Quand le film est sorti en salles, j’ai été un peu intrigué par le projet mais je me suis dit que ce devait être un exercice en vain nombrilisme de la part de la jolie Maïwenn et j’ai skippé. L’autre jour, je suis tombé sur le DVD en occase et j’ai été accroché par la jaquette, avec le regard bleu de la réalisatrice qui vous fixe avec un mélange de d’assurance et de détresse derrière son caméscope. Je l’ai acheté et j’ai regardé le film ce matin. P…, quel film !
Dans l’interview qui accompagne le film, Maïwenn Le Besco dit qu’elle a été une enfant battue, jusqu’au sang, par son père (dont elle semble aujourd’hui éloignée). Elle a fait ce film pour tenter d’exorciser les douleurs de son enfance.
Avec un mélange de vérité et de fiction dont seuls les proches de Maïwenn doivent pouvoir faire la part, elle nous raconte dans Pardonnez-Moi l’histoire d’une jeune femme qui attend un enfant (Maïwenn joue elle-même le rôle du personnage, qu’elle a appelé Violette « Mais on m’appelle Viol, quelle horreur ! ») et qui achète une camera DV pour filmer et faire parler individuellement et collectivement les membres de sa famille décomposée : son père, sa mère, ses deux sœurs, son compagnon. Et le passé remonte à la surface en meurtrissant tout le monde. Le prix à payer pour pouvoir, peut-être, se reconstruire.
Si il y a de nombreux précédents dans le genre cinématographique de la grande lessive familiale (Bergman, A nos Amours, Festen…), Pardonnez-moi a la spécificité de jouer sur la frontière entre le réel et la fiction de façon totalement déstabilisante pour le spectateur. Au cours des 80 minutes du film, je me suis souvent posé la question de savoir si ce que je regardais était un film, un documentaire, une expérience thérapeutique. C’est sans doute un peu de tout çà. A part Maïwenn, qui joue en abîme son propre rôle, tous ses proches dans le film sont des comédiens reconnus (Pascal Greggory, Marie-France Pisier, Aurélien Recoin, Hélène de Fougerolles, Mélanie Thierry), qui effectuent tous un travail magistral, basé sur l’improvisation. Les rires sont vrais, les pleurs et les cris aussi.
Le film est divisé en rencontres, qui vont de la tendresse à l’hystérie, entre les personnages. Le passage obligé de la réunion à table est bien sûr au rendez-vous, dans une scène centrale très forte, qui reprend à sa manière celle, inoubliable, d’A nos Amours. Parmi les autres scènes, qui sont toutes admirables de sincérité, on peut citer celle où le père de Violette-Maïwenn vient la voir jouer une pièce qui parle de lui, celle de la première rencontre avec la mère, celle du « journaliste », celles avec la psy, celle du rêve, et « la scène de la poupée », sans doute le passage le plus fort du film, où le personnage de Violette cède la place à la jeune femme Maïwenn dans un transfert bouleversant entre la fiction et le réel. Cette scène de la poupée que Maïwenn avait peur de rater (c’est elle qui le dit dans son interview), est un très grand moment du cinéma contemporain.
Pour faire son film, Maïwenn a dû engager ses propres économies avant de trouver l’aide d’un producteur, d’abord réticent. Elle s’est lancée à fond dans son projet et ce qu’on voit à l’écran possède la force de l’urgence. Pour elle, le film a sans doute été une thérapie (mais pas un règlement de comptes) mais pour le spectateur, c’est une histoire qui peut renvoyer pas mal de choses en miroir du propre vécu de chacun. C’est un film d’une profonde richesse structurelle et symbolique. C’est aussi une démonstration fascinante des possibilités du médium DV et un hommage au talent de comédiens de générations différentes impliquées dans un projet casse-gueule pourtant assumé de bout en bout. Maïwenn, que je ne connaissais que de par ses liens avec Luc Besson, doit être une sacrée bonne femme. Avec Pardonnez-moi, elle a montré son courage et son talent. Si ses proches ont dû prendre un bon coup sur la tête en découvrant le film, les spectateurs lambda ont reçus, quant-à-eux, le cadeau d’une œuvre vraiment remarquable.
