte de comédie du pire. La Chine, naturellement, en prend pour son grade. BR FR  

Peter von Kant (François Ozon, 2022) 0
En 1972, un réalisateur gay accueille chez lui un jeune homme dont il s'éprend pour son malheur. Inspiré de Fassbinder - personnage et oeuvre -, un navet de première qui justifie par la vanité du meta- sa théâtralité, ses références, son artificialité du jeu et des dialogues, tous insupportables. Denis Ménochet et Isabelle Adjani intriguent un instant puis cassent les pieds comme le reste. Seul l'assistant mutique est intéressant. Fast-forwardé après 45'. BR FR 

8 juin 2023

Films vus par moi(s): juin 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Joyland (Saim Sadiq, 2022) ***
A Lahore, un homme renfermé trouve un job de danseur dans le show d'une transexuelle, dont il se rapproche. Le secret menace l'équilibre de son couple. Aussi peu romantique que LGBT, un drame désespéré sur l'écrasement des individualités par le système familial patriarcal pakistanais. Formaté pour les festivals internationaux, son point de vue audacieux, sa mise en scène assurée et son excellent casting en font néanmoins une vraie réussite. BR FR 

Spider-Man : New Generation / Spider-Man: Into the Spider-Verse (Bob Persichetti, Peter Ramsey & Rodney Rothman, 2018) NS ou 0
Film d'animation. Un adolescent noir de Brooklyn fasciné par Spider-Man est mordu par une araignée électronique et entre dans l'univers de son héros. Je n'en sais pas plus, ayant abandonné le visionnage au bout de 30', assommé/abruti par le rythme infernal de chaque scène poussée par un montage épileptique de l'image, de la couleur et du son. La suite de 2023 est, de l'avis généralisé, exceptionnelle. Ça sera sans moi. BR FR

Trois mille ans à t'attendre / Three thousand years of longing (George Miller, 2022) **
A Istanbul, une narratologue en congrès délivre un djinn du flacon qui l'emprisonnait. Malgré leur natures différentes, ils apprennent à se connaître. Un film étrangement à contretemps qui célèbre le pouvoir des contes et de l'imaginaire autour d'un huis-clos entre Tilda Swinton et Idris Elba qui lui raconte, comme Shéhérazade, son histoire. C'est assez décousu mais on retrouve un peu de la magie du cinéma des origines. BR FR 

La vérité sur Bébé Donge (Henri Decoin, 1952) ***
Depuis son lit d'hôpital, un riche et grossier industriel (Jean Gabin) se rappelle les raisons qui ont poussé sa femme (Danielle Darrieux) à l'empoisonner. Construit en allers-retours temporels, une drame d'une noirceur totale sur la désillusion d'une jeune idéaliste qui refuse la compromission des femmes dans le milieu patriarcal qu'elle a épousé. Boudé à sa sortie, un chef-d'oeuvre et une audacieuse alerte proto-féministe. BR FR

Le crocodile de la mort / Eaten alive (Tobe Hooper, 1976) *
Dans les tréfonds de la Louisiane, le tenancier d'un motel pourri tue ses clients de passage et les jette à son crocodile. Après les sommets de "Massacre à la tronçonneuse", Hooper retombe avec ce slasher linéaire qui ne vaut que par le décor décrépit, les couleurs saturées et surtout le casting hurlant, dominé par Neville Brand en psychotique halluciné. Avec Marilyn Burns, Mel Ferrer, Carolyn Jones, William Finey et Stuart Whitman. BR FR

Du sang pour Dracula / Blood for Dracula (Paul Morrissey, 1974) **
La valet de Dracula amène celui-ci dans le manoir d'aristocrates déclassés d'Italie pour qu'il puise boire le sang des filles de la famille, qu'ils espèrent vierges. Ils ignorent que l'étalon de la maison - Joe Dallessandro - les a précédés. Bénéficiant de la beauté inquiétante de son casting - Udo Kier en vampire est idéal - et de décors opulents, une sorte de parodie d'horror malicieuse, esthétique et camp produite par Warhol. Culte. BR US

2 mai 2023

Films vus par moi(s): mai 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Ces messieurs de La Santé (Pierre Colombier, 1934) ***
Un banquier véreux échappé de prison se fait embaucher comme gardien de nuit dans une bonneterie familiale du Palais-Royal qu'il transforme en groupe capitaliste. Raimu est magistral dans son rôle caméléon entre pauvre type et père-la-finance. La dynamique de l'appât du gain, auquel personne n'échappe, est formidablement décortiqué et reste d'une brûlante actualité. Avec Pauline Carton en rombière qui parvient. Réjouissant. REP  

Le fils de Spartacus / Il figlio di Spartacus (Sergio Corbucci, 1962) **
Dans le désert d'Egypte, un officier de César qui a appris qu'il était le fils de Spartacus défend et libère les esclaves des Romains. Masqué et signant d'un S ses exploits. Etonnamment violent, multiracial et politique, un peplum de gauche aux images et à la mise en scène soignées qui dénonce la corruption globalisée des empires. Steve Reeves est aussi photogénique et monolithique que d'habitude. Une bonne surprise. BR DE

Le mandat / Mandabi (Ousmane Sembène, 1968) ***
En attente d'encaisser un mandat que son neveu balayeur de rues lui a envoyé de Paris, un brave type d'un quartier populaire de Dakar se fait dépouiller de l'argent qu'il n'a pas encore par la cupidité de voisins et d'escrocs. Sur un ton de quasi-comédie, une charge virulente contre l'administration et le capitalisme colonisateurs qui ont perverti les usages et la morale du vénérable Sénégal. Un film fondateur du cinéma africain. BR DE

