20 septembre 2008

Un Homme pour l'Eternité (Fred Zinnemann, 1966)

A Man for all Seasons (Un Homme pour l'Eternité, 1966) de Fred Zinnemann est le genre du film historique à message est souvent sentencieux et rébarbatif (en tous cas, je les évite). Je ne sais pas pourquoi, celui-ci m'a intrigué et je ne regrette vraiment pas de l'avoir regardé. C'est un formidable film, qui a mérité ses multiples récompenses dont 6 Oscars en 1966 : Meilleur Film, Réalisateur, Acteur, Scénario, Photographie, Costumes. Rien que çà !

En 2 heures qui passent très vite grace à un scénario en béton à l'écriture serrée, Zinnemann raconte la disgrâce de Thomas More, humaniste, juriste et Chancelier du Royaume, qui garda le silence quand Henri VIII lui demanda de lui apporter son soutien quant à son divorce d'avec Catherine d'Aragon pour épouser sa maîtresse, Anne Boleyn. Ce "silence tonitruant" provoqua la colère d'Henry VIII, la destitution et la ruine de Thomas More et de sa famille, son procès pour trahison et son exécution publique. Et son triomphe moral. En filigrane, c'est aussi l'histoire de la rupture de l'Angleterre avec le Vatican et les débuts de l'Anglicanisme.

Le film est tiré d'une pièce de théâtre : il aurait pu être très statique mais Zinnemann utilise toutes les possibilités de la caméra pour animer chacune des scènes et s'attarde souvent sur la campagne anglaise, splendide. Paul Scofield (Oscar 1966) reprend le rôle qu'il avait sur scène et est un Thomas More formidable de justesse dans la force et la dignité. Wendy Hiller (sa femme), Susannah York (sa fille), Robert Shaw (son opposant), John Hurt (son "traître") sont excellents aussi. Orson Welles, énorme, a deux scènes mémorables au début du film en Cardinal corrompu.

Un Homme pour l'Eternité n'est pas du tout un film historique à grand spectacle mais un film intimiste sur un homme face à ses convictions et sa conscience autant qu'une très solide réflexion sur les épreuves auxquelles est soumise la rigueur morale dans un contexte politique. Tout cela se passe en Angleterre au début des années 1530 mais l'actualité du sujet donne au film une universalité qui lui a permis de ne pas prendre une ride (les mots de Thomas More pendant son procès devraient résonner à certaines oreilles contemporaines). Thomas More a été canonisé en 1935 et fait patron des juristes et des hommes politiques par Jean-Paul II en 2000... Un admirable portrait d'homme dans un film passionnant maîtrisé de bout en bout qui est aussi un modèle de film d'histoire intelligent. Bref, un film important qui mérite amplement une redécouverte.

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