Un grand et beau film.
Dans l’interview qui accompagne le film, Maïwenn Le Besco dit qu’elle a été une enfant battue, jusqu’au sang, par son père (dont elle semble aujourd’hui éloignée). Elle a fait ce film pour tenter d’exorciser les douleurs de son enfance.
Avec un mélange de vérité et de fiction dont seuls les proches de Maïwenn doivent pouvoir faire la part, elle nous raconte dans Pardonnez-Moi l’histoire d’une jeune femme qui attend un enfant (Maïwenn joue elle-même le rôle du personnage, qu’elle a appelé Violette « Mais on m’appelle Viol, quelle horreur ! ») et qui achète une camera DV pour filmer et faire parler individuellement et collectivement les membres de sa famille décomposée : son père, sa mère, ses deux sœurs, son compagnon. Et le passé remonte à la surface en meurtrissant tout le monde. Le prix à payer pour pouvoir, peut-être, se reconstruire.
Si il y a de nombreux précédents dans le genre cinématographique de la grande lessive familiale (Bergman, A nos Amours, Festen…), Pardonnez-moi a la spécificité de jouer sur la frontière entre le réel et la fiction de façon totalement déstabilisante pour le spectateur. Au cours des 80 minutes du film, je me suis souvent posé la question de savoir si ce que je regardais était un film, un documentaire, une expérience thérapeutique. C’est sans doute un peu de tout çà. A part Maïwenn, qui joue en abîme son propre rôle, tous ses proches dans le film sont des comédiens reconnus (Pascal Greggory, Marie-France Pisier, Aurélien Recoin, Hélène de Fougerolles, Mélanie Thierry), qui effectuent tous un travail magistral, basé sur l’improvisation. Les rires sont vrais, les pleurs et les cris aussi.
Le film est divisé en rencontres, qui vont de la tendresse à l’hystérie, entre les personnages. Le passage obligé de la réunion à table est bien sûr au rendez-vous, dans une scène centrale très forte, qui reprend à sa manière celle, inoubliable, d’A nos Amours. Parmi les autres scènes, qui sont toutes admirables de sincérité, on peut citer celle où le père de Violette-Maïwenn vient la voir jouer une pièce qui parle de lui, celle de la première rencontre avec la mère, celle du « journaliste », celles avec la psy, celle du rêve, et « la scène de la poupée », sans doute le passage le plus fort du film, où le personnage de Violette cède la place à la jeune femme Maïwenn dans un transfert bouleversant entre la fiction et le réel. Cette scène de la poupée que Maïwenn avait peur de rater (c’est elle qui le dit dans son interview), est un très grand moment du cinéma contemporain.
Pour faire son film, Maïwenn a dû engager ses propres économies avant de trouver l’aide d’un producteur, d’abord réticent. Elle s’est lancée à fond dans son projet et ce qu’on voit à l’écran possède la force de l’urgence. Pour elle, le film a sans doute été une thérapie (mais pas un règlement de comptes) mais pour le spectateur, c’est une histoire qui peut renvoyer pas mal de choses en miroir du propre vécu de chacun. C’est un film d’une profonde richesse structurelle et symbolique. C’est aussi une démonstration fascinante des possibilités du médium DV et un hommage au talent de comédiens de générations différentes impliquées dans un projet casse-gueule pourtant assumé de bout en bout. Maïwenn, que je ne connaissais que de par ses liens avec Luc Besson, doit être une sacrée bonne femme. Avec Pardonnez-moi, elle a montré son courage et son talent. Si ses proches ont dû prendre un bon coup sur la tête en découvrant le film, les spectateurs lambda ont reçus, quant-à-eux, le cadeau d’une œuvre vraiment remarquable.
Un grand et beau film.
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