A partir des textes sur les dernières années de Napoléon à Sainte-Hélène et des doutes anciens sur l'identité de celui qui repose dans le grandiose tombeau des Invalides, le film tisse une trame passionnante qui mêle l'histoire à la fiction. Une équipe d'excellents comédiens (Torreton en tête : un Napoléon plus vrai que nature), des décors et paysages splendides (l'Afrique du Sud évoque parfaitement ce qu'on imagine de Sainte-Hélène), un sens classique de la mise en scène, des mouvements de caméra, de la composition du cadre (beaucoup de plans font songer à des peintures) et un bon scénario du type "conspiration movie" font de Monsieur N. un excellent film d'aventures... mais d'aventures sans action.
Les dialogues sont en français, en anglais et même parfois en corse, selon le personnage qui parle : c'est une excellente idée. La belle musique de Stefan Eicher apporte une touche lyrique très bien venue. Trois scènes sont remarquables : la toute première (l'exhumation de Napoléon), le retour des Cendres aux Invalides et la scène finale, qui est presque bouleversante, toute en retenue mélancolique. Bien sûr, les grincheux pourront reprocher au film d'être trop classique ou trop sage mais ça fait vraiment du bien de voir un tel film de nos jours : Monsieur N. retient une part de magie des grands films historiques du cinéma de l'âge d'or.
La seule fausse note : Torreton use de temps en temps d'aphorismes tout droit sortis de recueils de citations napoléoniennes avec des trémolos dans la voix (du genre : "Je veux reposer au bord de la Seine, auprès de ce peuple français que j'ai tant aimé"). On aurait pu s'en passer.
Bref, une excellente surprise dont je ne m'explique pas l'échec en salles, si ce n'est que le public (et la critique) ne pouvaient pas imaginer l'ex-pitre Antoine de Caunes à la barre d'un film posé et réussi sur Napoléon. Je pensais la même chose mais je m'étais trompé.
Si vous aimez le cinéma d'histoire classique, Napoléon ou le sentiment romantique, n'hésitez pas à donner une seconde chance à Monsieur N. Et que ceux qui disent : "Moi, je me suis fait chier !" songent un instant à ce que devait se dire Napoléon pendant ses 6 ans de captivité sur son caillou au milieu de l'Atlantique...
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