13 février 2009

Garbocolor (1941)


L'autre jour, je cherchais sur Internet des images de Greta Garbo (1905-1990), une star dont je n'aime pas le jeu maniéré mais dont le visage intemporel remodelé par Hollywood n'a jamais cessé de me fasciner et auquel, étrangement, j'ai besoin de revenir de temps en temps, peut-être pour me rassurer de l'inexorabilité du temps qui passe. La star Garbo, à l'étrange pseudonyme asexué et à la personnalité publique si mystérieuse m'a toujours semblé comme la créature d'un univers parallèle, n'ayant survolé sur nos terres que pour exciter l'imaginaire des cinéphiles et des rêveurs.

Tous les films de Garbo, sans exception, sont en noir et blanc. Ses portraits et photographies de studio les plus célèbres aussi, que l'on retrouve sans cesse au tournant des livres, des documentaires et des expositions. Garbo est donc le noir et le blanc, l'ombre et la lumière sur lesquel le temps semble ne pas avoir de prise. Elle est d'hier, d'aujourd'hui et de demain, figée pour toujours dans un monde qui n'est pas le nôtre, au sommet de cet Olympe moderne des movie stars, dont elle est et restera l'une des déesses tutélaires.

Quelle ne fut donc pas ma surprise en découvrant au hasard de ma balade sur la toile une photo en couleur de Greta Garbo ! Daté du 3 octobre 1941, au moment du tournage de Two-faced Woman, son dernier film avant son retrait dans le mythe, ce portrait par Clarence Sinclair Bull est, ce que j'ignorais, l'un des deux seuls portraits de studio en couleur que l'on connaisse d'elle.

L'autre, du même photographe, date de 1936, sur le tournage de Camille. Il existe aussi une très belle série de quelques photos couleur par Anthony Beauchamp faite lors d'une session au naturel en 1951, dix ans après la fin de sa carrière d'actrice. Et ici et là, des clichés couleur d'une femme assez semblable aux autres qui s'appellait Greta Lovisa Gustafsson, des clichés pris par des paparazzis, des fans ou des amis depuis les années 1940 jusqu'aux dernières semaines avant sa mort. C'est tout. Tout le reste est en noir et blanc, fixé pour l'éternité (les autres photos couleur de Garbo qu'on peut trouver ne sont pas des originaux, mais des clichés noir et blanc colorisés).

Sur ce portrait couleur par Clarence Sinclair Bull, Greta Garbo a 36 ans. En couleur aussi, elle est classiquement, divinement belle. De façon étrange, on note toutefois un jeu de contrastes de lumière sur ses cheveux qui eux, semblent être restés hors de couleur, comme si le noir et blanc allait bientôt reprendre ses droits singuliers sur Garbo. On a même l'illusion d'une mêche blanche à la "Fiancée de Frankenstein", cette autre créature. Mais grâce aux teintes du visage et des avant-bras, on ne peut manquer de percevoir une nuance d'humanité réelle que les autres portraits de studio de Garbo réussissent toujours à évacuer. Un je ne sais quoi qui semble nous la rendre, le temps d'un instant, un peu plus accessible. Comme si la chair s'insinuait dans le marbre et que Greta passait devant Garbo. Mais à peine le temps de le ressentir et hop ! ce moment rare et splendide s'est déjà évaporé...

4 commentaires:

  1. Il faudrait avoir accès à un tirage car cette image dégage une impression étrange. La couleur des cheveux, comme tu le soulignes, mais aussi les racines près du front, tout cela donne le sentiment d'un montage. Du coup j'ai du mal à percevoir cette humanité... damned, elle me reste inaccessible !!!!!

    RépondreSupprimer
  2. En fait j'ai d'abord cru à un portrait en Technicolor, c'est vrai. C.S. Bull a du faire saturer au tirage les couleurs de départ. Mais c'est surtout le fait de savoir que la photo a été prise sur une pellicule couleur qui change la donne. Et qui fait qu'on peut croire, le temps d'un instant, à une personne réelle. Mais oui, l'inaccessibilité de Garbo reprend le dessus, de toutes façons.

    RépondreSupprimer
  3. Salut Tom!
    j'ai lu que cette photo faisait partie de la dernière de Garbo à la MGM, et qu'ele avait gardé ses vêtements de ville pour prendre la pose. Les clichés ont tous été largement retouchés, pour gommer les ridules, car Garbo à 36 ans, commençait à prendre un certain coup de vieux. Cela dit, je trouve que ça lui conférait une majesté et une fragilité absolument fscinante.

    RépondreSupprimer
  4. une créature fascinante ! moi aussi je suis hypnotisé par ses photos et la première fois que je l'ai vue dans un film j'ai eu l'impression que les photos étaient publicité mensongère ! Car elle joue comme un robot, très inexpressive ! ... j'ai lu qu'elle devait faire son retour au cinéma en 1945 (?) dans "le portrait de Dorian Gray", dans le rôle de Dorian, donc une femme jouant un homme, cela aurait été un bon choix ! (bien que le "portrait" soit fort réussi tel qu'il est)

    RépondreSupprimer