Godland / Vanskabte land (Hlynur Palmason, 2022) **
Vers 1900, un prêtre photographe danois traverse l'Islande à cheval accompagné pour rejoindre un hameau où il doit faire construire une église. Les paysages vierges magnifiquement filmés - en format diapos, superbe idée - font la grandeur de ce film sur un homme perdu dans un monde où il n'est rien. C'est une sorte de western glacé au cowboy incapable et halluciné mais aussi du Dreyer contemporain. 2h20 tout de même. BR FR

Abattoir 5 / Slaughterhouse.Five (George Roy Hill) **
Traumatisé par son expérience de la guerre - la Seconde - un vétéran fait des sauts temporels mentaux entre Dresde, sa maison bourgeoise et la planète Tralfamadore. Les allers-retours dans le passé, le présent et le futur de l'anti-héros dissocié (Michael Sacks, excellent), construits par associations, rappellent les trips Seventies, dont ce film hybride est un parfait représentant. Le propos est passionnant, certains effets sont un peu datés. BR FR 

Le maître-nageur (Jean-Louis Trintignant, 1979) 0
Sur la Riviera, un brave type engagé comme maitre-nageur chez un milliardaire (Moustache) en fauteuil roulant réalise que celui-ci est un humiliateur. Les riches sont des salauds, leurs valets (Jean-Claude Brialy) des lopettes et les pauvres des victimes consentantes : cet essai en forme de comédie absurde sur l'enfer du capital, plâtré à la truelle, est inregardable. Malgré Guy Marchand en maillot de bain, qui lui ne l'est pas. BR FR

Primal, Saison 2 (Genndy Tartakovsky, 2022) 0
Un Cro-Magnon et une femelle Tyrannosaure font des rencontres sauvages dans le monde des origines. Presque tout ce qui faisait la force de la saison 1 - unité de temps et d'action, concentration sur les instincts primaires - a disparu dans celle-ci qui accumule les personnages - Vikings, Egyptiens, etc... -, les péripéties et les interminables scènes de baston gueulardes. Il reste le design des paysages mais je n'ai pas tenu. Abruti. BR BE

Les lois de l'hospitalité / Our hospitality (Buster Keaton, 1923) ***
Venu dans le Kentucky hériter d'une maison, un jeune homme se retrouve au coeur d'un vieux différent avec une famille voisine. Le premier vrai long-métrage de Keaton panache action, romance et comédie autour de gags visuels absurdes qui font la part belle au sens du danger et à la prouesse physique. Les idées de mise en scène se succèdent dans une dynamique de mouvement incessant, du début en train à la cascade de la fin. BR FR

Megan (Gerard Johnstone, 2023) ***
La tante ingénieure d'une orpheline lui construit une poupée robot intelligente qui doit s'occuper d'elle. Mais la machine s'émancipe. "Si vous laissez les bonnes parler, un jour elles vous répondent" disait Guitry. C'est un peu l'idée de cet excellent thriller d'horror à la tension continue qui présente une cyber-méchante fascinante - hybride de marionnette, d'animatronics et de live - et évoque avec malice et clairvoyance les dangers de l'A.I. BR FR 

X (Ti West, 2022) **
En 1979 au Texas, quelques wanabees louent une ferme à un couple de vieillards pour y tourner un film porno et réveillent la libido de la femme. L'abîme physique désespérant entre la sexualité de la jeunesse et de la vieillesse est le véritable intérêt de ce slasher parfaitement réalisé - comme souvent chez Ti West - mais qui cherche trop à être malin dans sa technique et ses références à l'horror 70s, qui flashent et affaiblissent le film. BR DE 

Le prêtre / El sacerdote (Eloy de la Iglesia, 1978) ***
En 1966 à Madrid, un prêtre vierge de 36 ans tente de lutter contre les fantasmes que son entourage éveille en lui. La chape castratrice de l'Eglise catholique sous Franco en prend pour son grade dans ce brûlot qui enfile les désirs pansexuels de son anti-héros - formidable Simón Andreu - dans une suite de scènes à l'ironie tragique. La charge est outrancière mais le film, incroyablement audacieux, reste très contemporain dans son message. BR ES  

On ne joue pas avec le crime / 5 against the house (Phil Karlson, 1955) **
Revenu de la guerre de Corée atteint de stress post-traumatique, un étudiant en entraîne trois autres et la copine de l'un d'eux à faire un casse dans un casino de Reno, Nevada. Un petit film de série qui bénéficie de la mise en scène nerveuse de Karlson et d'une splendide photo N&B. Le plus intéressant est le sous-thème du PTSD et le casting, avec le sexy Guy Madison en principal et le glamour de Kim Novak en décor. BR UK

Il faut tuer Birgitt Haas (Laurent Heynemann, 1980) ***
Devant assassiner une ex-terroriste allemande, les services secrets français (Philippe Noiret) choisissent un quidam dépressif (Jean Rochefort) pour lui faire porter le chapeau d'un crime de passion. Derrière les rouages palpitants de l'histoire de barbouzes, le film brosse le portrait déchirant de personnages blessés en quête de chaleur humaine. Dans décor froid de Munich, le casting excelle et Linda Kreuzer est inoubliable. BR FR