Un astronaute se retrouve seul sur Mars suite à un accident de vol. Un petit singe qui était dans la fusée avec lui a aussi réussi à s'en sortir. Ils se débrouillent pour survivre. Puis ils rencontrent un esclave échappé des mines martiennes exploitées par des méchants extra-martiens. Ils partagent leur quotidien puis partent tous les trois vers le pôle glacé de la planète rouge...
L'histoire de Daniel Defoe transposée et développée dans l'espace, pourquoi pas ? Ce n'est pas tant le scénario qui est étonnant dans ce film - même si il est très adulte, sans sentimentalisme ni humour lourdaud pour un film de ce genre et de cette époque - mais son originalité visuelle. Tourné dans la Vallée de la Mort (le ciel bleu ayant servi de Blue Screen naturel), le paysage martien est visionnaire et crédible, surtout depuis qu'on a pu voir les vraies images de Mars par Explorer. Les boules de feu sont une super idée, purement visuelle. Haskin a repris ses soucoupes volantes et effets lasers de La Guerre des Mondes dans plusieurs scènes qui n'ont pas beaucoup de sens. Il y a bien sûr un peu de prêchi-prêcha religieux mais sans plus. Peut-être un peu d'anticommunisme aussi, mais il faut le chercher.
L'acteur au physique très masculin et très Sixties qui joue le Robinson de l'espace est excellent, le petit singe aussi (qui n'est en aucun cas, et c'est très étonnant quand on regarde le film, utilisé comme "Comic Relief"). Le Vendredi est moins convaincant, sans doute à cause de sa perruque ridicule.
Le film dure 110 minutes et prend son temps pour raconter son histoire, avec pas mal de très belles scènes où le personnage principal découvre à pied les paysages de Mars et organise sa vie. Il y a évidemment peu de dialogues. Le Technicolor est magnifique et l'utilisation du 2:35 magistrale. Tout en gardant une très forte individualité, le film fait penser à La Planète des Singes (Shaffner a du s'en inspirer pour le début de son film), Voyage au Centre de la Terre, Monkey Shines de Romero (pour le singe)... En regardant ce Robinson Crusoé sur Mars que je connaisais pas avant ce soir, je me disais que c'est le genre de film qu'il aurait vraiment fallu découvrir à 10 ou 11 ans, un week-end devant la télé (comme La Guerre des Mondes justement ou encore Quand la Marabunta Gronde, tous deux du même réalisateur). J'aurais adoré. L'histoire de ces trois naufragés de Mars qui traversent collines arides et précipices insondables sous un ciel couleur de sang m'aurait alors laissé (j'en suis certain) une impression indélébile que j'aurais gardé avec moi toute ma vie future de cinéphile.
Criterion a de toute évidence compris ce pouvoir nostalgique de Robinson Crusoe on Mars sur les petits américains des années 60 pour le vendre aujourd'hui aux adultes qu'ils sont devenus. Pour les autres - comme moi - qui le découvrent plus de 30 ans après de leurs 10 ans, c'est un film très intéressant et sympathique mais auquel il manque un petit quelque chose, qui est externe au film lui-même : la part d'émerveillement magique que les enfants ressentent immanquablement pour les histoires et les images telles que celle-là. Un film d'une poésie rare.
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