20 septembre 2008

Pennies from Heaven (Herbert Ross, 1981)

Pennies from Heaven est un sacré bon film mais c'est aussi le musical le plus sombre et triste que je connaisse. C'est l'histoire d'un loser (Steve Martin) partagé entre sa femme (Jessica Harper) et sa maîtresse (Bernadette Peters) pendant la Grande Dépression. Le film est inspiré de la série TV (BBC, 1977) du même nom de Denis Potter.

Le principe de base est simple : au cours de l'action, les personnages se mettent à chanter en play-back sur des vieilles chansons (ici, des Années 30) qui expriment leur sentiments. Resnais l'a repris dans On Connaît la Chanson, qui est d'ailleurs dédié à Potter. Il faut s'y faire au départ mais si on accroche après les premières 20 minutes, on est vraiment transporté.

Le film reconstitue parfaitement l'ambiance du Midwest des Thirties (couleurs terreuses, intérieurs peu éclairés, vêtements et voitures à la Bonnie & Clyde...) et utilise pour ce faire les peintures d'Edward Hopper, dont plusieurs sont reconstituées en décor (dont le célèbre "Nighthawks" de l'Art Institute de Chicago). Le film montre des personnages qui souffrent et sombrent : il y a, dans le désordre, le chômage, un viol, un meurtre, un avortement, une exécution capitale... Le réalisateur, Herbert Ross ose aller bout du désespoir... en cassant les codes du musical hollywoodien (un peu sur les traces de Cabaret, New York, NewYork et All That Jazz).

Pennies from Heaven est sorti, dans la quasi-indifférence, en 1981 : les américains n'ont pas supporté que leur pitre Steve Martin se retrouve dans un tel rôle à contre-emploi et les musicals n'étaient plus vraiment à la mode. Le choix des morceaux musicaux (une dizaine en tout) est formidable : ce sont pour la plupart des chansons gaies et rythmées jazz-hot des Années 30 qui apportent un contrepoint à la noirceur du sujet. Le thème du film, c'est aussi celui de la fuite dans le rêve et le spectacle quand rien ne va plus. Tous les grands numéros musicaux (sans exception) sont géniaux, avec mention pour un numéro de strip-tease de Christopher Walken, les gamins d'une salle de classe de primaire qui se lancent dans un numéro à la Busby Berkeley sur "Love is Good for Anything that Ails You" (qu'est-ce-qu'on aurait aimé avoir une maîtresse d'école comme çà !), la chanson-titre ("Pennies from Heaven"), une scène où deux personnages reprennent dans un cinéma les pas d'Astaire et de Rogers devant un écran sur lequel "Let's Face the Music and Dance" est projeté... Bien sûr, les claquettes règnent. Le contraste entre ces moments jubilatoires (hommages volontaires aux grands classiques du genre des Années 30) et la dure réalité du reste du film est saisissant.

Un film comme Pennies from Heaven (Tout l'Or du Ciel en français) est l'exemple même du film que soit on adore, soit on déteste. Si on aime les chansons des Années 30, les films de Berkeley et On Connaît la Chanson, on ne peut qu'être conquis. Sinon, il vaut mieux passer son chemin. Quelques lenteurs à noter quand même dans les passages intimistes. Pour ma part, ce musical atypique est instantanément entré dans mes films favoris du genre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire